J'apprends à l'instant, en parcourant le quotidien algérien El-Watan de ce jour, la mort, mardi dernier à Paris, de l'islamologue algérien Mohamed Arkoun. Il ne sera pas enterré en sa terre natale, mais au Maroc.
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El Watan Samedi 25 septembre 2010
Jacques Chirac rend hommage au Professeur Mohamed Arkoun
Au cours de la septième réunion du Conseil d’administration de la fondation Chirac, qui s’est tenu ce lundi 20 septembre, le Président Jacques Chirac a rendu hommage au Professeur Mohamed Arkhoun, décédé le 14 septembre à Paris.
Mohamed Arkhoun, Professeur émérite de la Sorbonne, était un spécialiste de l’histoire de la pensée islamique.Défenseur de la laïcité, il a été un des initiateurs du dialogue interreligieux.
Il était convaincu de l’importance des échanges, culturels, intellectuels, entre le monde musulman et occidental pour leur compréhension mutuelle.
Membre du Conseil d’administration de la fondation Chirac, depuis son lancement en 2008, il a apporté une contribution essentielle à la création du Prix qui récompense chaque année des personnes agissant pour la prévention des conflits.
Saluant l’importance que la fondation Chirac accorde au plaidoyer en faveur du respect de la diversité des cultures, il insistait sur la nécessité de traiter ce thème dans une perspective d’avenir, comme un moyen d’accéder à la modernité.
Jacques Chirac a salué le passeur entre les cultures, entre les civilisations, qui avait mis sa vision humaniste au service du projet de la Fondation.
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http://www.saphirnews.com/Mohammed-Arkoun-inhume-a-Casablanca-La-terre-de-Dieu-est-grande_a11848.html
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Mohammed Arkoun est parti
Mohammed Arkoun est décédé, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 septembre, à Paris, à l'âge de 82 ans. L'intellectuel algérien a laissé derrière lui une empreinte conséquente sur la pensée islamique contemporaine. Comme toute personnalité intellectuelle, il n'a eu de cesse dans son parcours de recevoir autant d'éloges que de critiques virulentes, mal-aimé, notamment, par son pays natal.
ne grosse pointure de l'islamologie vient de nous quitter. Mohammed Arkoun est décédé mardi soir à Paris à l'âge de 82 ans. Grand penseur algérien, il était professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne depuis 1983, et enseignait l'« islamologie appliquée », matière qu'il a initiée, dans diverses universités britanniques et américaines. Il participait activement au dialogue interreligieux, en participant aux activités du GRIC (Groupe de recherche islamo-chrétien) de 1978 à 1982, lui valant la dénomination de « passeur des cultures ».
Né en 1928 à Taourirt-Mimoun, un petit vilage de Kabylie, de famille très nombreuse et très pauvre, Mohammed Arkoun fait ses études primaires dans son village natal, puis secondaires à Oran. Sa persévérance et son goût pour la recherche le mène à la Faculté de littérature de l'université d'Alger, où il étudiera assidûment la philosophie, avant de s'envoler pour Paris, à la Sorbonne, pour y être agrégé en langue et en littérature arabes, en 1956, et docteur en philosophie, en 1968.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages critiques, dont « La Fibre humaniste dans la pensée arabe », « La Pensée fondamentaliste », « L’Islam, l’Europe et l’Occident », « La Pensée islamique : critique et ijtihad », où il interroge les textes canoniques et les interprétations qui ont fleuri autour de leur vérité intrasèque.
« Le Coran est un texte ouvert qu’aucune interprétation ne peut clore de façon définitive et orthodoxe. Au contraire, les écoles dites musulmanes sont des mouvements idéologiques qui soutiennent et légitiment les volontés de puissance de groupes sociaux en compétition pour l’hégémonie », défendait-il dans son ouvrage « Pour une critique de la raison islamique » (éd. Maisonneuve & Larose, 1984).
Officier de la Légion d'honneur en 1996, il fut également officier des Palmes académiques. Au Royaume-Uni, l'université d'Exeter lui attribue ensuite le titre de docteur honoris causa.
Sa pensée a fait de lui un des plus grand intellectuels contemporains musulmans d'Algérie, tout en mettant dans l'embarras nombre de responsables religieux, qu'il accuse d'autoritarisme dogmatique, mais aussi nombre de responsables politiques, lorsqu'il insiste notamment sur l'inégalité face à l'accès au savoir. Dès les années 1986, il lui sera interdit de participer à des activités culturelles ou intellectuelles dans son pays.
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Mohammed Arkoun, une grande perte
Par Mustapha Cherif*
Le professeur Mohammed Arkoun, né en 1928 à Taourirt-Mimoun, petit village près de Tizi-Ouzou, en Algérie, islamologue de renom, grand spécialiste de l’histoire de la pensée musulmane, est décédé.
C’est une grande perte. Intellectuel hors pair, figure de proue d’un courant, controversé, celui du rationalisme en islam. Franco-Algérien, il recherchait en permanence à rapprocher les cultures et les mondes. Son souci était la modernisation de la tradition islamique et la réforme des systèmes de pensée.
Nous dialoguions souvent sur les sujets philosophiques sensibles liés à la civilisation musulmane. Notre souci commun était de rationnaliser les approches et d’éveiller les consciences. Par-delà le fond éthique et scientifique commun, celui de l’honnêteté et du respect du droit à la différence, des nuances naturelles étaient parfois perceptibles dans nos approches respectives. Il mettait surtout l’accent sur les outils des sciences humaines et sociales, comme l’anthropologie appliquée, conçus en Occident, pour, disait-il, objectivement déconstruire les faits islamiques. Je lui précisais que je m’attachais à l’articulation entre authenticité et progrès. Chacun à sa manière, et à partir de nos convictions propres, on avait tous deux le souci de mettre en valeur l’humanisme musulman, d’humaniser nos sociétés et les rapports entre les mondes.
Il était profondément déçu de l’évolution du monde arabe, mais ne désespérait pas de le voir s’inscrire dans le progrès s’il révolutionnait le système éducatif. À l’occasion des colloques organisés à travers le monde, on se croisait, et je ne cessais de lui dire que les citoyens musulmans continuaient à croire à la ligne médiane, ni occidentalisation ni extrémisme. Il m’entendait bien, mais considérait que la situation historique de ces sociétés s’était compliquée faute de libertés.
En tant qu’agrégé en langue arabe, après avoir étudié la littérature arabe, le droit, la philosophie à l’Université d’Alger dans les années 1950, il fut professeur émérite d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne. Il a enseigné l’islamologie appliquée, sous l’angle scientifico-historiciste. C’est une discipline qu’il a développée, durant quarante ans, et expliqué dans une vingtaine d’ouvrages, dont le plus récent et instructif est L’Humanisme en islam, republié à Alger, en 2008, aux éditions Barzakh. Ses ouvrages les plus connus sont La Pensée arabe (1975), Lectures du Coran (1982), Penser l’islam aujourd’hui (1993).
Il a sillonné le monde, invité par les plus grandes universités. Les concepts qu’il a développés sont nombreux, les plus décisifs sont deux en particulier : celui de l’impensé dans la culture islamique, c’est-à-dire, selon lui, ce que les institutions, les élites et les masses refusent souvent d’affronter, et le concept du corpus officiel clos, car il critiquait la fermeture précoce des portes de l’ijtihâd.
Mohammed Arkoun ne fut pas écouté par les forces dominantes en Occident, travaillées par l’ethnocentrisme et l’islamophobie. Pourtant, il était foncièrement séculier, intégrait le savoir occidental et critiquait la religion instrumentalisée et la croyance vécue comme idéologie.
En Orient, il était réfuté par tous les tenants de la tradition et les conservateurs, mais aussi par ceux qui jugeaient qu’il parlait de « l’extérieur de l’islam », alors que l’islam s’adresse à toute l’humanité.
Son souci était la scientificité, refusant d’entrer dans le débat relatif au mystère et à l’au-delà. Un immense quiproquo symbolisait son rapport difficile à l’intelligentsia arabe. Sont restés célèbres les joutes oratoires qu’il avait avec feu l’imam Mohammed Ghazali lors des séminaires de la pensée islamique en Algérie, organisés par le regretté Mouloud Kacim.
Mohammed Arkoun cherchait à développer une école de pensée qui étudie l’histoire du phénomène coranique mise en œuvre par différentes cultures. Il considérait que l’événement historique de la révélation qui se fixe dans un corpus méritait des recherches approfondies, afin de cerner le variable et l’invariable des normes. Il comparait les trois monothéismes dans leurs réalités sociales et productions intellectuelles pour tenter de produire de l’universel.
Contrairement à nombre d’intellectuels d’origine musulmane qui vivent en Europe et qui restent dans le superficiel et l’air du temps, Mohammed Arkoun était un grand savant rigoureux. Il se voulait un réformateur moderniste, un intellectuel indépendant, qui pense l’humanisme islamique en visant notre temps. Il a pratiqué avec passion une critique de la tradition et une critique des cultures de notre époque. Son œuvre a influencé nombre d’auteurs modernistes, notamment au Maghreb.
Malgré des divergences et des polémiques nombreuses, Arkoun restera une référence instructive pour comprendre comment le rapport Islam-Occident évolue dans la trame des combats idéologiques et intellectuels. Adieu l’ami !
* Mustapha Cherif est philosophe, professeur des universités et auteur d’ouvrages sur le vivre-ensemble et le dialogue des cultures.
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Dernier hommage à Paris pour Mohammed Arkoun
Les témoignages pleuvent pour Mohammed Arkoun depuis l’annonce de son décès mercredi 15 septembre. Du monde était attendu pour la cérémonie d’adieu en hommage à l’intellectuel algérien jeudi. Sa famille, des amis et des personnalités religieuses et politiques sont venus en nombre, émus, à la maison médicale Jeanne-Garnier, dans le 15e arrondissement de Paris, pour rendre un dernier hommage au défunt et lire une dernière prière avant son rapatriement vers Casablanca, où il sera enterré vendredi. Saphirnews a recueilli avant son départ quelques témoignages.
« Un vide », voilà ce que va laisser Mohammed Arkoun auprès des siens et de ceux qui l'ont côtoyé. « Nous perdons un grand ami, un grand frère et aussi un maître des études islamiques. Le déclin historique des études islamiques le faisait souffrir mais il continuait son travail de chercheur et de penseur. Les gens qui partent à la retraite à 65 ans, on entend plus parler d’eux. Lui, à 82 ans, a fait une conférence il y a à peine un mois et demi. Il continuait d’exposer ses idées, il croyait en l’adage arabe qui dit : "L’aumône légale du savoir est sa diffusion." Il était d’une grande disponibilité et le nombre de personnes qui sont venues malgré la brièveté du temps qui s’est écoulé depuis l’annonce de sa mort montre la grande diversité de ses relations. C’était le frère des Hommes », nous confie Sadek Sellam, islamologue et ami de M. Arkoun.
« Nous pleurons son départ. Sans parler du Maghreb et du monde arabe où il a une audience. J’espère que la jeune génération reprendra le flambeau à un moment où les études islamiques sont en crise. Les chercheurs musulmans ont des responsabilités plus grandes que celles des autres », ajoute-t-il.
Outre les officiels marocains – moins nombreux que prévu – et algériens, dont le représentant de l’ambassadeur d’Algérie et le directeur du Centre culturel algérien à Paris, était présent Mohamed Jaham Al Kuwari, ambassadeur du Qatar, pour qui M. Arkoun « manquera au monde arabe et au monde occidental ». « Le Professeur jouait un rôle très important dans le rapprochement des civilisations et dans le dialogue interreligieux. On perd vraiment un symbole dont nous avions besoin dans les moments difficiles que traverse le monde arabe. Une voix de l’islam qui combattait l’extrémisme aussi bien musulman qu’occidental », déclare le Qatari.
Quant à l’imam Hassan Chalghoumi, passé rapidement à l'hôpital, il était « une personnalité marquante. On a fait une prière pour lui à la mosquée de Drancy. Que Dieu ait son âme, car il incarnait un islam de lumière. Si nous, les musulmans, prenions exemple sur ce qu’il a écrit, on s’en sortirait bien et l’islam de lumière que nous cherchions, nous le trouverions. »
Un hommage prochain en Algérie ?
Le Maroc rendra un dernier hommage au penseur algérien lors de son enterrement, vendredi 17 septembre. « Les Algériens voudraient qu’il soit enterré en Algérie. Mais c’est sa volonté et celle de sa femme d’être enterré à Casablanca. Mais là où il va, il est chez lui en tout cas. Je sais que son pays, la Kabylie, l’a toujours acclamé, donc peut-être que c’est une double perte pour eux car ils auraient tant voulu qu’il soit parmi eux », déclare, les larmes aux yeux, le neveu de M. Arkoun.
Kiared Karim, responsable de l'association Ouledna, « qui a pour but de mettre la culture sous tous ses modes et formes d’expressions au service de l’humanitaire », espère bien, en lançant une pétition sur le Web, que des cérémonies en hommage à l'intellectuel soient organisées en Algérie prochainement.
« Oui, des mouvements se créent. Mon oncle est une personne d’une générosité immense, d’un savoir incommensurable. C’est le genre de personne qui prend soin de vous à sa manière et qui a toujours été présent pour sa famille », termine-t-il par dire.
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Mohammed Arkoun inhumé à Casablanca : « La terre de Dieu est grande »
Mohammed Arkoun, a été inhumé vendredi au Maroc, à Casablanca, suivant ses vœux et la volonté de son épouse, d'origine marocaine. Dernière pantalonnade à une terre natale qu'il aurait tant aimé pouvoir chérir.
a perte de l'intellectuel musulman franco-algérien Mohammed Arkoun a mis en émoi la communauté universitaire ainsi qu'un grand nombre de personnalités du monde entier. En France, pays d'accueil, pays de cœur de M. Arkoun, c'est un hommage très timide qui lui a été rendu, voire quasi inexistant de la part des autorités nationales et de la presse française. Pourquoi ? Le Collectif Mohamed Arkoun, créé juste après la mort du professeur, n'arrive pas à comprendre.
Au « setting de la paix » organisé dimanche 19 septembre Place du Trocadéro, à Paris, en hommage à « une sommité intellectuelle internationalement reconnue », une trentaine de personnes étaient venues lui porter de chaleureux témoignages.
Une initiative du collectif, pour combler les « manquements incompréhensibles » de l'État français. Seul le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait adressé ses condoléances. Parmi les admirateurs de M. Arkoun, certains ont envoyé un courrier au maire de Paris lui demandant de consacrer à l'intellectuel franco-algérien une place en son nom, pour pérenniser sa mémoire.
Hommage parisien à l'IMA, le 6 octobre
Le roi du Maroc Mohammed VI a rendu un vibrant hommage au penseur, qui l’a considéré comme l’une des grandes figures de la pensée moderne, et souligné son attachement aux idéaux de tolérance, de modération, au dialogue des religions et des civilisations. Nombreux sont ceux qui se sont élevés pour prévenir d'une éventuelle récupération politique.
Mohammed Arkoun a donc été inhumé vendredi 17 septembre au Maroc, à Casablanca, suivant ses vœux et la volonté de son épouse, d'origine marocaine. Dernière pantalonnade à une terre natale qu'il aurait tant aimé pouvoir chérir : l'Algérie. « La famille Arkoun ainsi que les très nombreux citoyens algériens et admirateurs de ce grand intellectuel, tout particulièrement ceux de la commune de Beni-Yenni, se voient ainsi privés de rendre un dernier hommage au défunt », écrit la famille du défunt dans un communiqué. Face à sa demande de rapatrier le corps vers l'Algérie, c'est un silence officiel affligeant qu'elle obtient en retour. « La terre de Dieu est grande », commentent des internautes, pour calmer le chagrin exprimé.
« Une foule nombreuse avait accompagné le défunt à sa dernière demeure, notamment son épouse, Mme Soraya El Yaakoubi, sa fille, Sylvie, ainsi que plusieurs personnalités du monde de la pensée, de la culture, de la politique, de la presse, en plus de ses amis et proches », selon la Maghreb arabe presse (MAP), apparemment la seule à pouvoir couvrir l'événement sur place.
« Après lecture des versets du Saint Coran, des prières ont été élevées au Très-Haut pour entourer le défunt de Sa sainte Miséricorde et le rétribuer amplement pour ses contributions et son riche apport à la pensée et à la culture », poursuit le communiqué.
Un hommage lui sera rendu le 6 octobre à l’Institut du monde arabe (Paris), à 18 h 30.
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