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Toilette
de chat et café-crème avec m’semen légèrement croustillant et confituré. « Quinze mille »
réclame le serveur, jovial. Dans les rues attenantes à l’hôtel (changement) les
passants sont nombreux et les curieux tout autant. Les marchands de fleurs sont
joyeux, pas les chauffeurs qui klaxonnent à tout rompre. Certains passagers
arborent à travers les portières (ou sur les toits) des drapeaux d’équipes de
football (ou de hockey-sur-glace ?) et chantent « Palestine,
chouhada… » L’excitation ambiante renvoie probablement au match de football
USMAlger-TPMazembe de ce soir, à moins que cela n’annonce une soirée
révolutionnaire dédiée aux « valeureux-martyrs-de-la-noble-et-bienheureuse-Révolution-de-Novembre ».
Oui, mais trahis les martyrs et la Révolution jusqu’à la moelle. La place du
Cheval ou de l’Emir est saturée. La Librairie du tiers-monde est chagrine. La
façade du Beaumarché est triste. Fermé depuis des lustres.
Métro
à Tafourah. Direction La foire en passant par le tram à prendre au
Ruisseau : 40 minutes environ. « 70 Da monsieur tout compris ».
1° Mai, Aïssat Idir… Jardin d’Essai, Les fusillés. Puis Tripoli-Taâlabia,
Tripoli-mosquée, Tripoli-Hamadach…. En
arabe Tripoli se dit Tarabouls. Croyez-moi, j’entendais « Garagous » ce
qui signifie « Marionnettes »… Allah ghaleb, le temps qui passe
agresse nos organes, et c’est pourquoi l’indulgence à l’égard de mes auditifs
doit être de mise.
Je
continue. La foire enfin, on pourrait préciser le Salon. Mais non, on dit le
plus souvent La foire… Je vous passerai les détails. Maracaña, le mythique et
immense stade brésilien craquerait devant l’importance de cette foule dont je
fais partie. Nous sommes partout, tout est monde, tout est mouvement, tout est
zdihem… Le Salon de Paris m’apparaît soudainement ridicule en terme de
fréquentation. Les mauvaises langues (je les ai entendues) disent que 70 à 80%
des fréquentations du Salon bénéficient aux livres orientaux, aux livres
religieux. Mauvaises langues. Je rencontre beaucoup de collègues, des
libraires, des éditeurs (charmantes de Sédia), des auteurs… notamment le
pétillant Caryl Férey qui parle de l’écriture avec une grande élégance à
l’espace dédié à l’Institut français.
Notre ami Mohamed Balhi donne une
interview à une télévision et Yamina Benguigui ne sait plus où donner de la
tête, mais son film « Inch Allah Dimanche » projeté là-bas dans la
salle Ali Maachi n’attire pas…
Le
soir, devant la Grande poste, face à un écran géant, la foule des supporters de
football, s’échauffent, chantent, crient, dansent… Le match sera viril et la
victoire certaine… Raté. Malgré la défaite des algérois USMAlger : 0 –
TPMazembe : 2, la fête a duré longtemps dans la nuit, se confondant avec
celle du 1° novembre 54… Des coups de canon (ou d’autre chose) sur la baie (ou
ailleurs), je n’en sais rien, mais aussi des sirènes de bateaux, clôturent une
journée folle de promesse. Les boules Quies font le reste. Nos « valeureux-martyrs-de-la-noble-et-bienheureuse-Révolution-de-Novembre »
peuvent dormir (pas en paix, non, pas possible).
Je
n’irai pas à La foire ce dimanche, je me le promets.
Ahmed,
RépondreSupprimermerci de ce journal d'une visite, fidèle et vivant. J'ai flâné au jardin d'essai et devant la statue de Bourdelle: j'avais 19 ans et rêvais d'écrire un jour. Je lisais avec enthousiasme Le rivage des Syrtes. C'était il y a bien longtemps, plus de 63 ans, et depuis des tragédies ont eu lieu, mais l'enchantement des lieux est toujours là, accru, comme celui de la baie d'Alger et les abîmes de Constantine. Souhaitons qu'il tienne enfin sa promesse de bonheur à venir pour le plus grand nombre
Max
Merci à toi cher Max. Ton mot est chargé d'espoir malgré les drames et le temps qui nous enserrent tous.
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