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samedi, avril 16, 2022

785_ Guerre en Ukraine

 

Guerre en Ukraine

In: https://www.investigaction.net/fr

L’approche très objective de l’article qui suit concernant la guerre en Ukraine, est complètement évacuée par les médias français, qui ruent dans les brancards et hurlent au loup. Bêtement, à ânonner des vérités à sens unique. (On est habitué).

Entendons-nous bien, personnellement, – avant toute chose – je tiens les Russes pour responsables des massacres en Ukraine. Ils ont envahi un pays indépendant qu’ils sont entrain de détruire et tuer ses habitants.

Ensuite, je reprends à mon compte ce qui suit et d’abord ceci : « Il ne laisse aucun doute sur le fait que Poutine a commencé la guerre et qu’il est également responsable de la manière dont elle est menée. Quant à savoir pourquoi il a décidé d’envahir l’Ukraine, c’est une autre question… »

Je vous propose cet article repris par   INVESTIG’ACTION. Il a été initialement écrit dans The Economist, puis repris dans un média belge : De Wereld Morgen.

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Guerre en Ukraine : la véritable raison de l’invasion russe

Expansionnisme impérialiste, soif de pouvoir d’un autocrate ou réaction stratégique et prévisible au franchissement d’une ligne rouge par l’OTAN ? Dans un article publié dans de The Economist, le très respecté John Mearsheimer éclaire les raisons de l’invasion. 

L’Occident comme principal coupable

John Mearsheimer n’est pas n’importe qui. Il est professeur à l’université de Chicago et c’est l’un des principaux experts en géopolitique aux États-Unis. Il est l’une des rares voix qui s’élèvent contre le bellicisme qui domine les débats aujourd’hui. Son article est paru dans The Economist. 

Selon lui, l’invasion de l’Ukraine est le conflit international le plus dangereux depuis la crise des missiles de Cuba en 1962. Si nous voulons mettre fin à cette guerre et l’empêcher de s’intensifier, il est essentiel de comprendre ses causes profondes.

Il ne laisse aucun doute sur le fait que Poutine a commencé la guerre et qu’il est également responsable de la manière dont elle est menée. Quant à savoir pourquoi il a décidé d’envahir l’Ukraine, c’est une autre question.

Mearsheimer affirme de manière controversée que l’Occident – en particulier les États-Unis – est le principal responsable de la crise qui, selon lui, a commencé en février 2014. Cette crise s’est maintenant transformée en « une guerre qui non seulement menace de détruire l’Ukraine, mais qui pourrait aussi dégénérer en une guerre nucléaire entre la Russie et l’OTAN ».

La première confrontation

Selon l’expert, les problèmes entourant l’Ukraine ont en fait commencé lors du sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008. Le président de l’époque, George W. Bush, a fait pression sur l’alliance et a annoncé que l’Ukraine et la Géorgie en deviendraient membres. Les dirigeants russes ont considéré qu’il s’agissait d’une menace existentielle.

En réponse, M. Poutine a prévenu que si l’Ukraine rejoignait l’OTAN, ce serait sans la Crimée et les régions orientales. « Cependant, les États-Unis ont ignoré la ligne rouge de Moscou et ont continué à faire de l’Ukraine un bastion occidental à la frontière de la Russie. »

Outre le volet militaire, la stratégie de Bush comportait deux autres aspects : un rapprochement avec l’UE et l’installation d’un gouvernement pro-occidental. Ce dernier aspect s’est imposé avec le soulèvement de Maidan en 2014 (a). Soutenu par les États-Unis, ce soulèvement a fait tomber le président pro-russe de l’Ukraine, Viktor Yanukovych.

La réaction de la Russie a été immédiate. La Crimée a été annexée et Moscou a soutenu le soulèvement dans la région du Donbas, dans l’est de l’Ukraine.

La deuxième confrontation

La deuxième confrontation majeure a eu lieu fin 2021. Et selon Mearsheimer, elle a conduit à la guerre actuelle. Elle revenait à faire de l’Ukraine un membre de facto de l’OTAN.

Cela s’est passé étape par étape. En 2017, l’administration Trump a vendu des « armes défensives » à l’Ukraine. D’autres pays de l’OTAN ont suivi. Les forces armées ukrainiennes ont également reçu une formation et un entraînement de l’OTAN et ont été autorisées à participer à des exercices militaires conjoints en mer et dans les airs.

Biden est allé plus loin. Le 10 novembre 2021, l’Ukraine et les États-Unis ont signé une « Charte de partenariat stratégique ». Elle stipule que l’Ukraine « s’engage à mener les réformes profondes et globales nécessaires à sa pleine intégration dans les institutions européennes et euro-atlantiques ».

Pour Mearsheimer, cette évolution était sans surprise inacceptable pour la Russie qui a donc commencé à mobiliser son armée à la frontière ukrainienne « afin de faire connaître sa détermination à Washington ».

La Russie a exigé une garantie écrite que l’Ukraine ne ferait jamais partie de l’OTAN. Mais Washington n’a pas bronché. Le 26 janvier, le ministre des Affaires étrangères Anthony Blinken a déclaré: « Il n’y a pas de changement. Il n’y aura pas de changement ».

L’élargissement de l’OTAN

L’opinion dominante en Occident attribue cette guerre à l’expansionnisme de Poutine et non à celui de l’OTAN. Mais selon Mearsheimer, les faits contredisent cette approche.

Il rappelle que tant Poutine que son prédécesseur n’ont jamais parlé de conquérir de nouveaux territoires pour restaurer l’ancienne Union soviétique ou créer une grande Russie. En revanche, ils considéraient l’expansion de l’OTAN comme une menace existentielle et voulaient donc une garantie que cela ne se produirait pas.

« La clé de tout est la garantie que l’OTAN ne s’étendra pas à l’est », a déclaré Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Selon Mearsheimer, la prise de la Crimée n’a pas été planifiée à l’avance, « c’était un geste impulsif en réponse au coup d’État qui a renversé le dirigeant pro-russe de l’Ukraine ».

Le professeur est conscient que son interprétation des événements va à l’encontre du mantra dominant en Occident. Et pourtant, ça ne devrait pas être le cas « puisque de nombreux experts américains en politique étrangère mettent en garde contre l’expansion de l’OTAN depuis la fin des années 1990 ».

Il se réfère, entre autres, à Robert Gates, secrétaire à la Défense au moment du sommet de Bucarest en 2008 : « Les tentatives d’intégrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN sont vraiment allées trop loin ». À l’époque, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy étaient également opposés à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, craignant que cela n’exaspère la Russie.

Une situation extrêmement dangereuse

Mearsheimer n’est pas à l’aise avec cette situation. « Le résultat de mon interprétation est que nous sommes dans une situation extrêmement dangereuse, et que la politique occidentale exacerbe ces risques. » Selon lui, les dirigeants russes n’ont pas d’ambitions impérialistes, mais ils veulent répondre à une menace pour leur avenir.

Poutine a peut-être surestimé sa propre capacité militaire tout en sous-estimant celle de l’Ukraine. Il a peut-être mal évalué l’efficacité de l’aide occidentale, « mais il ne faut jamais sous-estimer à quel point les grandes puissances peuvent être impitoyables lorsqu’elles pensent être acculées ».

L’Occident tente d’infliger une défaite humiliante à Poutine et, si possible, un changement de régime. Elle fournit davantage d’armes à l’Ukraine et tente de mettre la Russie à genoux sur le plan économique.

L’Amérique et ses alliés redoublent d’efforts, dans l’espoir d’infliger une défaite humiliante à M. Poutine et peut-être même de provoquer sa destitution. Ils augmentent l’aide à l’Ukraine et utilisent les sanctions économiques pour infliger une sévère punition à la Russie, une mesure que Poutine considère désormais comme une « déclaration de guerre ».

Il est impossible de prédire comment la guerre se terminera, mais, et c’est un grand mais, « si nous ne comprenons pas sa cause profonde, nous ne pourrons pas mettre fin à ce conflit avant que l’Ukraine ne soit détruite et que l’OTAN ne se retrouve en guerre avec la Russie ».

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14 avril 2022- par Marc Vandepitte

Source originale: De Wereld Morgen _ Traduit du néerlandais par GL pour Investig’Action

Note: (a)- L’Euromaidan est la place de l’Indépendance située au centre de Kiev. Le 21 novembre 2013, des manifestations y ont éclaté contre le gouvernement du président Viktor Ianoukovitch après son refus de signer l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. Ces manifestations ont finalement conduit au renversement de Ianoukovitch en février 2014.

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Ce qui suit a été ajouté le 1° mai 2022

www.lescrises.fr

GEOPOLITIQUE

30.avril.2022 // Les Crises

Noam Chomsky : « Nous nous rapprochons du point le plus dangereux de l’histoire de l’humanité »

Le professeur américain, aujourd’hui âgé de 93 ans, s’exprime sur la catastrophe climatique et la menace de guerre nucléaire.

Sources: New Sites Man, George Eaton, Phil Clarke Hille, 06.04.2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises




C’est à l’âge de dix ans que Noam Chomsky a été confronté pour la première fois aux périls d’une l’agression étrangère. « Le premier article que j’ai écrit pour le journal de l’école primaire concernait la chute de Barcelone [en 1939] », s’est rappelé Chomsky lors d’une récente conversation par vidéoconférence. Il décrivait l’avancée du « spectre du fascisme » dans le monde. « Je n’ai pas changé d’avis depuis, la situation n’a fait qu’empirer », a-t-il remarqué, sardonique. En raison de la crise climatique et de la menace de guerre nucléaire, m’a dit Chomsky, « nous sommes en train de nous rapprocher du tournant le plus dangereux de l’histoire de l’humanité… Nous sommes maintenant confrontés à la perspective de la destruction de toute vie humaine organisée sur Terre. »

On pourrait sans doute pardonner à Chomsky, qui est sans doute l’universitaire vivant le plus souvent cité au monde, de se retirer de la sphère publique à l’âge de 93 ans. Mais en ces temps de crise permanente, il a conservé la ferveur intellectuelle d’un jeune radical, plus préoccupé par la survie du monde que par la sienne propre. Il est une publicité vivante de l’injonction de Dylan Thomas – « N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit » [tiré du poème qui se poursuit par « le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour / Rager, s’enrager contre la mort de la lumière, NdT] – ou pour ce que Chomsky appelle « la théorie du vélo : si tu continues à aller vite, tu ne tombes pas ».

C’est à l’occasion de la publication de Chronicles of Dissent, un recueil d’entretiens entre Chomsky et le journaliste radical David Barsamian entre 1984 et 1996 que nous avons eu cet entretien. Mais la toile de fond en est la guerre en Ukraine – un sujet sur lequel Chomsky est, sans surprise, volubile.

« C’est une monstruosité à l’encontre de l’Ukraine », a-t-il déclaré. Comme beaucoup de Juifs, Chomsky a un lien familial avec la région : son père est né dans l’actuelle Ukraine et a émigré aux États-Unis en 1913 pour éviter de servir dans l’armée tsariste ; sa mère est née en Biélorussie. Chomsky, qui est souvent accusé par ses détracteurs de refuser de condamner tout gouvernement anti-occidental, a dénoncé sans hésitation « l’agression criminelle » de Vladimir Poutine.

Mais il a ajouté :

« Pourquoi l’a-t-il fait ? Il y a deux façons d’aborder cette question. La première, celle qui est à la mode en Occident, consiste à sonder les recoins de l’esprit tordu de Poutine et à essayer de déterminer ce qui se passe dans sa psyché profonde. L’autre façon consisterait à examiner les faits : par exemple, en septembre 2021, les États-Unis ont publié une déclaration politique forte, appelant à une coopération militaire renforcée avec l’Ukraine, à l’envoi d’armes militaires de pointe, le tout faisant partie du programme de renforcement de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Vous pouvez faire votre choix, nous ne savons pas laquelle est la bonne. Ce que nous savons, c’est que l’Ukraine n’est pas au bout de sa destruction. Et il est fort possible que nous en arrivions à une guerre nucléaire finale si nous ne saisissons pas toutes les différentes possibilités qui existent pour un règlement négocié. »

Comment répond-il à l’argument qui voudrait que la plus grande crainte de Poutine se soit pas l’encerclement par l’OTAN mais la propagation de la démocratie libérale en Ukraine et dans le « voisinage étranger immédiat » de la Russie ?

« Poutine est tout autant inquiet de la démocratie que nous le sommes. S’il est possible de sortir de la bulle de propagande pendant quelques minutes, les États-Unis ont un long passé de sape et de destruction de la démocratie. Dois-je développer ? L’Iran en 1953, le Guatemala en 1954, le Chili en 1973, et ainsi de suite… Mais nous sommes censés maintenant glorifier et admirer le formidable engagement de Washington en faveur de la souveraineté et de la démocratie. Ce qui s’est passé dans l’histoire n’a aucune importance. Ça, c’est pour les autres. Qu’en est-il de l’expansion de l’OTAN ? Le [secrétaire d’État américain] James Baker et le président George HW Bush ont promis explicitement et sans ambiguïté à Gorbatchev que s’il acceptait de laisser une Allemagne réunifiée rejoindre l’OTAN, les États-Unis s’assureraient qu’il n’y aurait pas le moindre glissement vers l’est. Il y a beaucoup de mensonges à ce sujet en ce moment. »

Chomsky, qui a fait remarquer en 1990 que « si les lois de Nuremberg étaient appliquées, tous les présidents américains de l’après-guerre auraient été pendus », a parlé avec dédain de Joe Biden.

« Il est certainement juste d’être moralement indigné quant à ce que Poutine fait à l’Ukraine », a-t-il déclaré à propos de la récente déclaration de Biden selon laquelle le président russe « ne peut plus rester au pouvoir. » Mais il serait encore plus judicieux d’être moralement indigné au sujet d’autres atrocités innommables… En Afghanistan, littéralement des millions de personnes sont confrontées à une famine imminente. Pourquoi ? Il y a de la nourriture sur les marchés. Mais les gens qui ont un peu d’argent doivent regarder leurs enfants mourir de faim parce qu’ils ne peuvent pas aller au marché pour acheter de la nourriture. Pourquoi ? Parce que les États-Unis, avec l’appui de la Grande-Bretagne, gardent les fonds de l’Afghanistan dans des banques new-yorkaises et ne veulent pas les débloquer. »

Le mépris de Chomsky envers les hypocrisies et les contradictions de la politique étrangère américaine ne surprendra pas quiconque a lu l’un de ses nombreux livres et pamphlets (son premier ouvrage politique, American Power and the New Mandarins, publié en 1969, prédisait la défaite des États-Unis au Vietnam). Mais il est aujourd’hui peut-être plus enflammé lorsqu’il évoque le retour possible de Donald Trump et la crise climatique.

« Je suis assez âgé pour me souvenir du début des années 30. Et des souvenirs me viennent à l’esprit, a-t-il dit évoquant un souvenir obsédant. Je me souviens avoir écouté les discours d’Hitler à la radio. Je ne comprenais pas les mots, j’avais six ans. Mais je comprenais l’état d’esprit. Et c’était effroyable et terrifiant. Et quand on voit l’un des rassemblements de Trump, cela ne peut manquer de venir à l’esprit. C’est ce à quoi nous sommes confrontés. »

Bien qu’il se qualifie lui-même d’anarcho-syndicaliste ou de socialiste libertarien, Chomsky m’a confié qu’il avait voté pour les Républicains dans le passé (« qu’on les aime ou pas, c’était un parti sincère »). Mais aujourd’hui, dit-il, ils représentent un véritable mouvement insurrectionnel dangereux.

« À cause du fanatisme de Trump, la base idolâtre du Parti républicain perçoit difficilement le changement climatique comme un danger grave. C’est un arrêt de mort pour l’espèce ».

Face à de telles menaces existentielles, il n’est peut-être pas surprenant que Chomsky reste un intellectuel dissident – à la manière de l’un de ses héros, Bertrand Russell (qui a vécu jusqu’à 97 ans et qui a, de la même manière, abordé de front politique et philosophie). De plus, il continue de passer des heures chaque jour pour répondre aux courriels de ses admirateurs et de ses détracteurs, et il enseigne la linguistique à l’université de l’Arizona, l’état où il vit avec Valeria Wasserman, sa seconde épouse, traductrice brésilienne.

Chomsky est également toujours concerné par la politique britannique. « Le Brexit a été une erreur, qui signifie que la Grande-Bretagne sera contrainte de dériver encore plus vers la subordination aux États-Unis, m’a-t-il dit. Je pense que c’est un désastre. Qu’est-ce que cela signifie pour le parti conservateur ? J’imagine qu’ils peuvent mentir pour s’en sortir, ils font un super boulot quand il s’agit de mentir et sur pas mal de choses et en plus, ça passe. »

En parlant de Keir Starmer, il s’est montré très méprisant : « Il ramène le parti travailliste au statut de parti qui obéit fidèlement au pouvoir, qui sera un clone de Thatcher dans le style de Tony Blair et qui ne froissera les plumes ni des États-Unis ni de quiconque d’important en Grande-Bretagne. »

Le marxiste italien Antonio Gramsci conseillait aux radicaux de maintenir « le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté ». À la fin de notre entretien, j’ai demandé à Chomsky ce qui lui permettait d’avoir encore de l’espoir ?

« Beaucoup de jeunes gens ; Extinction Rebellion en Angleterre, des jeunes qui se sont engagés pour essayer de mettre fin à la catastrophe. La désobéissance civile – ce n’est pas une blague, je la pratique depuis longtemps, elle a occupé une grande partie de ma vie. Je suis trop vieux pour ça maintenant [Chomsky a été arrêté pour la première fois en 1967 pour avoir manifesté contre la guerre du Viêt Nam et a partagé sa cellule avec Norman Mailer]… Ce n’est pas agréable d’être jeté en prison et battu, mais ils sont prêts à le faire. Il y a beaucoup de jeunes qui sont consternés par le comportement de l’ancienne génération, et à juste titre, et ils consacrent toute leur énergie à essayer d’arrêter cette folie avant qu’elle ne nous consume tous. Voilà, c’est ça l’espoir pour l’avenir. »

Sources: New Sites Man, George Eaton, Phil Clarke Hille, 06.04.2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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