l y a deux jours, le 15 novembre, le site DIA (w: dia.algerie.com) reprenait une vidéo diffusée sur One TV, une chaîne privée de l’audiovisuel algérien (aujourd’hui sur Youtube- cf. plus bas), dans laquelle une jeune dame, Saada Arbane aux cordes vocales brisées (elle avait été laissée pour morte en 1999 par des présentés islamistes radicaux qui lui ont tranché la gorge), répond au journaliste Younes Sabeur Chérif. Elle dénonce l’entreprise de Kamel Daoud qui, par son dernier roman « Houris » exploite son histoire y compris « intime », son malheur, sans son consentement, en violation du secret médical, pour son propre intérêt. Il y a deux jours.
Il n’en fallait pas plus pour que le FB s’enflamme (ce terme est un peu abusif). Mais bon. C’est pour signaler qu’aussitôt d’aucuns sont monté sur leurs grands chevaux. Je ne reprendrai pas ici certains propos outranciers. On est « pour » ou bien « contre ». Pour qui, quoi, contre qui, quoi ? Pour Kamel Daoud contre Saada Arbane. Ou Pour Saada Arbane contre Kamel Daoud.
Kamel parce que Kamel, Saada parce qu’elle est contre Kamel. Pour telle ou tel parce que ça arrange nos petites convictions et conforte nos petites guéguerres.
On prend position pour (ou contre) le personnage tel que construit jusque-là dans nos esprits plus que pour un fait (les conditions d’élaboration d’un roman) précis.
N’allez pas croire que j’y échappe. Ce gars m’a beaucoup déçu et comme on dit au bled kount hesbo waguef ou howa... enfin quelque chose comme ça. Cela étant dit je tente d’objectiver autant que je peux (déformation salutaire de mon véritable métier).
On s’étripe sans, une seule fois, (je n’ai rien lu dans ce sens) évoquer le calvaire de la jeune dame. Pas une fois sans interroger les faits. Qui dit/fait quoi où quand comment pourquoi…
La question principale devrait être la suivante de mon point de vue : A-t-on le droit en tant que romancier – impunément – d’exploiter l’histoire d’autrui (quasiment un portrait-robot, selon la victime), s’épancher sur le malheur d’autrui, violer son secret médical, en l’occurrence sans son consentement et faire fi de son droit au respect de sa vie privée ? (Cette courante précaution « Toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant vraiment existé est fortuite » ne figure même pas en exergue du livre). Telle devrait se poser la première question. Qu’autorise le Droit privé ?
Alors, un peu de décence et repartons de ce qui est aujourd’hui. Les faits rien que les faits, sans interprétations (autant que faire se peut). Et non de l’histoire de l’auteur et de ses prises de positions antérieures (bien que, ma foi…), ni de tentatives de manipulations supposées dans quelque rouage du pouvoir (encore que…)
Posons les faits donc, posons nos baluchons d’idéologies.
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