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jeudi, mai 16, 2019

648_ La Révolution du 22 février 2019 racontée à ma petite fille. Acte V


- Allez, c’est parti !
- C’est parti !

Lundi 25 mars 2019

-Des sympathisants du Front islamique du salut (FIS), parti dissous en 1992, ont tenté d’organiser une marche à Kouba dans la banlieue d’Alger. Ils étaient quelques dizaines à scander les slogans du parti islamique dans ses moments de gloire. La procession a été perturbée par l’incursion des slogans actuels scandés par des jeunes qui n’ont pas connu l’époque du FIS. (P.O.- Observalgerie.com)
- FIS ?
-Le FIS est un parti aujourd’hui dissous. Il a fait couler tant de sueur, tant d’encre et tant de sang. Mais il n’était pas seul à se prévaloir de la terreur.. Bon je continue :


-Aux innombrables «Pacifique ! Pacifique !» brandis par le mouvement populaire dans la rue, les opposants au président de la République appellent à un coup d'Etat militaire. Dans sa dernière sortie, l'opposition à Bouteflika a encore une fois appelé l'Armée nationale populaire à intervenir dans le champ politique. Alors que dans son article 14, la Constitution stipule que «l'Etat est fondé sur les principes d'organisation démocratique, de séparation des pouvoirs et de justice sociale», «Appel est lancé à l'armée pour intervenir tout en respectant la légitimité populaire (…)», dit l'une des propositions de l'opposition pour une sortie de crise politique. Les partis signataires prouvent ainsi-et ce n'est pas la première fois-qu'ils sont incapables d'initier une alternative politique digne de ce nom. Rejetés en bloc par la rue, les opposants au pouvoir en place se cherchent une sortie honorable de la situation dans laquelle ils végètent depuis le déclenchement du mouvement populaire. (G.O.- Le Quotidien d’Oran)

Mardi 26 mars 2019


J’écris ce post sur FB
Comme en Octobre 88, la révolte de février a commencé à Bordj Bou Arreridj (c'est ce qu'on dit, sur la base de vidéos qui circulaient à BBA bien avant le 22 février). Elle couvait depuis des années. D’autres révoltes se sont exprimées en divers endroits du pays avec plus ou moins de réussite, souvent réprimées.
 
En réalité de nombreuses manifestations ont périodiquement lieu, un peu partout dans le pays, appelées par des enseignants, des retraités de l’armée, des policiers, du corps médical…

La dernière révolte, l’actuelle révolution de velours couvait, on l’entendait, surtout dans les stades depuis quelques mois, voire des années. Des milliers de supporters criaient leur rejet du Pouvoir, dénonçaient la Hogra, le mépris. Elle couvait ici et là, dans les stades, sur les réseaux sociaux. Certains Youtubers et Facebookers sont suivis par des milliers de followers. Et puis la rumeur se faisait de plus en plus pressente ces derniers mois, avec par exemple des vidéos, comme celle de ces deux jeunes de Bordj Bouareridj, qui appelaient à sortir dans la rue. Étaient-ils libres de leurs appels ou étaient-ils en commande ? D’autres posts anonymes (sous pseudos) appelaient à manifester au courant du mois de janvier et février. Jusqu’à ce 22 février qui vit des milliers de manifestants s’approprier l’espace et crier leur rage contre « Le Système » et leur soif de liberté. Lire ici : https://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2019/03/138-revolution-de-velours-en-algerie.html


- À l’ENTV on procède au changement de patron
- L’émission du mercredi, « La TV de notre jeunesse » a été suspendue récemment

- Le chef d’état-major annonce l’application de l’article 102 de la Constitution (empêchement et/ou démission du président de la République) pour rester dans la légalité constitutionnelle.
- Le chef d’état-major de l’armée propose que Bouteflika soit déclaré inapte à exercer le pouvoir, en vertu de la Constitution, ou qu’il démissionne.
- La période de vacances n'a pas empêché la communauté universitaire, et à sa tête des milliers d'étudiants, de marcher hier, mardi 26, pour le cinquième mardi consécutif pour revendiquer le «départ du système». (R.N.- Le Quotidien d’Oran)

- Intervenant, hier 26 mars, à l'ouverture des travaux du bureau politique de son parti, Mme Hanoune a appelé toutes les forces politiques du pays à laisser le mouvement populaire s'épanouir car il a besoin de plus de temps pour la «maturation». Et d'affirmer dans ce sens qu' «il n y a aucune révolution qui a atteint ses objectifs en un mois ». (M.A.- Le Quotidien d’Oran)
- Le RCD a qualifié ce mardi de « tentative de coup d’État », la demande d’Ahmed Gaid Salah d’appliquer l’article 102 de la Constitution disposant l’inaptitude du président de la République à assumer ses missions à la tête de l’État. (R.H.- TSA)
 
Mercredi 27 mars
- Je ne pouvais plus vivre par procuration la révolution de velours au cœur de la capitale… Je saute dans un avion, direction Alger. Il me fallait prendre à bras le corps cette atmosphère, ce mouvement.
- Le RND et le FLN demandent la démission du président Bouteflika, affaibli par la maladie. L’UGTA, principale centrale syndicale, apporte son soutien à l’appel du chef d’état-major.
- Après le chef d’état-major de l’armée, c’est au tour du RND et de l’UGTA de lâcher le président Bouteflika, de plus en plus isolé face à une mobilisation populaire qui ne faiblit pas.  Dans un communiqué de presse signé par son secrétaire général, l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, le RND a recommandé, hier, au chef de l’Etat de démissionner, en vertu du paragraphe 4 de l’article 102, «pour faciliter le passage du pays au processus de transition défini dans la Constitution». Cette annonce du RND, jusqu’ici fidèle soutien de Bouteflika, intervient au lendemain de la demande du chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, de déclarer le Président inapte pour la fonction… Pour sa part, l’UGTA, un autre soutien de Bouteflika, a apporté son appui à la proposition du puissant patron de l’armée algérienne. « L’UGTA salue et prend acte de l’appel du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, à l’application de l’article 102 de la Constitution, constituant le cadre légal à même de surmonter la crise politique à laquelle est aujourd’hui confronté notre pays », a estimé Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de la centrale syndicale, dans un communiqué de presse. (H.L.- El Watan)
- Me Bouchachi a affirmé ce soir, dans un live Facebook, que la mise en oeuvre de l’article 102 constitue un « danger » pour le mouvement populaire né le 22 février dernier. L’article 102 de la Constitution prévoit que la période de la vacance du pouvoir sera  gérée par le président du Conseil de la Nation (Abdelkader Bensalah) et les élections seront organisées par l’actuel premier ministre (Nourredine Bedoui) tandis que les résultats seront supervisés par le Conseil constitutionnel présidé par Taib Belaiz. « Les symboles de l’ancien régime vont superviser la période de transition, organiseront les élections et proclameront les résultats. A mon avis, ceci est inacceptable auprès des Algériennes et des Algériens qui ont dit d’une seule voix ” Nous voulons que vous ( pouvoir) dégagez, s’il vous plaît, partez !” », a déclaré Me Bouchachi. (F.D.- El Watan)
- Gaïd Salah appelle à l’application de l’article 102 de la constitution : L’armée s’implique dans la crise
- Parti se soigner aux Hôpitaux Universitaires de Genève en Suisse, le président algérien a usurpé sa véritable identité. Il s’est enregistré sous le nom d’Abdelmadjid Aissa, né le 5 juillet 1938 et non en 1937.(Y.F._ El Watan)
- El Watan , en Une : Elle propose l’empêchement. L’armée s’implique dans la crise
- Liberté , en Une : La solution frelatée de Gaïd Salah.
- Je poste sur FB, cet article. Il concerne la journée du mercredi 27 (il a été posté le 28).
« Mercredi 27 mars 2019. Comme je l’ai écrit il y a quelques jours, je me devais d’être, au moins pour quelques jours, au cœur de la Révolution en cours, Révolution de velours, qui fait courber le monde de respect. Je suis arrivé à l’aéroport HB, par le flight ZI 707 d’un Boeing 320, bleu et blanc avec le lever du jour. En moins d’une heure j’étais à l’extérieur. Si vous voulez éviter les arnaques des taxis (comme dans de nombreux pays les prix des taxis ici sont excessifs. Du racket. Si vous voulez les éviter alors faites comme moi, utilisez Woo…, utilisez les transports en communs. À 400 mètres, sur votre droite après le parking et la nouvelle et belle gare ferroviaire (non encore fonctionnelle) il y a une esplanade avec des taxis clandestins qui vous apostrophent et des arrêts de cars plus ou moins indiqués. Ne prenez ni le 178, ni le 38, prenez le 100 Sahat Echouhadade l’Etusa.dz. Pour 50 DA il vous conduit jusqu’au cœur d’Alger en passant devant l'immense "mosquée Bouteflika" et par Tafoura. Tiens pourquoi pas descendre ici ? « Ici est la rue des Vandales. C’est une rue d’Alger ou de Constantine, de Sétif ou de Guelma, de Tunis ou de Casablanca » criait Mustapha dans le Cadavre encerclé (j’ai joué ce rôle de Mostapha au Centre culturel français d’Oran dans les années mortes, il y a une éternité…). Mon ici est le Square Port Saïd à deux pas de la place des Martyrs. Un hôtel près du fameux Tantonville et du TNA, dans la rue qui monte, la Casbah c’est derrière, encore plus haut. Accueil correct, autant que le prix. La chambre se trouve à hauteur de la 67° marche, au 2° étage sans ascenseur, à droite, « la 15 ». Correcte, mais l’odeur de renfermé et de moisi n’est pas agréable. Et pas de Wifi. Comment peut-on vivre sans le Wifi ? Trop tard, j’ai réglé la chambre. Demain j’irai voir ailleurs. Je me jette sur le lit. Respirer un bon coup. Sur Canal Algérie je suis le dernier quart d’heure de la rediffusion de l’émission d’hier soir, Expression livre. Mièvre, guindé et autosuffisant est l’animateur (fort sympa par ailleurs), médusé l’invité comme beaucoup avant lui. « Pas de vague, pas de vague » m’avait lancé un jour le premier. Le journal qui suit, en français, nous montre des familles recevant « les clefs » de leur appartement. Il n’y a ni discours redondants et ronflants, ni portraits géants du président, ni youyous et autres salamalecs et c’est mieux ainsi. Pas un mot sur la situation de crise nationale. Ni l’ANP, ni l’article 102. On regarde ailleurs le ciel qu’il fait en Europe, en Asie. « Chez nous il fait beau ». Pourtant le DG de l’EPTV, Toufik Khelladi vient d’être démis de son poste hier, « appelé à d’autres fonctions ». Le problème est qu’il a été remplacé par Lotfi Cheriet, un proche du clan Boutef (cet ancien journaliste puis directeur de l’info à Canal Algérie avait intégré la direction d’une « chaîne de propagande, El Wiam, lancée par Ali Haddad pour faire la promotion du 4° mandat du chef de l’État » écrit El Watan de ce jour, page 9). Moussa Hadj nous dit adieu et Hadj Moussa nous dit Salam alikoum.
14heures 30. Devant la grande poste il y a un attroupement, on s’agite, les échanges sont hauts. J’ai voulu lancer aux uns et aux autres « Silmiyames frères, silmiya ». « Bagarre ? » « non ils discutent » me répond l’homme que j’ai apostrophé. Je vous promets qu’il m’est apparu qu’on était à deux doigts d’en venir aux mains. Bien non. « C’est comme ça ici, le sang il tourne vite ». Un jeune homme se fait fouiller les poches par un autre. Un flic en civil probablement. Des gamins s’amusent de toute cette agitation des adultes. Le soleil est éblouissant. Je m’assois sur une des longues marches de l’édifice de la Poste. Les principaux articles de El Watan sont plutôt favorables à la décision du chef de l’armée de convoquer l’article 102 de la Constitution – 3 articles sur 3 –
« Il est heureux de constater que l’ANP s’est prononcé en faveur de l’expression populaire » dit un constitutionnaliste dans l’un des articles, « Gaïd Salah est venu secouer le président du Conseil constitutionnel » écrit Messaouadi dans le deuxième, le troisième « L’armée s’implique… » reprend de longs extraits de son chef. Les autres articles sont des commentaires ou des réponses des organisations, des responsables de partis etc. : Assoul, Bouchachi, Zenati, Ali Rachedi… Sur ma gauche deux « écrivains publics », en fait deux vieux messieurs, arrondissent leur fins de mois en remplissant pour les clients perdus des chèques et des documents divers de la poste. Et entre deux clients ils se racontent des histoires de vieux messieurs que tout, la politique, la vie, le vide, étonne. Et le sourire ne les quitte pas. À la librairie Charras je feuillette quelques livres (et m’enquiers du destin des miens) « Repassez » me dit la charmante responsable. Je ne lui dis pas que c’est la réponse qu’on me donne à chacun de mes passages (Un par an environ).
Le rez-de-chaussée des anciennes Galeries Le Bon Marché sur la rue Ben M’hidi a été transformé en un grand, très grand, café restaurant avec Wifi (le code s’il vous plaît… P@ssw0rd). Oasis Planète « le plus grand restaurant d’Algérie » (Les Échos d’Alger). Agréable et pas excessif. J’y prends un thé et consulte mon FB. À propos « à qui appartient-il » demande-je discrètement à un voisin de table » qui hausse les épaules en faisant la mou. Quelle question…
Je me rends ensuite et sur le retour à l’immeuble qui abrite les locaux de SOS Disparus, rue Ben Boulaid. Malheureusement il n’y a personne. Au TNA Bachtarzi on commémore les vingt ans de la journée mondiale du théâtre. Le spectacle arrive à sa fin. Au Tantonville on sirote qui un café, qui un jus, qui je ne sais quoi d'autre... Sur les marches qui y donnent accès, un attroupement se forme. C’est le 3° depuis « les événements ». Le prochain rendez-vous aura lieu ici même mercredi prochain dit l’animatrice. À 17 heures une jeune animatrice prend la parole, explique l’objet de ces réunions « échanges d’expérience, points de vue, lectures, nous sommes devant un nouveau souffle… » Le premier intervenant est une jeune intervenante, Alia qui lit un texte sur les femmes « elles ont toujours existé ! » répète-t-elle. D’autres intervenants lisent des poèmes ou autres textes. Hmida El Ayachi rend hommage à Kamel Amzal, ou Madjid, un militant de la démocratie, a été assassiné par des islamistes dans la cité universitaire de Ben Aknoun, le 2 novembre 1982. Déjà. Puis il improvise une poésie Chams ettoufal, un jeu interactif avec le public, Charlie Chaplin…, puis Le Mur et Kaddour Blendi… Un vrai acteur ce Hmida. Je n’ai pas pu lui dire un mot (la dernière fois que je l’ai rencontré c’était à l’aéroport d’Oran, il y a bien 3 ou 4 ans grâce à un ancien ami). Puis il y eut une autre jeune femme, puis Hakim qui lit en arabe un texte de 1998 de Habib Younès. Connais pas. J’interviens pour lire deux poèmes que j’ai écrit en hommage aux enfants d’Octobre 1988 pour le premier, à la Révolution de velours actuelle pour le second. « Octobre » et « C’est le Printemps ». D’autres personnes suivront. À la fin de la rencontre l’attroupement se scinde en plusieurs petits groupes. J’échange avec des jeunes, certains sont à l’initiative de ces sorties publiques. « Va dans ‘Balance ton mot’ sur Facebook me dit l’un d’eux, tu auras pleins d’informations, va aussi sur ma page FB ».


Jeudi 28 mars

Liberté, en Une : Démission, empêchement au statu-quo ?
El Watan, en Une : Gaïd Salah face à la contestation populaire

Le Président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad a annoncé sa démission à compter de ce jeudi de la tête de cette organisation patronale.  Dans une lettre adressée aux membres du FCE, M. Haddad qui présidait le FCE depuis 2014, officialise ainsi sa volonté de quitter la présidence de l'organisation en déclarant : " j’ai décidé, en mon âme et conscience et sans contrainte, de quitter la présidence du Forum des Chefs d’Entreprise à compter de ce jour (Jeudi)", se disant "soucieux de préserver la cohésion et surtout la pérennité" de l'organisation. (http://radioalgerie.dz/news/fr)
- Je poste sur FB, cet article. Il concerne la journée du jeudi 28 (il a été posté le 29).
« Café à défaut de thé. Lecture de la presse. El Watan titre « Gaïd Salah face à la contestation populaire. » Un article de Salima Tlemçani (durant la décennie noire, elle était connue sous le sobriquet de « la colonelle » tant disait-on elle s’abreuvait – quasiment – à une unique source, celle des « services et de la muette » où elle avait ses entrées, solides comme du rock.) La journaliste préfèrerait voir le défunt Mohamed Lamari (celui qui en mai 92 déclarait : « je suis prêt à éliminer trois millions d’Algériens s’il le faut »),ou son clone officiant à la place de ce balourd de Gaïd Salah qu’elle ne ménage guère personnellement, ce chef d’État-major qui a réussi (pas seul) à liquider les liquidateurs de l’ex DRS (wa ma adraka, combien d’Algériens tremblent aujourd’hui encore rien qu’à l’énoncé de ces trois lettres : D,R,S. Mon Dieu), lesquels liquidateurs du DRS, dit-elle faussement naïve, avaient « ouvert des enquêtes sur les affaires de corruption impliquant les hommes du président ». Elle nous prend pour des imbéciles. Coquine va et démocrate jusqu’au bout des ongles des seuls cinq doigts de sa main droite.
À onze heures je plie bagages et change d’hôtel. J’en trouve un dans la rue Abane Ramdane, en face, un chouya plus cher, mais propret et le monde à portée de main. Écouter FIP en sourdine avec entre les mains une feuille blanche qui vous invite au délire ou bien encore un Kérouac ou un Roth. Vous m’en direz des nouvelles. Quand même. Je balance mon premier écrit.  Sur Chourouk TV on apprend que son patron a été « kidnappé ». Fichtre et bigre à la fois. What’s that ?
Je fais un tour du côté de la poste. J’entends au loin un gars crier. Je m’approche, d’autres gens aussi. On fait foule autour de lui. Il ne crie pas du tout le monsieur au super costume brillant comme neuf sur un pull-over rayé de lignes bleues, rouges et grises. Non il ne crie pas, il hurle son mixe de douleur et de joie. Ses yeux pétillent. « Nous vivons de l’oxygène, comment peut-on abandonner notre environnement ?... Oui, le peuple s’est libéré le 22 février… » Son discours est bien rodé « je fus candidat… »  Certains spectateurs ironisent, d’autres applaudissent. La rue Didouche Mourad fourmille de monde. Beaucoup de jeunes, filles et garçons, plaisantent, rient, chahutent. De peur qu’ils ne s’écroulent sur eux, et comme ils le feraient pour des murs d’immeubles, ils tiennent fermement les arbres à leur portée en posant la paume de la main contre leurs troncs. À l’angle de la rue Didouche Mourad (1955-1927) et Zabana Ahmed (1956-1926)... Oui, je sais, mais ici, il faut lire les dates de droite avant celles de gauche. L’ordre est inversé bien que les nombres soient écrits en arabe et les lettres en caractères latins… Les explications sont à demander à qui de droit, certes pas à moi. Je reviens à cet angle des deux artères, je disais que là, à cet angle, un groupe s’acharne sur un bendiret des karkabou(tambour et castagnettes essoudane/ soudanaises, en réalité malienne, pays qu’on disait bled essoudane, me semble-t-il) : karbaq, karabeq, karbaq…Autour de lui un demi cercle s’est formé. Il y a de l’électricité dans l’air et cela titille nos sens et nos espoirs. Une dizaine de jeunes passent en criant, avec un léger retard sur l’histoire en cours « Oh Bouteflika, la lil khamsa ! »Un peu plus haut un autre chant fuse d’un local, celui du RCD, c’est l’énorme « Win win win…rakoum rayhin’ win… » chargé d’émotion. Je rentre dans le local, saturé de photos et de centaines de bouteilles d’eau minérale de 50 cl qui seront probablement distribuées aux manifestants de demain qui auront la chance de passer par ici. « L’eau minérale Lalla Khedidja prend son origine dans les monts enneigés du Djurdjura. En s’infiltrant lentement au travers des roches, elle se charge naturellement en minéraux essentiels à  la vie, tout en restant d’une légèreté incomparable. Elle est pure par nature, car elle est directement captée à la source. » Ainsi va la pub. Je pense, et ne sais pourquoi, à ce proverbe détourné « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se case (caze) » Je discute avec un vieux militant et ancien syndicaliste qui me propose de faire le tour du propriétaire (une unique grande pièce de 32 m2). Et me revoilà devant les photos avec cette fois des explications lourdement orientées, « regarde ils ont dit qu’on est avec le pouvoir, c’est ça la vérité ? » m’interroge-t-il avec malice en me montrant une foule (supposée être composée de militants de son parti) entourée par des policiers certainement méchants. Ils ont cela dans le sang les syndicalistes, ou nombre d’entre eux, c’est que lorsqu’ils vous tiennent ils ne vous lâchent plus. Il m’a fallu insister lourdement « je dois aller réserver un billet avant la fermeture… » pour que le gars (il n’avait peut-être pas parlé de la journée que sais-je) me libère. Il me serre fortement les pinces. « À la prochaine » fait-il, mais là il s’aventure. Il n’y en aura pas. Je contourne le pâté d’immeubles et me retrouve en contrebas près du marché Clauzel. Pour la réservation chez Aigle Azur (le type, je ne lui ai pas vraiment menti), j’attendrai quelques jours. Je me paie une belle calantica (50 DA), ce fameux plat oranais à base de farine de pois-chiches (franchement, elle ne vaut pas celle d’Oran). Chez un droguiste j’achète une longue tige en plastique. Je demande au vendeur de la couper en deux parts égales. Elles supporteront ma banderole « Révolution de velours » que je porterai (si tout va bien) demain, parmi les centaines de milliers d’autres manifestants. Car demain est présenté ici comme le jour le plus long et le plus haut « rabbi yestorna ».
Je reviens vers la Grande poste. Il fut un temps pas si lointain, où, arrivé dans ces parages, je m’interrogeais, hanté par eux, si tel ou tel bistro était toujours ouvert et si la cigarette empestait toujours autant. Avant d’entrer dans l’un d’eux, pour la protéger un tant soit peu ou si peu que cela soit, je camouflais ma veste dans un sac en plastique que j’avais prévu à cet effet. Je me demandais aussi s’il y avait encore, glissant entre les consommateurs, les tous jeunes ou tous vieux vendeurs de bebbouche(escargots) bien épicés ou de foule(fèves bouillies) au cumin ou d’œufs durs que je détestais et déteste toujours (les œufs durs). Aujourd’hui je ne le suis plus. Je ne suis plus hanté par les bistros que je ne fréquente plus. Presque plus, et plus du tout ici au Bled. Je passe devant leurs devantures (elles ne laissent entrevoir qu’un mince espace à travers la porte, entrebâillée pour permettre aux clients d’entrer)  et les mêmes questions me taraudent l’esprit. Et c’est à peine si je leur adresse un regard indifférent, presque triste, comme à cet instant devant « la lune rouge » au 27 de Ben M’hidi.  Sur Chourouk TV on apprend que son patron a été « libéré ». Fichtre et bigre à la fois. What’s that ? Sur FB on se délecte de cet énième épisode entre clans et sous-clans. »

Vendredi 29 mars

- « 14 h00 à la rue Didouche Mourad. De véritables marées humaines, joyeuses et colorées, submergent le cœur de la capitale Alger. Des centaines de milliers de manifestants ont défilé, aujourd’hui vendredi à Alger, pour rejeter la proposition du chef d’état-major de l’armée, Gaïd Salah, portant mise en œuvre de l’article 102 de la Constitution et exiger, une nouvelle fois, le départ de tout le régime. »  (F.D.- El Watan)
- Plusieurs militantes pour les droits des femmes ont été agressées, insultées et harcelées hier, vendredi 29 mars 2019 à Alger durant la manifestation hebdomadaire pour le changement de régime. (HuffpostMaghreb)
« …In proposing Mr. Bouteflika’s removal, General Gaïd Salah, who had been the president’s staunchest ally, went beyond what many had expected. But by invoking Article 102, of the Algerian constitution, a section that calls for the removal of the president if he is found unfit, the general left the rest of the ruling “System” in place — unacceptable in the eyes of many Algerians… » : traduction de Google : En proposant le renvoi de M. Bouteflika, le général Gaïd Salah, qui était le plus fidèle allié du président, a dépassé les attentes de beaucoup. Mais en invoquant l'article 102 de la constitution algérienne, une section qui demande la destitution du président s'il est déclaré inapte, le général a laissé en place le "système" au pouvoir - ce qui est inacceptable aux yeux de nombreux Algériens.) (Adam N. New York Times)

- Sur le boulevard Didouche Mourad, une journaliste me tend le micro (je ne sais quelle chaîne) : mes impressions, pourquoi suis venu…
- Le soir, je poste sur FB, cet article. Il concerne la journée du vendredi 29 (il a été posté le 30).
« Café au lait, croissant et pain au chocolat. C’est une belle journée qui s’ouvre en perspective. « Nouveau jour de mobilisation en Algérie » disait-on en titre il y a quelques minutes sur France Inter : « l’Algérie de nouveau dans la rue aujourd’hui. 6° vendredi de mobilisation contre un président et un Système de moins en moins soutenu, mais toujours en place ». Un doux euphémisme. Les klaxons nous invitent à sortir. Je prépare ma banderole « Révolution de velours » que j’enroule autour des baguettes en plastique que j’ai achetées hier au marché Clauzel. Me voilà sur la rue Asselah Hocine, devant le mythique Aletti, entièrement voilé, en cours de rénovation. Dans le ciel, un hélicoptère blanc tournoie. Le gilet est supportable. Par petits groupes, des jeunes passent, enveloppés dans le drapeau national. Il n’est pas encore dix heures. Près de l’Institut français, des policiers manifestement affolés ou en manque d’ordre courent devant eux, derrière. Sur le boulevard Ben Boulaid, à hauteur de l’hôtel Régina, un groupe dans lequel se trouvent nombre de handicapés moteurs scande « silmiya, silmiya », pacifique… Devant la Grande Poste il y a environ trois mille manifestants. On entend « Biyaîne el cocaïne kheyanine, kheyanine » vendeurs de cocaïne, voleurs… De l’autre côté, en allant vers Audin, sur l’avenue El Khettabi, à hauteur de la rue Ferhat Tayeb, un journaliste de la chaîne TV, Ennahar, est littéralement pourchassé, même bousculé. C’est choquant. Je n’approuve absolument pas, mais ne peux m’adresser aux jeunes qui sont hors d’eux, très en colère. Il est vrai que c’est une chaîne honnie, qualifiée d’« islamiste ». Le pauvre journaliste est effrayé, ses yeux immenses regardent dans le vide, hagards. Je ne suis pas fier de cette scène digne d’un lynchage. Imbéciles, eux-mêmes remontés par d’autres médias ou groupes anti-islamistes intolérants et pourtant « démocrates ».
12h15, angle de Hamani et Didouche, devant le fleuriste, une jeune femme devant la banderole, passe derrière, me tend un micro, « d’où venez-vous, qui êtes-vous, quelle appréciation portez-vous… » Je ne me souviens plus du nom de sa chaîne. Ma banderole se taille un succès raisonnable. Un gars d’âge mûr lit la banderole puis lève le poing et dit assez fortement le sourire grand « Prague ! » Je souris et lui rends un pouce au sien. Midi passé. La foule a maintenant tellement enflé. Combien sommes-nous, 30, 50 mille ?
J’ai beau me dire il me faut être de tous les instants, de toutes les vigilances, je ne tiens pas. Il me faut m’asseoir, m’accroupir à défaut. Je m’abaisse et voilà que se tendent des mains. On me propose de m’aider. On m’offre une bouteille d’eau. Ai-je l’air en si mauvais état que cela ? « je n’ai rien, merci, j’ai juste mal au dos, merci, Yaâtik Saha ». Satanée cinquième vertèbre. Elle fait des siennes dès lors que je suis en position debout, immobile pendant un certain temps. M’enfin.
14heures. Je suis sur l’escalier de la Grande Poste. Un brusque mouvement important de foule. Impressionnant, on laisse passer, d’aucuns haussent le ton « khalli, khalli ». Sur la pointe des pieds j’aperçois Arzeki Aït-Larbi, heureux de son coup comme un diable rusé. À ses côtés l’idole de la Révolution et des Algériens, Djamila Bouhired, autour d’eux des drapeaux tunisiens.
Les artères, boulevards, avenues, rues et ruelles déversent des foules compactent et impressionnantes. Il en sort absolument de partout. Où que l’on plonge le regard on est saisi. Jamais vu cela, pas même aux premiers jours de l’Indépendance, et je m’en souviens mêmes si je n’avais pas plus de la dizaine : Audin, Didouche, Khemisti, Ben M’Hidi, Asselah, Ben Boulaïd, Cherif Saadane, Saliha Ouatiki, Hassiba Ben Bouali… mains dans la main. Ils sont tous là. Les femmes et hommes d’honneur et de dignité percutent le présent. Je les entends « Restez debout ! » Suis fatigué, le soleil cogne dru. Me rassois de nouveau. Sur le boulevard Khémisti, côté est, je me range un temps au milieu des mères et parents de « Disparus » Bonjour Ferhat, Nassera…
Break (je ne vous raconte pas la perte d’une clé, le serrurier clandestin…)
La journée s’écoule et l’atmosphère est toujours époustouflante. Près du marché aux fleurs, on se croirait à la sortie d’un match international de foot qui a vu la victoire des Algériens. Folie est peu dire. Les pizzas, fast-foods, cafés, pâtisseries… ne désemplissent pas. Les vendeurs d’écharpes, de drapeaux, de toutes dimensions sont heureux, doublement heureux, « ayya vingt mille, vingt mille ! »
Un jeune artiste propose des feutres « faites ce que bon vous semble sur le tableau ».
Je remonte vers l’ouest. 17h20 : derrière la Fédération des cheminots, il y a de l’agitation. Des gamins déferlent le grand escalier. « Va par là-basâmmo, ici il y a des lacrymogènes. Nous sommes pas loin de la rue du lieutenant Boulhert Salah et le boulevard Mohamed V. Petites échauffourées. On imbibe des mouchoirs en papier de gouttes de vinaigres. Je me retrouve de nouveau à hauteur de El Khettabi-Audin. Je discute avec trois jeunes. Leur dis avoir constaté l’absence de toute revendication d’ordre religieux (à part le « inna li Allah iwa Inna ilayhi rajiôun »– nous appartenons à Dieu et à Lui nous retournons, adressé malicieusement au Président grabataire). Les jeunes me répondent (ils ont la vingtaine) que le peuple a souffert après octobre 88 et la guerre qui a suivi et surtout la récupération politique du mouvement de protestation des Algériens alors ne doit pas se reproduire et ils ne pensent pas qu’il se reproduira. Ils ajoutent : aujourd’hui nous savons qui sont les voleurs du pays et nous leur demandons de partir. C’est tout. « On veut être bien, c’est tout ».
De toute la journée, je n’ai pas croisé plus de deux, va pour trois, barbus (islamistes à la posture ostentatoire). Mail il est vrai qu’ils ont cette capacité extraordinaire caméléonienne de se fondre en Ombres.
18h30, les hélicos tournent toujours dans le ciel serein.
NB : J’ai été au plus pressé. J’aurais pu écrire trois fois plus, mais… (je ne me relis même pas).
Photos, ici : https://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2019/03/641-revolution-de-velours-en-algerie.html »

Samedi 30 mars 2019


Dans un communiqué de ce samedi 30 03 le Chef d’Etat-Major de l’armée nationale populaire, Ahmed Gaid Salah a estimé (à la suite d’une réunion au siège de l’Etat-Major de l’ANP, ayant regroupé les Comandants de Forces, le Commandant de la 1ère Région Militaire et le Secrétaire Général du Ministère de la Défense Nationale) que « la solution de crise ne peut être envisagée qu’à travers l’activation des articles 7, 8 et 102 ». Dans le même document le chef de l’Etat-major de l’ANP Ahmed Gaid Salah a accusé des parties qu’il n’a pas citées de vouloir ternir l’image de l’armée à travers les médias ainsi que les réseaux sociaux. Des parties qui se sont réunies ce samedi 30 pour mettre en place leur plan visant, selon lui, à salir la réputation de l’institution militaire. (www.aps.dz/algerie/87491)
(Il vise Tartag, Toufik, ex patron du DRS et Saïd Bouteflika qui se seraient rencontré à Zeralda)
(AH : rencontre chez Toufik avec Tartag, Saïd, Toufik, et 4 partis : TAJ_FLN_RND_ -et HMS ?)

 L’ex-président de la République, Liamine Zeroual, a confirmé dans une lettre envoyée à plusieurs médias, dont El Khabar, avoir “rencontré le général Mohamed Mediene, dit Toufik, qui lui a “proposé de présider une instance de transition, en accord avec Saïd Bouteflika, conseiller à la Présidence”. Dans cette lettre, le général à la retraite, “par souci de transparence et de respect de la vérité”, a révélé avoir ”accueilli le 30 mars, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene, à sa demande, qui m’a proposé de présider une instance de transition. Il m’a affirmé que cette proposition a été faite avec l’accord de Saïd Bouteflika, conseiller à la Présidence”.
“J’ai exprimé à mon interlocuteur toute ma confiance en ces millions de manifestants et insisté sur la nécessité de ne pas entraver le mouvement populaire qui ont repris le contrôle de leur destin en main”. (Rédaction du HuffPost Algérie)

Le président-directeur du groupe médiatique ‘Echourouk', Ali Fodil, a été libéré, en milieu d'après-midi, de ce jeudi, a annoncé ‘Echourouk News». Plus tôt dans la même journée, ‘Echourouk TV', avait rapporté qu'il avait été arrêté devant son domicile. Une arrestation qui intervient quelques heures après que ce dernier ait fait des «révélations sur l'ampleur de la corruption qui touche les plus hautes sphères de l'Etat». La chaîne a, par ailleurs, souligné que la boîte de messagerie électronique du patron du groupe a été piratée. Selon ‘Echorouk News', c'est le procureur de la République d'Alger qui a ordonné la remise en liberté de Ali Fodil. Le procureur explique qu'«un des services relevant de la police judiciaire confirme l'avoir arrêté pour des motifs d'enquête préliminaire qui a été déclenchée, sans avis préalable du Parquet compétent tel que l'exige le Code de procédure pénale». Le communiqué ajoute «l'ouverture d'une enquête sur ces faits». Après sa libération, Ali Fodil a tenu à remercier «l'institution militaire pour cette intervention» , déclarant à la presse «que quand l'armée intervient pour protéger la loi, c'est un bon indice que l'institution militaire est une institution constitutionnelle». (M.W. Le Quotidien d’Oran)

- Rencontre entre Zeroual et Toufik, Mohamed Mediène, qui lui a demandé avec l’accord de Saïd B. de présider une instance de transition. Zeroual a refusé.
- « Les Algériens ont vécu la nuit la plus longue du 30 au 31 mars, avec des angoisses et des inquiétudes pour un lendemain incertain. L’apparition du vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’Anp, Ahmed Gaïd Salah, sur la chaîne de la télévision publique, à une heure de forte audience (AH : le 30 mars), entouré par les chefs des forces armées, faisant une déclaration de guerre à «certaines parties malintentionnées» qui, selon lui, «s’affairent à préparer un plan visant à porter atteinte à la crédibilité de l’ANP et à contourner les revendications légitimes du peuple». » (S.T.- El Watan)
- Liberté en Une : « Le peuple dit non à la proposition de Gaïd Salah. Ni Bouteflika ni le système »
- El Watan en Une : 6° vendredi de mobilisation. Le message fort à l’armée. »

À propos d’El Watan. Je me suis rendu à la Maison de la Presse, métro Aïssat Idir. J’y rencontre un gars de « la page culturelle » de ce journal. « Oui c’est moi (S. K.) qui… » Nous échangeons, lui remets mon dernier roman « Le choc des ombres » (une histoire de négation d’une certaine altérité), me dit qu’il m’enverra un mail pour avoir plus d’infos…

Dimanche 31 mars

 
El Watan , en Une…

- On fait un pause ?
- Bien dit, on reprend dans dix minutes, ça te va ?
-Oui


Dimanche 31 mars


El Watan, en Une : Le peuple rejette toutes les initiatives du Pouvoir. Que la transition commence !
Liberté, en Une : Il révèle une résistance du clan Bouteflika. Gaïd Salah passe à l’offensive.
El Moudjahid, en Une : Les intérêts de l’Algérie au-dessus de tout.


- La formation du nouveau gouvernement annoncé dimanche dernier (31.03), a provoqué les réactions les plus virulentes des partis dits de l'opposition qui ont dénoncé une énième tentative du régime à se maintenir au pouvoir. Pour le Parti des travailleurs (PT), ce gouvernement est une «nouvelle tentative de sauvetage du système». (M.W. Le Quotidien d’Oran)
Sixième dimanche de mobilisation des Algériens de France pour le départ du régime algérien en entier. La place de la République à Paris a été noire de monde.
Bouteflika nomme un nouveau gouvernement conduit par Bedoui. L’ex-chef du patronat Ali Haddad est arrêté à un poste-frontière avec la Tunisie.
- En marge d'une manifestation contre le pouvoir algérien à Paris, une personne transgenre a été agressée par des individus qui l'ont insultée et frappée dimanche 31. Une enquête a été ouverte. Les images de l'agression sont violentes. Une femme transgenre a été violemment prise à partie et frappée par des individus à Paris, vraisemblablement en raison de son identité de genre, en marge de la manifestation d'opposition au régime en place en Algérie. Les faits se sont déroulés au niveau d'une des bouches de métro de la place de République vers 20h30.  (francesoir.fr/societe-faits-divers) 
- Plusieurs militantes pour les droits des femmes ont été agressées, insultées et harcelées hier, vendredi 29 mars 2019 à Alger durant la manifestation hebdomadaire pour le changement de régime. Une des agressions a eu lieu vers 12H30 devant la Librairie de l’Office des publications universitaires (OPU), selon un témoin oculaire. Plusieurs femmes, jeunes filles, brandissaient des pancartes jaunes et scandaient des slogans pour les droits des femmes en Algérie. Un homme, qui a déclaré être un habitant du quartier, a d’abord commencé à les provoquer et à exciter de jeunes manifestants arrivés devant l’entrée de la Faculté centrale. Face à l’impassibilité des militantes, il leur a arraché, avec d’autres jeunes, leurs pancartes et leurs banderoles. Selon une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, une autre femme a été agressée, cette fois-ci en face de la Faculté centrale, devant le Centre culturel de la rue Didouche. Un homme lui a arraché une pancarte ou une affiche de ses mains avant de s’éloigner et de la déchirer, malgré la présence de plusieurs éléments de la police, témoins de la scène sans pour autant intervenir. Ce qui n’a pas manqué de susciter l’indignation et d’aggraver la colère de la jeune femme. (Rédaction du HuffPost Algérie )
Lundi 1° avril   

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, démissionnera “avant le 28 avril prochain”, date de la fin de son mandat électif, mais il devrait prendre d'”importantes mesures pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l’Etat durant la période de transition”, indique lundi un communiqué de la présidence de la République. “La nomination du nouveau gouvernement en date du 31 mars 2019 par son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, sera suivie par d’importantes décisions qu’il prendra, conformément aux dispositions constitutionnelles, à l’effet de permettre d’assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l’Etat durant la période de transition qui s’ouvrira à la date à laquelle il décidera sa démission”, précise la même source. “Ladite démission du président de la République interviendra avant le 28 avril 2019, date de la fin de son mandat électif’’, ajoute le communiqué.
Parti du FFS : «A quel titre Gaïd Salah s’exprime-t-il ? Il ne faut pas que le scénario de 1992 se reproduise», lance-t-il. Selon lui, cet entêtement à passer par cet article de la Constitution cache une arrière-pensée. «Il dissimule maladroitement le souci des divers segments du système de se donner du temps pour se consolider et se renforcer», affirme-t-il. Pour le FFS, «il n’est plus question de négocier avec les tenants du pouvoir qui ont failli et trahi à plusieurs reprises». «Le peuple a repris sa dignité et ne se laissera pas faire cette fois-ci. Le peuple a fait preuve de beaucoup de sagesse. » (M.M.- El Watan)
- Communiqué du Parquet général près la Cour d’Alger “Conformément à l’article 11 alinéa 3 du code de procédure pénale, le Parquet général près la Cour d’Alger porte à la connaissance de l’opinion publique que des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l’étranger”(G.O.- Le Quotidien d’Oran)
L’Union nationale des Ordres des avocats (UNOA) appelle à redoubler de vigilance en cette période de crise afin d’éviter toute dilapidation de l’argent public. L’UNOA salue les manifestations pacifiques des Algériens et appuie les revendications de ce mouvement populaire qui demande le départ du système. Elle propose pour sortir de l’impasse politique actuelle de suspendre la Constitution et déclarer, à travers le Conseil constitutionnel, la mise en place d’une transition, qui sera conduite par un présidium. Ensuite, l’UNOA propose la constitution d’un gouvernement de consensus national qui va gérer les affaires courantes. Il suggère, après l’installation d’une commission indépendante, l’organisation d’une élection présidentielle qui permettra ainsi le retour au processus constitutionnel. (M. A-O. El Watan)
 
Mardi 2 avril 
 
- Alger: Les étudiants manifestent pour le 6e mardi consécutif "Le peuple veut choisir son gouvernement de transition et former son assemblée constituante". (Rédaction du HuffPost Algérie )

- Ce dimanche, une dépêche APS tombée à 19h46 annonce : «Le président de la République nomme les membres du gouvernement conduit par M. Bedoui.» Ce nouveau cabinet est constitué de 26 ministres. Ce qui saute aux yeux de prime abord est que le nom de Ramtane Lamamra – pour qui, pourtant, un poste de vice-Premier ministre a été créé par décret présidentiel – n’y figure pas. Les noms de Nouria Benghebrit et Mohamed Aïssa ont également sauté. En revanche, AGS – l’imposant chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah – est reconduit au poste de vice-ministre de la Défense, ce qui a fait sourire pas mal de monde. De fait, voilà donc que l’homme par qui le mécanisme de l’article 102 a été actionné est confirmé dans ses fonctions le plus normalement du monde. (M.B.- El Watan)
-Ali Haddad interpellé dans la soirée, puis présenté au juge du tribunal de Bir Mourad Rais. L’homme d’affaires Ali Haddad, patron de l’ETRHB et ancien précédent ( ?) du Forum des chefs d’entreprises FCE, a été incarcéré à la Prison d’El Harrach. (A.K.- www.maghrebemergent.info)

- Tout en confirmant l'interdiction «conservatoire» de sortie du territoire national de certaines personnes, la justice a décidé de «mener des enquêtes préliminaires pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l'étranger». (G.O.- Le Quotidien)

- Les étudiants ont occupé (mardi) la place Audin, les abords de la fac centrale et la Grande-Poste, puis ils ont, comme à l’accoutumée, fait une boucle en remontant vers l’avenue Pasteur, via le boulevard Khemisti, puis ils ont continué en direction de la place Audin à travers le Tunnel des facultés, avant de poursuivre leur marche jusqu’à la Grande-Poste. Dans les chants et les slogans entonnés, leur verdict était sans appel : «Echaâb yourid yetnahaw ga3» (Le peuple veut qu’ils partent tous !), «Echaâb la yourid Bouteflika we Saïd» (Le peuple ne veut pas de Bouteflika ni de Saïd), «Klitou lebled, ya seraquine» (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs), «Allah Allah ya baba, djina ennehou el issaba» (Nous sommes venus chasser le gang)… (M.B.- El Watan)
- Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République, a appris l’APS, mardi auprès de la présidence de la République. Cette annonce intervient, quelques minutes, après la diffusion d’un communiqué très virulent du ministère de la Défense nationale, dans lequel le chef d’état major, Gaid Salah, appelle à l’application ‘‘immédiate’’ de l’article 102. (Non signé- El Watan)
Les Algériens, sortent en masse «fêter» la nouvelle de la démission du président, le soir même.
- La retraite politique d’Abdelaziz Bouteflika aura finalement été plus rapide et chaotique que prévu. M. Bouteflika a rendu publique sa « démission » dans la soirée de mardi 2 avril en réponse à une sommation, quelques minutes plus tôt, du chef de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, lui enjoignant de mettre en œuvre « immédiatement » les dispositions de l’article 102 de la Constitution. Ce dernier prévoit l’« empêchement » pour raison de santé ou la démission volontaire. La brutale accélération des événements a trahi l’existence d’un violent conflit au sommet de l’Etat entre l’entourage de M. Bouteflika et l’armée. (A.A.- Le Monde)
- Le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense nationale ne reconnaît plus l’autorité de la présidence de la République. Dans un communiqué sanctionnant une réunion du haut commandement de l’armée, le chef d’état-major accuse des forces «non constitutionnelles» d’être derrière le communiqué de la Présidence annonçant des décisions importantes avant la démission du président Bouteflika. (M. A-O. El Watan)
Il avait été interpellé hier tard dans la soirée, puis présenté au juge du tribunal de Bir Mourad Rais, l’homme d’affaires Ali Haddad, patron de l’ETRHB et ancien précédent du Forum des chefs d’entreprises FCE, a été incarcéré à la Prison d’El Harrach. L’homme d’affaire est accusé de faits de corruption et d’exportation illicite de capitaux. Pour rappel il avait été arrêté dimanche dernier à la frontière avec la Tunisie et empêché de quitter le territoire. (A.K.- Maghrebémergent.info)
-Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel, sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République, a appris l’APS, mardi auprès de la présidence de la République. Cette annonce intervient, quelques minutes, après la diffusion d’un communiqué très virulent du ministère de la Défense nationale, dans lequel le chef d’état major, Gaid Salah, appelle à l’application “immédiate” de l’article 102. (Non signé. El Watan)
-La lettre adressée par le président Abdelaziz Bouteflika au président du conseil constitutionnel, a été publiée par l’APS

-Monsieur le Général de Corps d'Armée Ahmed Gaïd Salah, Vice-Ministre de la Défense Nationale, Chef d'Etat-Major de l'Armée Nationale Populaire a présidé, l'après-midi d'aujourd'hui, 02 avril 2019, une réunion au siège de l’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire, avec les Commandants de Forces, les Commandants des Régions Militaires, le Secrétaire Général du Ministère de la Défense Nationale et les Chefs des deux Départements de l’Etat-Major de l’Armée Nationale Populaire. (mdn.dz/site_principal)

Mercredi 3 avril  
-Un homme a menacé, dans une vidéo qu’il a postée sur Facebook, d’asperger les femmes qui porteront des slogans féministes lors des manifestations qui vont se dérouler ce vendredi en Algérie. “Les filles de “Houriyati” (ma liberté, allusion aux féministes), si vous venez vendredi, coller des affiches, hurler sur les gens, et dire que vous cherchez la liberté de la femme, l’acide va vous manger !”, a-t-il menacé, sans mâcher ses mots. “Je jure sur la tête de mes enfants qu’il y a déjà des gens qui m’ont dit qu’ils préparent quelque chose pour ce vendredi”, a-t-il poursuivi, expliquant que ces individus “seront sans pitié” et agiront “en cachette”. “Ils n’agiront pas au milieu de la foule, mais attendront que la femme soit isolée”, a-t-il dit. Des menaces gravissimes et dangereuses qu’il a conclues en disant aux femmes : “Tu cherches ta liberté ? Reste chez toi ! “. Ces menaces surviennent cinq jours après que des militantes féministes ont été agressées à Alger-centre, alors qu’elles collaient des affiches portant des slogans et explications liées à la cause féministe. L’agression des féministes devants des manifestants qui assistaient, passifs, à la scène a fait polémique. (lire chronologie- TSA)
- Mais il est malade !
- Exactement, un vrai tordu !
-Le résident algérien du Royaume Unis qui menaçait, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, les femmes qui se rendraient à la manifestation de vendredi est arrêté par la police anglaise (le lendemain, 4). Il s’appellerait  T. H., un Algérien originaire d’El Harrach dans la banlieue d’Alger. Cette arrestation est intervenue après un signalement massif aux autorités anglaises et une plainte déposée par des Algériens établis en Angleterre. (kab-news.com – article un peu poussif)

-Abdelaziz Bouteflika n’est plus président ! C’est désormais officiel. Le Conseil constitutionnel a constaté, hier, la vacance définitive de la présidence de République et communiqué sa déclaration au Parlement. «La vacance définitive de la présidence de la République est constatée conformément à l’article 102 alinéa 04 de la Constitution. L’acte de déclaration de la vacance définitive de la présidence de la République sera communiqué, en ce jour, 27 Rajab 1440, correspondant au 3 avril 2019, au Parlement conformément à l’article 102 alinéa 05 de la Constitution», explique l’institution que préside Tayeb Belaïz dans un communiqué rendu public, à l’issue de sa réunion. (M.M.- El watan)
-Ali Haddad a été interpellé hier mardi dans la soirée, puis présenté ce jour au juge du tribunal de Bir Mourad Rais, l’homme d’affaires Ali Haddad, patron de l’ETRHB et ancien précédent du Forum des chefs d’entreprises FCE, a été incarcéré à la Prison d’El Harrach. (A.K.- maghrebemergent.info)

-Des décisions « importantes » relatives à la publicité publique pour les médias, l’agrément des partis politiques et associations, ainsi que le traitement des dossiers relatifs aux syndicats, ont été prises par le nouveau gouvernement lors d’une réunion  présidée par le premier ministre, Noureddine Bedoui, ce mercredi 3 avril 2019. (L.O.- maghrebemergent.info)

    -Abdelaziz Bouteflika, a adressé une autre lettre aux Algériens ce mercredi 03 avril 2019, pour leur demander “pardon” et “s’excuser de tout manquement commis à leur encontre”…  Le président de la République sortant, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message au peuple algérien, lui rappelant ce qui a été réalisé durant ses mandats à la tête de l’Etat et lui demandant “pardon pour tout manquement à son égard”… « En quittant mes fonctions, je ne puis achever mon parcours présidentiel sans vous adresser un ultime message afin de ne pas quitter la scène politique nationale sur une séparation qui me priverait de demander pardon à ceux, parmi les enfants de ma patrie, envers lesquels j’aurais, sans le vouloir, manqué à mon devoir en dépit de mon profond attachement à être au service de tous les Algériens et Algériennes, sans distinction ni exclusive… » (Rédaction du HuffPost Algérie )

Jeudi 4 avril  
 
- Réunion des bureaux des deux chambres du Parlement.
- Jeudi soir, Ahmed Gaïd Salah, le chef d’Etat-Major de l’Armée, a précipité les événements en décidant de procéder à la dissolution de la coordination nationale des services secrets algériens.  Le général-major Bachir Tartag rentre officiellement chez lui et n’occupe plus aucune fonction. Les autres directions de la D.S.S, le nouveau DRS, ont été entièrement rattachées au ministère de la Défense Nationale (algeriepart.com)
- Lahouari Addi répond à la lettre de Bouteflika : « … Vous avez trahi le peuple, vous avez insulté la mémoire des martyrs, et vous avez voulu tromper même Dieu en essayant de lui soutirer des hassanates en construisant une grande mosquée avec l’argent public. La yajouz ya Bouteflika. La mosquée aurait dû être construite avec votre argent personnel et l’argent des entrepreneurs que vous avez enrichis. Chez nous on dit « man lahaytou bakharlou ». Avec l’argent du peuple, vous vouliez acheter des hassanates ! Ces milliards de dollars qu’a pris la Chine  auraient dû servir à améliorer le système de santé ou à construire des centres de formation technologique pour dissuader nos jeunes de traverser la Méditerranée au prix de leurs vies… (tsa-algerie.com)
- Propositions de Ahmed Rouadjia dans deux quotidiens, « en vue d’une transition pacifique ». « … Que faire dans ces conditions faites de volontarisme et d’incertitudes mêlés, pour opérer pacifiquement la transition souhaitée par tous quand le Hirak se trouve cruellement démuni de réels représentants faisant l’unanimité ? Pour effectuer cette transition, cela suppose que l’on soit deux camps, ou deux interlocuteurs réunis autour d’une table en vue de négocier les termes de «la passation du pouvoir». Or, le Hirak n’a pas encore «enfanté» des figures susceptibles de le représenter et de conduire les «négociations» avec le pouvoir central en vue, selon ses propres vœux, de substituer à la classe dirigeante actuelle une élite nouvelle qui serait composée de jeunes gens, sans taches, aux antécédents éthiques irréprochables…. » (lesoirdalgerie.com et Le Quotidien d’Oran)

-Ces derniers jours, des chaînes de télévision satellitaires de droit étranger diffusent des informations, parfois démenties, qui mettent en émoi l’opinion publique. A quoi jouent ces chaînes ? Ces chaînes de télévision privées, comme tout le monde le sait, sont liées à des réseaux et des groupes d’intérêts dirigés par des oligarques et organisés autour de sources de financement opaques. (I.N.- El Watan)


Vendredi 5 avril

-Pour Mahrez Bouich, enseignant-chercheur en philosophie politique à l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa, les slogans portés par les peuple depuis la marche du 22 février sont clairs : départ du système et rupture radicale avec ce dernier. Dès lors, selon lui, le chemin constitutionnel ne peut être qu’une provocation de plus. «Le choix d’appliquer l’article 120 (de la Constitution) et désigner Bensalah comme chef d’Etat n’est qu’une façon de mener une contre-révolution», explique-t-il. (S.O.- El Watan) 
(AH : lapsus de la journaliste ou de enseignant-chercheur ! L’article 120 est un article des statuts du FLN, au temps du parti unique, interdisait toute activité si on n’était pas membre de ce parti unique, le FLN- L’article 120 de la Constitution en question n’aucun lien avec les propos du chercheur… Il s’agit certainement de l’article…102)

- Même lapsus chez Abdelaziz Djerad (politologue), sur Canal Algérie « Question d’actu », le lundi 8 avril, vers 21h25. Très intéressants échanges. Il y avait également le Professeur Abderrezak Dourari, linguiste et anthropologue, le professeur Walid Lagoune Constitutionnaliste.


- Aujourd’hui, les Algériens se préparent pour le 7e vendredi de manifestations et de marches pacifiques. Mais c’est surtout le premier vendredi, depuis 20 ans, sans Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays.
- Les Maliens s’inspirent des Algériens et demandent à la France de « dégager ». Des dizaines de milliers de Maliens ont manifesté, vendredi (5.04), dans la capitale et à travers plusieurs villes du pays à l’appel de chefs religieux musulmans, d’associations peules, de l’opposition et de la société civile pour dénoncer les violences dans le centre du Mali, avant d’être dispersés par la police. Le fait saillant dans cette révolte populaire est que les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la présence étrangère, notamment française, et brandi des pancartes demandant clairement à la France et au chef d’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), de «dégager», s’inspirant ainsi des manifestants algériens dont les images suscitent, chaque semaine, l’admiration du monde entier. (algeriepatriotique.com)

- Un cercle occulte annonce le limogeage de Bachir Tartag, coordinateur national des services secrets algériens et patron de la Direction des Services de Sécurité (D.S.S). Or, Tartag dépend directement de la Présidence de la République. (AlgeriePart)

- Le général-major à la retraite Bachir Tartag, coordinateur des services de sécurité, aurait été relevé de ses fonctions aujourd’hui selon de nombreuses sources et informations relayées par les médias. (maghrebémergent.com)

Samedi 6 avril

- Mokrane Aït-Larbi bousculé : « Alors que je marchais de la place Audin vers la Grande poste, comme tous les vendredis depuis le début de la Révolution populaire, j’ai été chahuté par un groupe d’une dizaine de jeunes, menés par un adulte. Immédiatement, des manifestants m’ont entouré et leur ont tenu tête. Pour éviter un affrontement violent, j’ai préféré quitter temporairement la marche », relate le célèbre avocat, ancien directeur de campagne du candidat Ali Ghediri. (Sw. - algerie7.com)
- La justice marocaine a confirmé vendredi 5.04 à Casablanca les peines de prison allant jusqu'à 20 ans pour les meneurs du Hirak, mouvement de protestation qui a agité en 2016-2017 la région marocaine du Rif (nord).  Les proches des 42 prévenus ont accueilli par des cris de colère et des larmes le jugement de la Cour d’appel de Casablanca, prononcé après cinq heures de délibéré, au terme d’un procès ouvert en novembre. « Vive le peuple », « État corrompu », « vive le Rif », a crié la foule à la sortie de la salle d’audience. (Jeuneafrique.com)

Dimanche 7 avril

- Annie Mécili. Veuve de Ali Mécili : «Ce mouvement inédit nous redonne espoir»- Comme beaucoup d’entre nous, je craignais une résignation du peuple algérien, profondément meurtri dans sa chair et dans son âme par un régime autoritaire et prédateur. Et voilà qu’aujourd’hui surgit un mouvement magnifique et responsable, pratiquant l’humour et l’autodérision, mêlant l’arabe et le berbère, uni dans une même ferveur. C’est une leçon qui force l’admiration. Ce mouvement inédit nous redonne espoir.

Q : La commémoration de la mémoire de Ali Mécili prend ainsi tout son sens. Qu’aurait-il pensé du mouvement ?
Des millions d’Algériens, aujourd’hui, s’inscrivent dans le combat qui fut le sien et celui de Hocine Aït Ahmed. Je pense qu’il aurait été très fier de ce mouvement populaire d’ampleur nationale qu’il a toujours appelé de ses vœux. «La ligne est celle de la création d’un large mouvement d’opinion pacifique, nécessaire pour imposer la démocratisation des mœurs et des institutions en Algérie. Nos idées avancent à pas de géant», écrivait-il au début des années 1970.
Q : Cette fois-ci, il n’y aura pas de cérémonie de recueillement au cimetière Père Lachaise. Pourquoi ?
En ce jour anniversaire, nous tenons, avec mes enfants, à témoigner de notre entière solidarité avec ce jeune mouvement. Nous voulons rendre hommage, par notre seule présence place de la République, à Ali et à Aït Ahmed ainsi qu’aux millions d’Algériens qui, en manifestant aujourd’hui, forcent le respect. (S.G. El Watan)

- Lors de la manifestation à Marseille, au niveau du vieux port, je tance, gentiment, des jeunes qui scandaient « hna Algériens mechi gilets jaunes » nous sommes des Algériens, pas des gilets jaunes. Les deux combats sont nobles.
- Peu avant, un manifestant lit ma banderole « Révolution de velours- Silmiya », puis dit : « pourquoi révolution des voleurs ? »… J’ai cru un instant qu’il ne plaisantait pas.
-Le plus vieux parti de l’opposition a dénoncé… la convocation pour le mardi 09 avril 2019, des deux chambres du parlement qu’il juge “illégitime et impopulaire”, par un pouvoir “qui n’entend pas la voix du Peuple”. (APS in El Watan)
- Débats très intéressants sur l’ENTV-3, El Jazaïria, Berbère TV, El Magharibiya. Même si les échanges étaient en arabe plutôt classique ou parfois en berbère que je ne maîtrise pas.


Lundi 8 avril
 
« Si l’on veut satisfaire les revendications du mouvement populaire qui exige le dégagement du système, cela ne saurait se faire par les dispositions de la Constitution. Beaucoup l’ont signifié et Djamel Zenati l’a réaffirmé hier (mar 08.04) lors d’une conférence-débat organisée à l’université de Béjaïa, à l’invitation des étudiants. «Il n’y a aucune solution dans la Constitution, si on veut se débarrasser du système», a-t-il soutenu, considérant que l’article 102 opère un «recul» par rapport à la feuille de route de Bouteflika, avec ses propositions, dont celle d’une conférence nationale inclusive. » (K.M.- El Watan)
- Point de vue : L’armée avec ou face au peuple ? Le congrès du Parlement est convoqué. On peut supposer que c’est pour désigner le chef de l’Etat intérimaire qui va conduire l’agenda électoral avec la bénédiction de l’armée. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Cette démarche évacue les supputations qu’entretenaient certaines voix naïves, intéressées ou simplement ignorantes des pratiques du sérail, pour maintenir l’illusion que l’armée est en phase avec le mouvement du 22 février qui appelle, semaine après semaine, à la fin du système militaire qui a confisqué le pays symbolique et physique depuis 1962. (S.S.- El Watan)


- La souveraineté appartient au peuple. Le pouvoir constituant appartient au peuple. Deux principes constitutionnels connus de tous. Par conséquent, la Constitution ne saurait être opposée au peuple. S'il y a une contradiction apparente entre des dispositions constitutionnelles et la volonté du peuple, c'est cette dernière qui doit prévaloir. Ainsi, certains agitent les dispositions de l'article 102 comme si elles avaient une valeur en elles-mêmes. Or tout le monde sait que la Constitution actuelle n'est pas légitime et ne reflète en rien la volonté du peuple et même si c'était le contraire, le peuple a parfaitement le droit de changer d'avis. 
Le peuple a massivement rejeté les personnes censées conduire la transition et ne veut pas qu'on lui vole sa révolution. Si vous en doutez, laissez le s'exprimer dans un cadre formel et sans appel : acceptez qu'il s'exprime par référendum. C'est aussi dans la Constitution (article 8) (Abdesselem A-R sur FB)

- « RND : Ahmed Ouyahya contre-attaque et écarte Seddik Chiheb de son poste de patron de la Fédération d'Alger... Après avoir lui-même décidé d'écarter le SG du RND du bureau de la Wilaya d'Alger, Seddik Chiheb est lui-même vise par les 3 mesures suivantes prises par Ahmed Ouyahya, à l'issue d'une réunion du Bureau national du parti : -Fin de fonction comme porte-parole du parti, -Gel de son appartenance au Bureau national, l'instance dirigeante suprême du parti, -Fin de mission comme secrétaire du Bureau du parti pour la wilaya d'Alger... » (N.Kh, FB)
-Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, ne démissionnera pas de sitôt de la tête du parti. « J’y suis, j’y reste », semble dire Ouyahia, qui riposte de manière cinglante, au lendemain de l’appel de Seddik Chiheb à son départ immédiat et au gel de son affiliation au RND. Ahmed Ouyahia a réuni, hier 08.04, le bureau national de son parti et rend, à celui qui fut pendant longtemps son bras droit et porte-parole de sa formation politique, la monnaie de sa pièce en décidant de le sanctionner. Ainsi, Ouyahia a mis fin aux fonctions de Seddik Chiheb en sa qualité de porte-parole du parti et a gelé son adhésion au bureau national du RND. Mieux, la qualité de Chiheb de membre du secrétariat national a été également gelée… (N.A.- El Watan)
- « Le Hirak » où plutôt « La Révolution du 22 février », commence à faire son effet sur les projets, marqués par les mécanismes douteux d’attribution des marchés publics. Les gestionnaires des grands projets nationaux, à l’instar du grand port commercial centre d’El-Hamdania revoient leur copie d’exécution des marchés publics. En effet, après avoir publié l’appel d’offres national, relatif à la réalisation d’une voie express d’un linéaire de 40 kms, reliant le grand port commercial centre El-Hamdania (Cherchell) à l’autoroute Est/Ouest (Oued-Djer), plus d’une dizaine d’entreprises algériennes et d’autres étrangères de droit algérien se sont précipitées auprès des bureaux de l’Agence Nationale des Autoroutes, afin de déposer leurs dossiers de candidature, avec l’espoir de décrocher le marché de cet axe routier qui est inclus dans la réalisation du projet du port. (M’H. H.- El Watan)
-Le clan Bouteflika et les oligarques ont exacerbé la corruption -  Le montant global annuel moyen des importations algériennes étant d’environ 50 milliards de dollars, ce sont donc pas moins de 5 milliards de dollars qui vont chaque année dans les comptes bancaires de nos importateurs domiciliés à l’étranger. En 20 ans de règne de Bouteflika, ce sont par conséquent pas moins de 100 milliards de dollars de surfacturations qui ont copieusement rempli leurs comptes domiciliés en France, en Turquie, en Suisse, en Espagne et dans certains paradis fiscaux.(N.G.- El Watan)

- « L’effondrement du régime politique qui a sévi deux décennies durant dans notre pays a toujours fait craindre qu’il n’emporte avec lui l’Etat national lui-même. La menace n’est pas une simple hypothèse. Elle a pris la tournure d’un risque réel. La menace existentielle sur l’Etat national est venue, sans surprise, de là où elle était attendue, c’est-à-dire du régime politique lui-même qui a commencé par prendre appui sur des forces extraconstitutionnelles pour survivre et qui a fini par ne leur servir que de simple devanture… » (contribution de Ali Benflis- TSA)

- Beau plateau sur Echorouk News avec Mostepha Bouchachi, Nacer Djiabi et un troisième, enseignant universitaire. « La solution c’est que les trois B démissionnent»
- Dans « Question d’actu » sur Canal Algérie il y a Abdelaziz Djerad, Abderrezak Dourari, linguiste et anthropologue, le professeur Walid Lagoune Constitutionnaliste. Très intéressants échanges.
- Un autre débat sur Philo Talk, émission de Djazaïria One. 

- Les Algériens sont sortis partout, quel que soit le temps : neige, pluie, soleil ardent…


Mardi 9 avril

Vacance de la présidence: Le Parlement siège aujourd'hui en l'absence de l'opposition -

Si rien ne vient perturber le cours normal des choses, le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, sera désigné, à partir d'aujourd'hui, chef d'Etat intérimaire pour une durée de 90 jours. En effet, suite à la notification par le Conseil constitutionnel de la vacance définitive du poste de président de la République mercredi dernier, le Parlement siégeant en chambres réunies (Conseil de la nation et Assemblée populaire nationale) se réunit aujourd'hui au palais des Nations pour désigner le président de la République par intérim pour 90 jours, comme l'indique l'article 102 de la Constitution  (G.O.- Le Quotidien d’Oran)
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