Aujourd’hui je suis un homme heureux. J’ai décidé d’entamer ce matin 24 septembre ce journal personnel. Je donnerai dans un instant les raisons qui m’y ont amené. Auparavant il me faut donner un certain nombre d’informations. J’habite dans la ville d’Orgon et travaille à Cavaillon, deux bleds perdus et tranquilles de ce sud de la France tant chanté. J’exerce comme formateur dans un centre de formation alternée. Son nom est « Sud Formation ». De nombreuses formations y sont dispensées, qu’elles soient qualifiantes ou non. Des actions d’accompagnement à l’emploi sont aussi proposées. Quant à la formation que personnellement je prodigue et dont je suis le référent, elle a pour objectif général la transmission aux stagiaires des savoirs de base en français. Son intitulé officiel est « Formation linguistique de base, FLB. » Elle dure environ trente sept semaines : une trentaine en centre de formation, le reste en entreprise. Certains stagiaires viennent de pays d’Europe, d’Asie ou d’Afrique. D’autres sont nés en France, y ont grandi. Nombreux sont originaires du Maghreb, venus depuis peu rejoindre leurs parents dans le cadre du regroupement familial. La plupart des parents Maghrébins (les pères) sont employés dans l’agriculture. Tous les stagiaires sont âgés de moins de vingt six ans. Ils résident à Orgon, à Cavaillon ou dans les villages environnants. On les nomme bénéficiaires, apprenants, élèves, stagiaires… peu importe. L’usage au centre nous les fait désigner par le terme de stagiaires. Le matin, de ma voiture, il m’arrive d’en apercevoir quelques-uns se dirigeant vers l’arrêt de bus ou vers la gare ferroviaire.
Orgon et Cavaillon sont des villes très anciennes. On les trouve citées dans des documents du douzième siècle pour Orgon et du quatrième pour l’ancienne Cabellion. Cavaillon est une petite ville d’à peine 25.000 habitants, « opulente, elle s’étale dans la vallée de la Durance » à deux doigts du Parc naturel régional du Luberon. Ancienne ville de calcaire, de soie et d’église, Cavaillon fut impliquée dans la croisade des Albigeois (en l’an 1208). Aujourd’hui la ville s’est embourgeoisée. Elle vit dans la paix et demeure le premier marché fruitier et maraîcher de France. Quant à Orgon c’est plus une bourgade qu’une ville. Elle s’est développée autour de son château. Elle est la patrie du poète Antoine Pomme. Ses prétentions à devenir la capitale mondiale du carbonate de chaux sont tenaces. Ses trois mille habitants, pièces rapportées comprises, en sont assez fiers. Orgon et Cavaillon comme nombre d’autres villes et villages de la région distillent depuis la nuit des temps nonchalance et poésie. Ces gros villages somnolent trois saisons, stridulent, chantent et dansent le reste du temps. Marseille la capitale régionale se situe à une heure de route.
Je suis donc formateur dans un centre de formation alternée à Cavaillon dont le nom est « Sud Formation ». Je suis le référent d’une action qui s’intitule « Formation linguistique de base » et qui dure environ neuf mois.
Maintenant j’en viens à ce journal. D’emblée il me faut préciser qu’il n’est pas dans mes habitudes de noter mes faits, mes gestes. Tenir un journal intime pour appeler à l’aide ou pour laisser une preuve de mon passage sur cette terre est si loin de moi. Cela ne me ressemble pas. Comme chaque formateur je dispose d’un agenda dans lequel je porte toutes sortes d’informations concernant mon travail : le contenu de la formation, les préoccupations des stagiaires, les comptes-rendus de réunions, les critiques… enfin toutes informations que je considère utiles à mon travail. Mais cet agenda est insuffisant. Il ne peut contenir à la fois ces informations-là qui relèvent d’un quotidien professionnel très ordinaire et des états d’âme et des sentiments le plus souvent violents que j’éprouve depuis quelques jours et qui m’acculent dans des limites que je n’ai jamais auparavant effleurées.
Orgon et Cavaillon sont des villes très anciennes. On les trouve citées dans des documents du douzième siècle pour Orgon et du quatrième pour l’ancienne Cabellion. Cavaillon est une petite ville d’à peine 25.000 habitants, « opulente, elle s’étale dans la vallée de la Durance » à deux doigts du Parc naturel régional du Luberon. Ancienne ville de calcaire, de soie et d’église, Cavaillon fut impliquée dans la croisade des Albigeois (en l’an 1208). Aujourd’hui la ville s’est embourgeoisée. Elle vit dans la paix et demeure le premier marché fruitier et maraîcher de France. Quant à Orgon c’est plus une bourgade qu’une ville. Elle s’est développée autour de son château. Elle est la patrie du poète Antoine Pomme. Ses prétentions à devenir la capitale mondiale du carbonate de chaux sont tenaces. Ses trois mille habitants, pièces rapportées comprises, en sont assez fiers. Orgon et Cavaillon comme nombre d’autres villes et villages de la région distillent depuis la nuit des temps nonchalance et poésie. Ces gros villages somnolent trois saisons, stridulent, chantent et dansent le reste du temps. Marseille la capitale régionale se situe à une heure de route.
Je suis donc formateur dans un centre de formation alternée à Cavaillon dont le nom est « Sud Formation ». Je suis le référent d’une action qui s’intitule « Formation linguistique de base » et qui dure environ neuf mois.
Maintenant j’en viens à ce journal. D’emblée il me faut préciser qu’il n’est pas dans mes habitudes de noter mes faits, mes gestes. Tenir un journal intime pour appeler à l’aide ou pour laisser une preuve de mon passage sur cette terre est si loin de moi. Cela ne me ressemble pas. Comme chaque formateur je dispose d’un agenda dans lequel je porte toutes sortes d’informations concernant mon travail : le contenu de la formation, les préoccupations des stagiaires, les comptes-rendus de réunions, les critiques… enfin toutes informations que je considère utiles à mon travail. Mais cet agenda est insuffisant. Il ne peut contenir à la fois ces informations-là qui relèvent d’un quotidien professionnel très ordinaire et des états d’âme et des sentiments le plus souvent violents que j’éprouve depuis quelques jours et qui m’acculent dans des limites que je n’ai jamais auparavant effleurées.
Editions Edilivre, juin 2010.
A suivre...
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