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lundi, avril 26, 2021

745_ Maître Ali-Yahia Abdenour est mort

 Dimanche 25 avril, 14h. Je viens d’apprendre la disparition de maître Ali-Yahia Abdenour. Il était un phare, un monument de lumière, un pionnier. Il était un guide essentiel, un maître. Le monde des libertés est orphelin. Nous sommes orphelins.Maître Ali-Yahia Abdenour a été de tous les combats pour les libertés humaines, pour les libertés fondamentales, pour la démocratie. Il a dédié sa vie à ces combats, pour que vive une Algérie libre et démocratique. Des pas importants ont été réalisés grâce au combat pour les droits fondamentaux, mais il reste encore beaucoup, beaucoup à faire.Cette photo a été prise lors du meeting que nous avons organisé (FFS Immigration) le 29 Septembre 1996 à Drancy « Pour la paix civile et la démocratie en Algérie » à l’occasion du 33° anniversaire de la création du FFS et intitulé « Quelle Algérie demain ? » avec notamment les interventions de Hocine Aït-Ahmed, Mohammed Harbi, Salima Ghezali, Louisa Hanoune, Maître Henri Leclerc, El Hadi Chalabi, Farid Aïssani, feu Hamida Bensada et bien sûr Maître Ali-Yahia Abdenour qui nous a toujours accompagnés.Je m’incline devant sa mémoire. Allah yarhmah. Ahmed Hanifi.


Signature par maître Ali-Yahia Abdenour du « Contrat de Rome » pour une sortie politique de la guerre civile – Rome janvier 1995

Signature du « Contrat de Rome » pour une sortie politique de la guerre civile – Rome janvier 1995 

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REACTIONS 


vendredi, avril 23, 2021

744_ Un intellectuel condamné pour "offense à l’Islam"

 À propos de la condamnation ce jeudi 22 avril de Saïd Djabelkhir.

Avant d’en venir aux faits, voici quelques éléments utiles. On peut lire ceci dans le préambule de la Constitution algérienne de 2019 : « Le peuple algérien exprime son attachement aux Droits de l’Homme tels qu’ils sont définis dans la Déclaration universelle de 1948 et les traités internationaux ratifiés par l’Algérie. » Or, cette Déclaration universelle énonce en son article 18 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion… » Il est à noter que la Constitution algérienne reconnait l’inviolabilité de la liberté d’opinion (art.51), mais la réalité la met à mal chaque jour.  Ce même article 51 poursuit : « L’État assure la protection des lieux de cultes de toute influence politique ou idéologique. » Des lieux de cultes, mais manifestement pas ceux de justice.  Par contre nulle part dans cette même Constitution algérienne il n’est question de liberté de conscience, laquelle était clairement admise dans la précédente Constitution (1996), en son article 36  : « La liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables ». Notre éventuelle naïveté doit passer son chemin. Les textes sont une chose, la réalité en est une autre. Les textes sont un gage de bonne volonté destiné à la Communauté internationale, particulièrement aux ONG.

J’en viens aux faits. À la suite d’une plainte déposée par un enseignant de l’Université de Sidi Bel-Abbès qui a préféré la facilité de la justice au débat intellectuel qui (ou car) nécessite un haut degré de connaissance en le domaine (pouvait-il s’y confronter ?), l’islamologue Saïd Djabelkhir a été condamné hier par le Tribunal de Sidi M’hammed à trois ans de prison ferme et à 50.000 DA pour « offense aux préceptes de l’islam et aux rites musulmans ». Cette condamnation est politique, elle est un gage destiné aux esprits les moins ouverts sur la lumière, ceux-là même dont les idées, depuis des années, ont pénétré les plus hautes sphère du pouvoir réel et sa devanture, mais aussi infusent des pans entiers de la société déboussolée qui s’abreuve de plus en plus d’us et de codes en tous genres d’un autre âge.

La Justice garantit ou devrait garantir la liberté, elle n’est pas ou ne devrait pas être un obstacle à son expression naturelle. La Justice devrait garantir les Droits de l’homme et les libertés fondamentales. Cette condamnation est en même temps une mise en garde à l’endroit des hommes épris de liberté et de justice. Plus généralement elle est une preuve d’une inféodation au pouvoir politique de « L’Algérie nouvelle ». Car enfin l’objet en question ne relève pas du Tribunal, c’est une entorse à la loi et au bon sens. Ce qui est condamné c’est le questionnement, l’argumentation, c’est la recherche, c’est El Ilm, c’est l’université (déjà hautement très mal en point). Cette condamnation ouvre vers une pente dangereuse. « Le combat pour la liberté de conscience est non négociable » a déclaré Saïd Djabelkhir qui est prêt pour ces raisons à aller jusqu’en cassation si nécessaire. Rappelons que dans la foulée la Ligue algérienne de défense des Droits de l’homme (LADDH) a dénoncé « la criminalisation des idées, du débat et de la recherche académique pourtant garanties par la Constitution… » La lumière a besoin de nos bougies. Plus que jamais, l’intellectuel a besoin de notre solidarité. Le Hirak réagira-t-il aujourd’hui devant cette mascarade ?

J’écrivais récemment (Le Quotidien d’Oran, jeudi 8 avril) en introduction à un article sur Ibn Rochd : « le procureur du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a requis une peine de trois à cinq ans de prison contre un islamologue pour « offense aux préceptes de l’Islam ». Une avocate du collectif de la défense s’est exclamée « on est en train de débattre des idées dans le tribunal, mais les idées se débattent à l’extérieur du tribunal. J’ai pensé au film ‘‘Le Destin’’, on se croirait au 12° siècle à l’époque d’Ibn Rochd ! » 

Je me demande à mon tour si nous n’avons pas pris le train vers ce funeste futur de l’inquisition, celui du 12° siècle. Reste à brûler les livres et la pensée. Il est urgent de se ressaisir, pour éviter le grand saut vers l’inconnu.

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mardi, avril 13, 2021

743_ L'exilé indexé

 

J’écris ces lignes en réaction à la lecture d’un article que j’ai lu ce matin, parce que je me sens visé. Pourquoi suis-je visé par cet article en question ? Je ne suis pourtant ni du Mak, ni de la mouvance islamiste qu’il pourfend. Je ne suis plus universitaire, pas même d’Aix-en-Provence, même si je suis provençal et que j’aime la Provence. 

Je me sens égratigné par cet article écrit par un cadet fort sympathique par ailleurs, mais la question n’est pas là.  Je me sens concerné par son article car je suis moi-même comme son « exilé algérien », cœur de l’article. Retenez qu’il écrit « exilé » (neutre, inodore) et non pas « émigré » très chargé et qui sied mieux. Généralement j’apprécie les écrits de cet auteur, ses interrogations et réponses, souvent cinglantes, justes. Parfois « dans l’air du temps » européen (froid, vif et limite intolérant, stigmatisant). M’enfin et bref. 

Dans le papier en question, l’auteur demande à ce que les exilés algériens cessent de faire de la politique pour l’Algérie alors qu’ils en sont si loin. Eux qui ont au cœur à la fois le pays d’accueil où ils vivent et le pays de naissance où ils se rendent souvent, pour beaucoup plus qu’une « semaine de bénévolat ». Il écrit de ces Algériens qu’ils sont  « autant que nous Algériens, mais pas plus », sans ajouter « pas moins », c’est dire l’inconscient ! Ces exilés donc ne devraient pas avoir le droit d’exercer leur citoyenneté au motif qu’ils sont à l’étranger ou alors avec « modestie » ! (suit une typologie de comportements : Algérien, hyper-Algérien)

Avec tout le respect que je dois à l’auteur de cet article, il ne peut m’empêcher d’écrire que ses mots ont un drôle de goût, âcre, qui sent le stal. Je m’arrête là. Je suis persuadé qu’il s’agit d’un dérapage et je veux bien passer, mais deux lignes plus loin il enfonce le clou en nous insultant : « les sentiments de nostalgie des exilés sont de même nature que ceux d’un colon ». C’est une insulte inqualifiable.  Honnêtement et personnellement j’aurais honte d’écrire quelque chose qui se rapproche de ces parallèles Algériens/colons) et de cette idée de déchoir « les exilés algériens » de leurs droit fondamental à l’expression.  En débattre, « malgré le caractère tabou » ajoute-t-il. Quelle honte ! Au point où on en est, pourquoi leur accorder le droit de vote ? Cela dévoile la suffisance, voire l’arrogance et l’ignorance de l’histoire des rôles des émigrations passées et présentes dans les luttes pacifiques de leurs pays, de l’étranger où ils vivaient et vivent. Beaucoup de ces Algériens qui ont « quitté l’Algérie durant les années 90 » ont vécu jusqu’au bout leurs idées, en Algérie même cher monsieur, en Algérie même avant de « fuir » (disait-on dans la périphérie de qui vous savez). Il y a vingt ans, cet auteur que par ailleurs j’apprécie écrivait : « Il est plus commode de vivre les paupières fermées ». Le temps a passé. 

Poursuivre le combat sans zèle (mais sans reddition) à l’étranger n’est pas une tare, mais le plein exercice d’un droit fondamental (merci la France, merci le Canada, l’Allemagne etc.) que ces « exilés » exercent avec fierté, par devoir et que l’auteur de l’article leur dénie en filigrane. Lorsque je lis ou entends pronostiquer que les « manifestations sont sans lendemain » je me revois devant ce professeur polonais (réfugié !) que j’ai eu à l’université dans les années 70 et qui ne comprenait pas ces manifestations des refuznik et de leurs camarades français : « ça sert à quoi ce cirque ? » Il a eu raison durant cinq ans, mais il a eu définitivement tord les années suivantes. Lourdement. Mais il était en droit de se poser là. Je ne lui ai pas jeté la pierre car l’homme est ainsi fait de courage, de tiédeur, de peur etc.

Je ne leur attribue pas (aux refuznik et à leurs soutiens) la chute du Mur, et toutes les conséquences qui suivirent, mais un jour je raconterai l’histoire (en lien avec l’impossible Mur) de ce colibri Topaze « fou » qui entreprit d’éteindre le feu qui décimait l’Amazonie. Un jour. 

Je considère par ailleurs regrettable de distinguer la validité d’un combat patriotique, d’un espoir, selon que l’on est de Suède ou de Aïn Sefra, c’est d’un dommage incompréhensible, et ajouter que « la démocratie (est) absolue ». C’est insensé. Elle ne l’est nulle part et ne pourrait jamais l’être. Elle ne peut qu’être améliorée. Notre ami agite (c’est d’une facilité déconcertante) l’épouvantail de l’islamisme à venir, alors qu’il est présent, partout, hic et nunc, par la grâce d’un pouvoir jusqu’au-boutiste qui nous a déjà prouvé qu’il pouvait faire feu de tout bois (et jusqu’à créer 20 chaînes de télévision au discours univoque louant les dirigeants au creux d’une palette d’artifices). Nier que quasiment toute la société algérienne a intégré les codes islamistes c’est, encore une fois, ne pas voir les trous dans la raquette.

Notre ami ne dit pas un mot sur la nature de ce pouvoir en Algérie, rien de sa capture par une gérontocratie à bout de souffle, toujours à la recherche de compromissions. Elle est vacillante, mais toujours debout par la grâce (aussi) de commentaires laudateurs (aussi) ou lénifiant (aussi) ou visant un horizon quelconque fait de moulins à vent espagnols (ou français). Est-il vrai que celui qui ne dit rien (ou regarde ailleurs, ou minimise…) consent ? Où se nichent les « myopies souveraines », où ?

Si le chroniqueur en question évoque le cœur du pouvoir c’est entre guillemets et par la bouche de notre exilé-enseignant d’Aix qui, dit-il, « harangue la foule avec passion », qui n’a même pas « le sens de la prudence ». Comment haranguer autrement s’il vous plaît une foule d’exilés. Un exilé (universitaire) « intoxiqué par les fakes sur le ‘‘Régime’’ ». Un exilé qui a perdu « le sens de la prudence, la mesure de ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. » L’auteur en question a-t-il jamais réfléchi à ce qui — au temps de fakhamatouhou — relevait du possible et à ce qui n’en relevait pas ? 

Il y a plus de vingt ans, il s’interrogeait très justement en rouge et noir, probablement à l’intérieur de son propre dialogue comme il disait…  « Pourquoi faut-il naître dans ce pays (l’Algérie) rien que pour saluer un drapeau, écouter un discours, mâcher un crachat et rêver d’une catapulte vers le Canada et insulter les nouveaux colons ? »  Oui, il y a plus de vingt ans. Le temps a passé, et il n’a pas fini de passer.

samedi 10 avril 2021

Lire ici (avec l'article de KD visé ici ainsi que d'autres réactions):

http://ahmedhanifi.com/lexile-indexe/

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jeudi, avril 08, 2021

742_ Ibn Rochd (AVERROÈS)



"LE DESTIN" (extrait) Youcef Chahine






ET.... LES LECTURES:




OU:


Ibn Rochd al- Qortobi

 

« Que la Loi divine invite à une étude rationnelle et approfondie de l’univers, c’est ce qui apparaît clairement dans plus d’un verset du Livre de Dieu (le Béni, le Très-Haut !). Lorsqu’il dit par exemple : ‘‘Tirez enseignement de cela, ô vous qui êtes doués d’intelligence !’’ (Coran s59, v2), c’est là une énonciation formelle montrant qu’il est obligatoire de faire usage du raisonnement rationnel, ou rationnel et religieux à la fois. »1

 

« L’homme a naturellement la passion de connaître2. »  

 

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Jeudi 1er avril, le procureur du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a requis une peine de trois à cinq ans de prison contre un islamologue pour « offense aux préceptes de l’Islam ». Une avocate du collectif de la défense s’est exclamée « on est en train de débattre des idées dans le tribunal, mais les idées se débattent à l’extérieur du tribunal. J’ai pensé au film ‘‘Le Destin’’, on se croirait au 12° siècle à l’époque d’Ibn Rochd ! » 

Justement, en ce début du mois de ramadan, nous célébrons la naissance, il y a près de neuf siècles, de Abû-l-Walid Mohammed bnou Ahmed bnou Rochd, l’un des plus illustres penseurs andalous, dont le nom orne les portails de nombreux établissements scolaires en Algérie, mais qui disparaît aussitôt qu’on les a franchis. Qui est Ibn Rochd ? C’est l’objet de cette contribution. J’appréhenderai ce savant d’abord par son identité, puis par son parcours, sa pensée, son rapport au pouvoir, à la cité où il vécut, et finirai par évoquer quelques regards sur son œuvre/sa personne, par des hommes de son temps ou non.

 

Ibn Rochd et l’Andalousie 

 

Ibn Rochd « le fils de la rectitude » était juriste, physicien, astrologue, philosophe (hakim-sage), médecin, au temps d’al-Andalous. En Espagne où il naquit, et en Occident de manière générale, Ibn Rochd est connu sous son nom latinisé Averroès ou « Le commentateur ». Il y est admis comme « l'un des pères de la philosophie occidentale » ou encore « le précurseur de la pensée rationaliste occidentale ». Nous savons beaucoup de choses sur la pensée et les écrits (ses propres écrits en arabe ou retraduits) d’Ibn Rochd, mais peu sur lui, son identité, sa famille. Il est né le 14 avril 1126 (520 H) à Cordoue, mort le 10 décembre 1198 (595 H) à Marrakech. Ibn Rochd al Qortobi était Espagnol et ses aïeux probablement Berbères, très certainement pas de la périphérie du Nejd comme le suggère étrangement Luis Borges dans une de ses nouvelles3. « La lignée des Banû Rushd est connue à partir de l’arrière-grand-père de notre philosophe, Ahmad b. Ahmad b. Muhammad b. Ahmad b. ‘Abd Allah b. Rushd. Ce nasab (généalogie incluse dans la nomination) indique que la famille était déjà musulmane depuis au moins trois générations », écrit Urvoy4. Notons que tous les philosophes espagnols de cette époque sont dits « arabes » en référence à la langue qu’ils utilisaient et non à leur origine ethnique, ils avaient pour la plupart une ascendance berbère. De même, les dynasties berbères almoravides (almorabitoun), almohades (almowahhidoun), zirides (ezziriyoun)… sont parfois dites « arabes ». Au début du 12ème siècle, le sud de l’Espagne et du Portugal était sous domination des Almoravides (1086-1147), puis des Almohades (1147-1248), une autre dynastie berbère qui serait chassée par la Nasride, dernière dynastie musulmane en Espagne (milieu du 12ème à fin du 15èmesiècle). La période dite de « l’âge d’or de l’Islam »  (9ème au 13ème siècle) couvrait trois continents. Les savants n’étaient pas tous musulmans, mais Ibn Khaldoun écrivait : « Parmi les plus grands (philosophes) musulmans, on citera Abû-Nasr al-Fârâbî et Abû-‘alî Ibn Sînâ (Avicenne) en Orient, le cadi Abû-l-Walîd b. Rushd (Averroès) et le vizir Abû-Bakr b. as-Sâ’igh (ou Ibn Bajja, ou Avempace), en Espagne »5. Nous pouvons ajouter d’autres noms qui furent célèbres comme les orientaux Al-Razi (Iran), Al-Kindi (Irak), Al-Ghazali (Iran) et les Occidentaux-Andalous Ibn Tufayl, Ibn Arabi, Hafsa Rakumiyya, Wallada bint al mustakfi, Ibn Sab’în, ou Maïmonide qui n’était pas musulman. Et d’autres.

  

La péninsule ibérique était alors florissante, les pouvoirs favorisaient la connaissance, les salons littéraires se multipliaient. Cordoue comptait plus de 300.000 habitants. « Au ‘‘pays de bénédiction’’, Almeria tissait la soie sur 800 métiers, produisait des instruments de cuivre, Alicante possédait des chantiers de construction navales… À partir d’Abou-Ya’qoub, il est impossible de séparer le Maghreb de l’Espagne… » écrit Charles-André Julien6. Au Maghreb les Almohades régnèrent de Tanger à Tunis et au-delà (1147-1260).

 

Très jeune, Ibn Rochd avait appris tout le Coran. Il aimait la poésie, la musique. Son père et grand-père étaient juges à Cordoue, très proches de la dynastie almoravide. Afin de le distinguer de ses parents, on l’appelait « Ibn-Rochd al hafid ». Plus tard, il ferait des études de fiqh et des hadiths. Il s’intéresserait à la physique, à l’astrologie, à la philosophie par le biais des écrits du perse Al-Farabi (872-950), mais surtout de ceux d’Ibn Bajja de Saragosse, Avempace pour les Européens (1085-1138)… Il étudierait la médecine auprès de Abû Ja’far al-Trujjâli ( ?- 1180). 

 

Ibn Rochd a écrit une soixantaine d’ouvrages qui traitent de médecine, de théologie, de droit,  de philosophie… comme Fasl al-maqal fima bayn al-hikma wa as-shari’â min al-ittisal (L’accord entre la religion et la philosophie - Traité décisif), Le Commentaire du Traité de l’âme (De Anima) d’AristoteBidayat al-Mujtahid wa Nihayat al-Muqtasid (Le début pour qui s’efforce et la fin pour qui est partial, traité de droit), Tahafut at-tahafut, (l’Incohérence de l’incohérence), Al-Kulliyât, (Colliget ou Le livre des généralités, médecine), d’innombrables Commentaires (grands, moyens, petits)…Ibn Rochd avait 34 ans lorsque son ami et érudit Ibn Tufayl, son aîné de seize ans, le présenta à Abu Yacub Youssef qui succèderait bientôt à son père Abdelmoumen, mort en 1163. Ibn Tufayl (1110-1185),  était mathématicien, philosophe, astronome, médecin et romancier. Il a écrit en 1170 une œuvre majeure. « L’épître d’Ibn Tufayl Hayy ibn Aqzan est un chef d’œuvre de la pensée arabe classique, de la pensée tout court7. »

 

Un intellectuel organique ?

 

Abu Yacub Youssef, « le calife intellectuel » devenu amir al-mou’minin, fit savoir à Ibn Tufayl qu’il cherchait quelqu’un qui pût résumer Aristote (384 – 322 av JC) . Voici comment en parle Ibn Rochd à l’un de ses élèves : « Abû Bakr Ibn Tufayl me fit appeler un jour et me dit ‘‘ j’ai entendu aujourd’hui le prince des croyants se plaindre de l’incertitude de l’expression d’Aristote ou de celle de ses traducteurs. Il a évoqué l’obscurité de ses desseins et a dit : ‘Si ces livres pouvaient trouver quelqu’un qui les résumât et qui rendît accessibles ses visées après l’avoir compris convenablement, alors leur assimilation serait plus aisée pour les gens.’’ Si tu as en toi assez de force pour cela, fais-le4. »

Et Ibn Rochd le fit. Ainsi et dans la tradition des Miroirs des princes (Kalila et Dimna ou l’éducation des princes) Ibn Rochd fut engagé. Il entreprit de « traduire » tout Aristote « le plus sage des Grecs » pour lequel il avait une grande admiration, plus tard il deviendrait le médecin du sultan à la suite de Ibn Tufayl. « Nous adressons des louanges sans fin à celui qui a prédestiné cet homme, Aristote, à la perfection, et qui l’a placé au plus haut degré de l’excellence humaine8. » Ibn Rochd avait déjà composé l’Abrégé du ‘‘Mustasfa min ilm al-usul’’ d’Al-Ghazali, en 1157, et au cours des deux années qui suivraient il rédigerait un Abrégé de l’Almageste de Ptolémée, et un Traité des Météorologiques d’Aristote, puis des Commentaires moyens sur l’Organon, un ensemble de traités d’Aristote et beaucoup d’autres ouvrages plus tard. Parmi ses livres les plus retentissants figurent Discours décisif (1179) et L’incohérence de l’incohérence (1180-1181) dans lesquels Ibn Rochd défend l’importance de la philosophie.

Si le chercheur Makram Abbès ne pense pas qu’Averroès fut « un simple instrument aux mains du Pouvoir qu’il aurait servi durant un demi-siècle… non, Averroès n’a pas du tout été un intellectuel organique comme l’avancent certains9 »,  Alain de Libera nuance : « Un philosophe médiéval ne peut être qu’un intellectuel organique. Quand il est organique par son statut social et socialement critique par la réforme et le contenu de son activité, il vaut mieux se le représenter comme philosophe engagé9. » Peut-être qu’Ibn Rochd eût fléchi les genoux, mais certainement pas courbé sa raison comme écrirait plus tard Montaigne pour lui-même (De l’art de conférer).

Les importantes divergences qui opposaient Ibn Rochd au Calife Al-Mansour, le petit-fils de Abdelmoumen Ben Ali Agoumi ennedromi, poussèrent le philosophe à démissionner de ses charges (voir absolument le beau film de Youcef Chahine « Le Destin » — a-t-il été jamais projeté en Algérie ?) 

« Dans Commentaire de ‘‘La République’’ de Platon, Averroès exprime très nettement son attitude envers les trois souverains almoravides, respectant le premier, mais voyant dans les deux autres l’incarnation type de la dégradation des régimes politiques telle que la décrit Platon (428 – 348 av JC)… Averroès dénonce la résurgence du pouvoir de l’argent, qui ne laisse le plus souvent place qu’à des attitudes encore plus ‘‘abjectes’’10   4 (4, p 150 et non pas "10"). » Les trois souverains almoravides sous lesquels vécut Ibn Rochd, avant que ne les supplantent les Almohades, sont : Ali Ben Youssef fils de Youssef Ben Tachine, Tachfin Ben Ali et Ibrahim Ben Tachfin. Celui-ci fut tué à Oran par les Almohades en 1147, il ne régna que quelques mois.

 

Une seule vérité, plusieurs voies.

 

Dès les premières pages du Traité décisif Ibn Rochd écrit : « Notre but dans ce traité est d’examiner si l’étude de la philosophie et des sciences logiques est permise ou défendue par la religion ou prescrite » et il cite deux versets du Coran (s59/v2 et s12/v184). Il y a une obligation coranique pour les savants, les sages, « d’examiner le royaume des cieux et de la terre et toutes les choses que Dieu a créées » (s7/v185 et non s6/v75 comme mentionné par l’auteur)11

Sur l’ensemble du Traité décisif (ou Discours décisif) Ibn Rochd cite 23 versets du Coran. Il déduit qu’il est obligatoire de faire usage du raisonnement rationnel ou rationnel et religieux. « C’est pour nous une obligation de nous appliquer à la spéculation par le syllogisme rationnel (el qiyyas el ‘aqli) et par la forme la plus parfaite de celui-ci qui est la démonstration (al-borhan) ». La démonstration dit Ibn Rochd incombe aux philosophes, « gens de la démonstration ». La voie démonstrative dévoile le contenu de la voie révélée qui est caché derrière le « sens obvie » écrit Alain de Libera dans l’introduction au Discours décisif, dont il dit qu’il n’est pas une œuvre philosophique, mais une fetwa, un avis juridique.10Ce noble terme a subi par le fait d’un glissement sémantique médiatique un détournement, de sorte qu’aujourd’hui il signifie tout autre chose, une condamnation, une mise à mort, qui n’a plus rien à voir avec son sens initial.

Il y a une seule et même vérité, mais les chemins qui y mènent sont différents. « À la multitude appartient de s’en tenir au sens littéral ; l’interprétation relève du philosophe, qui découvre des vérités dont la connaissance est le culte même qu’il rend à Dieu. On comprend que cette philosophie syncrétiste, admettant qu’une même vérité peut se présenter sous des formes diverses, ait inquiété les théologiens professionnels et pu faire soupçonner son auteur d’hérésie6. »

En effet, la vérité révélée dans le Coran peut être atteinte par la voie de la démonstration ou par la voie non-démonstrative. Si la première est réservée aux philosophes, la voie non démonstrative, la voie de la rhétorique ou dialectique est destinée aux « théologiens (al-mutakallimoun) qui soulèvent des doutes sur le sens apparent du texte sacré sans disposer du moyen de les résorber »11 , mais également à la masse (al-joumhour) qui ne dispose pas non plus des outils pour décrypter le Livre, car tous les esprits ne sont pas à même de pouvoir philosopher. Telle était la perception d’Ibn Rochd. Jamais il ne parla de « double-vérité » comme on le lui a souvent reproché, il y a là un contresens. Il n’y a qu’une vérité accessible par des voies différentes. Selon nos capacités cognitives propres, nous avons accès à la sensation, à l’imagination et aux intelligibles. Ces derniers étant le domaine des philosophes. Il y a chez Ibn Rochd une démarche élitiste assumée. « Nous musulmans savons de science certaine que l'examen des étants par la démonstration, n'entraînera nulle contradiction avec les enseignements apportés par le Texte révélé́ : car la vérité́ ne peut être contraire à la vérité, mais s'accorde avec elle et témoigne en sa faveur »10 Toute interprétation sans les armes du savoir et contre lui ne peut qu’engendrer de graves dérives. Nous conviendrons que l’actualité de ce 21° siècle en regorge. 

« L’entreprise philosophique c’est d’abord la saisie et la compréhension des intelligibles. La fonction première de l’intellect (la raison) c’est de saisir et comprendre les intelligibles, c’est l’aspect le plus important de la raison » souligne le professeur Souleymane Bachir Diagne12. Il n’est malheureusement pas possible ici d’aller plus avant sur les interrogations relatives aux différents intellects, à la puissance commune de penser (l’intellect-agent est-il éparé, pas séparé ?) et à celle de leur synergie et l’intellection, ces questions exigeraient plus d’espace et ouvriraient sur d’autres perspectives hautement exigeantes. L’essentiel des positions d’Ibn Rochd à travers Al Kashf ‘an manâhij al-adilla(Dévoilement des méthodes de démonstration des dogmes de la religion musulmane) et dans Tahafut al-Tahafut(L’Incohérence de l’incohérence) est clair, écrit Alain de Libera : « a) l’obligation de philosopher est prescrite par la Révélation, b) elle est adressée aux « hommes de démonstration », c) la théologie véritable a pour tâche de montrer par ses résultats mêmes que la philosophie est indispensable à la préservation du noyau littéral dur du Texte révélé contre les ‘‘innovations blâmables’’ de la théologie sectaire »9

 

La cité vertueuse


Comme le médecin soigne les corps, le philosophe, « le philosophe-roi » (ce dirigeant idéal de Platon) soigne les âmes des citoyens. « Il n'y aura de cesse aux maux de l'espèce humaine, avant que, soit l'espèce de ceux qui philosophent droitement et en vérité n’accède au pouvoir politique, soit ceux qui sont puissants dans les cités, par quelque grâce divine, ne se mettent réellement à philosopher » (Platon, la Lettre VII, 326 b). Le philosophe-roi ou le roi-philosophe doit être doté des quatre types de vertus (al-fada’îl) ou arété grec : le premier type englobe les vertus théoriques (al-fada’îl nadhariya), le deuxième est celui des vertus intellectuelles (al-fada’îl al-fikriya), le troisième est celui des vertus morales (al-fada’îl al-kholoqiya), le quatrième et dernier type regroupe les vertus pratiques (al-fada’îl al-‘amaliya). Le but du dirigeant vertueux est d’orienter sa gouvernance vers la perfection afin de parvenir à la cité juste, la cité parfaite, la « cité de beauté » où le citoyen peut atteindre sa fin suprême qui est le bonheur13. Et l’exemple premier du citoyen ordinaire est donné par les gouvernants. S’ils font fi des vertus attendues d’eux par le peuple, la corruption et l’immoralité s’installent aux différents niveaux de la société, de la cité. 

« Platon (écrit Al-Farabi) évoque le grand nombre des citoyens des cités et des nations. Il affirme que l’homme parfait, l’homme qui cherche, et l’homme vertueux y sont en grave danger ; on doit trouver un moyen de faire que le grand nombre des citoyens changent de mode de vie et d’opinion pour adopter la vérité et le mode de vie vertueux ou s’en approcher’’ » Al-Farabi « La philosophie de Platon, son ordre, ses parties », cité par Ali Benmakhlouf14.

 

Dans une cité qui vise la perfection, les citoyens sont égaux. Nous ne sommes plus tout à fait dans le mimétisme de « l’ordre harmonieux du cosmos… » où chacun se doit de demeurer à sa place dans cet ordre (La République de Platon). Ici, avec Ibn Rochd, les hommes et les femmes ont quasiment strictement les mêmes droits et devoirs. « Un dialogue imaginé en 1189 entre Ibn Rochd et la poétesse Hafsa bint al-Hajj, dite Al-Rakuniyya, est l’occasion de rappeler l’engagement précurseur du philosophe en faveur de l’égalité des sexes, mais aussi d’interroger la possibilité de côtoyer, voire de servir, le pouvoir tout en défendant une ‘‘éthique du dire-vrai’’ » note Khalid Lyamlahy. (« Zone critique », 24 octobre 2020). Quant à Urvoy, il écrit : « Sur la question féminine, Ibn Rochd s’avance seul. Il développe sans la moindre restriction, la thèse platonicienne de l’égalité des sexes : ‘‘ Dans ces États, la capacité des femmes n’est pas reconnue, car elles y sont prises seulement pour la procréation. Elles sont donc placées au service de leur mari et (reléguées) au travail de la procréation, de l’éducation et de l’allaitement. Mais cela annule leurs (autres) activités. Du fait que les femmes, dans ces États, sont des êtres faits pour aucune des vertus humaines, il arrive souvent qu’elles ressemblent aux plantes. Qu’elles soient un fardeau pour les hommes, dans ces États, est une des raisons de la pauvreté de ces (mêmes) États4. » À mille lieues de cette position, dans ‘‘Kitab at-tibr al-masbuk fi nasihat al-muluk’’ (Le Miroir du prince et le conseil aux rois), « Al-Ghazali reprend tous les préjugés sur la femme qui est un être foncièrement mauvais, soumis à la passion qui est parfois en deçà de l’humanité15 ».

 

La persécution

 

Ibn Rochd était réellement seul sur tant de sujets. « Nul philosophe n’aura été plus mal compris ni plus calomnié qu’Averroès... Philosophe impénitent, rationaliste intrépide ou cynique, homme d’une “double foi” ou inventeur du “double langage”, tous les qualificatifs lui ont été attribués16. »

Ernest Renan fut à la fois élogieux et très critique, très dur envers Ibn Rochd : « Il faut rendre cette justice à la philosophie arabe, qu’elle a su dégager avec hardiesse et pénétration les grands problèmes du péripatétisme et en poursuivre la solution avec vigueur. En cela, elle me semble supérieure à notre philosophie du Moyen-Âge, qui tendait toujours à rapetisser les problèmes et à les prendre par le côté dialectique et subtil.8 » Sur sa sévérité à l’égard du penseur il rectifierait « j’ai sous-évalué cette figure » (rapporté par Ali Benmakhlouf). « Sans Avicenne (Ibn Sina) d’abord et sans Averroès (Ibn Rochd) ensuite, l’Europe telle qu’elle est n’aurait pas existé, disait naguère un spécialiste d’Ibn Rochd17.

 

Stimulés par le sultan Al-Mansour qui a interdit la philosophie et qui voulait que l’on sache qu’il maudissait les égarés, les adversaires d’Ibn Rochd s’organisèrent contre lui. Sa pensée était dénoncée dans des réunions, une plainte fut déposée contre lui. Un jour alors qu’il se trouvait dans la mosquée de Cordoue avec son fils Abd Allah, il en fut expulsé « par une poignée de la lie du peuple ». « Ibn-Rochd ne fut pas persécuté́ seul; on nomme plusieurs personnages considérables, savants, médecins, faquihs, kadhis, poètes, qui partagèrent sa disgrâce. ‘‘La cause du déplaisir d’Al-Mansour, dit Ibn-Abi-Oceibia, était qu’on les avait accusés de donner leurs heures de loisir à la culture de la philosophie et à l’étude des anciens’’. La disgrâce des philosophes trouva même des poètes pour la chanter.8 »

Accusé d’hérésie, Ibn Rochd est banni et exilé dans la petite ville de Lucena au sud de Cordoue. Ses livres seraient brûlés. Près d’un siècle plus tôt, al-Ghazali (Tahafut al-falasifa) condamnait la philosophie « qu’il opposait » au Texte sacré et accusait les philosophes d’impiété alors que lui-même opta pour la démarche philosophique. Abdurrahmân Badawi note pourtant : « la légende d’un Ibn Rochd athée est à mettre définitivement dans le magasin des antiquités de fausses accusations. Il croyait fermement en Dieu, en Son Prophète Muhammad, en le caractère miraculeux du Coran, et aucun texte d’Ibn Rochd ne peut être interprété en un sens contraire18 ».

« La disgrâce d’lbn-Rochd ne fut pas, au reste, de longue durée : une nouvelle révolution fit rentrer les philosophes en faveur. Al-Mansour leva tous les édits qu’il avait portés contre la philosophie, s’y appliqua de nouveau avec ardeur, et, sur les instances de personnages savants et considérables, rappela auprès de lui Ibn-Rochd et ses compagnons d’infortune. Abou-Djafar el-Dhéhébi, l’un d’eux, reçut la charge de veiller sur les écrits des médecins et des philosophes de la cour8. » Ibn-Rochd mourut en décembre 1198, peu après avoir été gracié.

En mars de l’an 1199, trois mois après sa mort, le corps d’Ibn Rochd fut exhumé de sa tombe de Marrakech et transporté jusqu’à Cordoue pour y être enterré. Voici ce qu’écrit Ibn Arabi, le Cheikh el-akbar, dans son Futuhat : « Lorsque le cercueil qui contenait ses cendres eut été chargé au flanc d’une bête de somme, on plaça ses œuvres de l’autre côté pour faire contrepoids. J’étais là debout en arrêt: il y avait avec moi le juriste et lettré Abû l-Hosayn Mohammad ibn Jobayr, secrétaire du Sayyed Abû Sa’îd (prince almohade), ainsi que mon compagnon Abû l-Hakam ‘Amrû ibn as-Sarrâj, le copiste. Alors Abû l-Hakam se tourna vers nous et nous dit: ‘‘Vous n’observez pas ce qui sert de contrepoids au maître Averroës sur sa monture? D’un côté le maître (imam), de l’autre ses œuvres, les livres composés par lui.’’ Alors Ibn Jobayr de lui répondre : ‘‘Tu dis que je n’observe pas, ô mon enfant? Mais certainement que si. Que bénie soit ta langue !’’ Alors je recueillis en moi (cette phrase d’Abû l-Hakal), pour qu’elle me soit un thème de méditation et de remémoration. Je suis maintenant le seul survivant de ce petit groupe d’amis – que Dieu les ait en sa miséricorde – et je me dis alors à ce sujet : D’un côté le maître, de l’autre ses œuvres. Ah ! comme je voudrais savoir si ses espoirs ont été exaucés ! » (Cercamon.net/ibn-arabi) Les mots qui suivent sont extraits de la dernière page de Discours décisif qu’il publia l’année de ses 52 ans : « Dieu a par lui ouvert la voie à de nombreux bienfaits, surtout pour cette classe de personnes qui s’est engagée dans la voie de l’examen rationnel et aspire à connaître la vérité10. » Ibn Rochd a parlé et a écrit de l’intérieur de l’Islam et toujours a revendiqué la démonstration (al-borhan) pour la vérité, contre l’obscurité et l’ignorance.


Ahmed HANIFI

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Notes

1- Ibn Rochd (Averroès), « L’accord de la religion et de la philosophie. Traité décisif. Traduit de l’arabe par Léon Gauthier. Ed.

 Sindbad, Paris, 1988, 70 p. Page 12.

2- La Métaphysique, Aristote. Livre 1er - chapitre 1er. Traduction J.B. Saint-Hilaire.  Librairie G. Baillière. 1879.

3- La quête d’Averroës. (in L’aleph). Jorge Luis Borges. https://ahmedhanifi.com/la-quete-daverroes/

4- Averroès, les ambitions d’un intellectuel musulman. Dominique Urvoy. Ed. Flammarion/Champs biographie, Paris, 2008_

 253 p. Pages 18, 150,152.

5- Discours sur l’Histoire universelle – Al Muqaddima, Ibn Khaldûn. Traduction nouvelle, préface et notes de Vincent 

            Monteil. Éditions Sindbad, Paris, 1978, T3, 1440 p. Pages 1047-1048.

6- Histoire de l’Afrique du nord. Charles-André Julien. Ed Payot, Paris 1975, T2, 368 p. Pages 121,122.

7- Robinson de Guadix. Jean-Baptiste Brenet. Ed. Verdier, Lagrasse 2021, 115p. Page 97. (Lire le bel article de Faris

 Lounis « Le philosophe sans maître d’Ibn Tufayl » Le Quotidien d’Oran, 13 mars 2021).

8- Averroès et l’averroïsme. Ernest Renan. Ed. Ennoïa, Rennes 2003, 377 p. Pages 56, 31,100, 30.

9- Averroès. L’Islam et la raison. Anthologie. Traduction et notes par Marc Geoffroy. Présentation par Alain de Libera.

 Ed. GF Flammarion. Paris,  2000. 226 p. Page 51.

10- Averroès : Discours décisif. Traduction de Marc Geoffroy, introduction de Alain de Libera. Ed GF Flammarion,

            Paris 1996, 254 p. Pages 119, 11, 115.

11- Averroès. Ali Benmakhlouf. Ed. Perrin/Les Belles Lettres- tempus Philo- Paris, 2009_ 242 p. Pages 36, 142.

12- Lire Comment philosopher en Islam ? Souleymane Bachir Diagne. Ed. Philippe Rey / Jimsaan, 2013.

13- Lire Islam et politique à l’âge classique. Makram Abbès - PUF, Paris, 2009 - 320 p.

14- Pourquoi lire les philosophes arabes. Ali Benmakhlouf. Ed. Albin Michel, Paris 2015, 203 p. Page 115.

15- Makram Abbès. École normale supérieure de Lyon, 2009.

16- La Philosophie médiévale, Alain de Libera. Paris, PUF, 1993. Page 161.

17- Jean-Baptiste Brenet lors de la 24ème édition des « Rencontres d’Averroès » (Marseille, 16 novembre 2017) 

18- Averroès (Ibn Rushd). Abdurrahmân Badawi. Ed J. Vrin, Paris 1998, 194 p. Page 143.

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