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dimanche, octobre 04, 2009

168- 22° Festival du livre de Mouans-Sartoux Oct 2009


















Il est 11heures 15 en ce dimanche ensoleillé. Dans «30 minutes j'assisterai à une conférence que donnera Yves Cochet "La décroissance, notre destin?" dans la salle Strada2.

Je suis arrivé vendredi soir. (Toute la journée j’ai prescrit des formations linguistiques à Salon puis à Marignane). Le festival a commencé timidement jeudi avec la projection de trois films: L'armée du crime de Robert Guédiguian, Terre et cendres de Atiq Rahimi puis en soirée, en avant-première Samson et Delilah de Warwick Thornton (Caméra d'or Cannes 2009).


Vendredi fut une journée plus chargée avec la projection de films, des rencontres avec débats...

Hier samedi, dès 9h50 on m’a délivré une carte de presse. Je suis allé ensuite prendre un rafraîchissement à la terrasse ensoleillée du Café des cèdres (il se trouve à Mougins, mais à trois mètres de Mouans-Sartoux), d’ailleurs cinq gigantesques chapiteaux du festival débordent allègrement sur la ville voisine. Festival placé cette année sous l’intitulé « Ecouter voir la fureur du monde ».


A 10 h 15 en salle Léo Lagrange, le jeune chercheur Laurent Mucchielli (sociologue, Cnrs) entame devant une centaine de personnes sa thèse sur « La violence des jeunes en question ». Il fait un parallèle entre les années actuelles et celles des années 60 (les blousons noirs, les appaches). Grosso modo il n’y a pas de violence particulière dans les années actuelles surmédiatisées. Il questionne avec objectivité les faits historiques et les met en parallèle. Pas de grosses turbulences. Il remet en cause les présupposés (véhiculés par les médias lourds) « ils (les jeunes) n’ont plus de repères » « il y a même des filles dans les groupes… » Discours qui ressemblent à ceux des années soixante.

A 11h30, dans la même salle j’assiste à l’entretien de Laurent Bonelli (sociologue, maître de conf.) « Au nom du 11 septembre » ou comment on distille la sécurité outrancièrement au nom de la sécurité. Il y a en salle beaucoup plus de monde.

14 heures. Pavillon Littéraire : au stand de Politis on s’affaire. Un peu plus loin l’espace des éditions du Chèvrefeuille (il me semble). Derrière moi Maïssa Bey dédie un ouvrage agrémenté de belles photos du désert algérien « Sortilèges sahariens » (ed du Chèvrefeuille étoilé)…Echanges… Malika Mokedem prend soin à sa coiffure. Au café-débat on discute d’un ouvrage sur la ville de Nice « la plus belle du monde ». Auparavant un jeune slameur slamait sur sa banlieue…


A 16 heures je suis quelques temps la conférence assez rude et intéressante de l’historien israélien Shlomo Sand « Comment le peuple juif fut inventé ». Archicomble 150 à 200 personnes subjuguées. C’est qu’il est théâtral Shlomo Sand. Il parle au public, le fait réagir, le provoque, le pousse dans ses retranchements, et le public le lui rend bien. Chapeau Shlomo

Trente minutes plus tard je me retrouve dans la salle de cinéma Strada 2 (Le cinéma dispose de trois salles, Strada 1, 2 et 3. Une rencontre a lieu avec Paul Otchakovsky-Laurens (directeur des éditions P.O.L) et quatre des auteurs qu’il édite : Emmanuel Carrère, Nicolas Fargues, Brice Matthieussent, et Jean Rolin. Atiq Rahimi qui était aussi prévu est « vraiment malade » et par conséquent absent.



La discussion tourne un moment sur les Comités de lecture et les choix subjectifs que revendique le directeur P.O.L. Il dit que les choix qu’il fait sont les siens, tout à fait subjectivement. Ensuite une auditrice lui demande s’il a connu des « flop ». Il répond par l’affirmative et s’en désole, il les regrette. Au moment où j’allais lui poser une question on dit qu’on doit rendre la salle. P.O.L vient vers moi en me demandant qu’elle est la question. Je lui demande s’il n’y a pas un paradoxe entre le fait de dire que ses choix de manuscrits à publier sont tout à fait subjectifs et de dire par ailleurs qu’il regrette les « flop » de certains des ouvrages édités par lui. S’il ne veut pas faire face à des flops ne doit-il pas reconsidérer ses choix de manuscrits ? N’y a-t-il pas u n paradoxe ? Il répond « oui bien sûr il y a paradoxe mais c’est comme ça ». Sa réponse me semble légère. Ou du moins incomplète.

Je descends m’aérer en ville. Un bar PMU. Sur l’avenue principale. Bondé de joueurs. Les jeux sont en direct et quasi permanents. L’horreur. On joue et on rejoue (et on boit) dans une fébrilité permanente, les yeux rivés sur le grand écran de télévision.


18h30, Espace littéraire (Pavillon A). Je m’installe devant le podium. Nous sommes bientôt 50 à 80 personnes à suivre « l’inauguration » de ce 22° festival qui a commencé…. Jeudi. Il y a beaucoup d’invités sur l’estrade : le maire, ses adjoints, les organisateurs, des journaliste (Kahn), Giselle Halimi qui a trébuché puis a souri… « La fureur du monde dit-elle l’exigence de résistance ; ne vous résignez jamais… J’ai, pour résister, fait la grève de la faim à douze ans ! » On applaudit Halimi, la Commissaire du festival et maire-adjointe à la Culture) le maire et conseiller régional (André Aschieri), les organisateurs, ainsi que l’écrivaine Léonara Miano (Les aubes écarlates, ed Plon) et présidente de cette 22° édition… Mais surtout Youri Bandazhevski, un professeur de médecine qui a fait des recherches sur les conséquences de la catastrophe ukrainienne de Tchernobyl. Ses découvertes lui ont valu huit ans de prison. (son livre La philosophie de ma vie, journal de prison a été édité chez Gawsewitch). Youri B. a été fait citoyen d’honneur de la ville de Mouans-Sartoux.



Un des organisateurs (Franck…) regrette que les éditions Actes Sud n’aient pas daigné récompenser un des manuscrits que les organisateurs leur ont envoyés « on sera peut-être amenés à changer d’éditeur partenaire.

Une maquilleuse de France3 pouponne le présentateur, puis on annonce Samuel Benchetrit. Il défend son livre (Le cœur en dehors, Grasset) en 2 minutes max.

Le soir, à l’écart dans le parc du château de la ville, un magnifique « concert littéraire » est donné devant une centaine de personnes très attentives. L’orchestre régional de Cannes PACA sous la direction de Philippe Bender. Les 40 musiciens ont joué « La symphonie héroïque » de Beethoven, accompagnés par des lectures de textes.

Dimanche. En manipulant mon enregistreur j’ai perdu tous les enregistrements audio, dont celui de la soirée musicale. Il est 14 H. La conférence de Yves Cochet sur l’environnement « La décroissance, notre destin ? » fut magistrale et l’interrogation n’a pas lieu d’être. Les indices de développement humain ainsi que le PIB ne suffisent plus aujourd’hui pour mesurer le développement d’un pays (d’une nation).



Il est 14 heures donc et j’attends dans la salle Strada1 le débat « Etats de crise, états de guerre » avec 3 romanciers : Inaam Kachachi (Irakienne) Si je t’oublie Bagdad, Thu Huong Duong (Vietnamienne), Au Zénith, et Léonora Miano (Franco-Camerounaise), Les aubes écarlates. Et deux essais avec Denis Sieffert (Politis), La nouvelle guerre médiatique israélienne et Shlomo Sand qui n’était pas prévu avec Comment le peuple juif fut inventé. Atiq Rahimi est absent. Je croise Denis Sieffert que je remercie vivement, il me renvoie la balle. Je n’ai pas le temps de poser une question à Sieffert. Je voulais lui demander comment il expliquait la position de la quasi-totalité des médias français, position totalement inféodée à la position officielle israélienne.


Je n’ai hélas pas le temps. Une autre discussion va avoir lieu non loin (la Strada3) et elle est tout autant intéressante et qui plus est, touche à l’écriture algérienne : L’Algérie au féminin présent, avec Catherine Simon (Algérie, les années Pieds-rouges), Wahiba Khiari (Nos silences), Annelise Roux (La solitude de la fleur blanche), Malika Mokeddem (Je dois tout à ton oubli), Nadia Khouri-Dagher (L’Islam moderne) et Maïssa Bey (L’Une et l’autre). Un débat enrichissant (en présence de 150 à 200 personnes) mais qui a viré au politique, y compris par mon intervention.



Je ne pouvais laisser passer un discours (décidément récurent chez certains Algériens ou non) consistant à blâmer les islamistes tout en taisant la responsabilité historique des pouvoirs algériens dans leur préparation du nid de l’islamisme dès les années de dictature de Boumediène : Constitution faisant prévaloir la religion sur le politique maintenue, chasse aux démocrates, arrachage de vignes, Maintien de la revue intégriste El Kiyam… Sans oublier le soutien d’intellectuels français à cette politique comme le correspondant (fameux) du journal Le Monde, Paul Balta « qu’on surnommait Le Mondjahid » précise Catherine Simon. Pour Nadia Khouri-Dagher la modernité c’est le décolleté et les maillots de bains… Je cours vers la sortie.

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