Il y a quelques heures a eu lieu à la médiathèque de Miramas une conférence et le vernissage de l’exposition « Portraits d’anciens combattants de l’armée d’Afrique » ou « tirailleurs » résidant dans les foyers Adoma de Miramas et d’Istres.
Cette exposition est proposée par l’association des Anciens combattants issus de l’armée d’Afrique ayant combattu pour la France.
Les photos sont de François Najar et les dessins de Roger Jouanneau-Irriera (1942-1945).
Cette exposition est proposée par l’association des Anciens combattants issus de l’armée d’Afrique ayant combattu pour la France.
Les photos sont de François Najar et les dessins de Roger Jouanneau-Irriera (1942-1945).
Un public nombreux a assisté à cette manifestation, parmi lequel des stagiaires Etaps (apprentissage des premiers savoirs) d'Istres et de Miramas.
El Watan 8 novembre 2011
Première guerre mondiale
Ces indigènes dont on ne parle pas
De nombreux Nord-Africains, particulièrement algériens, périrent au cours de la Première Guerre mondiale entre 1914 et 1918, dont on commémore l’armistice le 11 novembre. Confrontée à une puissante Allemagne, la France fit appel aux forces vives de ses colonies, sans jamais leur rendre hommage.
Lyon.
De notre correspondant
Le 11 novembre sera célébré le quatre- vingt-et-onzième anniversaire de la fin de la Première Guerre Mondiale. Pour la première fois depuis le début de la colonisation, des Algériens périrent loin de leur terre. Dans de tristes cimetières, des tombes, souvent anonymes, en sont le témoin. Un Lyonnais, Kamel Mouellef, s’est penché sur l’histoire de son arrière grand-père, Alouache Ahmed Saïd Ben Hadj, et de Saïd Ben Achour Ben Mohammed, son arrière grand-oncle. Il a écrit cette terrible épopée, en a confié la retranscription à un dessinateur, et le résultat est un splendide album à paraître ces jours-ci aux éditions Tarmudo.
Au départ, il y a comme un appel mystique, nous a-t-il confié : «Tout est parti d’un rêve en mars 1983, j’ai rêvé de mon arrière grand-père qui m’a demandé de chercher sa sépulture, de la trouver et de lui rendre un dernier hommage pour qu’il puisse quitter ce monde.»
Kamel Mouellef en parle autour de lui et tout d’abord à sa mère, puis commence les recherches : «A l’époque, il n’y avait pas de système informatique, les anciens combattants rejetaient ma demande. Un jour, j’étais en Algérie pour mon travail professionnel, et j’ai été voir ma grand-mère à El Eulma. Elle m’a montré les livrets militaires qu’ils avaient sur eux lors de leur mort, pas exploitables car tachés du sang de leurs blessures. Par contre, elle m’a sorti des photos derrière lesquelles mon ancêtre écrit : ‘‘ Cher frère, je viens d’être gazé’’.
Quand j’ai vu cette photo de mon arrière grand-père, j’ai eu la sensation que c’était vraiment le visage de celui dont j’avais rêvé.»
Patient, entre son travail dans la région lyonnaise et son temps libre, il a remonté le temps. «L’arrivée d’Internet m’a fait avancer. Sur le site de la Défense nationale en France, il y a un dossier ‘‘Mémoire des hommes’’, avec une liste simple de victimes, sans lieu de localisation des sépultures, j’ai appelé Paris, une dame m’a donné les informations. Mon grand-père est enterré à 12 kilomètres de Soissons.»
C’est là que Kamel Mouellef se rend : «J’ai eu la chair de poule en voyant ce cimetière militaire, avec ces dizaines de tombes, j’étais content d’avoir fait ce pèlerinage, mais je me suis dit que si j’avais été interpellé, ce n’était pas uniquement pour rendre hommage à mon grand-père. Cet appel, c’est autre chose. Je l’entendais me dire : ‘‘Si je suis mort pour la France, vous êtes stigmatisés du matin au soir, nous sommes morts pour la France, à vous de vous en servir.»
La suite va très vite. Après la sortie du film de Rachid Bouchareb Indigènes, la France commence à être sensibilisée à la question des soldats venus des colonies. Mais on ne parle pas encore des ravages de la guerre de 14/18, ou même précédemment de la guerre de Crimée, ou de celle contre la Prusse dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Une équipe de télévision qui travaillait pour Canal Plus s’intéresse à son projet, suite à des articles que Mouellef écrit. Il lui est proposé de le suivre jusque sur la tombe de son arrière grand-père. «J’ai accepté et j’ai posé avec un copie du drapeau du régiment de mon grand-père et ses décorations, légion d’honneur au Mexique, croix de guerre 14-18, quatorze faits d’armes, fourragère, médaille de Milan puisqu’avec son régiment des tirailleurs algériens en 1860, ils ont viré les Austro-Hongrois et Napoléon III pour les remercier les a versés dans la garde impériale, et Milan leur a remis la médaille d’or.» Finalement, Canal plus avait refusé le documentaire !
Mouellef ne baissa pas les bras pour autant et l’idée de faire une BD de cette histoire vit le jour, «pour pouvoir la diffuser auprès des jeunes, leur expliquer ce que les musulmans, depuis la Crimée en 1854-1856, ont fait pour la France. Ce que je veux, c’est une reconnaissance.» C’est l’objectif de Kamel Mouellef, qui a distribué sa BD, à ses frais, à l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale pour les sensibiliser, avant le 11 novembre. A partir d’un rêve, Kamel Mouellef est en train de lever le voile sur une histoire opaque et ça fait du bien.
* Turcos, le jasmin et la boue, Tarek- Batist, Kamel Mouellef, éditions Tarmudo.
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