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mardi, avril 03, 2007

46- DRISS CHRAIBI


J'apprends tôt ce matin le décès de DRISS CHRAIBI.


"Où sont nos poètes, autres que ceux de cour, où sont nos écrivains, autres que les flatteurs d’Occident qui dénoncent leur société... Ce qu’il faut c’est nous attaquer à nos vieilles idées, à nos gouvernants, à ces types qui ne fichent rien et qui oppriment nos peuples. Le problème de la Palestine me hante"


DRISS CHRAIBI est décédé ce 1° avril à l'âge de 80 ans. L'auteur du fameux "Passé simple" (1954) résidait depuis de très nombreuses années en France.

Auteur d'une vingtaine de romans, Driss CHRAIBI est reconnu partout dans le monde.

Son dernier roman "L'homme qui venait du passé" a été édité chez Denoël en 2004. En 1973, il reçut un prix pour l'ensemble de son oeuvre. Il recevra plus tard d'autres prix.

Voici ce qu'écrit (in Limag) Mustapha BENCHEIKH LATMANI:
"Driss Chraïbi entre en littérature avec fracas. Le Passé simple (1954), dès sa parution, fait l'objet d'une véritable levée de boucliers au Maroc. On reproche à l'écrivain d'avoir fait le jeu du protectorat en cette période mouvementée de l'histoire franco-marocaine. La critique française, en revanche, découvre un auteur original dont la plume, incisive et émotionnelle à la fois, annonce un écrivain de talent. Le roman raconte l'opposition d'un fils formé à l'école française à la tutelle d'un père féodal, "le Seigneur", représentant d'une théocratie musulmane. Des scènes violentes parfois par leur charge affective et les traces qu'elles laissent sur un esprit encore jeune disent la contestation et la révolte avant le grand départ pour la France. Mais curieusement Le Passé simple, malgré la vigueur de sa critique sociale, n'en appelle pas moins à un amour irrésistible pour un père que le héros découvre avec ses faiblesses et ses qualités d'homme dans les dernières pages de ce roman précurseur. L'écriture somme toute classique alterne avec les introspections longues et travaillées et quelques dialogues dont Driss Chraïbi a le secret et qui chaque fois révèlent un sens de l'observation remarquable.
Comme s'il fallait rétablir un équilibre précaire entre deux civilisations qui s'opposent mais qui sont condamnées à s'accepter, Les Boucs (1955) vient rappeler que l'Occident, comme le Maghreb, n'a pas encore mis en harmonie ses principes avec sa pratique sociale. Dans ce roman dur mais profondément humain, un intellectuel marginal interroge la vie de ses concitoyens en France et tente de décrire ce regard à la fois amer et pitoyable que porte sur eux une sociéte trop tournée sur elle-même. Mais par-delà l'examen froid d'une situaton terrible, Les Boucs reste un roman en quête d'amour et de réconciliation des hommes où qu' ils soient."

Nombreux sont les travaux consacrés à ce grand écrivain Marocain.
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Ce texte trouvé in: http://www.telquel-online.com/156/sujet4.shtml

Propos recueillis à Crest (France), par Abdeslam Kadiri

Rencontre. Driss Chraïbi prend position

Au bout de 50 ans de création littéraire, Driss Chraïbi demeure le plus anarchiste et le plus percutant de nos romanciers. Dans cet échange, il dit à sa manière, drôle, singulière et imprévisible, ce qu’il pense des questions qui donnent vie à son oeuvre.

Contre un islam refuge

Les jeunes de chez nous sont coincés. Il sont à la fois désorientés, désoccidentalisés et déshumanisés. Ils ont un refuge. Refuge qui dépasse le rationnel : c’est l’émotionnel. Le
Coran, la religion. Comment interpréter cela ? D’une façon ou d’une autre, ils ne sont pas en possession du sens coranique. Souvenez-vous de la phrase très célèbre qu’a prononcée le prophète trois jours avant sa mort : sayakounou al islam ghariban kama kana min qabl (l’islam redeviendra l’étranger qu’il avait été). Le prophète était très lucide. Actuellement, la lettre a pris le dessus sur l’esprit et il existe une dichotomie parfaite entre les deux. L’islam est pour moi un but à atteindre. Un musulman peut-il être athée ? C’est un contresens. Parce que chez nous, un musulman, c’est un croyant. Mais en même temps, c’est une affaire personnelle qui se déroule. Pourquoi l’imposer aux autres ? N’oubliez pas la critique politique. Mon voyage en Turquie il y a trois ans m’a frappé : ces mosquées à l’abandon, cette langue latinisée, cette coupure en deux… Quand j’assiste à cette même Turquie, dirigée par Erdogan, mendiant son entrée à l’Europe, je suis révolté. Est- ce un brevet d’existence ? Se souvient-on seulement de l’Empire ottoman qui a apporté partout un florilège de civilisation ? Qui en parle maintenant ? Toutes ces réunions de chefs d’État, loin de tout regard, c’est une véritable mascarade ! Voir à la tête des États-Unis un type omniprésent qui a un hamous, un pois chiche, à la place du cerveau, est insupportable. Ce n’est pas possible de voir le monde dirigé, soit par des cons soit par des hommes de guerre. Et quand les deux sont ensemble, c’est grave. à ce moment-là, où est la fonction de l’écrivain ? Que veut dire la littérature ? J’en ai marre de la littérature ! Il y a aujourd’hui manipulation. Extrême, pour noyer le poisson. J’ai donc décidé de faire exactement la même chose dans L’Homme du passé, où l’inspecteur Ali manipule les personnages ; et moi, le lecteur. C’est une métaphore de la vaste entreprise qui est menée de par le monde, au nom de ce que l’on appelle la démocratie. Qu’on me montre ce qu’est la démocratie, ce qu’est l’islam, ce qu’est le catholicisme ! Si vous relisez mes œuvres, vous vous apercevrez qu'elles sont politiques. De manière sous-jacente. C’est une de rage qui m’habite. Prenez Les Boucs, c’est un cri dès le départ. Comment ne plus être violent après ?

Pour un passé bousculé
Pourquoi doit-on rejeter le passé ? Il fait partie de nos vies. Nous sommes fils de nos parents et nos parents sont fils des leurs. Quant à moi, je revendique tous mes aïeux. Faut-il magnifier le passé ? Oui et non. Je pense qu’avant il y a eu moins de violence. Aujourd’hui, les tortures, les guerres, les massacres sont devenus chose banale. Je ne peux pas l’accepter. Si on fait appel au passé, on peut avoir matière à juger et à comparer. Mais qu’appelle-t-on le temps présent ? Autrement dit, dans quel monde vit-on et où vis-je, à l’âge de 78 ans ? Dans un poème de 1940 de Mohamed Hassan Mohamed, interprété par Abdelwahab, le chanteur dit à la fin : "Brûlez votre œuvre et votre passé !", c’est extraordinaire. Alors où sont nos poètes, autres que ceux de cour, où sont nos écrivains, autres que les flatteurs d’Occident qui dénoncent leur société, et réveillent en certains lecteurs des fantasmes tels que Jemaâ El Fna ou Aïcha Qandicha ? Il faut aller voir et se rendre compte par soi-même. Et pas par les livres. Depuis 1954, j’ai attendu qu’un écrivain prenne la relève. On a peut-être imité, mais on n’a pas fait un autre Passé simple. Il y avait plusieurs révoltes dans ce livre : celle contre l’autorité paternelle, mais surtout celle contre le langage. Avant, quand on écrivait sur nous autres Indiens du Maghreb, c’était un langage loukoum, Jean-Pierre Loti, les frères Tharaud, François Bonjean, etc. Moi, j’ai employé un autre langage que celui d’un orientaliste. Ce livre, c’est une révolte de l’individu qui se reconstitue tout seul, d’une façon peut être hybride, mais qui dit d’emblée que ce n’est pas l’Occident qui est source de tous nos maux, mais c’est aussi nous-mêmes. Il faut balayer devant notre porte et commencer par là. Mon bouquin n’est pas une œuvre autobiographique comme on l’a souvent prétendu. S’il l’avait été, comment expliquer sa pérennité ? Pourquoi continuerait-il à toucher l’ensemble des générations marocaines ? Cinquante ans après, dans L’homme qui venait du passé, que j’ai voulu comme livre journalistique, il y a cette même rupture de langage. Ce qu’il faut c’est nous attaquer à nos vieilles idées, à nos gouvernants, à ces types qui ne fichent rien et qui oppriment nos peuples. Le problème de la Palestine me hante. On s’est bercé d’illusions avec les petits pas de Kissinger, le processus de paix, la feuille de route etc. Il n’en sortira rien. J’ai écrit une phrase qui a fait beaucoup mal, y compris à moi : "Aurons-nous jamais un autre avenir que notre passé ?". Si la civilisation arabo-musulmane s’est éteinte, c’est parce que nous n’avons pas pu apporter autre chose à l’édifice humain. Il m’arrive de me demander pourquoi j’écris. à quoi cela servira t-il ? La même question peut se poser à une plus grande échelle : que pouvons-nous faire au lieu d’être à la traîne du monde occidental ? C’est notre faiblesse qui fait la puissance de l’Occident.

Contre un Maroc carte postale
Quelles sont les relations que le Maroc entretient avec moi, le vieux Driss, Ba Driss ? Suis-je une sorte d’alibi ? Un espoir ? Un réveilleur de consciences ? Je n’en sais rien. En aucun cas, je ne voudrais être un conformiste, un parvenu, quelqu’un d’arrivé. à la question : Est-il arrivé ? Bernard Shaw répondait : oui, mais dans quel état ! Cette question appelle un certain développement hors contexte. Tout homme est appelé à mourir. Où souhaiterais-je être enterré ? La réponse vient d’elle-même : au Maroc. C’est une question extrêmement émotionnelle qui est là : le rattachement au pays. Pas le pays aux montagnes, au sable chaud, et au beau désert. Ce sont les gens qui me bouleversent. Je suis dépositaire de tous les espoirs et de toutes les désillusions de mes ancêtres. Ils ont tous déposé leurs rêves dans mon sang. La langue française, quant à elle, a été un réactif, une distanciation par rapport à mon pays et à moi-même. Cela a élargi mon horizon mais je reste très attaché à mon pays. Ce qui me touche le plus, ce sont ces jeunes, dial el médina, qui m’accueillent, comme à Oujda, il y a deux ans. Ils m’interrogent, les yeux pleins d’attentes et avec un appétit de croire qui tourne à vide. Parfois, je suis pris à la gorge. Que leur répondre ?

Pour la remise en cause de soi
Le doute est salutaire au sein d’une vie. Si on ne doute pas, on est des moutons. On se laisse berner par la pensée des autres. J’ai cherché à avoir ma propre pensée au niveau social, politique, et même religieux. Je ne suis pas obligé de croire ce que disent les médias du monde. Je voudrais voir l’autre face de l’actualité. On parle par exemple de terrorisme, d’islamisme... Et pourquoi pas de bushisme, de judaïsme, de catholicisme ? Je fais partie du tiers-monde. Je suis un fils du pays, je ne suis pas riche, j’ai voulu crever. En aucun cas, l’Occident ne m’a gagné. Pas même dans ma pensée. Dès le départ, j’ai voulu désapprendre ce qu’on m’a appris. C’est donc constamment une remise en question, non seulement du monde dans lequel je vis - et je me demande dans quel monde je vis - mais aussi de moi-même. En commençant un livre, je fais toujours un bilan : où est-ce que j’en suis ? Je n’ai jamais voulu écrire des romans "romans" ou de la fiction. J’ai toujours souhaité amener le lecteur à réfléchir. Je sais que dans mon monde d’origine, au Maroc, les gens me suivent ; ils réfléchissent et n’ont pas de muselière. Je pose des questions, et en même temps je pose des questions aux questions : Alach ? Pourquoi ? Le grand danger qui guette l’écrivain que je suis, c’est de devenir un parvenu, vivre dans un confort moral et matériel, être installé avec ses livres. Qu’ai-je à faire d’avoir telle gloriole, telle interview, tel artiste, etc. Je m’en fiche ! Je veux garder mon humanité, ma raison, ma liberté d’aimer mon prochain, l’étranger. Comme dans le temps où on les accueillait. Je n’ai pas de maison, pas de biens. Dès que je reçois des droits d’auteur, je les donne. J’aide mes enfants, c’est l’avenir. Mais en ce qui me concerne, c’est comme si je partais vers un jour nouveau : tout à découvrir, à remettre en question, à aimer. Et c’est extrêmement difficile.

Contre la routine littéraire
Un écrivain qui s’installe dans sa gloriole intellectuelle ou matérielle, c’est de la routine. Prenez toute mon œuvre, depuis Le passé simple jusqu’à L’Homme qui venait du passé, d’un ouvrage à l’autre, c’est un style, un sujet, un ton et un registre différents. Un écrivain peut-il écrire une œuvre linéaire, de livre en livre ? Moi non. Cela ressemblerait à des séries télévisées qui s’épuisent. Même les comédiens vieillissent. Regardez ces héros de bandes dessinées, ce Tintin d’Hergé, qu’on retrouve identique au fil du temps : imberbe, il n’a pas grandi et a toujours sa houppette. A-t-il un problème physique ou d’Eros ? C’est ce qu’on appelle le vieillissement des idées et cela guette l’écrivain. Un écrivain ne doit pas avoir de privilèges ou d’auréole. Il est comme une éponge, c’est le porte-parole de ceux qui ne peuvent pas avoir de voix ou bien écrire. Pour autant, cela ne justifie pas qu’il soit un donneur de leçons. Je ne suis pas un donneur de leçons. Ce que je fais ? Je vide les placards, je sors les cadavres et je dis : regardez ce qui se passe !

Pour une identité mobile
Je me suis toujours arrangé pour vivre à côté de l’eau car je suis né à El Jadida, qui fait face à l’océan atlantique. Mon insularité a une explication : quiconque naît, meurt seul. Ce sont là deux données exactes. La grande inconnue, c’est la vie. On cherche à s’en accommoder du mieux possible et mériter ce qui a été donné par Dieu, la Providence, ou la Nature. Cette insularité et ce besoin de solitude ne sont-ils pas au fond une affirmation de l’individu par rapport à la masse, de l’expression personnelle par rapport à l’expression consensuelle, telle qu’elle existe au Maroc ? Lorsque quelqu’un sort de la tribu, de telle classe sociale ou religieuse, on dit qu’il est chiite, sunnite ou wahhabite. Non. Il est musulman, un point c’est tout. Au-delà des différences de pays et de croyances, pour moi c’est un être humain. Il est égal qu’il soit roi, président ou chaouch. Je m’adresse à lui. Vous êtes un être humain et non pas un journaliste. C’est cette relation que j’aime bien établir avec les gens. Il faut sortir de soi, de son pays, de son identité pour avoir une plus grande identité. J’ai beaucoup voyagé à travers le monde, écouté, connu les autres et me suis enrichi à leur contact. Hormis aux États-Unis, j’ai ressenti à chaque fois une paix intérieure.

Pour l’écriture de ce qu’on ne peut vivre
On écrit toujours ce qu’on ne peut pas vivre. Mais l’écrivain est aussi, comme disait Camus, à la fois solidaire et solitaire. Il travaille devant une feuille blanche, il n’a rien d’autre. Un compositeur a un piano, un luth, ou un clavecin. Il entend ce qu’il fait. Un professeur est accompagné. Mais quand un écrivain se retrouve tout seul devant ce papier, il souffre. C’est là qu’est la solitude. Allez, sors ce que tu as à dire. Ne mens pas au lecteur parce que si tu lui mens, tu te mens à toi-même. Se mentir à soi-même est la pire chose qui puisse arriver à un être humain. L’écriture peut aussi donner lieu à une œuvre imaginative. Que serais-je devenu si j’étais rentré chez moi en tant qu’ingénieur chimiste, sans avoir jamais écrit de livres ? Mystère. Un verset dit : "votre prophète ne peut pas prévoir l’avenir". Nous ne pouvons le prévoir, mais nous pouvons l’imaginer. Le véritable travail d’écriture se fait par cet imaginaire, bien plus vaste que le sensible ou l’intellect.
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Pour présenter vos condoléances à son fils MOUNIR CHRAIBI: kaos6128@yahoo.fr


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3 commentaires:

  1. Salut!
    Je serai contente de vous voir sur ce forum spécialement crée pour rendre hommage à notre grand écrivain Driss Chraibi.
    Le forum est en cours de construction mais j'accepte toutes les inscriptions et grace à vous inchallah il s'améliora.
    Je compte sur vous.

    http://www.drisschraibi.forumactif.com

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  2. Bonjour,on a changé d'hebergeur,le nouveau lien est:
    http://drisschraibi.forumparfait.com

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  3. http://passouline.blog.lemonde.fr/category/litteratures-de-langue-francaise/

    Voilà une disparition qui n’encombre pas micros et nécros. Autant dire qu’elle passe inaperçue. C’est à se demander si on se souvient encore dans ce pays de Driss Chraïbi, écrivain de langue française vivant en France depuis 1971, qui s’est éteint dimanche à 81 ans dans un village de la Drôme. Enfant terrible, iconoclaste et heureusement provocateur des Lettres marocaines, il était natif de El Jadida en un temps où elle s’appelait encore Mazagan. Mais dès l’âge de 20 ans, après des études au lycée Lyautey de Casablanca, ce fut Paris, des études d’ingénieur-chimiste et de neuro-psychiatrie, la production d’émissions à France-Culture, la fréquentation des poètes puis l’enseignement de la littérature maghrébine à l’université Laval-Québec et surtout l’écriture. Ses derniers livres, ceux des années 80, reflètent l’image d’un rêveur fou mais apaisé par sa nostalgie d’un âge d’or, d’un marocain en exil qui s’interroge sur la mémoire qu’il conserve de son pays, surtout son passé berbère et andalous. Mais c’est un autre Chraïbi, se revendiquant comme “un écrivain nerveux”, non pas le vrai Chraïbi mais le premier, que ses lecteurs conserveront à l’esprit car c’est celui des premiers temps. Il s’était fait connaître par ses deux premiers romans, il est vrai, exceptionnels : Le Passé simple (1954) et surtout Les Boucs (1955). Deux textes inoubliables d’une intensité, d’une acuité et d’une violence critique plutôt rares, tous deux dégageant une atmosphère étouffante, ce qui n’atténua pas le scandale de leur publication. Le premier s’en prenait aux pesanteurs et à la rigidité de la société marocaine dans ce qu’elle a de plus traditionnelle, à travers la révolte d’un jeune homme de la grande bourgeoisie contre toutes les formes de pouvoir (financier, religieux, féodal) qu’incarne son père ; tandis que le second tanger2006-48.1175700042.JPGdénonçait le rapport de la France à ses étrangers à travers l’exploitation des immigrés et d’une manière générale celle, partout dans le monde, des “promus au sacrifice”. Le critique A.Bounfour fait justement remarquer dans le Dictionnaire de littératures de langue arabe et maghrébine francophone (édité par Jamel Eddine Bencheikh, PUF) que la voix singulière de cet écrivain était faite des nuances de l’interlangue franco-arabe, d’une dimension poétique sous forme d’incantation lyrique, d’un chant au rythme bien particulier, de ce que la musique du conte peut avoir de charnel et d’une nervosité de la langue pleine, aussi, de cris et de rires. Et au bout, juste la quête de la vérité. On jugera de l’ironie, du sens de la dérision et de l’indépendance de cet écrivain inclassable à travers l’épître dédicatoire de son premier roman :“A François Mauriac 1954. Il y avait alors la révolte et l’espoir”, augmentée d’une seconde lors de sa réédition “A Hassan II et autres valeureux leaders du monde arabe. N’y aurait-il plus que la révolte ? 1977.
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