Nous sommes à quelques jours de
l’élection du président de la
République et certains discours stigmatisent des catégories
de population, parfois ils frôlent la haine, pointant du doigt tantôt les
pauvres, tantôt les immigrés, tantôt les syndicats tout en faisant l’apologie
de la réussite individuelle, du Casino et des stock-optionneurs. C’est
l’individu contre le groupe. L’individualisme contre la société.
L’individualisme c’est le
privilège des droits d’un individu sur ses semblables, sur le groupe.
L’individu a nécessairement des devoirs envers le groupe, or l’individualisme
les récuse.
Hier samedi 14 avril 2012 à Marseille avec Jean-Luc Mélenchon.
L’individualisme pousse à rompre avec ses proches, son environnement, « je n’ai besoin que de moi-même ». Cette logique individualiste entraîne le groupe à se désolidariser de l’individualiste qui ne veut pas de lui. L’individualiste fragilisé ne pourra recourir à la solidarité du groupe puisqu’il les récuse tous deux, et le groupe et la solidarité. C’est ce que dit en substance Jean Jacques Rousseau dans son très présent « Discours sur l’économie politique ». Mais au final, l’individualiste en difficulté ou en détresse ne se dessaisit pourtant pas de la main tendue par la collectivité.
Aujourd’hui et selon le mot de
Louis Dumont, dans les pays occidentaux l’individualisme suprême a supplanté la
société, autrefois valeur suprême. Le régime économique dominant favorise la
cupidité et la fuite en avant. Il est à la source de la détresse et de
situations dramatiques de centaines de millions de personnes dans le monde.
Dans les pays développés, qui ne sont pas en reste, les personnes vivant sous
le seuil de pauvreté se comptent par dizaines de millions : En France, 5°
puissance économique mondiale, 13% de la population (HUIT millions) vit sous le
seuil de pauvreté qui est de 954 € pour une personne seule. Depuis les années
90 la vie sociale ne cesse de régresser, accompagnée de discours stigmatisant
des pans entiers de la société. Les compromis sociaux réalisés au prix de
luttes populaires, depuis la sortie de la seconde guerre mondiale, sont remis
en question les uns après les autres. Avec l’évolution du capitalisme nous
assistons, selon le mot de Robert Castel à « la remise en cause du compromis
social du capitalisme industriel qui s'est épanoui dans les années 1960 et au
début des années 1970 ». La protection sociale est vilipendée, la sécurité
sociale, émanation du CNR est contestée, les services publics sont dénoncés.
Les discours antisociaux sont ouvertement diffusés (« les planqués du service
public », « la fainéantise des enseignants », « les resquilleurs du RSA », « les
chômeurs profiteurs », « la prolifération des assistés »…) alors même que
les « 200 familles » sont largement épargnées. La République solidaire
pose problème aux nantis et à ceux qui se laissent entraîner par l’argumentaire
fallacieux de ceux-là et de leurs avocats. Le néolibéralisme fait loi. L’Etat
providence est mis en doute, les tentatives de sa privatisation sont clairement
énoncées au détriment de la volonté du plus grand nombre. Autant dire que c’est
la démocratie qui est visée.
Cette idéologie qui prône la
liberté du renard au sein du poulailler nous ne pouvons l’accepter.
Dans les compétitions
individuelles les plus fragiles sont, par définition, les grands perdants :
travailleurs précaires, femmes, immigrés… La solidarité collective doit
s’imposer démocratiquement à la cupidité individuelle et au dictat de la libre
et sauvage concurrence génératrice de catastrophes humanitaires. L’Etat se doit
de redistribuer la richesse nationale de telle sorte qu’elle bénéficie au plus
grand nombre. La démocratie c’est d’abord le plus grand nombre.
C’est avec joie que je constate
que ce discours de défense d’une République solidaire reprend des couleurs
vives ces derniers temps. Je l’ai encore une fois entendu hier sur la plage du
Prado à Marseille au milieu de cent mille camarades enthousiastes.
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