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vendredi, octobre 11, 2024

879_ Peut-on aimer un pays qui n’est même pas un pays _ La Palestine - Mona Chollet

 J’offre ce très beau texte de Mona Chollet « Peut-on aimer un pays qui n’est même pas un pays » à tous ces petits qui vendent leur humanité honteuse pour une obole, pour une reconnaissance, un maroquin moisi, ou même pour un prix littéraire véreux, pour un compte en banque fouetté. J’ai pitié pour leurs subterfuges, leurs vaines génuflexions devant les génocidaires israéliens et leurs inconditionnels européens ou non. Merci madame Mona Chollet pour les martyrs palestiniens.


Extrait de l'émission de F5, "La Grande librairie", hier mercredi 10 octobre 2024.






jeudi, octobre 10, 2024

878_ PLACE DE LA NATION _ 2022-1953 _ de Michèle Audin

 

 
in Ouest France
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J’écrivais récemment, le 7 juin tout de même, ceci (sur Facebook) :

 

« Voyez la photo. Il s’agit de ma tanière, de mon antre, de mon bureau. Oui, de ma planque… (…)… PS : Maintenant vous avez une idée de l’Oulipisme ! (parmi les noms célèbres : Georges Perec, Raymond Queneau, Hervé Le Tellier, Michèle Audin…) Personnellement cela me passionne depuis une trentaine d’années. J’utilise très souvent ces auteurs et d'autres de la même ‘lignée’ de la même fibre, dans l’élaboration de mes ateliers d’écriture créative (et dans mes romans bien évidemment)…. depuis…. depuis…. Je n’ai pas trouvé en Algérie un auteur qui s’en revendique, qui écrit en usant des « stratagèmes » Oulipiens. Il est vrai que je n’ai pas tout lu. Allez, commençons. » etc.

 

(Pour les détails lire ici : http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2024/06/847-ou-ouli-oulipo-une-volee-dincipit.html)

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Tout cela pour en venir à Michèle Audin. Superbe oulipenne. Audin, mais oui, évidemment, la fille de… la sœur de… Mais notre sujet c’est elle, ses écrits, pas Maurice, pas Pierre (Allah yerhamhoum). Ici je vous propose un des très beaux textes de Michèle Audin, intitulé « 13. PLACE DE LA NATION _ 2022-1953 _ Casse-Pipe à la Nation », extrait de« Paris, boulevard Voltaire » ; Michèle Audin Ed Gallimard/ l’arbalète. Paris 2023.

 

 

Michèle Audin fait revivre par ce texte ‘témoignage’ une manifestation d’Algériens qui s’est déroulée le 14 juillet 1953 complètement oubliée aujourd’hui, où six d’entre eux ont été tués par la police ainsi qu’un militant syndical. « ‘‘Pour la fête des hommes libres, ils ont massacré mes amis’’, écrivait le poète Jean Sénac en souvenir d’une manifestation qui, avant même le déclenchement de la guerre d’Algérie, s’acheva sur une tuerie en plein cœur de la capitale française. Soixante-dix ans plus tard, la mémoire s’en est presque effacée. » lit-on sur le site de « rfi.fr »

Voici le texte de Michèle AUDIN.

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13. PLACE DE LA NATION _ 2022-1953 _ Casse-Pipe à la Nation

 

À l'adresse, 2, avenue du Trône, le café s'appelle Le Dalou, en capitales, LE DALOU. Certains passants peut-être croient que « dalou » est un nom commun, celui d'un chien de montagne avec des pattes de longueurs différentes. D'autres savent qu'il s'agit d'un nom propre, mais savent-ils qui était Jules Dalou ? Sculpteur et communard, il est l'auteur de la statue de la République, celle d'ici, de la place de la Nation, qu'aucun lion, même irrespectueux, ne songerait à qualifier de « grosse dondon ». Ce n'est d'ailleurs pas qu'une République, c'est une République triomphante, Le Triomphe de la République.

En 1953, le café au 2, avenue du Trône s'appelait Café Moderne, Comme l'immeuble dont il occupe le rez-de-chaussée, il a été un des lieux de cette histoire. Sept morts, mais aussi une centaine de blessés, dont quarante par balles, oui, des balles réelles, tirées par des armes de policiers maniées par des policiers. Une manifestation. Sept morts. Six Algériens et un militant syndical français, une typologie simple mais efficace, et à l'image des tueries policières des dix années à venir. Car ce n'était qu'un prélude, et nous qui arrivons à cette extrémité du boulevard Voltaire, nous ne pouvons l'ignorer.

C'est le 14 juillet 1953. En ce temps, on manifeste le 14 juillet. On se rassemble à la Bastille. C'est de là que le cortège d’aujourd'hui arrive. Les manifestants marchent sur la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Je suis arrivée par là, moi aussi. J'ai reconnu Georges Feldman, jeune homme de trente ans, venu en voisin avec sa femme, tous deux calmes et souriants, c'est une promenade, rien à voir avec les manifestations violentes des années précédentes. On est venu en famille. Les traditionnelles fillettes perchées sur les épaules de leurs pères sont là.

À la Nation, j'ai fait un demi-tour de la place et je suis arrivée avenue du Trône, devant Le Dalou, donc. La manifestation tire à sa fin. Les Algériens arrivent, qui sont presque en queue. J'ai lu que la fille de Messali Hadj était avec eux, mais je n'ai vu que des images sur lesquelles tous sont des hommes, alignés douze par douze, en costume et cravate, photo de Messali à la boutonnière.

Je sais qu'ils sont parfaitement désarmés. Endimanchés, sans armes, comme eux ou d'autres Algériens l'ont été en octobre 1961. Aujourd'hui, ils portent un grand portrait de Messali et le drapeau vert et blanc avec son croissant et son étoile rouges, c'est un drapeau tout nouveau, que presque personne n'a encore vu. Ils sont encadrés par leur propre service d'ordre.

Les manifestants passent devant moi et, sur le cours de Vincennes, où a lieu la  « dislocation », ils redeviennent des passants qui se livrent aux activités ordinaires des jours fériés. Comme beaucoup d'autres, Georges Feldman et sa femme entrent dans le métro, eux deux se rendent à Saint-Ambroise pour voir Les Enfants du paradis - ils n’ont appris la suite de l’histoire de la manifestation qu’en lisant le journal du lendemain. Ce qui reste du cortège passe devant la tribune installée sur la place, avance vers l’avenue du Trône. Les Algériens arrivent.

La fureur policière se déclenche tout à coup, Contre eux, les Algériens, mais pas seulement, aussi contre le « monsieur », comme a dit un témoin, qui voulait clairement, par ce mot, dire que cet homme n'était pas un Algérien. Les Algériens, « frustes, illettrés, primitifs », ne sont pas des messieurs. Cet homme, le monsieur, un manifestant, crie « Halte ! Au feu ! », et se place entre les Algériens et les policiers, de sorte qu'il est tué.

Je suis toujours devant Le Dalou. Déjà plusieurs manifestants sont couchés à plat ventre là, ici même, devant le Café Moderne. À trois d’entre eux le patron conseille « Allez dans l'immeuble ». Ils montent les escaliers, frappent aux portes, on ne leur ouvre pas, ils frappent encore, mais personne n’ouvre, les flics montent derrière eux, les rattrapent, « Vas-y, c'est un bicot », et ils y vont...

Arrivés en bas les trois hommes sont jetés dans un panier à salade. Le photographe du Parisien libéré qui se trouve là et photographie est matraqué lui aussi, son appareil brisé, on exige qu'il donne sa pellicule. Ne nous étonnons pas qu'il y ait encore moins de photos de ce massacre qu'il n'y en a eu de ceux de 1961 et 1962. Du café certains lancent des chaises et des bouteilles i la tête des flics.

Les malheureux policiers se sont plaints : les bouteilles d'eau de Seltz, ce sont de véritables bombes. Alors qu’eux-mêmes, les valeureux policiers, ont tiré en l'air. Pourtant, chacune de leurs balles, chaque balle retrouvée dans un corps d'homme devenu un cadavre ou pas, était parfaitement identifiable, a été identifiée, oui, on sait exactement lequel de ces policiers a tiré laquelle de ces balles – et pourtant, il leur a suffi de répéter « j'ai tiré en l'air » pour bénéficier d'un non-lieu. Pas de procès des policiers. Quand même, ces balles identifiables, c'était gênant, les non-lieux ont été plus faciles les années suivantes, avec les fameux « bidules », qui ont fait merveille le 17 octobre et à Charonne.

La terrasse du Dalou est bondée, je renonce à y trouver une place. Je fais quelques pas vers le bâtiment du dix-huitième siècle sur lequel je sais qu'une plaque très discrète informe qu’un massacre policier a été perpétré ici même, le 14 juillet 1953. Je me retourne vers la colonne voisine qui, comme ce bâtiment et les constructions symétriques de l’autre côté de l'avenue, sont des restes de la « barrière du Trône » du mur des Fermiers généraux. Je reviens vers la place de la Nation elle-même, je commence à en faire le tour. Je m’interroge sur le lieu précis où se tenait la foire, du Trône, justement, qui s'est tecsnue là pendant... plus de mille ans. Nestor Burma y a pris un autre coup sur la tête, dans Casse-Pipe à la Nation, qui n'est pas l'histoire d'une « manif coco ». Je renseigne un père de famille avec poussette qui me demande s’il y a quelque part un ascenseur pour accéder au métro, traverse les avenues de Taillebourg et de Bouvines aux noms de batailles moyenâgeuses, me retourne vers les colonnes sur lesquelles un roi a fait placer les statues d'autres rois; Saint Louis, Philippe Auguste, les vainqueurs de ces batailles. Je lis de gauche à droite Louis, Philippe, qui forment le nom de cet autre roi, Auguste serait la signature du sculpteur, ce qui me fait rire toute seule sans m’empêcher d’éviter plusieurs trottinettes. Contrairement aux rois, la République du Triomphe de Jules Dalou regarde vers Paris. Je remarque deux femmes un peu plus âgées que moi qui portent des masques et se racontent des histoires en pouffant de rire elles aussi, et je me demande si elles ont manifesté en 1953 sur les épaules de leurs pères, ou alors en 1971 avec le MLF, ou les deux, je traverse l’avenue Philippe-Auguste, justement, et je lis une plaque de rue bleue

 

PLACE DE LA NATION

FÊTE NATIONALE DU 14 JUILLET 1880

 

ce qui n'est peut-être pas très clair, mais me fait penser à notre ami lion, qui a raté cette toute première fête nationale, mais voici le boulevard Voltaire et son numéro 283, il me reste à le redescendre.

 


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                                    in: smf.emath.fr/smf

mercredi, octobre 09, 2024

877_ 7 _ OCTOBRE PALESTINE.... BEAU TEMPS SUR GAZA

6 octobre 2023, beau temps sur Gaza

Le 

Par Daniel Mermet


 La veille du 7 octobre, à quoi ressemblait Gaza ? 


La question palestinienne n’était plus une question. La Palestine n’était plus dans la course, vaincue, occultée par Israël, éclipsée par d’autres questions brûlantes, la page Palestine était tournée. Les accords d’Abraham allaient sceller le rapprochement entre Israël et plusieurs pays arabes, les experts le confirmaient, le temps des idéologies est dépassé, la cause palestinienne aussi.

Et soudain, ce bloc d’abîme.

Attaque impensable du Hamas contre des militaires israéliens et surtout des civils, massacres, viols, tortures. 1 200 morts et 250 pris en otages. Énorme choc pour Israël et pour le monde, traumatisme sans précédent, condamnation unanime. On l’a dit et répété, Gaza est la plus grande prison à ciel ouvert du monde, cette attaque ressemble donc à une mutinerie sauvage de détenus qui attaquent leurs gardiens et se vengent sur la foule.

Et aussitôt, la Palestine devient le premier sujet au monde et réveille toutes les douleurs, déchaîne toutes les haines mais attire aussi tous les soutiens de la majorité des habitants de cette planète.

Pogrom et terrorisme. Pour beaucoup, tout tient dans ces deux mots. C’est le mal absolu, le « plus grand massacre antisémite de notre siècle » dit Emmanuel Macron. C’est la destruction des juifs, leur existence est à nouveau menacée. Aussi, ils n’ont pas seulement le droit de se défendre mais ils doivent se défendre. Et donc nous défendre aussi car nous sommes tous menacés par le même péril islamiste. Le moindre écart à cette manière de voir vous expose à l’accusation d’antisémitisme. On peut parler d’un nouveau maccarthysme. Essayez de suggérer qu’il s’agit d’une guerre de décolonisation, vous risquez une condamnation en antisémitisme. Ne faites pas cette erreur. Ce n’est pas une affaire de décolonisation mais une guerre de civilisation. BHL nous met en garde sur tous les plateaux, toujours suivi de son coiffeur, lui qui a fait tant de reportages de guerre depuis tant d’années et qui fut tant entarté.

Oui mais pourquoi cette attaque ? Quelle explication ? Aucune. Là-dessus Manuel Valls a toujours eu des idées très claires : « il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Donc, face au terrorisme antisémite, il n’y a pas de pourquoi. C’est la légitime défense. C’est la guerre. Pas de cause historique, politique ou sociale. Donc pas de compte à rendre ni au droit international, ni aux médias. Aucune limite. Aucune excuse.

Mais l’ennemi à abattre ne se limite pas aux combattants du Hamas, c’est toute la population. Le 12 octobre 2023, le président israélien affirme : « c’est toute une nation qui est responsable ».

C’est toute la population qui est ciblée : hommes, femmes, enfants. C’est clair dès le départ. Pas de victime collatérale. Deux jours après, Yoav Gallant, le ministre de la défense, est encore plus précis. C’est une extermination totale qui s’impose :  « pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé (…) Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».

En effet, un an après, on sait que ces déclarations n’étaient pas dictées par l’émotion, c’était une feuille de route, un programme qui a été réalisé et qui se poursuit.



Des quartiers entiers ont été rasés dans le nord de Gaza (photo : bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies)


Mais quand même d’autres voix se sont faites entendre. Jean-Louis Bourlanges, le peu wokiste président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, jugeait la violence du Hamas « sans excuses, mais pas sans causes ».

Des causes ? On peut en citer quelques-unes parmi beaucoup d’autres.

Gaza a subi pas moins de quinze guerres depuis la création de l’État d’Israël.

En septembre 2005, Israël se retire de Gaza, les colons partent à regret mais c’est le blocus hermétique qui s’installe. Israël fait tout pour installer le Hamas et ne s’en cache pas. Il faut tout faire pour séparer Gaza de la Cisjordanie et opposer le Hamas à l’Autorité palestinienne. Amos Yadlin, le chef du renseignement militaire israélien, disait en 2007 qu’Israël serait heureux si le Hamas s’emparait de Gaza parce que l’armée pourrait alors traiter Gaza comme un État hostile.

Et en effet, après l’arrivée du Hamas en 2007, à maintes reprises, les chasseurs bombardiers attaquent Gaza en réponse aux tirs de roquettes du Hamas. Pas moins de quatre guerres qui entraînent la mort de milliers de Palestiniens : 2008-2009, 2012, 2014, 2021.

Sans parler des « marches du retour » organisées en 2018 et 2019 à l’initiative de la société civile palestinienne. Répression brutale. Les snipers israéliens tirent : 200 morts et 7 100 blessés, surtout des jeunes mutilés à vie.

Aed Abu Amro, un Palestinien de 20 ans, manifeste à Gaza contre le blocus imposé par Israël, le 22 octobre 2018 (photo : Mustafa Hassona/ANADOLU AGENCY)


Oui, il y a des causes à l’attaque du 7 octobre.

Néthanyahou a le mérite d’être clair concernant le Hamas, c’est sa grande idée pour rendre impossible un quelconque État palestinien, il ne s’en cache pas, il a fait du Hamas le gardien et le gestionnaire du camp. Son côté islamiste le rend peu fréquentable pour les Occidentaux.

En mars 2019, il dit clairement devant des membres du Likoud que « quiconque est opposé à un État palestinien devrait être favorable » à leur politique de renforcement du Hamas et de transfert d’argent au Hamas. Cela participe de leur stratégie : isoler les Palestiniens de Gaza de ceux de Cisjordanie.

Oui, il existe des causes à cette tragédie. Un an après, on n’a pas oublié l’article du génial Gideon Levy publié deux jours plus tard dans le Haaretz : Non, tout n’a pas commencé le 7 octobre 2023 :

Gideon Levy: « Derrière tout cela, il y a l’arrogance israélienne ; l’idée qu’on peut faire ce que l’on veut, sans jamais en payer le prix ni être sanctionné. On peut continuer sans être dérangé.

On peut continuer à faire des arrestations, à tuer, maltraiter, voler et à protéger les colons occupés à leurs pogroms. On peut continuer à visiter le tombeau de Joseph, le tombeau d’Othniel et l’autel de Josué qui se trouvent dans les territoires palestiniens, et bien sûr on peut continuer à visiter le mont du Temple – plus de 5 000 juifs rien qu’à Souccot.

On peut continuer à tirer sur des innocents, à crever des yeux et à pulvériser des visages, à expulser, à confisquer, à voler, à tirer les gens de leur lit, à faire du nettoyage ethnique et à poursuivre bien évidemment l’incroyable siège de la bande de Gaza, et tout va bien se passer.

On peut continuer à construire un obstacle terrifiant autour de Gaza – rien que sa structure souterraine a coûté 765 millions de dollars – et on continuera à être en sécurité. (…)

On pensait pouvoir continuer à aller à Gaza, à leur laisser quelques dizaines de milliers de miettes sous la forme de permis de travailler en Israël – toujours conditionnés à une bonne conduite – et à les maintenir quand même dans leur prison. On peut continuer à faire la paix avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et on continuera à oublier les Palestiniens jusqu’à ce qu’ils soient effacés, comme le souhaitent certains Israéliens.

On peut continuer à détenir des milliers de prisonniers palestiniens, parfois sans procès, pour la plupart pour des motifs politiques. Et on peut continuer à refuser systématiquement leur libération, même s’ils sont détenus depuis plusieurs décennies.

On leur expliquera que seule la force permettra de libérer leurs prisonniers. On pensait pouvoir continuer à rejeter avec arrogance toute tentative de solution diplomatique, juste parce qu’on ne veut pas régler tout ça en se disant que tout peut continuer éternellement ainsi.

Une fois de plus on a eu la preuve que ce n’est pas comme ça que ça marche. Quelques centaines de Palestiniens armés ont franchi la barrière de sécurité et envahi Israël comme aucun Israélien ne l’aurait jamais imaginé. Quelques centaines de personnes ont prouvé qu’il est impossible d’emprisonner 2 millions de personnes éternellement sans en payer le cruel prix.

Samedi, le vieux bulldozer palestinien qui crachait de la fumée a démoli la barrière de sécurité la plus intelligente, et il a aussi démoli l’arrogance et la complaisance d’Israël. C’est aussi comme ça qu’a été anéantie l’idée qu’il suffit de quelques attaques épisodiques sur Gaza avec des drones kamikazes – qu’on vendra ensuite à la moitié du monde – pour garantir sa sécurité.

Samedi, Israël a découvert des images qu’il n’avait vues avant. Des véhicules palestiniens qui patrouillaient dans ses villes, des motos qui franchissaient les portes de Gaza. Ces images ont déchiré notre arrogance. Les Palestiniens de Gaza ont décidé qu’ils étaient prêts à payer n’importe quel prix pour un moment de liberté. Est-ce que ça donne de l’espoir ? Non. Est-ce qu’Israël va retenir la leçon ? Non.

Samedi, il était déjà question de raser des quartiers entiers de Gaza, d’occuper la bande de Gaza et de punir Gaza « comme jamais auparavant ». Mais Israël n’a jamais cessé de punir Gaza depuis 1948.

Après 75 ans d’abus, le pire scénario attend Gaza. Les menaces d’« écraser Gaza » prouvent une seule chose : nous n’avons rien appris. L’arrogance va rester, même si Israël en paie une fois de plus le prix fort.

Le premier ministre Benjamin Nétanyahou porte une très grande responsabilité dans ce qui s’est passé, et il doit en payer le prix, mais ça n’a pas commencé avec lui et ça ne se terminera pas avec son départ. Nous devons désormais pleurer amèrement pour les victimes israéliennes, mais nous devrions aussi pleurer pour Gaza.

Gaza, dont la plupart des résidents sont des réfugiés créés par Israël. Gaza, qui n’a jamais connu un seul jour de liberté. » (fin de l’article de Gideon Levy)

Daniel Mermet




Une fresque murale représente Yasser Arafat et Marwan Barghouti au poste-frontière de Qalandia, le 5 juillet 2012 (photo : Yonatan Sindel/FLASH90)

 

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mardi, octobre 08, 2024

876_ LE 7 OCTOBRE.... DEPUIS 1948

 


Par la guerre qu’il livre aux Palestiniens par le biais de son Grand protégé, ce qui reste de l’Occident colonial, vit ses derniers hoquets.

Toute la propagande de la grande majorité du monde occidental qui a consenti à l’écrasement des Palestiniens, toute sa propagande politique et médiatique – privilégiant la force coloniale au Droit international – est mise à nu, anéantie par les invités de BLAST en 2 heures et 45 minutes.

 

Invités : Alain Gresh, Aymeric Caron, Clothilde Mraffko et Lumi ainsi que Sarra Grira, Sylvain Cypel, Michèle Sibony et Raphaëlle Maison. 

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Il est fort souhaitable de partager cette émission qui renverse la table Mainstream (et ce n’est pas courant ! ni facile ! )


VIDÉOS:  1.3. _. 2.3  _. 3.3



BLAST _ " 7 OCTOBRE"_1.3


BLAST _ " 7 OCTOBRE"_2.3



BLAST _ " 7 OCTOBRE"_3.3




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BLAST

1,21 M d’abonnés 

 

7 oct. 2024 _ 7 octobre 

Cette émission spéciale de Blast est consacrée au 7 octobre, un an après, en collaboration avec le journal en ligne Orient XXI. 

 

Dans la première partie, intitulée : Le 7 octobre, un an après, la propagande à l'épreuve des faits, nous recevons Alain Gresh, Aymeric Caron, Clothilde Mraffko et Lumi. Dans cette première partie, nous reviendrons notamment sur les mécanismes et les cadrages qui ont soutenu la propagande politique et militaire israélienne et qui ont permis et qui permettent toujours de justifier l'injustifiable. 

 

Dans la deuxième partie intitulée : Israël-Palestine, Liban : la force contre le droit, nous recevons la rédactrice en chef d'Orient XXI, Sarra Grira, et nos invités Sylvain Cypel, Michèle Sibony et Raphaëlle Maison. 

 

Son : Baptiste Veilhan 

Graphisme : Morgane Sabouret 

Production : Hicham Tragha 

Directeur des programmes : Mathias Enthoven 

Rédaction en chef : Soumaya Benaïssa 

Directeur de la publication : Denis Robert 

Le site : https://www.blast-info.fr/

vendredi, octobre 04, 2024

875_ Charles Enderlin invité de « Quotidien »

 

Nous sommes nombreux à avoir suivi les interventions du grand reporter et de grande intégrité, bien que nul n’est parfait, Charles Enderlin. Il a été pendant trois décennies le représentant de France 2 en Israël. Il connaît parfaitement la région et ses dessous. Il est un des rares, très rares journalistes français qui refusent tout « embarquement » direct ou discret, alors que dans le milieu médiatique français les groupies du régime israélien, bourrées de certitudes et de poncifs et de considérations ‘officielles’, se bousculent devant les strapontins de la honte. Ils sont du bon côté du manche de l’idéologie dominante cynique, abjecte même concernant les Palestiniens, mais ils sont du mauvais côté de l’Histoire et celle-ci le sait qui leur réserve tôt ou tard ses plus moches bauges. Le combat des Palestiniens de cessera pas tant qu’ils ne se seront pas libérés du colonialisme sioniste, tant qu’ ils n’auront pas érigé leur État palestinien, leur propre État comme d’autres peuples longtemps dominés, puis libérés, avant eux.

Merci à Charles Enderlin. Il est ici l’invité de « Quotidien » (jeudi 4 octobre 2024) à l’occasion de la parution de son livre « Le grand aveuglement » Ed Albin Michel.

ahmedhanifi@gmail.com        4.10.2024







dimanche, septembre 29, 2024

874_ Amin Maalouf à Lourmarin

 Je me suis rendu ce matin à Lourmarin dans le Vaucluse. C’est là qu’a vécu de nombreuses années, jusqu’à son décès, Albert Camus. 

Dans le cadre de « L'ESTIVAL DES RENCONTRES MÉDITERRANÉENNES », il y avait aujourd’hui une discussion sur le thème au cœur de l’Estival 2024, « La fraternité », une rencontre autour d’Éric Fottorino (journaliste et écrivain) et Amin Maalouf (écrivain, prix Goncourt, Secrétaire perpétuel de l’Académie française).


Amin Maalouf- Lourmarin-1.2_




















samedi, septembre 28, 2024

873_ Le bouquiniste le plus connu d’Oran et le plus ancien, est décédé.

 Samedi 28 septembre 2024

On l’appelait « Âmmi Moussa ». Le bouquiniste le plus connu d’Oran, et le plus ancien, Moussa Hamchaoui, est décédé hier vendredi 27 septembre 2024. Il ne lira pas les pages que je lui consacre dans mon dernier roman à paraître bientôt. Dans « Traversées périlleuses du miroir » j’évoque des pans de sa vie. Je lui ai inventé une vie autre que la sienne très probablement, un passé, une histoire alors que nous n’avons lui et moi jamais discuté au-delà de quelques phrases sur tel ou tel livre que je lui achetais. À chacune de mes visites à Oran, sa petite boutique en plein air était une de mes priorités. Rien de plus. Mais il était tellement vrai.
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Voici un extrait de mon roman à paraître fin octobre (1) :
« Le jour déclinait à son rythme sur la rue de la Paix comme sur le boulevard Émir Abdelkader que je remontais. Sur un pan du mur de cette impasse sans nom, oubliée par les services communaux et par les habitants, en face du passage Gasquet, à quelques pas du croisement du boulevard Émir Abdelkader et de la rue Mohamed Boudiaf, toutes sortes de revues, journaux, magazines, dazibaos, illustrés, sont méthodiquement accrochés par Si-Moussa, le propriétaire qui somnolait d’ennui sur la banquette de sa vieille voiture beige aux deux-tiers rouillée. J’ai toqué à la portière brinquebalante, mais pas assez fort pour le réveiller. Le capot de sa Lada et les deux tables pliantes en plastique posées sur le trottoir sont réservés aux livres. Les curieux sont peu nombreux. Ils s’approchent lentement. Leur regard balaie les couvertures. Certains prennent en main une brochure, une revue, les feuillettent en silence puis les reposent. Si-Moussa n’intervient que si on le sollicite. Il parle peu, donne le prix d’un livre, en dévoile quelques passages significatifs quand on le lui demande. Lorsque le jour tombe, il remballe le tout qu’il fourre dans sa vieille soviétique. Ensuite, il prend soin de la protéger avec une immense bâche de camping recouverte de grosses taches brunes, avant de s’en aller discrètement à pied comme il le fait depuis des années. Il ne sait plus lui-même combien. Certains, je ne les crois pas, disent posséder son adresse. Je connais Si-Moussa depuis longtemps. Enfin, ‘‘connaître’’ est un bien grand mot…
Si- Moussa rencontre beaucoup de gens et il discute autant avec tout client ou curieux qui le souhaite. (… sa Lada, il l’avait) achetée à la casse d’el Hamri, derrière le stade Zabana. À la troisième tentative, Si-Moussa a levé la tête puis a ouvert la portière. ’’Ch’hal ?’’ lui ai-je demandé en exhibant un numéro de Rodéo avec Miki le ranger, Tex, Kit Carson, qui enrichira la maigre collection que mon père m’a laissée, ‘‘combien ?’’ ‘‘Vingt mille ! Tu lis ça toi ?’’ Les histoires de cow-boys et de Tuniques bleues, de Cheyennes et de Navajos ont répandu sur ma jeunesse, après celle de mon père, d’innombrables faux reflets irisés que je trouvais alors, comme mon papa probablement, réconfortants. Comment dès lors ne pas détester les Indiens, source de tous les malheurs de l’humanité ? ‘‘À la prochaine !’’… »
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Suivent de nombreuses pages sur son passé par moi inventé : Villeurbanne, 1962, journaliste, le chômage, écrivain public…

Adieu âmmi Moussa


(1): "Traversées périlleuses du miroir". Casbah éditions Octobre 2024

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jeudi, septembre 26, 2024

872_ KAMEL DAOUD AUX "CORRESPONDANCES" DE MANOSQUE

 

Lundi 25 septembre 2024

Je me rends souvent à Manosque. Pour raison familiale, mais aussi au moment où la ville abrite « Les Correspondances », un festival annuel (avec la rentrée littéraire). Celles de cette année sont la 26° édition. J’y suis arrivé vers 15 heures. L’air n’est pas froid, mais une légère veste s’impose. Il ne pleut pas. La circulation est bien fluide et les passants peu nombreux. Par endroits on peut voir le Mont d’Or, protecteur. C’est dans le cœur de la ville que se tient la manifestation. Autour de la place de l’hôtel de ville. C’est ici, sous la place couverte qu’est donné le coup d’envoi du festival littéraire avec une allocution plurielle de responsables de la cité et intervenants culturels. 40 écrivains sont attendus durant les cinq jours et le premier d’entre eux, celui qui donne en quelque sorte le coup d’envoi c’est Kamel Daoud à 18h. Nous sommes près d’une centaine à lui faire face, la plupart bouche ouverte et oreilles tendues. On entendrait les mouches voler, mais il n’y a pas de mouches. Je suis venu pour l’écouter, mais aussi pour intervenir sur les polémiques qu’il contribue à faire naître notamment par ses interventions "intempestives" (dit Christiane Chaulet Achour) et lui poser une question de surface justificative de mon intervention. Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Aucune tête ne devait dépasser. L’alibi du « nous avons peu de temps alors faites vite, posez votre question » est acculé. Nous le connaissons bien. Et on te fais rassoir car ta question est étrange. Pas dans la ligne. Travail soft, pas besoin de malabars. Il suffit de "débrancher le micro". Mais bon, ce n’est pas grave vous aurez tout sur ma page.

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KAMEL DAOUD_ CORRESPONDANCES MANOSQUE_1.2


 KAMEL DAOUD_ CORRESPONDANCES MANOSQUE_2.2



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VOICI MON INTERVENTION EMPECHÉE 

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1_ Bonjour. Au préalable, je dois vous dire Kamel Daoud et je vous l’ai déjà dit combien je partage vos positions sur la société algérienne, notamment sur la gestion de la cité, sur le régionalisme, la liberté d’expression, les frères héréditaires qui perpétuent très opportunément les combats des martyrs… Vous êtes un décolonisé dites-vous, « le 1° » selon un de vos amis, mais en Algérie il y a des millions de décolonisés.  Maintenant, excusez-moi si je vous égratigne. C’est pour l’intérêt des échanges. Accordez-moi 3 minutes SVP pour cette intervention que j’achèverai par une question simple.

 

2_ Nous sommes mercredi 25 septembre 2024. Quelle journée ! Nous sommes ici en cette place de Manosque à quelques mètres de la maison de Giono sur la rue Grande, c’est un beau jour et un jour anniversaire, celui de l’inventeur du « plus petit timbre-poste au monde, celui de Yoknapatawpha. Vous avez parlé de William Faulkner. Ce génie est en effet né le 25 septembre, 1897. Il est tombé de cheval et mort un jour étrange à quelques heures de celui de la naissance de Khadidja, la mère de Fajr (Aube), et qu’il aurait pu rencontrer. 

 

3_ Monsieur Kamel Daoud, vous êtes journaliste et écrivain. Je ne vais pas jouer les rabat-joie, mais je tiens à dire ce qui suit. Beaucoup parmi nous qui apprécions l’écrivain et l’auteur d’exquises rubriques dans le Quotidien d’Oran (à propos, pourquoi n’évoquez-vous jamais le défunt Si Moussa votre premier employeur, le directeur de Détective ? mais passons) Beaucoup parmi nous ne comprennent plus votre engagement de plus en plus marqué par l’incompréhensible. Beaucoup voient de moins en moins l’écrivain, de plus en plus le polémiste. Des Algériens parlent « d’interventions intempestives » et pardonnez-moi « d’outrances ». La confusion et le malentendu se sont installés.

4_ Nombre de journalistes français ne s’y trompent pas qui, lorsqu’ils reçoivent par exemple Le Clezio, Modiano, Caryl Ferey (Mapuch) ou même la très populaire Annie Ernaux, ils les interrogent beaucoup sur leur écriture, la littérature, la description des personnages, des lieux, le programme narratif… mais lorsqu’ils ont en face d’eux des Algériens, ils les interrogent sur la politique, l’islamisme, le pouvoir, les guerres, les femmes (les voilées, pas celles qui résistent)… C’est là que le réel s’est substitué à la fiction. On bascule du roman au réel. On bascule des Lettres de Gallimard aux potins de C. News et du Point. Alors comment reprocher aux lecteurs d’amalgamer littérature et réalité ?

Il y a les Algériens au bled. Mais il y a les Algériens et les franco-algériens qui vivent ici, qui vous lisent ici. Et ce que vous dites ici ce que vous écrivez ici, notamment dans un hebdomadaire un peu chelou comme on dit.

 

5_ Ce n’est pas le livre qui est commenté, mais vos positions politiques. De verbe en verbe on en est arrivé à des excès. Certaines vilaines langues disent par exemple qu’il vous serait difficile, vous Kamel Daoud, il vous serait difficile d’écrire, si l’on caviardait ou si l’on faisait disparaître 5 à 10 mots de la langue française que vous répétez chaque jeudi dans cet hebdomadaire. Des mots comme « wokisme », « Gauche radicale », « l’Islam », « les Islamistes », et « le décolonial » qui dites-vous a été pris en otage par les islamistes … et par ces « gauchistes qui dopent la judéophobie », c’est encore vous qui le dites. Disons « antisémitisme » puisque ce vocable a été détourné de son lit, de son sens par un glissement sémantique de longue haleine et qu’on voudrait imposer à tous. Je ne suis pas judéophobe. Encore moins antisémite. Il n’y aurait donc de sémites que les Juifs. Et par conséquent les Arabes et leurs cousins ne seraient plus des sémites. Il est vrai que la défaite des mots précède la défaite. Pierre Bourdieu expliquerait mille fois mieux comment on construit et impose une idéologie dominante, notamment par les pontes médiatiques. Votre discours répété chaque jeudi dans vos chroniques de l’hebdomadaire conservateur et sulfureux Le Point est loin donc de la littérature. J’allais dire inacceptable.

 

Généralement, les journalistes français qui vous interrogent disent que vous êtes courageux, que vous prenez des risques à écrire un livre sur la décennie noire alors qu’une loi algérienne l’interdit expressément avec menace d’emprisonnement. Ils sont en roue libre ces journalistes. L’un d’eux (Le Point) titre le 8 août dernier : « Houris brise enfin le tabou de la guerre civile algérienne. » Comment peuvent-ils oser ? Vous rectifiez un chouiya, vous dites qu’il y a eu trois ou quatre livres écrits sur cette période… 

 

6_ Mon information est la suivante et j’en est presque fini : Il y a eu plus d’une centaine de livres qui évoquent clairement la décennie de sang (1992-2002) et non deux ou trois comme vous venez encore de le répéter. Dans le cadre d’un mémoire universitaire, Nazim Mekbel en a répertorié 110. Nazim est le fils du journaliste à la forte prémonition, Saïd Mekbel, assassiné en décembre 1994 qui s’interrogeait quelques jours auparavant sur son sort : « Qui tue ? Pourquoi on tue ? J’ai parfois grande envie de rencontrer les assassins et surtout les commanditaires. »

110 livres donc, écrits en français dont une partie publiée en Algérie-même. La quasi-totalité soufflant dans le sens du vent dominant évidemment. Je veux dire que leurs contenus portent sur les ravages de l’islamisme intégriste et uniquement lui. Cette vérité est partielle et par conséquent une contre-vérité. 

Le courage monsieur Kamel Daoud, il vient d’ailleurs, le courage il est dans les livres qui ont osé aller à contre-courant, qui ont repris les questions du journaliste assassiné, qui ont rappelé le sort des milliers de disparus forcés par le fait des agissements de certains segments des forces de l’ordre. Les auteurs de ceux-là, de ces livres-là – ils se comptent sur les doigts d’une seule main – les auteurs de ceux-là sont courageux. Toutes les ONG de défense des Droits de l’homme, nationales et internationales, en ont fait état : Amnesty International, la LDH française, Algeria Watch, Human Right Watch... En Algérie, la Ligue Algérienne des Droits de l’homme de Feu Maître Ali-Yahia Abdenour a comptabilisé plusieurs milliers de disparus forcés (tous morts évidemment) passés totalement sous les radars. L’association de madame Nassera Dutour, SOS Disparus, en a listé plus de 5000. 

 

7_ Les médias français et algériens ont longtemps choisi de faire l’impasse sur le martyr des familles de disparus forcés, avant que les familles elles-mêmes ne l’imposent à partir de Genève où elles ont fait un grand ramdam.

Alors je pose cette question : Où est le courage ? où est la lâcheté ? 

N’évoquer qu’une partie de la vérité, ce n’est pas la vérité, c’est répondre à une attente circonscrite géographiquement. À un public déterminé. Mais ce n’est pas répondre à l’humanité. 

 

8_ Enfin et pour finir, cette question : vous écrivez en page 121 : « Le 31 décembre 1999 on allait changer de mois, d’année, de siècle… » « Changer de siècle » ! et les correcteurs de Gallimard n’ont rien vu. 

Êtes-vous sûr que le 21° siècle – en Algérie ou ailleurs – a commencé le 1er janvier 2000 ? 

(Cette question a fait rire quelques abrutis ignorants, dans la salle)

 

L’actualité nous accule, mais je ne vous poserai pas de question sur le génocide des Palestiniens que jamais vous n’évoquez, ni sur la colonisation israélienne depuis trois-quarts de siècle. Ni sur l’invasion aujourd’hui du Liban. 

 

Vos positions sont connues et très largement partagées par les médias dominants librement Embedded chez qui vous savez. Tels sont les frictions avec les Algériens. Certainement pas la littérature.

Merci.

 

Manosque le, 25 septembre 2024

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J'ai été interrompu, mais j'ai remis directement ces deux feuillets à l'animatrice qui les a lus et les a ensuite remis à Kamel Daoud....



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BFM Région- marc 25 septembre 2024