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jeudi, août 29, 2019

668_ Périple 2019_16_ SARAJEVO_ BOSNIE-H._ Jeudi 29 08 2019



Nous avons laissé Kastoria à son lac et avons avancé vers la frontière albanaise que nous avons traversée rapidement. En Albanie nous avons retardé nos montres d’une heure. Première image, plutôt insolite, un homme absorbé par sa communication téléphonique et guidant avec sa main libre son cheval. Plusieurs villages ne disposent pas de mosquée. Sur le bord du lac Ligeni I Chrit des jeunes agitent à la vente des poissons pêchés peu avant. Sur le bas côté de la route, à l’entrée de Prenjas, des dizaines de personnes actionnant des tuyaux d’arrosage, proposent de laver les véhicules. Au km 12600, il était 14h, la batterie signalait un problème d’énergie. Nous étions à l’entrée de Elbasan, à hauteur d’un vendeur de pneumatiques. Explications… 

Dans la demi-heure, arrive un mécano alerté par téléphone.  Prise en charge immédiate dans son local à quelques centaines de mètres de là. Un diplôme est mis en évidence « Certifikaté Registrimi- K82604207M ». Abords très sympathiques. L’alternateur a été scruté et « remis à neuf ». Pendant tout le temps de travail, nous avons échangé avec la femme et le fils, Klesian, amateur chevronné de football et pratiquant. Nous avons eu droit à des plateaux de fruits de jardins. Nous ne pensons pas avoir été grugés. Un vrai chef le Dardan. Nous avons fini la soirée au cœur de la ville en fête, les remparts de la ville, le héros Akif Pashe ElBasani (1869-1926), militant du réveil albanais. 

La nuit fut épouvantable, à cause de la circulation, quasi-ininterrompue près du stadium.

Tirana est une belle petite capitale, très vivante. Alors qu’autour de son centre de belles avenues ombragées offrent tout ce qu’une ville européenne de l’ouest propose, à la périphérie, qui est immédiate, les quartiers sont construits anarchiquement et les rues se transforment en ruelles non goudronnées, parfois si étroites, s’achevant en cul-de-sac. D’immenses bâtiments construits durant l’ancien régime rappellent la triste période stalinienne de Hodja. Aujourd’hui c’est un beau pays à l’IDH bien élevé (0,75).
 
 



 Nous avons fait le choix d’un camping, à la périphérie de la ville en surplomb d’un lac. Très agréable, calme, campagnard avec ses animaux…
Autan nous avons vu de nombreuses mosquées, autant nous n’avons pas entendu d’appel à la prière le matin, contrairement à la journée. Nous l’avons remarqué dans d’autres pays. Il n’y a pas d’appel à la prière avec haut-parleur, la nuit (sobh/fadjr).
Après Tirana, direction le Monténégro avec une halte à Shkoder. Une belle mariée en longue robe blanche, accompagnée de son futur époux, rentrent dans la mosquée pour y recevoir la bénédiction de qui de droit.

À la frontière, à Hani Hottit, le douanier demande « d’où venez-vous ». Il insiste « Akhméda ? »
Ne sachant si cela relevait de l’Art ou du Cochon je réponds « Yes Ahmed, muslim ». En blaguant il demanda « no drog, muslim, no  terrorist ? ». Je confirme « no terrorist, no, but muslim. »  Il me dévisage en souriant et balançant la tête il dit « ok, you go contrôle ». Et nous avons eu droit à un contrôle par un douanier. Il monte dans le véhicule, dit « muslim, no terrorist ? » en ouvrant quelques placards. Puis il ajoute « I like muslims, thank you »… Grand bien lui fasse.
mosquée in Monténégro
La capitale, Podgorica, n’offre que peu d’intérêt en ce dimanche. Nous l’avons traversée et fait un arrêt dans le joli village de Virpazar sur le lac Skadarskajezero. Très touristique et cela nous énerve. Lorsque j’écris « très touristique » j’entends que les rabatteurs étaient si nombreux pour vous inviter à une visite du lac, à faire de la voile, acheter un tableau, manger dans tel restaurant… que nous avons décidé de n’y rester que le temps d’une respectable marche.

Le soir, nous nous installons à Petrovac. La nuit fut infernale, du fait d’un vent très violent accompagné d’éclairs qui nous ont tenus éveillés une partie de la nuit.

Lundi, nous avons pris la direction de la Bosnie via Dubrovnik. Depuis les premières heures, les files de voitures, dans les deux sens, sont ininterrompues. L’aérodrome de Tivas est encombré de Jets privés plus ou moins grands, à proximité de panneaux interdisant « no drone zone ». La frontière Monténégro-Croatie, côté Monténégro est vite passée. Par contre l’entrée en Croatie fut une véritable souffrance, sous un soleil de plomb (environ 30°) et une attente (la queue) de plus d’une heure. La route était saturée durant une bonne heure depuis Kotor au Monténégro jusqu’à Soline en Croatie à la suite d’un accident.
Dubrovnik et sa région offrent une image carte postale type Côte-Azur puissance 10. Les milliardaires se pavanent dans leurs yachts et voitures luxueuses. Aussi, nous avons préféré continuer notre chemin loin de ce monde gluant, pour ne pas dire nauséeux. La route côtière est une deux voies, parfois trois (sur certains tronçons) qui serpente sur des dizaines de kms encombrées de voitures. À hauteur de Num, entre les nombreuses îles montagneuses et la rive continentale, un grand espace marin est réservé à la pisciculture.
Nous avons passé la frontière croato-bosniaque, sommes entrés dans Num en Bosnie. La configuration administrative et routière, font que pour continuer en Bosnie, il faut de nouveau transiter par la Croatie. Tout cela en moins de 30 km de route et environ 30 minutes. Nous avons passé la nuit dans un petit village croate frontalier, Opuzen. Le lendemain, nous direction Mostar, importante ville bosniaque (65000 habts). Première mosquée vue à Celjevo et première église quelques villages plus loin. Sur la route, très belle, devant un imposant pavillon, sont proposés des chaudrons, des plateaux, d’immenses grills… À Mostar, au moment même où nous stationnions dans un « autocamp », la clé de contact fait des siennes. Elle n’est pas reconnue et le moteur ne redémarre pas. Conciliabules avec Almas, le gentil barbu-roux. Rendez-vous est pris avec Citroën pour l’après-midi.
Le pont de Mostar (inscrit au Patrimoine mondial) est envahi de touristes (comme nous). Celui-là même qui a été dynamité par les Croates (le 9 nov 1993) et reconstruit en 2009. On se croirait à Venise sur le Rialto et c’est bien dommage. Mostar mérite mieux. Le guide francophone panique à hauteur de la tour Helebija « ici pas de photos, pas de photos s’il vous plaît, respectez…  »
Des gamins continuent de sauter du haut (non plus du pont, il a été barreaudé) d’un plongeoir à côté, devant les touristes ébahis.
Les rues sont pavées et très glissantes, comme sur le pont. Partout des échoppes, des gadjets, des souvenirs… Dans la ville, il me semble avoir reconnu une journaliste-actionnaire d’un quotidien « fétiche » algérien (vivant en France) en discussion sur l’Algérie autour d’un café, avec une autre personne…
Certaines maisons ont gardé intacts leurs murs, tels qu’ils ont été perforés durant la guerre subie en 1992 et plus.
Impacts de balles sur le mur
Grâce à notre ami Almas qui nous a accompagné chez Citröen, nous avons solutionné notre problème de contact.
La route entre Mostar et Konjic est très belle. Les Gorges de la Neretva n’ont rien à envier à celle du Verdon.
Nous sommes arrivés à Celemice à l’heure de la prière du Asr (16h50) et le soleil demande un répit pour se coucher.  Sarajevo est à 50 km.
Nous avons passé la soirée et la nuit dans le sympathique village nommé Konjic. Avons visité sa mosquée et le cimetière qui lui est adjacent où reposent 102 martyrs sur les 590 tombés en défendant leur ville, ainsi que l’Ottoman Dervis Pasa Cengic.
Sur la route de Sarajevo, les vendeurs de fruits « Pecenous » (prunes, pêches, pastèques…), vendeurs de miel, d’artisanat (peaux de mouton, tapis…), produits de dinanderie… sont nombreux.

Sarajevo, créée par les Ottomans au milieu du 15° s, est traversée par la Miljacka, compte environ 400.000 habitants. Elle est connue pour avoir été le théâtre d’un drame qui allait déclencher la première guerre mondiale. Il s’agit de l’assassinat de l’archiduc
Le pont de l'assassinat de l'archiduc
François Ferdinand de l’Empire austro-hongrois et de son épouse. Un autre drame allait secouer le pays entier. Il s’agit de l’agression des forces serbes entre 1992 et 1995 (un siège de 1000 jours), qui fera plus de onze mille morts. Comme à Mostar, de nombreux impacts sont encore visibles sur les murs.
La ville se visite aisément par le tram, les bus… et à pied. Il ne faut absolument pas rater le « Musée des crimes contre l’humanité et le génocide » sur la Ulica Muvekita non loin de la rue piétonne, le pont « Ferdinand François », la mairie, entièrement rénovée. Et toute la vieille ville avec ses restaurants, ses musées, ses magasins de souvenirs, ses artisans, ses églises et mosquées… vous traverserez la ville en quarante-cinq minutes en prenant des trams (les n° 3, 2, 5, 6…) hors d’âge, mais bien vivants, bien tenaces. Certains filent sur des paires de lignes droites de quelques kilomètres en double voies, côte à côte, parfois s’éloignant les unes des autres.
SARAJEVO_ Bâtiment officiel- Impacts de balles


La Bosnie n’est plus un mot, une idée. Elle transpire le supplice sous nos pas. Elle avait été empêchée de vivre. Ses projets abandonnés, ses usines fermées. Comme celles de Philip Roth, celles de la côte est américaine : « C’étaient des usines où les gens avaient perdu des doigts, des bras, où ils s’étaient fait écraser les pieds, brûler le visage, où les enfants avaient trimé jadis dans la chaleur et dans le froid, des usines du dix-neuvième siècle qui broyaient les hommes pour produire des marchandises, et qui n’étaient plus que des tombes impénétrables, étanches… » (Philip Roth, « Pastorale américaine », Gallimard, folio, 1999). Plus que cela, beaucoup plus. La vie avait été empêchée. La souffrance suinte à travers les murs. C’est Mostar avec son pont, c’est Konjic et ses martyrs, c’est Sarajevo assiégée… La Bosnie c’est la preuve indélébile de la défaite renouvelée de l’humanité.

En Algérie, les manifs continuent, vaille que vaille… Sur sa page Facebook, Ghania Mouffok a posté (lundi soir) une « allocution à un patriarche en général » qui parle et menace sans arrêt. « Vous parlez depuis un pays ruiné… depuis un fauteuil en cuir rouge, harnaché comme un général en bataille… dans la nuit du crépuscule vous nous faites la guerre »… et je ne peux m’empêcher de penser au vieux général de Garcia Marquèz sur le point de tuer son coq…
Les coqs sont comme les poètes, ils vivront et chanteront à chaque lever du jour.

samedi, août 24, 2019

667_ Périple 2019_15_ Kastoria_ GRÈCE_ Mercredi 21 08 2019


 

On a quitté Canakkale pour nous retrouver de l’autre côté du détroit des Dardanelles, à Eceabat exactement. Ville ordinaire. Puis avons longé la belle route jusqu’à Gelibolu. Courses etc. Dans un rayon du supermarché MM Migros, un livre de Sabahattin Ali, Kuyucakli le taciturne, trône à côté de George Orwell.
 








Beaucoup de tankers empruntent dans les deux sens le canal, vers la Mer Marmara et Mer Noire par le Bosphore, soit vers la Mer Égée. De Gelibolu à la frontière gréco-turque, il nous a fallu approximativement une heure de route. Les Turcs nous libèrent rapidement, les Grecs eux, n’ont même pas demandé à consulter les passeports. Cependant, la queue est beaucoup plus importante côté grec. Des centaines de véhicules se dirigent vers la Turquie. L’état de l’autoroute, sur une cinquantaine de km, jusqu’à Alexendroupoli, est déplorable. 
 
Nous nous sommes posés dans le camping de la ville. Très beau, donnant plein pied dans l’eau, chaude. 






La ville est très animée. Le soir jusque tard, on se promène sur le front de mer, entre le phare (sept niveaux), fête foraine et bars, restaurants…  La nuit, les chiens ont pris la relève. Tôt le matin, les cloches de la ville vous réveillent…
Quelques jours plus tard, nous avons pris la route en direction de Thessalonique. La mer est très agitée contrairement à Alexandroupoli. Sur le bas côté de la route, de temps à autres, comme à hauteur de croisements, de petites constructions en forme d’église surmontées d’une croix, invitent à la réflexion. Ce sont peut-être et même sûr, des indicateurs de lieu d’accident. Parfois on peut voir une photo sous verre, fixée au mur, sûrement celle de la victime. Et cela nous renvoie aux mêmes représentations, ces monuments mémoire,
cette fois musulmans, constatés dans l’extrême sud-est de la Russie.
En dehors et dans les villages, assis sur une chaise sous un parasol, des villageoises attendent le chaland. Leurs fruits (figues blanches) sont excellents. Décidément, pas d’aire de repos sur l’autoroute en dehors de la France. Il faut les chercher (pas même une aire de repos digne de ce nom, non, pas même un espace nu, sans rien. Pas un).
À 50 km de Thessalonique, non loin d’un lac, un village, Néo Appolonia, semble complètement abandonné. Quelques personnes traînent, elles semblent être des réfugiées (notre repère, et rien d’autre, est seulement celui de femmes portant le foulard) ou de populations pauvres. Les panneaux publicitaires indiquent « station thermale » avec de belles maisons. Celles-ci semblent avoir été abandonnées.
Nous nous sommes installés dans un beau petit village, à 25 km de Thessalonique : Agio Vasileios. Tout autour des champs plus ou moins abandonnés. Des figuiers poussent allègrement. Pourquoi ne pas se servir ? (ce que font les villageois et les oiseaux).
Thessalonique est la deuxième ville du pays, posée sur la Mer Égée. Elle est pleine d’histoire et de culture. Les commerces sont très vivants.  

Nous avons découvert le marché couvert avec ses restaurants, poissonneries et autres échoppes. Devant la statue d’Aristote aux pieds sanglés et au regard lointain, on « se selfie » par dizaines.

Le Hamam du quartier juif (Sépharades) ou « Yahudi Hamam » date du 16° s. Est situé à l’angle de Vasileos Irakliou et Frangini, au cœur de la ville. Au bout de la Tsimiski, en prenant sur la gauche on tombe sur L’Arc de l’empereur romain, Galère (250-311) (érigé en 303 pour fêter une victoire contre les Perses), la Rotonde Galère (St-Georges) et le Palais en ruine, Galère, des monuments qui datent du 4° s. « Constantin le Grand en fit la première église de Thessalonique. Les Ottomans la transformèrent plus tard en mosquée. Le minaret a été restauré. » (Lonely planet). Il ne reste du Palais de Galère, que quelques ruines, quelques colonnes et murs.
 
Agia Sophia, la Sainte Sophie, derrière le boulevard Egnatia, date du 8° siècle, inspirée de celle d’Istanbul. Plusieurs siècles elle fut une mosquée. Les Hammams, « Bey Hammam », non loin, sur Plateia Dikastirion, date de 1444. Ils n’ouvrent que sur demande.
 
Derrière ces édifices, en remontant le boulevard Apostolou Pavlou vers 
l’université Aristote, on ne peut ignorer le Musée Ataturk, précisément la 
maison où est né et a grandi Kamel Pacha (trois étages).
 
Sur le front de mer ou Leof Nikis, se dresse un des plus célèbres sites de la
 
 ville, La Tour Blanche (une ancienne prison).  
L’Histoire officielle (et les catalogues) accuse Mahmoud II, le sultan ottoman, 
d’y avoir massacré beaucoup de janissaires. Il y a tant de monuments Romains, 
Byzantins, Ottomans... dans cette ville en partie reconstruite, suite au 
gigantesque incendie (involontaire) d’août 1917 qui détruisit près de dix
 mille bâtiments.
 
 
Nous quittons cette très intéressante, mais très bruyante belle ville sous une chaleur écrasante. L’autoroute (comme la route) est bien entretenue. Les paysages autour de la route très sinueuse sont très beaux notamment à hauteur de Kaotavia et jusqu’à Polymylas où nous avons fait une halte devant un champ de patates…. (non, nous ne nous sommes pas servis).
Si vous avez aimé Les rues de San-Francisco (121 épisodes, de 1972 à 1977 !), vous aimerez celles de Kozani. Venez-y, vous goûteriez les descentes et montées abruptes des rues et leur étroitesse. La ville elle même est agréable avec ses bars et restaurants en étages, bondés.
Sur l’autoroute en direction de Kastoria, de grands panneaux vous avertissent de la présence d’Ours bruns (il n’en reste que 200 dans toute la région).
Kastoria (17.000 habitants) borde le lac de Orestiada avec ses restaurants, bars… Elle se situe à moins de quarante kilomètres de la frontière albanaise. Les voitures (habituellement nerveuses en Grèce) ralentissent pour laisser traverser les oies et canards sur les passages piétons… et les enfants leur courent après. Sur les hauteurs, de nombreuses boutiques ont fermé définitivement donnant un aspect triste au quartier.
Mais devant nous, un adolescent, aidé par son professeur (probablement) s’entraîne à une meilleure maîtrise de son saxophone.