Rechercher dans ce blog

vendredi, octobre 14, 2016

551_ Débâcles - mon dernier recueil de poésie

En librairie, dès le 25 octobre.
Ici aussi: 

-->
--------------


-----------------------

L’automne déjà ?

Désormais mon soleil rafraîchit son visage à l’eau de mer. Qu’il est loin le chant du coq…celui-là même qui m’a ouvert au monde et m’y a mis. Les saisons dansaient autour de mes insouciances, et mes rêves insensés froissaient les cloisons jusqu’aux plus sophistiquées. ‘‘Larguez les amarres !’’ s’exclamaient les marins des mers et des océans aux hommes arrimés à leurs certitudes, servitudes. À leurs misères.

Je les ai bien écoutés et le moment propice un jour, alors que le printemps de nouveau parsemait ses robes versicolores et emplissait nos îlots de ses effluves enivrants, j’ai attendu que l’obscurité s’installe pour envelopper l’amertume, le conformisme et tous les ismes et umes à ma portée – ils ont longtemps brûlé le sel de mon corps à mon corps défendant – dans un manteau que j’ai mis en bière et jeté par-dessus bord, pas comme une bouteille qui dit autre chose, qui crie ‘‘j’arrive !’’ mais pour m’en délester définitivement. J’avais vingt ans, mon éternité tenaillait tous les enfers. La veille j’avais craché sur les poids et mesures de la Balance et toutes les lâchetés. Adieu aussi aux amitiés asséchées, décharnées ! ‘‘A nous deux liberté !’’

Il fallut manœuvrer et s’armer de patience. Voilà que l’horizon n’était plus qu’une ligne du large, dépassée. L’envers de l’enfer n’était pas l’endroit du paradis. Que de couleuvres avais-je eu à avaler ! Dans les berges d’Amsterdam, des matelots ivres et des femmes-accordéons m’ont lancé des frites belges et j’ai fermé les yeux. Dans mon dos innocent, des index tapageurs pointaient mon intrusion. Avaler des danses et des boas, n’est-ce pas le lot de notre humanité ?

Plus tard, dans d’autres contrées où l’atmosphère se parait de bienveillance, j’ai frôlé la fierté de montagnes souvent inaccessibles. Au pied de l’astre bleu des beaux jours, j’ai fait des rencontres inattendues. J’ai déambulé dans les banlieues de la vie à la recherche d’audaces à assouvir et une langue pour m’y noyer corps et plume. Des danses il y en eut d’autres, de toutes sortes, jusqu’à la torride Turku, jusqu’aux aurores boréales. Aux quatre points cardinaux, sans crier gare, les clepsydres se chargeaient d’écouler les émois du monde en perpétuel équilibre incertain. Ils s’écoulèrent et s’écrouleront, percés par la Flèche.
Les souvenirs paralysent ma mémoire dans leur inévitable conversion.

L’aurore que j’avais longtemps soumise à mes caprices ne m’a pas toujours été fidèle non plus. Aujourd’hui le ciel se couvre un peu plus. Des orages obscurs s’amoncellent alentour sur les aubes et les hommes de ma génération. Mon soleil se farde de rouge et le questionnement aporétique égrène prestement les saisons qui ne cessent de virevolter dans un monde engoncé dans une profonde dépravation. N’est-ce pas déjà l’annonce du seuil d’un intime et banal automne ?

*
-----------------



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire