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dimanche, avril 15, 2012

318 - Solidarité en ces temps de déperdition



Individu et société.
Nous sommes à quelques jours de l’élection du président de la République et certains discours stigmatisent des catégories de population, parfois ils frôlent la haine, pointant du doigt tantôt les pauvres, tantôt les immigrés, tantôt les syndicats tout en faisant l’apologie de la réussite individuelle, du Casino et des stock-optionneurs. C’est l’individu contre le groupe. L’individualisme contre la société.
L’individualisme c’est le privilège des droits d’un individu sur ses semblables, sur le groupe. L’individu a nécessairement des devoirs envers le groupe, or l’individualisme les récuse.

Hier samedi 14 avril 2012 à Marseille avec Jean-Luc Mélenchon. 

L’individualisme pousse à rompre avec ses proches, son environnement, « je n’ai besoin que de moi-même ». Cette logique individualiste entraîne le groupe à se désolidariser de l’individualiste qui ne veut pas de lui. L’individualiste fragilisé ne pourra recourir à la solidarité du groupe puisqu’il les récuse tous deux, et le groupe et la solidarité. C’est ce que dit en substance Jean Jacques Rousseau dans son très présent « Discours sur l’économie politique ». Mais au final, l’individualiste en difficulté ou en détresse ne se dessaisit pourtant pas de la main tendue par la collectivité.
Aujourd’hui et selon le mot de Louis Dumont, dans les pays occidentaux l’individualisme suprême a supplanté la société, autrefois valeur suprême. Le régime économique dominant favorise la cupidité et la fuite en avant. Il est à la source de la détresse et de situations dramatiques de centaines de millions de personnes dans le monde. Dans les pays développés, qui ne sont pas en reste, les personnes vivant sous le seuil de pauvreté se comptent par dizaines de millions : En France, 5° puissance économique mondiale, 13% de la population (HUIT millions) vit sous le seuil de pauvreté qui est de 954 € pour une personne seule. Depuis les années 90 la vie sociale ne cesse de régresser, accompagnée de discours stigmatisant des pans entiers de la société. Les compromis sociaux réalisés au prix de luttes populaires, depuis la sortie de la seconde guerre mondiale, sont remis en question les uns après les autres. Avec l’évolution du capitalisme nous assistons, selon le mot de Robert Castel à « la remise en cause du compromis social du capitalisme industriel qui s'est épanoui dans les années 1960 et au début des années 1970 ». La protection sociale est vilipendée, la sécurité sociale, émanation du CNR est contestée, les services publics sont dénoncés. Les discours antisociaux sont ouvertement diffusés (« les planqués du service public », « la fainéantise des enseignants », « les resquilleurs du RSA », « les chômeurs profiteurs », « la prolifération des assistés »…) alors même que les « 200 familles » sont largement épargnées. La République solidaire pose problème aux nantis et à ceux qui se laissent entraîner par l’argumentaire fallacieux de ceux-là et de leurs avocats. Le néolibéralisme fait loi. L’Etat providence est mis en doute, les tentatives de sa privatisation sont clairement énoncées au détriment de la volonté du plus grand nombre. Autant dire que c’est la démocratie qui est visée.
Cette idéologie qui prône la liberté du renard au sein du poulailler nous ne pouvons l’accepter.
Dans les compétitions individuelles les plus fragiles sont, par définition, les grands perdants : travailleurs précaires, femmes, immigrés… La solidarité collective doit s’imposer démocratiquement à la cupidité individuelle et au dictat de la libre et sauvage concurrence génératrice de catastrophes humanitaires. L’Etat se doit de redistribuer la richesse nationale de telle sorte qu’elle bénéficie au plus grand nombre. La démocratie c’est d’abord le plus grand nombre.
C’est avec joie que je constate que ce discours de défense d’une République solidaire reprend des couleurs vives ces derniers temps. Je l’ai encore une fois entendu hier sur la plage du Prado à Marseille au milieu de cent mille camarades enthousiastes.
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