A la suite de la publication du dernier ouvrage de Salah GUEMRICHE " Aujourd'hui Meursault est mort" (Ed: Frantz Fanon- 2017 Alger.)
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mercredi, 22 mars 2017
«Aujourd’hui, Meursault est mort», un livre coup de poing
Écrit par Farid Ainouche
Les Editions
Frantz Fanon que dirige le jeune Amar Ingrachen, qui est aussi
journaliste au quotidien l’Expression, vient de publier il y a quelques
semaines «Aujourd’hui, Meursault est mort», un essai-fiction de Salah
Guemriche. L’auteur y propose à la fois une lecture critique de l’œuvre
d’Albert Camus
et un examen profond du rapport qu’avait cet auteur majeur, natif
d’Algérie, à la question coloniale. Son observation porte en particulier
sur le roman phare de Camus, «L’Etranger», texte-clé et abondamment
discuté notamment pour avoir laissé échapper les réalités coloniales qui
s’offraient pourtant à lui, comme dirait Edward Said, mais elle s’étend
aussi à l’ensemble de la production du prix Nobel 1957 de littérature.
Romans, essais, pièces de théâtre,
articles de presse, entretiens, tout ou presque est passé au crible par
Salah Guemriche dans son livre construit sur un dialogue en quatre
parties et sur près de 200 pages entre le personnage de son
essai-fiction, le «fils de l’Arabe» ou «Tal El moudarab» et «Monsieur
Albert», dont on devine bien qu’il s’agit de Camus. Dans l’échange entre
les deux personnages, colloque étrange qui s’amorce entre eux après
l’exécution sur la place publique au pied de la prison d’Alger
Barberousse de Meursault (celui qui a tué l’Arabe dans l’Etranger), le
premier accule le second : d’abord en lui assenant une vérité :
«Meursault n’a pas tué un homme sans nom et sans visage, il a tué mon
père». Puis, chemin faisant, en l’invitant (en l’obligeant plutôt, mais
sans violence ni haine) à découvrir et disséquer les raisons de
«Monsieur Albert» à néantiser et effacer l’Arabe. Leur déambulation dans
un Alger désert et atemporel est un parcours à but précis en vérité.
Celle-ci est littéraire, historique et
politique. Elle ouvre à celui qui la suit des pages entières des grands
textes de Camus : «La chute», «La peste», «Caligula», «L’homme
révolté»…, que le «fils de l’Arabe» commente et dissèque sous nos yeux
avec la virtuosité du lecteur boulimique et surtout actif, auquel rien
n’échappe pour boucler une marche dont l’objet est de s’appuyer sur ses
textes humanistes pour démasquer l’«inconscient colonial» - la formule
est d’Edward Said - dans lequel est enserré «l’Etranger» de Camus, un
auteur qui «a du sens sur les mains», dit Salah Guemriche
Dans son livre, il y a au moins deux
raisons essentielles pour le lire : «Aujourd’hui, Meursault est mort»
propose en premier lieu à ceux qui ne la connaissent pas une immersion
des plus profondes dans l’œuvre camusienne. En second lieu, l’ouvrage
fait l’examen clinique du rapport équivoque de Camus à la colonisation.
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