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lundi, novembre 26, 2012

348 - L'honneur de la presse occidentale sauvé par quelques journalistes

Nous sommes lassés et parfois désespérés par l'incapacité de la majorité des médias occidentaux, notamment français, de se défaire du lobbying qui ne dit pas son nom à l'endroit d'un pays qui sème la terreur, qui occupe illégalement des territoires entiers depuis des décennies, qui terrorise des populations, qui viole pas moins d'une QUARANTAINE de résolutions des nations unies (ce n'est pas rien ! à ce propos l'Iran a-t-il violé une seule résolution états-unienne? ) sans que ces médias s'en offusquent. Nous en avons la preuve à chaque agression démultipliée. 
Heureusement, l'honneur de cette presse est sauvé par une minorité qui mérite toute notre attention, qui nous convainc par la même de ne pas définitivement baisser les bras. En voici deux en exemples.

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http://www.acrimed.org/article3945.html

Sur France 2, une version « candide » du conflit entre Israël et les Palestiniens
Par Henri Maler et Julien Salingue, le 23 novembre 2012
Les récents développements du conflit qui oppose l’État d’Israël et le peuple palestinien confrontent les médias, du moins quand ils sont en quête d’une improbable « neutralité », à cette redoutable question : « Comment équilibrer la présentation d’une situation déséquilibrée » ? Le journal de 20 heures de France 2 du lundi 19 novembre 2012 a offert aux téléspectateurs un exemple des travers que produit la recherche de cet impossible équilibre et une confirmation d’une analyse proposée ici même en août 2012.
I. À question candide, réponse stupide ?
Journal de 20 heures de France 2 du lundi 19 novembre 2012. 21 min après l’annonce des titres, David Pujadas invite les téléspectateurs à se pencher sur l’actualité à l’étranger : le conflit qui oppose l’État d’Israël et le gouvernement du Hamas à Gaza. À moins qu’il ne s’agisse, à travers ce dernier, du peuple palestinien vivant à Gaza…
D’abord, des images chaotiques du centre de Gaza bombardé par des tirs de missiles israéliens. Durant les 15 s de diffusion de ces images, on apprend notamment que vingt-trois personnes ont été tuées dans la journée par les bombardements et qu’une enquête a été ouverte par l’armée israélienne à la suite d’une attaque aérienne qui a coûté la vie à onze civils palestiniens le jour précédent. S’ensuivent les annonces successives de la poursuite de tirs de roquettes sur Israël et de l’échec des efforts diplomatiques pour un cessez-le-feu.
Puis vient le moment crucial, déjà annoncé dans les titres, que le prêcheur de la grand-messe du 20 heures lance de la sorte : « Et ce soir nous posons une question sensible et candide, peut-être, mais beaucoup d’entre vous se la posent sans doute : y a-t-il dans ce conflit un agresseur et un agressé ? »
Quand David prend des risques, il s’entoure de tant de précautions… qu’il ne risque rien, si ce n’est le ridicule. Comment une « question sensible » pourrait-elle être « candide » ? Quand il n’est pas certain – « peut-être » – qu’elle ne le soit pas ! Pourquoi poser cette « question sensible » ? Non pas parce qu’elle se pose, mais parce que « beaucoup se la posent sans doute ». Et s’ils ne se la posaient pas ?
Or voici la question : « Y a-t-il dans ce conflit un agresseur et un agressé ? » La suite nous apprend que le conflit en question est strictement circonscrit à la reprise intensive des affrontements armés. Variante : qui a (re)commencé ? Version « sensible » d’une question sensible des cours de récréation ?
Seul un officier supérieur de la rédaction pouvait prendre le risque de répondre à cette question « sensible » : le directeur adjoint de l’information de France 2, Étienne Leenhardt. Ce dernier prend « les faits » à témoin et leur donne la parole.
Voici donc les faits tels qu’ils ont été énoncés par Leenhardt :
« Le 8 novembre dernier, il y a eu à la frontière entre Israël et Gaza un double accrochage entre des soldats israéliens en patrouille et des militants palestiniens qui affirment qu’un enfant de 12 ans a été tué. Un soldat israélien a été blessé. » Les « faits » ont quelque difficulté à s’exprimer… Une « frontière » ? Leenhardt veut sans doute parler de celle que l’État d’Israël a tracée et bétonnée en ne consultant que lui-même. « Un accrochage » ? Sans doute, mais dont on ne connaît pas l’origine. Mais une prise de distance s’impose quand même : entre ce que les « militants palestiniens affirment » (la mort d’un enfant de 12 ans) et ce qui est tenu pour acquis sans qu’il soit nécessaire de « sourcer » (la blessure d’un soldat israélien).
Et Leenhardt de poursuivre : « Deux jours plus tard, le 10 novembre, c’est une patrouille israélienne, toujours le long de la frontière, qui a été prise pour cible par un missile anti-char, et là, deux soldats israéliens ont été sérieusement blessés. Israël a riposté, quatre palestiniens ont été tués. » Quelle a été la nature et l’ampleur de la « riposte » ? Les faits de Leenhardt sont silencieux.
« Ensuite, c’est un engrenage quasi quotidien. Le 11 novembre, soixante-quatre missiles sont tirés depuis Gaza vers les villes du sud d’Israël. Trois jours plus tard, le 14, le chef militaire du Hamas, le parti qui est au pouvoir à Gaza, est tué dans l’explosion de sa voiture, et le lendemain, le 15 novembre, c’est un missile tiré depuis Gaza qui tue trois civils israéliens dans une ville du sud d’Israël. » Les « faits » de Leenhardt sont tronqués, et leur présentation laisse penser que l’enchaînement des attaques et des ripostes traduit une certaine symétrie des responsabilités et un équilibre dans le recours aux armes.
Mais comme il ne s’agissait que de mettre en scène un « engrenage quasi quotidien », on peut « oublier » les quatre jours qui suivent, et de tirer bilan ainsi : « Alors, ce soir, le décompte terrible des victimes fourni par les autorités de chaque camp est de quatre-vingt-seize morts côté palestinien et de trois morts côté israélien, et dans chaque camp on renvoie sur l’adversaire la responsabilité d’avoir tiré le premier. » Au téléspectateur de deviner, sans qu’on ne prenne le risque de lui dire, la disproportion des moyens mis en œuvre de part et d’autre, et de leur macabre efficacité. Et pour pouvoir renvoyer ainsi les « camps » dos à dos, sans rien dire de ce qui les oppose sur le fond, il suffit donc de poser cette question « candide » : « Qui a tiré le premier ? », comme si cela seul importait. Et, dans un beau souci d’équilibre, de ne pas y répondre.
Il revient à Pujadas, après la prestation « candide » de Leenhardt, de conclure : « On comprend que la chronologie ne permet pas de trancher. Chacun garde bien sûr son avis et sa conviction. » De trancher sur quoi ? Sur l’origine des premiers tirs. Les convictions de qui ? Des camps en présence ? Candide, Pujadas est également mystérieux… À moins que, gagné par la lucidité, il n’ait fugitivement tenté de dire que la succession des événements, surtout sur une courte période, ne permet pas d’en comprendre le sens. Mais, même sur ce point, qu’on n’attende pas d’éclaircissement : puisque chacun garde ses convictions, il serait périlleux de les exposer.
Pour comprendre le sens des événements, il aurait fallu les replacer dans leur histoire et leur contexte, et prendre le risque de rompre le fatidique et spécieux équilibre : tenter d’expliquer ce qui s’oppose à une solution politique et pacifique, et rappeler qu’un blocus plonge les Gazaouis dans la misère depuis plus de cinq ans, que des élections législatives vont prochainement se tenir en Israël et qu’un vote doit intervenir à l’Onu sur l’admission de la Palestine comme « État non-membre ». Au lieu de s’enfermer dans la narration événementielle de l’actualité immédiate et de se refuser, au nom d’un pseudo-équilibre et d’une fausse neutralité, à réinscrire les soubresauts de « l’actualité » dans l’histoire de l’occupation et de la colonisation israéliennes.
Mais cette séquence d’un journal de France 2 n’est, somme toute, qu’un exemple particulier d’un travers plus général.
II. Comment équilibrer une situation déséquilibrée ?
Extrait de « Le syndrome de Tom et Jerry », 8 août 2012 :
Parmi les travers majeurs de l’information sur le « conflit israélo-palestinien » : l’injonction permanente à un traitement « équilibré » du conflit.
Les événements du Proche-Orient suscitent en France, pour des raisons politiques, historiques et culturelles que l’on ne pourra pas développer ici, une attention toute particulière. Ils sont générateurs de passions et leur perception est marquée par une lourde charge émotive, ce qui ne manque pas d’avoir des répercussions sur la manière dont les grands médias essaient de les couvrir.
D’où l’injonction au traitement « neutre », que l’on peut parfois assimiler à une forme de censure, voire d’autocensure de la part de certains journalistes et de certaines rédactions : il ne faudrait pas froisser l’un des deux « camps » et, pour ce faire, il s’agit d’adopter une position « équilibrée ».
Or la situation ne s’y prête pas, pour la bonne et simple raison que l’État d’Israël et les Palestiniens ne sont pas dans une situation équivalente. S’il existe bien un « conflit » opposant deux « parties », nul ne doit oublier que ses acteurs sont, d’une part, un État indépendant et souverain, reconnu internationalement, doté d’institutions stables, d’une armée moderne et suréquipée et, de l’autre, un peuple vivant sous occupation et/ou en exil, sans souveraineté et sans institutions réellement stables et autonomes.
Adopter une démarche qui se veut équilibrée conduit donc nécessairement à occulter certains aspects de la réalité, tout simplement parce qu’ils n’ont pas d’équivalent dans l’autre « camp ». C’est ainsi que les grands médias privilégieront les moments de tension visible, en d’autres termes militaires, les « échanges de tirs », les « victimes à déplorer dans les deux camps » ou, dans un cas récent, les « échanges de prisonniers ». Il s’agit de montrer que la souffrance des uns ne va pas sans la souffrance des autres, et que les moments de tension ou d’apaisement sont liés à des décisions ponctuelles prises par l’un ou l’autre des deux « camps », ou par les deux conjointement.
C’est ainsi qu’un tel traitement médiatique occulte presque totalement ce qui est pourtant l’essentiel de la vie quotidienne des Palestiniens et l’un des nœuds du « conflit » : l’occupation civile (colonies) et militaire (armée) des territoires palestiniens. Les camps militaires israéliens et les colonies n’ont pas d’équivalent en Israël, pas plus que les centaines de checkpoints qui morcellent les territoires palestiniens, le mur érigé par Israël, les réquisitions de terres et les expulsions, les campagnes d’arrestations, les attaques menées par les colons, les périodes de couvre-feu, les routes interdites sur critère national, etc.
Une couverture qui se veut « équilibrée » conduit nécessairement, par la recherche permanente d’un contrepoint, d’un contrechamp, d’une équivalence, à passer sous silence des informations pourtant essentielles : c’est ainsi qu’il faut aller consulter la presse israélienne pour savoir, par exemple, que pour la seule année 2010 ce sont pas moins de 9 542 Palestiniens de Cisjordanie qui ont été déférés devant les tribunaux militaires israéliens, avec un taux de condamnation de 99,74 %. Une information des plus parlantes, mais qui n’a pas d’équivalent côté israélien. Elle ne sera donc pas traitée.
Cette couverture biaisée, cette « obsession de la symétrie », au nom d’une prétendue neutralité, conduit donc les grands médias à offrir une image déformée des réalités proche-orientales. Le public est ainsi dépossédé d’une partie pourtant indispensable des éléments de compréhension de la persistance du conflit opposant Israël aux Palestiniens. A fortiori dans la mesure où ce premier biais se double d’un second, tout aussi destructeur pour la qualité de l’information : le « syndrome de Tom et Jerry ».
Tom et Jerry, célèbres personnages de dessins animés, sont en conflit permanent. Ils se courent après, se donnent des coups, construisent des pièges, se tirent parfois dessus et, quand ils semblent se réconcilier, sont en réalité en train d’élaborer de nouveaux subterfuges pour faire souffrir l’adversaire. Le spectateur rit de bon cœur, mais il reste dans l’ignorance : il ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive.
La comparaison a ses limites, mais il n’est sans doute pas exagéré de considérer que les grands médias, notamment audiovisuels, nous offrent souvent, lorsqu’il s’agit du Proche-Orient, une information digne de Tom et Jerry : « le cycle de la violence a repris » ; « la trêve a été brisée » ; « la tension monte d’un cran » ; « les deux parties haussent le ton » ; etc.
Mais pourquoi ces deux-là se détestent-ils ? Bien souvent, le public n’aura pas de réponse. Il devra se contenter d’une couverture médiatique qui se focalise sur la succession des événements, sans s’interroger sur les causes profondes ou sur les dynamiques à long ou moyen terme. L’information est donc la plupart du temps décontextualisée, dépolitisée, déshistoricisée, quitte à flirter allègrement avec le ridicule.
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Un flirt avec le ridicule que le journal de France 2 du 19 novembre 2012 a poussé jusqu’à l’absurde.
Henri Maler et Julien Salingue (avec un correspondant)
 Voir aussi
- Covering This War - Sherine Tadros, correspondante au Moyen-Orient pour Al-Jazeera English. 
- La totalité de notre article d’août 2012.
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http://www.acrimed.org/article3940.html

La sourde oreille des grands médias sur la situation à Gaza
le 19 novembre 2012
Nous publions ci-dessous une tribune initialement parue en anglais le 14 novembre 2012 sur le site Mondoweiss et signée par Hagit Borer (Royaume-Uni), Antoine Bustros (Canada), Noam Chomsky (États-Unis), David Heap (Canada), Stephanie Kelly (Canada), Máire Noonan (Canada), Philippe Prévost (France), Verena Stresing (France) et Laurie Tuller (France).
Nous accusons ! La sourde oreille des grands médias sur la situation et la gravité des atrocités commises par Israël à Gaza
Tandis que les nations d’Europe et d’Amérique du Nord commémoraient, le 11 novembre, les pertes militaires de guerres passées et présentes, Israël ciblait des civils. Le 12 novembre, à l’orée d’une nouvelle semaine, les lecteurs étaient inondés, pendant leur petit-déjeuner, de comptes rendus déchirants relatant les pertes humaines militaires passées et actuelles. Cependant, on semblait taire le fait essentiel selon lequel les pertes humaines les plus importantes lors des conflits armés contemporains touchent les populations civiles. Le matin du 12 novembre était également marqué par une absence criante d’information relatant les attaques militaires sur Gaza qui se sont poursuivies pendant tout le week-end. Une recherche superficielle confirme cette omission sur le réseau de télévision canadien Canadian Broadcasting Corporation (CBC) et les journaux canadiens dont le Globe and Mail, la Gazette de Montréal et le Toronto Star. De même en ce qui concerne le New York Times, la BBC, et les chaînes françaises de télévision France 2 et TF1.
Selon le rapport du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) daté du 11 novembre, cinq civils palestiniens, dont trois enfants, avaient été tués dans la bande de Gaza dans les soixante-douze heures précédentes, en plus de deux membres de la sécurité palestinienne. Quatre de ces décès étaient dus à des tirs d’obus de Tsahal sur des enfants jouant au football. De plus, cinquante-deux civils ont été blessés, dont six femmes et douze enfants. (Depuis que nous avons commencé à rédiger ce texte, le nombre de victimes palestiniennes a d’ailleurs augmenté et continue de croître.)
Les articles qui rapportent les meurtres commis se concentrent en grande majorité sur l’élimination des membres de la sécurité palestinienne. Par exemple, un article d’Associated Press (AP) publié par la CBC le 13 novembre, intitulé Israel mulls resuming targeted killings of Gaza militants (« Israël réfléchit à la reprise des éliminations ciblées de militants de Gaza ») ne fait aucune mention des morts et des blessés parmi la population civile. Il caractérise les meurtres « d’assassinats ciblés ». Le fait que les pertes humaines soient dans une large mesure des victimes civiles, indique qu’Israël n’est pas tant engagée dans des meurtres « ciblés » que dans des assassinats « collectifs », commettant ainsi à nouveau le crime de punition collective. Un autre article d’AP, paru au bulletin d’informations de la CBC le 12 novembre et intitulé Gaza rocket fire raises pressure on Israel government (« Des tirs de roquettes mettent la pression sur le gouvernement israélien »), est accompagné de la photo d’une femme israélienne regardant un trou dans le plafond de son salon. Et là encore, aucune image, ni aucune mention des nombreuses victimes et des cadavres à Gaza. Dans le même ordre d’idées, la BBC titrait, le 12 novembre, Israel hit by fresh volley of rockets from Gaza (« Israël frappée par une nouvelle pluie de roquettes tirées depuis Gaza »). La même tendance se retrouve dans d’autres grands médias européens.
La couverture des premiers moments de la présente exacerbation insiste principalement sur les roquettes tirées depuis Gaza, dont aucune n’a causé de blessés ni de morts [1]. Ce qu’on ignore sciemment, ce sont les bombardements touchant la bande de Gaza qui, eux, ont causé de nombreuses victimes, dont des morts et plusieurs blessés graves. Nul besoin d’être un expert en science des médias pour comprendre qu’on a affaire au mieux à des reportages bâclés et biaisés, et au pire à une manipulation sciemment malhonnête du lectorat.
De plus, les articles mentionnant les victimes palestiniennes à Gaza rapportent systématiquement que les opérations militaires israéliennes était en représailles à des tirs de roquettes et à deux soldats blessés. Cependant, si l’on examine la chronologie des événements, la flambée de violence actuelle a débuté le 5 novembre dernier, quand un innocent âgé de 20 ans et souffrant apparemment de troubles mentaux, Ahmad al-Nabaheen, a été tué alors qu’il déambulait près de la frontière. Les médecins ont dû patienter pendant six heures avant d’être autorisés à le secourir, et ils pensent que son décès est très certainement dû à cette attente. Puis, le 8 novembre, un garçon âgé de 13 ans qui jouait au football devant sa maison a été tué par les forces d’occupation israéliennes qui avaient fait une incursion dans le territoire de la bande de Gaza avec des chars d’assaut et des hélicoptères. Le fait que quatre soldats israéliens aient été blessés à la frontière le 10 novembre faisait donc partie d’une série d’événements incluant la mort de civils de Gaza, et n’en constituait en aucun cas l’élément déclencheur.
Nous, les signataires de ce texte, sommes récemment rentrés d’un séjour dans la bande de Gaza. Certains d’entre nous sommes en contact direct avec des Palestiniens vivant à Gaza à travers les réseaux sociaux. Pendant deux nuits d’affilée, le 10 et le 11 novembre, les Palestiniens de Gaza ont été privés de sommeil à cause du survol incessant de drones et d’avions F16 et de bombardements aveugles de leur territoire densément peuplé. L’objectif de ces opérations semble clair : il est de terroriser la population, objectif atteint d’ailleurs, comme nous pouvons l’affirmer grâce aux témoignages de nos contacts sur place. S’il n’y avait pas eu de messages affichés sur Facebook, nous n’aurions pas conscience du degré de terreur ressenti par les civils palestiniens ordinaires de Gaza. Ceci contraste vivement avec ce que le monde sait du choc ressenti par les citoyens israéliens victimes des tirs de roquettes.
Selon un rapport non officiel envoyé le 11 novembre par un médecin canadien qui se trouvait à Gaza et qui a apporté son aide au service d’urgences de l’hôpital de Shifa durant le week-end, « les blessés étaient tous des civils présentant de multiples blessures de perforation provenant d’éclats d’obus : lésions cérébrales, blessures au cou, hemo-pneumothorax, tamponnade péricardiale, rupture de la rate, perforations intestinales, membres déchiquetés, amputations traumatiques. Tout ceci sans aucun écran de contrôle, avec peu de stéthoscopes, une seule machine à ultrasons… Plusieurs victimes souffrant de blessures graves mais n’engageant pas leur pronostic vital ont été renvoyées chez elles avant d’être examinées de nouveau le lendemain matin à cause du nombre considérable de blessures graves à traiter. La profondeur des blessures dues aux éclats d’obus donnait froid dans le dos. De petites blessures au demeurant, mais avec des dégâts internes massifs… Et tout cela avec très peu de morphine disponible pour atténuer la douleur. » Apparemment, ce genre de scènes n’est pas digne d’être rapporté par le New York Times, la CBC, la BBC.
Les préjugés et la malhonnêteté qui caractérisent la couverture de l’oppression palestinienne par les médias occidentaux ne sont pas nouveaux ; ceci a été amplement documenté. Pourtant, Israël continue à commettre des crimes contre l’humanité avec l’assentiment total et le soutien moral, financier et militaire de nos gouvernements, que ce soit les États-Unis, le Canada ou l’Union européenne. Benyamin Netanyahu est en ce moment même en train de recueillir le soutien diplomatique des pays occidentaux en vue d’attaques à venir sur Gaza, ce qui nous fait craindre qu’une nouvelle opération du même type que « Plomb durci » se profile à l’horizon. En fait, les événements les plus récents confirment qu’une telle escalade est déjà en état de marche, tel que le montre le décompte des morts aujourd’hui. L’absence d’indignation populaire massive face à ces crimes est une conséquence directe de la dissimulation systématique des faits et de la manière distordue dont ces crimes sont rapportés.
Nous souhaitons exprimer notre indignation concernant la couverture médiatique scandaleuse de ces événements dans les grands médias. Nous appelons les journalistes du monde entier travaillant pour des antennes de ces grands médias à refuser d’être instrumentalisés à travers cette politique systématique de manipulation. Nous appelons également les citoyens à s’informer en consultant les médias indépendants et à laisser leur conscience s’exprimer ouvertement de la manière qu’ils jugent la plus efficace et appropriée.
Notes
[1] Le texte a été écrit avant la mort de trois civils israéliens dans un tir de roquettes, qui s’est produite le 15 novembre, soit le lendemain du déclenchement “officiel” de l’opération israélienne et plusieurs jours après les événements relatés ci-dessus.


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DEJA EN  2003:

http://www.acrimed.org/article1179.html

Campagne contre Pascal Boniface
Les gardiens de la bienséance pro-israélienne
par Pascal Dillane, le 1er août 2003
Annonçant la démission du PS du chercheur Pascal Boniface, Libération et Le Monde charcutent soigneusement ses propos.
Le chercheur Pascal Boniface a annoncé sa démission du Parti socialiste. Ce spécialiste des questions internationales, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), était chargé des questions stratégiques au PS quand, en avril 2001, il remettait a la direction du Parti une note dont le grand public apprendra l’existence - à défaut du contenu - l’été suivant, à la faveur d’une passe d’armes entre l’auteur et l’ambassadeur d’Israël dans les colonnes du Monde [1]. Depuis, la polémique ne s’est pas apaisée [2]. Et Pascal Boniface revient sur cette affaire dans un livre, Est-il permis de critiquer Israël ?, où est reproduite la fameuse note (Lire Bernard Langlois dans Politis du 23 juillet 2003 [3]).
Annonçant le départ de Boniface du PS, Libération (18 juillet 2003) et Le Monde (19 juillet 2003) retracent d’une bien curieuse façon les termes du débat.
Première curiosité, dans Libération : le 18 juillet, l’article dans l’édition papier était titré : " Israël provoque des remous au PS ", mais quand nous consultons, le 21 juillet, le site internet de Libération, le titre est devenu : " Israël fait claquer la porte du PS ".
Le contenu même de l’article est bien plus intriguant. Pour expliquer les raisons de la démission de Boniface, Jean-Dominique Merchet écrit que le chercheur " accuse le PS, dont il est membre depuis 1980, de "communautarisme" - comprendre d’un alignement excessif sur les positions pro-israéliennes de la communauté juive. "
Passons sur " les positions pro-israéliennes de la communauté juive ", un raccourci qui peut apparaître a la fois simpliste et globalisant.
Plus important, le " communautarisme " du PS est en effet le motif mis en avant par Boniface. Pour lui (on peut le lire dans sa fameuse note comme dans son récent livre), la politique internationale d’un pays ne doit pas s’ajuster selon le poids de ses différentes " communautés " mais se fonder sur des principes universels (droits de l’homme, droit international...).
Il est donc pour le moins abusif de la part de Jean-Dominique Merchet de réduire cette thèse à la question de l’ " alignement " du PS sur les " positions pro-israéliennes " supposées de la " communauté juive ". D’ailleurs, dans Le Monde, Camille Boulongne écrit plutôt que Boniface reproche au PS " de privilégier "ceux qui ont une lecture ethnique du conflit israélo-palestinien" ".
Mais Libération et Le Monde se rejoignent pour présenter de façon biaisée le contenu de la note d’avril 2001. Le premier écrit que Boniface " s’interroge, dans sa note interne destinée à François Hollande et Henri Nallet, chargé des affaires internationales au PS, sur "l’efficacité électorale" des positions du parti, jugées trop favorables à Israël alors que l’électorat d’origine arabe pèse de plus en plus lourd. " Tandis que le quotidien du soir prétend que Boniface " s’interroge sur l’"efficacité" d’une ligne politique jugée trop favorable à l’Etat juif alors que l’influence de l’électorat originaire de pays soutenant la cause palestinienne va grandissante. "
En réalité, la question électorale n’est abordée que secondairement dans cette note - Boniface n’est pas politologue mais expert en questions internationales et stratégiques. La note traite essentiellement des critères a appliquer au conflit israélo-palestinien, qui devraient être les mêmes que pour toutes les autres crises internationales : Boniface met en garde contre le " deux poids-deux mesures ".
Libération écrit ensuite : " "Peut-on diaboliser Haider et traiter normalement Sharon ?" demande-t-il dans ce texte, en mettant sur le même plan le leader de l’extrême droite autrichienne, connu pour ses positions ambiguës sur le nazisme, et un dirigeant israélien. "
En realité, voici la phrase écrite par Boniface : " Peut-on diaboliser Haider et traiter normalement Sharon, qui ne s’est pas, lui, contenté de dérapages verbaux mais est passé aux actes ? " (le mot "diaboliser" est en italiques). Dans son livre récemment paru, Boniface est plus précis, rappelant notamment que le gouvernement Sharon comporte des représentants de partis d’extrême droite.
A la lecture de la note, on voit bien que cette phrase n’est qu’une incidente et non pas un argument décisif du développement. Mais très curieusement, Le Monde, qui ne cite pourtant que deux très courts extraits d’une note de six pages, a retenu le même passage que Libé, celui sur Haider.
Encore plus fort : Le Monde tronque la phrase exactement de la même façon que Libération : " "Peut-on diaboliser Haider -le dirigeant populiste autrichien dont on rappelait alors les ambiguïtés par rapport au nazisme- et traiter normalement Sharon ?", demandait-il. "
La méthode est connue : elle consiste, pour discréditer un propos, à ne surtout pas faire état de son argumentation principale, mais à focaliser l’attention sur deux ou trois extraits périphériques, courts et le plus souvent tronqués, qu’on noircira par une interprétation aux apparences pédagogiques. Le tout suffisant à démolir l’ensemble pour le lecteur qui n’en a pas eu directement connaissance.
Dans Libération, pour couronner le tout, un encadré offre une lecture tout aussi orientée du livre Est-il permis de critiquer Israël ? L’auteur de l’article ironise : ce livre et les témoignages que Boniface rapporte montrent qu’ " il n’est aujourd’hui pas si difficile de critiquer Israël ".
C’est prendre les lecteurs pour des imbéciles. En effet, ce que Boniface explique, de nombreux exemples à l’appui, c’est que, depuis quelques temps, émettre publiquement des désaccords à l’égard de la politique du gouvernement israélien, c’est s’exposer quasi-systématiquement à l’accusation d’antisémitisme, voire, comme dans son cas, à une campagne de dénigrement qui peut aller jusqu’à l’interdit professionnel. Toutes méthodes qui n’ont rien à voir avec le débat démocratique [4].
L’auteur de l’article ne fait pas défaut à la règle, qui, au lieu de commenter le contenu de l’ouvrage, choisit quelques passages sur lesquels il tente difficilement d’étayer l’accusation d’antisémitisme. Si Boniface écrit : " Je ne crois pas à l’existence d’un lobby juif ", Jean-Dominique Merchet commente : " la lecture de l’ouvrage laisse souvent l’impression du contraire ". Que Boniface explique qu’en France la discrimination frappe davantage les Arabes que les Juifs, et démontre que les agressions antisémites sont instrumentalisées par les ultras pro-israéliens, et Merchet tranche : " son acharnement à minimiser la " judéophobie " en France n’est guère raisonnable. "
Les écrits de Pascal Boniface peuvent, comme bien d’autres, prêter à discussion - et ce n’est pas ici notre propos. Encore faudrait-il qu’ils soient rapportés honnêtement, et que certains journalistes ne rendent pas la discussion impossible en se comportant en petits procureurs.
P.-S.
Est-il permis de critiquer Israël ?, de Pascal Boniface, ed. Robert Laffont, 2003.
Notes
[1] " Lettre à un ami israélien ", par P. Boniface, 4 août 2001 ; " Propos d’un " ami " français ", par Elie Barnavi, 7 août 2001 ; " Est-il interdit de critiquer Israël ? ", par P. Boniface, 30 août 2001.
[2] Voir par exemple dans Le Monde diplomatique " Au nom du combat contre l’antisémitisme ".
[3] Lire également à propos du livre : L’Humanité (lien périmé), Le Monde des livres, Bernard Langlois dans Politis, Alfred Grosser dans L’Express.
[4] Pas moins de sept éditeurs ont refusé de publier Est-il permis de critiquer Israël ?, rapportait Le Canard enchaîné (7 mai 2003).
 

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De temps à autre, des documentaires glissent entre les gouttes, ainsi celui qui suit, très révélateur de la puissance du lobby pro-israélien aux USA.... en France nous avons le lobbying fort puissant du CRIF

 

Mise en ligne le 11 oct. 2011  in: youtube merci à DzWikiileaks


Il est écrit ceci, accompagnant la vidéo:

"Le sujet le plus sensible concerne le lobby pro-israélien aux États-Unis. Dans cette enquête, les journalistes Estelle Youssouffa et Christophe Obert montrent comment les organisations juives et chrétiennes conservatrices pèsent sur la politique étrangère américaine, permettant à l'État hébreu de s'affranchir de certaines résolutions onusiennes. Ancien de l'Aipac, le plus important groupe de pression pro-israélien aux États-Unis, M. J. Rozenberg raconte comment des organisations comme "Camera" traquent les journalistes "déviants".

"Le lobby, dit-il, rend la vie difficile aux journalistes qui ne sont pas perçus comme pro-israéliens. Ils auront du mal à trouver un job ou, s'ils en ont un, à garder un poste. Lorsque je travaillais à Aipac, il y avait des listes, des dossiers sur chaque reporter." Des révélations saisissantes, qui n'ont pas convaincu Richard Prasquier. "On ne sait même pas pourquoi cet homme a quitté l'Aipac et quel compte il a à régler avec eux", argumente le président du Crif. "La moindre des choses aurait été de préciser que les lobbys existent aux États-Unis, mais aussi en France. Regardez le lobby pharmaceutique. Il ne faut pas laisser croire que le lobby pro-sioniste est en train de détourner la démocratie américaine.""
 


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