Coup de sang et sang d’encre - Mais
qui a tué qui, qui a fait quoi ? à vous M.M. (1)
Comme
de l’eau claire, comme des ombres, les certitudes que vous avez faites vôtres
dans les années 90, et que vous n’avez de cesse de répéter, vous collent au
corps et à l’esprit, vous aveuglent toujours. Pourtant, ceux qui menaient d’une
main de fer et de sang le pays (pas que « le clan Bouteflika », « le
régime Bouteflika », il faut arrêter avec ces autres mensonges) et qui
récusaient tout questionnement sur leurs méfaits et turpitudes, ceux auxquels
vous et vos semblables avez prêté vos plumes et vos bras (merci WikiLeaks), ceux
qui (au cœur même de vos rédactions) vous encourageaient dans vos écrits tout
en vous mettant vivement en garde, sous peine de sanction financière ou autre,
d’évoquer les disparitions forcées, d’évoquer l’implication indirecte ou
directe d’éléments de « la Sécurité » dans les crimes contre les
civils, ceux qui étaient prêts à « éradiquer trois millions
d’Algériens » (et qui ont été dénoncés de l’intérieur même de l’Armée), ceux
qui liquidèrent sous vos applaudissements les journaux qui posaient ces
questions qui vous empêchaient/empêchent de dormir, ceux-là (les vivants) sont
en fuite ou croupissent en prison pour des faits divers très graves, tous ces
généraux, vous savez ? Vous vous souvenez, c’était l’époque où d’aucuns
(soutenus ceux-là par une autre aile du vrai régime) proposaient de débarrasser
l’Algérie de tous ses islamistes et de leur réserver un Bantoustan (à nos
nouvelles frontières). Mais qu’est-ce que ces certitudes, ces vérités ?
Je
ne vous donne qu’un exemple : parmi les vérités et certitudes qui sont les
vôtres, il y la terreur qui a sévi durant les années 90 dont vous (et vos
semblables) serinez qu’elle était du seul fait du « terrorisme
islamiste », loin, très loin de « Rab Dzaïr ». Votre
jugement est fait, peu vous chaut le Droit. Poser la question relevait et
relève encore du blasphème (si vous me permettez). S’interroger sur qui tuait
dans les années 90 signifiait (menaces à l’appui) et signifie encore, pour vous
et vos semblables, être complice des assassins que sont les islamistes (ceux-là
mêmes qui manifestent aujourd’hui à vos côtés dans le Hirak), poser des
questions c’est par conséquent les dédouaner. Vous êtes expéditif, je
traduis : « il n’y a pas question qui vaille ». C’est limpide et
la chose entendue. Et vous êtes – bien évidemment – républicain démocrate, pour
les libertés, pour une Algérie libre, et pour des institutions fondées sur le
Droit.
Mais
tout cela vous le savez, c’est pourquoi vous êtes intellectuellement
malhonnête. Vous n’êtes pas crédible, pas sérieux. Vous n’êtes pas journaliste,
mais un scribe, un secrétaire idéologique. Vous mentez lorsque vous écrivez entre
autres que « les “qui tue qui” (ont) politiquement disculpé (le)
terrorisme islamiste. » (Liberté, 20 janvier 2020) Quant à nous, nous
les « qui-tue-quistes », « les Droitsdel’hommistes » comme
vous et vos semblables nous désignez pour vulgairement nous diminuer, pensez
donc ! nous continuerons de poser inlassablement aux côtés entre autres
des mères de Mai encore en vie, ces mères-courage de la place du 1° Mai, ces mêmes
questions qui fâchent les radicaux dont vous êtes. Des questions simples :
« Où sont passés nos enfants ? Qui a ordonné ou exécuté les
disparitions forcées, avec quelles complicités ? Qui a fait
quoi durant la décennie de terreur ? Qui a tué ?… » Nous
continuerons de poser ces questions simples jusqu’à ce que Justice se fasse,
sous les yeux de tous les Algériens, dans le respect du Droit. Dans une Algérie
horra réellement démocratique débarrassée pacifiquement, Silmiya, silmiya…, du
Pouvoir des généraux.
Ahmed
Hanifi.
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