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samedi, janvier 22, 2022

770_ Dubaï, Dubaï, Dubaï… par Noam Shuster Eliassi

 

Dubaï, Dubaï, Dubaï… 

 

Une chanson israélienne enflamme les réseaux sociaux dans le monde arabe

 

 

RFI _ Publié le 20.01.2022

Texte par : Sami Boukhelifa


Une chanson intitulée « Dubaï, Dubaï », diffusée à la télévision israélienne, a dépassé les frontières de l’État hébreu pour enflammer les réseaux sociaux du monde arabe. Elle a été interprétée par une comédienne israélienne, très engagée aux côtés des Palestiniens. Noam Shuster Eliassi adore faire le buzz. Elle est connue notamment pour avoir demandé en mariage, en 2019, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman. 

De notre correspondant à Jérusalem,

C’est un titre satirique dans lequel Noam Shuster Eliassi critique la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis. Sur scène, l’artiste israélienne aux multiples talents – comédienne, chanteuse – fait mine d’adresser un message de paix. Le ton est faussement innocent ; le verbe est acerbe. 

« Si seulement tous les Arabes étaient comme ceux de Dubaï. [...] Riches à millions, ils ont oublié la cause palestinienne et un peuple qui a souffert de la Nakba, dit la chanson. Ils ont oublié que nous imposions un blocus à Gaza. Tout ça pour normaliser leurs relations avec Israël. »

 

« En Israël, on a choisi d’être gentils avec les Arabes du Golfe »   

La chanson est interprétée en arabe avec un peu d’hébreu. Noam Shuster Eliassi  parle un excellent arabe. Elle se décrit comme Juive mizrahi, autrement dit Juive orientale. Elle met d’ailleurs en avant ses racines juives iraniennes et défend les Palestiniens : « En Israël, on a choisi d’être gentils avec les Arabes du Golfe, qui sont pourtant à 4 000 kilomètres d’ici. On a choisi de tisser des liens économiques avec eux. Mais en parallèle, nous préférons ignorer la question palestinienne. Et chaque Juif de gauche qui souhaite parler d’égalité, de la fin de l’occupation, est taxé de Juif qui a la haine de soi et qui est anti-israélien. C’est complètement faux. Donc, avoir réussi à faire la lumière sur tous ces sujets à travers un simple sketch, c’est un rêve qui se réalise. »   

 

Sur les réseaux sociaux du monde arabe, beaucoup saluent cette prouesse artistique. « Le sarcasme, une arme redoutable », ont écrit certains internautes opposés à la normalisation des relations entre Israël et les Émirats arabes unis. Noam Shuster Eliassi avoue être ravie d’apprendre que même des Émiriens partagent son point de vue. « J’ai beaucoup d’amis à Dubaï, à Abu Dhabi et dans le Golfe, qui m’ont dit que ma vidéo avait été largement partagée sur WhatsApp, confie-t-elle. Je pense qu’on ne devrait pas sous-estimer la jeunesse dans les pays du Golfe. Moi, je suis une voix critique en Israël, et dans le Golfe aussi il y en a. Peut-être qu’ils n’ont pas le loisir de s’exprimer librement en public. Mais dans la sphère privée, ils peuvent être très critiques. » 

 

De nombreux détracteurs

 

Toutefois, cette chanson n’a pas fait l’unanimité. Comme souvent sur internet, elle a déclenché une vague de haine et un torrent d’insultes. Certains l’ont prise au premier degré et n’ont pas compris le message de cette artiste israélienne. Ils ont cru qu’elle se moquait de la souffrance des Palestiniens.

Noam Shuster Eliassi dit comprendre leur point de vue : « Je sais que dans le monde arabe, certains peuvent être très sceptiques. Ils se disent : comment une Juive peut s’exprimer de cette manière ? Peut-être que tout cela est orchestré, peut-être que tu es un agent du Mossad ?  Et donc, je leur dis : je suis contente d’incarner la différence. Je suis contente d’être une Juive qui parle arabe et qui ne met pas ses compétences au service de l’armée israélienne. Mais qui s’en sert plutôt pour être créative et montrer qu’une alternative est possible ici, dans la région ».

 

Par Sami Boukhelifa

RFI.FR 20 01 2022


ah. 22 01 2022








 

 


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