Ces vendredi et samedi 5 et 6 octobre
2018 se sont tenues à Lourmarin, Espace Albert Camus, les 35° journées de
Lourmarin, des Rencontres Méditerranéennes Albert Camus en présence d’une
centaine de personnes. « De l’ombre vers le soleil : Albert Camus
face à la violence » est l’intitulé de ces journées marquées par l’intervention
de plusieurs enseignants, professeurs, doctorants… dont Guy Basset, Laurent
Bove, Françoise Kletz-Drapeau, Virginie Lupo, Philippe Vanney. Etait présente
Catherine Camus… accompagnée de son chien. Nous rapportons ci-après l'essentiel de leurs communications telles qu'elles ont été présentées.
Le premier intervenant, Guy Basset a
traité de « La violence dans l’œuvre d’Albert Camus ». D’emblée il
fait le choix de mettre en exergue cette phrase d’Albert Camus : « La
violence est à la fois inévitable et injustifiable. Je crois qu’il faut lui
garder son caractère exceptionnel et la resserrer dans les limites qu’on peut. »
(AH : Réponse à Emmanuel d’Astier de la Vigerie en juin 1948; Albert
Camus, Essais, éd de la Pléiade, 1965)
Le terme de violence a beaucoup été
utilisé en France dans les années 1630-1680. Paradoxalement son indice
fréquentiel précise l’intervenant marque une régression sensible entre 1700
et 1939 et une renaissance ensuite.
D’abord caractère d’un phénomène et d’un acte, la violence est ensuite définie
comme « l’emploi illégitime ou du moins illégal de la force »
Le mot violence ou son adjectif violent ou
plus largement, la description et la réprobation d’actes violents sont présents
dans toutes les correspondances de l’écrivain. Camus les emploie dès le diplôme
d’études supérieures, à propos d’une polémique de Plotin. La polémique fait
partie de la violence. On trouve le terme de violence dans le dernier
ouvrage « Le Premier homme ». Le terme est employé une dizaine de
fois. On trouve aussi le terme dans le mythe de Sisyphe, dans l’Homme révolté,
dans Noces… Pourtant, s’il est toujours présent, le terme violence n’est pas si
fréquent que cela dans l’œuvre de Camus – dans l’œuvre. C’est la thématique de
la violence, précise l'orateur, qui y est par contre omniprésente. Violence morale ou physique. « La
violence a toujours existé dans l’Histoire et existe toujours… Requiem pour une
none est hanté par la violence, celle des relations humaines entre les deux
femmes et celle de l’infanticide jamais oublié. La reprise théâtrale par Albert
Camus du texte de Faulkner apporte ainsi la preuve de situations différentes
comme du fait que ces situations peuvent en quelque sorte entrer en
littérature. On peut ainsi lire toute l’œuvre de Camus à l’aune de la violence.
Les prises de position d’Albert Camus dans son activité de journaliste, dès
Alger républicain et tout au long de sa vie dans ses articles de revues,
Affaires judiciaires, Combat contre le fascisme ou contre les régimes
totalitaires, engagement contre la peine de mort… viennent confirmer cette
affirmation d’abord construite à partir des œuvres littéraires… Une dernière
citation éclaire les différents combats que Camus a menés pour condamner toute
forme de violence faite à l’homme, à l’homme identifié comme homme, certains
diraient peut-être comme personne. « Saint-Exupéry maudissait les guerres
et l’injustice dans la mesure où elles risquaient de tuer dans un homme le
Mozart qu’il aurait pu devenir. L'exemple était bien choisi. C'est donner à
chaque homme sa chance la plus haute que de lui permettre d'accéder, s'il en est
capable, à cette liberté inépuisable et heureuse. » Extrait de la dernière
chronique de Camus à L’Express et que l’on peut compléter »
« Mais, en même temps que la justice
et la paix, il y faut le respect de ce qu'il y a de souverain dans chaque vie
particulière. Bien qu'on ne cesse aujourd'hui de parler de justice, au-dessus
des camps d'esclaves, et de paix, au milieu des usines de la mort, ce respect,
sans lequel toute justice est terreur, toute paix, démission, a disparu de
notre conscience politique. Les tyrannies contemporaines haïssent Mozart et ce
qu'il représente, même lorsqu'elles font mine de l'honorer. »
--------------
Le deuxième intervenant est Laurent Bove
avec une communication dont le titre est : « Camus face à la
violence : morale ou éthique ? » L’œuvre de Camus après la
seconde guerre mondiale interroge une logique structurelle de la violence au
cœur des rapports sociaux Moraux et politiques qui concerne aussi la vie de nos
démocraties. Il s’agissait de fait pour Camus de comprendre en son essence ce
qu’il appelle le nouvel esprit moderne qui structure les sociétés en supprimant
dit-il « la liberté même de l’esprit ». De ce point de vue l’œuvre de
Camus développe une théorie de la domination qui est propre à notre modernité…
« Il nous faut prendre le problème
de la violence à la racine dit l’intervenant. La critique historique de ce que
Camus nomme la terreur s’inscrit dans une problématique philosophique plus
vaste qui conçoit la rencontre de la violence comme inéluctable. Car la violence
est pour Camus inhérente à l’existence même des hommes au sein de ce que Pascal
au XVIIe siècle avec nommé la seconde nature. Comme le montre L’Homme révolté
la violence en effet est déjà inscrite dans la création sous les deux figures
de la finitude : la souffrance et la mort. C’est cette même violence qui
va se perpétuer dans et par la révolte contre la création, c’est-à-dire contre l’existence
telle qu’elle nous est donnée. Une révolte cependant dont Camus souligne la
légitimité tout en refusant d’un même geste la légitimité d’une violence qui
quelle que soit l’issue du combat conduit inéluctablement à un échec éthico-politique.
La violence de la révolte ne peut pas être aux yeux de Camus d’une nature
essentiellement différente de celle de l’adversaire. Si la révolte émancipe il
n’y a pas en vérité de violence émancipatrice. Le paradigme de cet ‘être
contre’ qui en dernière analyse ne fera qu’exalter la logique meurtrière de
l’autre, ce paradigme est donné dans L’Homme révolté… C’est à propos de la guerre
d’Algérie que Camus nommera casuistique du sang le piège de la dialectique que
la politique et l’histoire tendent indéfiniment au philosophe. Chacun pour se
justifier, dit-il, s’appuie sur le crime de l’autre. Il y a là une casuistique
du sang où un intellectuel me semble-t-il n’a que faire. L’œuvre de Dostoïevski
avait pourtant ouvert avec les frères Karamazov
une perspective nouvelle. Camus écrit en effet qu’en voulant substituer
au royaume de la grâce celui de la justice Ivan Karamazov inaugurait véritablement
l’entreprise essentielle de la révolte et c’est à cet essentiel dans la révolte
c’est-dire- le goût violent pour la justice qui échappe à l’identité des
contraires, c’est à cet acte essentiel auquel l’auteur de L’Homme révolté nous
demande de rester fidèle… »
Albert Camus. 35° journées de Lourmarin 5 et 6 octobre 2018_ 1.8_ LAURENT BOVE
« La dynamique de cette violence au
cœur même de l’être et de sa relation aux autres et au monde Camus la définit
selon deux concepts majeurs qui sont véritablement les deux mots d’ordre de la
modernité à savoir : la réussite et
l’efficacité. Ainsi dénonce-t-il la hideuse aristocratie de la réussite.
En disant du nihilisme qu’il est
l’affirmation de tout ce qui dans l’histoire semble voué au succès. Là est sans
doute la thèse camusienne la plus originale et la plus profonde sur la nature
moderne de la violence qui parcourt les textes d’après guerre et qui bien-sûr
nous concerne encore. Une thèse que Camus avait commencé à élaborer dès 1943
dans ses Lettres à un ami Allemand. A la vérité de l’absurde qui égalise
logiquement le bien et le mal, la victime et le bourreau, Camus, dans la
situation de l’occupation, va s’efforcer de substituer à cette première
évidence une vérité selon laquelle une logique de la destruction de l’homme par
l’homme pourrait être enrayée à bon droit, c’est à dire selon une autre nécessité que celle de la dialectique de la
violence. Une nécessité de nature éthique où l’on retrouve la question de la
justice évoquée à propos de Dostoïevski. C’est donc en 1933 que Camus introduit
une distinction nécessaire entre philosophie d’évidence et philosophie de
préférence, autrement dit explique-t-il, on peut aboutir à une philosophie qui
répugne à l’esprit et au cœur, mais qui s’impose. Ainsi poursuit-il ma
philosophie d’évidence c’est l’absurde. Mais cela ne m’empêche pas d’avoir plus exactement
de connaître une philosophie de préférence. Car ce qu’a perçu et reconnu Camus
en ces années d’occupation c’est que la logique inéluctable du meurtre qui est celle
au premier abord indépassable de la seconde nature, cette logique c’est aussi la
vérité naturelle de l’histoire. Or
vis-à-vis de cette situation historique il y a une exigence de vérité et
d’action pour laquelle la mathématique de l’absurde dans l’équivalence de la
valeur du bien et du mal doit être éthiquement dépassée… »
Camus : Face à la violence du monde
et de l’histoire il n’est pas possible de vivre la révolte sans aboutir en
quelque point que ce soit à une expérience de l’amour.
--------------
Rémi Larue est le troisième intervenant.
Son propos porte sur Morale et politique de la violence chez Camus. Il précise
que son propos se concentre sur la période qui entoure la seconde guerre
mondiale où se développe une dynamique singulière dans la pensée de Camus
concernant la violence. « Il souhaitait en tirer des règles de conduite
individuelles et collectives pour en limiter ses effets. Dès ses carnets
notamment celui du début de septembre 1939 pour constater que la guerre
n’apparaît pas. Extrait : « la guerre a éclaté, où est la guerre en
dehors des nouvelles qu’il faut croire et des affiches qu’il faut lire, où
trouver les signes de l’absurde événement. Elle n’est pas dans ce ciel bleu,
dans la mer bleue, dans le crissement des cigales, dans les cyprès des collines.
Ce n’est pas ce jeune bondissement de lumière dans les rues d’Alger. On veut y
croire, on cherche son visage et elle se refuse à nous… pour aujourd’hui on
éprouve que le commencement des guerres est semblable au début de la paix le monde et le cœur les ignorent. » Sous
les yeux d’Albert Camus la guerre ne s’incarne pas. Comme si l’été n’a pas
laissé place à l’automne. Quelques jours plus tard le ton changera. La pureté
des êtres laisse la place à la haine et à la violence. Dans les articles de
presse de Camus la guerre va se déployer comme une ombre sur ceux qui la
subissent. Dans sa présentation annonçant la transition entre Alger républicain
et Le Soir républicain, le journal se veut clairvoyant. Une de ses importantes
rubriques s’intitule « Éclairage de guerre ». Dans l’article du 17
septembre 1939, intitulé « La guerre » où l’on trouve cet
extrait : « et dans cette heure mortelle, si nous nous retournons
vers quelque chose ce n’est pas vers l’avenir mais vers les images fragiles et
précieuses d’un passé où la vie gardait son sens… » Pour Albert Camus
c’est dire l’obscurité qui s’abat sur le monde du fait de la guerre. Cette
ombre on va la ressentir encore plus à la lecture de Lettres à un ami Allemand.
À plusieurs reprises c’est la métaphore de la nuit que l’auteur utilise pour
désigner la guerre qui règne sur l’Europe depuis quatre ans. Monsieur Larue lit
un autre extrait : « Je vous écris d’une ville célèbre dans l’univers
qui prépare contre vous un lendemain de liberté. Elle sait que cela n’est pas
facile et qu’il lui faut auparavant traverser une nuit encore plus obscure que
celle qui commença il y a quatre ans avec votre venue. Je vous écris d’une
ville privée de tout sans lumière et sans feu affamée et toujours pas réduite.
Bientôt quelque chose y soufflera dont vous n’avez pas encore idée. Si nous
avions de la chance nous nous retrouverions alors l’un devant l’autre. Nous
pourrions alors nous combattre en connaissance de cause, j’ai une juste idée de
vos raisons et vous imaginez bien les miennes. Ces nuits de juillet sont à la
fois légères et lourdes… »
Le combat de la résistance va devenir
progressivement une nouvelle lumière dans la nuit de la guerre. La résistance
et les valeurs qu’elle porte prennent la forme d’une nouvelle source de lumière
au milieu de la nuit qui a commencé en
1939.
À la fin de son allocution l’intervenant
note que Albert Camus fait face à la fois aux nationalismes qui ont mené à la
seconde guerre mondiale, mais aussi à la dynamique d’affrontement des deux
blocs. Il exprime quelque chose qui serait ascendant plutôt que descendant. La
vision qu’il critique, la vision d’une pseudo démocratie internationale qui est
descendante, c’est celle de gouvernements qui se donnent des lois mais qui
n’hésitent pas à passer outre la volonté des peuples. Albert Camus se tient à
la fois à distance des nationalismes et de ces gouvernements-là qui ne
respectent pas la volonté populaire.
Albert Camus. 35° journées de Lourmarin 5 et 6 octobre 2018_ 2.8_ REMI LARUE
--------------
Le titre de la communication de Madame
Françoise Kletz-Drapeau est « La violence dans la correspondance Albert
Camus-Maria Casarès ». L’intervenante décortiquera la correspondance entre
ces deux êtres, correspondances parues récemment (lire extraits in photos de
pages word)
--------------
L’intervention de Virginie Lupo, qui
suit, porte sur « La mise en scène de la violence dans le théâtre
d’adaptation de Camus. »
Chez Albert Camus, la question de la violence
semble consubstantielle à la réflexion qu’il mène sur sa quête d’une tragédie
moderne dit-elle. On peut alors se demander quelles sont les manifestations
dramaturgiques de cette violence dans ses adaptations, de quelle violence il
s’agit réellement (cf vidéo)
Albert Camus. 35° journées de Lourmarin 5 et 6 octobre 2018_ 6.8_ VIRGINIE LUPO
--------------
Le dernier intervenant de la journée est
monsieur Phlippe Vanney « La paix
dans la guerre, le Pacifisme défendu par Le Soir républicain d’Albert Camus. Il
commence son intervention par quatre citations d’Albert Camus « qui
serviront de repère » dit-il :
En 1958 Carl Viggiani… pose à Camus la
question suivante à propos de son attitude en septembre 1939 : « Vous
êtes contre la guerre, mais vous voulez vous engager ». Camus :
« Oui, sur ce point je n’ai jamais changé. Il faut lutter pour éviter la
guerre à sa nation, quand celle-ci est là il faut être solidaire de sa nation.
En 1951 Camus écrit à jean-Paul Verron
« j’ai commencé la guerre de 1939 en pacifiste et je l’ai finie en
résistant. Cette inconséquence, car c’en est une, m’a rendu plus
modeste. »
1945, Hiroshima. Six ans auparavant,
Camus conclut son célèbre éditorial de Combat sur le bombardement d’Hiroshima
par ces mots « devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à
L’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui
vaille d’être mené. »
On en arrive au Soir républicain, c’est
un article du 16 décembre intitulé « profession de foi », un article
entièrement censuré, un article signé Pascal Pia et Albert Camus. On peut lire
dans la version de la Pléiade « nous sommes profondément pacifistes ».
Notons cependant que cette affirmation n’apparaît pas dans le texte conservé
dans les archives des services de la censure d’Alger.
Monsieur Vanney présente ensuite ce que
fut Le Soir républicain. Le premier numéro date du 15 septembre 1939 et le
dernier du 9 janvier 1940. C’est un journal du soir qui se présente sur une
seule feuille recto-verso distribué à Alger et ses environs. Il y a 14 ouvriers
plus les journalistes. D’après les archives de la censure on peut estimer son
tirage à 1100 exemplaires ou un peu
plus. Le directeur en est Pascal Pia et le rédacteur en chef Albert Camus. Un
duo qu’on retrouvera à Combat. Il est important dit monsieur Vanney de préciser
les liens avec Alger républicain. Algérie républicain fondé par Jean-Pierre
Faure aidé de Paul Schmidt avait pour rédacteur en chef Pia alors que Camus y
faisait ses débuts de journaliste montrant immédiatement des dons évidents de
chroniqueur judiciaire, littéraires et de reporter. La déclaration de guerre du
3 septembre suivie de la mobilisation générale désorganise le journal qui était
déjà en mauvaise situation financière. Ayant reçu une délégation de la part de
Jean-Pierre Faure, Pia décide de fonder
Le Soir républicain Plus solide sur le plan financier. Pendant un mois et demi
les deux journaux coexistent. Algérie républicain qui reprenait des articles du
Soir républicain s’arrête le 28 octobre. Il reparaîtra au printemps de 1940 du
24 février au trente juin. Puis en 1943 dans la mouvance de la résistance avant
de passer sous la mouvance communiste.
Alger républicain était un quotidien généraliste soutenu par les forces
de gauche du Front populaire. Le soir républicain lui est le fruit de la
volonté de deux personnalités, Pia et Camus…
(cf vidéo)
-----------
Un temps conséquent a été réservé aux
questions du public après chaque intervenant. Très peu de questions ont concerné la violence rapportée à
la guerre d’indépendance de l’Algérie, ni aux positions de l’écrivain vis-à-vis
de celle-ci (indépendance) comme nous y sommes habitués, Stockholm, La mère plutôt que la justice..., le fédéralisme (il fut question de fédéralisme, mais européen, pas la relation entre l'Algérie -en devenir- et la France) Par contre, et c’est nouveau (me semble-t-il)
plusieurs questions ont concerné les prises de positions d’Albert Camus quant à
la déportation des Juifs. Les réponses furent toutes affirmatives, « oui
Albert Camus a dénoncé les crimes contre les Juifs » dès qu’il en eut
connaissance… nouveau également les questions portant sur la maltraitance des
enfants vue par l’auteur…
La journée s’achève autour de la table du
libraire (auquel j’offre mon essai L’Arabe dans les écrits d’Albert Camus),
puis autour d’un buffet…
Albert Camus. 35° journées de Lourmarin 5 et 6 octobre 2018_ 7 et 8.8_ PHILIPPE VANNEY
--------------
À l'extrême drote, C. Camus et son chien. |
---------------
PROVISOIRE
Les vidéos ne sont pas de bonne qualité (l'image, pas le son). Le Blog n'accepte pas les vidéos de plus de 100 MO, j'en suis réduis à les convertir en mode GP (basse qualité)... Si vous avez une idée pour contourner cet obstacle, faites-moi signe, d'autant que les vidéos initiales sont de bonne qualité. Merci
Lexctures de textes par JEROME BRU
Albert Camus. 35° journées de Lourmarin 5 et 6 octobre 2018_ 3.8_ JEROME BRU
Albert Camus. 35° journées de Lourmarin 5 et 6 octobre 2018_ 5.8_ JEROME BRU
---------------------
------------------
NB: Nous n'avons pu participer à la seconde journée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire