Octobre 88
Ce matin d’automne l’heure de vérité avait éclos
A la fenêtre de mes dix-sept printemps
Emporté par la colère et le ras-le-bol
Ils étaient depuis des lustres mon lot contagieux
Je glissais parmi les mille et les cents
Travail y a pas
Logement y a pas
Distraction y a pas
Hogra
Ce matin-là
Parmi les mille et les cents
C’est leur opulence,
Arrogance et mépris
Que je ciblais
Je brisais, enflammais, barricadais
Bâtiments officiels,
Fln et villas
Porté par des mille et des cents
Au soir venu
Les kakis blindés nous ont embastillés
Leur couperet s’est abattu sur nos naïvetés
Au crépuscule sombre de ce matin diaphane-là
Nous étions des mille et des cents
Nous murmurions, revendiquions
« Liberté, liberté »
Dans nos rues et citées crues
et dans leurs geôles écarlates
Ils nous ont torturés, tués
Martyrisés
Larbi Ben M’hidi
l’avait prédit
Mourir avant l’indépendance la belle affaire
que vivre sous l’oppression alors à venir de ses frères
« J'ai
la hantise de voir se réaliser mon plus cher désir
car,
lorsque nous serons libres
il
se passera des choses terribles »
Ahmed Hanifi.
5 octobre 2013
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