En ces nuits et aubes de ramadhan finissant, et fort à propos, je me suis plongé dans Ritournelle de la faim de Jean-Marie Gustave Le Clézio. (Gallimard, 2008, 207 pages.), dédié à son épouse Jemia la berbère. Peu de temps après sa publication, l’auteur recevait le prix Nobel de littérature.
Le roman, fort poignant, est influencé par la vie même de l’auteur qui écrit : « J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans » : Nous le soupçonnons de faire référence à sa propre mère.Nous sommes dans les années trente. Voilà une famille aisée, originaire de l’île Maurice, qui vit dans l’opulence à Paris. Il y a les parents de la toute jeune Ethel, Alexandre et Justine qui ne s’entendent pas et dont les disputes marqueront Ethel. Il y a aussi les oncles et les tantes, et des amis. Mais il y a surtout monsieur Soliman, le grand-oncle aimé. Sauf ce dernier, qui se met volontairement à l’écart, tout ce beau monde se voit chaque semaine, vivant dans un monde fermé. Ils passent leur temps à fustiger les classes populaires, les juifs, les métèques. Pas la mère, peu le père.
Le temps passant, le grand-oncle Soliman meurt en léguant tous ses biens à la jeune Ethel qui n’en profitera pas, car sa famille les dilapidera. La rancœur de la jeune fille est grande.
Les bruits de bottes radicaliseront les positions des uns et des autres. Racistes pour les uns, indifférents pour les autres. Ethel est hors d’elle. La rencontre avec une jeune fille d’origine russe la rendra heureuse un temps. Les parents financièrement défaits décident de s’exiler à Nice. La faim rôde. Plus tard Ethel rencontre un jeune résistant Anglais. Ils se marieront et partiront vivre au Canada.
Le style de l’auteur ne change pas. D’une grande justesse, d’une grande clarté, d’une grande finesse. Il nous fait aimer Ethel, apprécier ses résistances, ses angoisses, ses rancœurs.
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