On a
quitté Canakkale pour nous retrouver de l’autre côté du détroit des Dardanelles,
à Eceabat exactement. Ville ordinaire. Puis avons longé la belle route jusqu’à
Gelibolu. Courses etc. Dans un rayon du supermarché MM Migros, un livre
de Sabahattin Ali, Kuyucakli le taciturne, trône à côté de George Orwell.
Beaucoup
de tankers empruntent dans les deux sens le canal, vers la Mer Marmara et Mer
Noire par le Bosphore, soit vers la Mer Égée. De Gelibolu à la frontière
gréco-turque, il nous a fallu approximativement une heure de route. Les Turcs
nous libèrent rapidement, les Grecs eux, n’ont même pas demandé à consulter les
passeports. Cependant, la queue est beaucoup plus importante côté grec. Des
centaines de véhicules se dirigent vers la Turquie. L’état de l’autoroute, sur
une cinquantaine de km, jusqu’à Alexendroupoli, est déplorable.
Nous
nous sommes posés dans le camping de la ville. Très beau, donnant plein pied
dans l’eau, chaude.
La ville est très animée. Le soir jusque tard, on se
promène sur le front de mer, entre le phare (sept niveaux), fête foraine et
bars, restaurants… La nuit, les chiens
ont pris la relève. Tôt le matin, les cloches de la ville vous réveillent…
Quelques
jours plus tard, nous avons pris la route en direction de Thessalonique. La mer
est très agitée contrairement à Alexandroupoli. Sur le bas côté de la route, de
temps à autres, comme à hauteur de croisements, de petites constructions en
forme d’église surmontées d’une croix, invitent à la réflexion. Ce sont
peut-être et même sûr, des indicateurs de lieu d’accident. Parfois on peut voir
une photo sous verre, fixée au mur, sûrement celle de la victime. Et cela nous
renvoie aux mêmes représentations, ces monuments mémoire,
cette
fois musulmans, constatés dans l’extrême sud-est de la Russie.
En
dehors et dans les villages, assis sur une chaise sous un parasol, des
villageoises attendent le chaland. Leurs fruits (figues blanches) sont
excellents. Décidément, pas d’aire de repos sur l’autoroute en dehors de la
France. Il faut les chercher (pas même une aire de repos digne de ce nom, non,
pas même un espace nu, sans rien. Pas un).
À 50
km de Thessalonique, non loin d’un lac, un village, Néo Appolonia, semble
complètement abandonné. Quelques personnes traînent, elles semblent être des
réfugiées (notre repère, et rien d’autre, est seulement celui de femmes portant
le foulard) ou de populations pauvres. Les panneaux publicitaires indiquent
« station thermale » avec de belles maisons. Celles-ci semblent avoir
été abandonnées.
Nous
nous sommes installés dans un beau petit village, à 25 km de
Thessalonique : Agio Vasileios. Tout autour des champs plus ou moins
abandonnés. Des figuiers poussent allègrement. Pourquoi ne pas se servir ?
(ce que font les villageois et les oiseaux).
Thessalonique
est la deuxième ville du pays, posée sur la Mer Égée. Elle est pleine
d’histoire et de culture. Les commerces sont très vivants.
Nous avons découvert
le marché couvert avec ses restaurants, poissonneries et autres échoppes. Devant
la statue d’Aristote aux pieds sanglés et au regard lointain, on « se
selfie » par dizaines.
Le
Hamam du quartier juif (Sépharades) ou « Yahudi Hamam » date du 16°
s. Est situé à l’angle de Vasileos Irakliou et Frangini, au cœur de la ville.
Au bout de la Tsimiski, en prenant sur la gauche on tombe sur L’Arc de
l’empereur romain, Galère (250-311) (érigé en 303 pour fêter une victoire
contre les Perses), la Rotonde Galère (St-Georges) et le Palais en ruine,
Galère, des monuments qui datent du 4° s. « Constantin le
Grand en fit la première église de Thessalonique. Les Ottomans la
transformèrent plus tard en mosquée. Le minaret a été restauré. » (Lonely
planet). Il ne reste du Palais de Galère, que quelques ruines, quelques
colonnes et murs.
Agia
Sophia, la Sainte Sophie, derrière le boulevard Egnatia, date du 8° siècle,
inspirée de celle d’Istanbul. Plusieurs siècles elle fut une mosquée. Les
Hammams, « Bey Hammam », non loin, sur Plateia Dikastirion, date de
1444. Ils n’ouvrent que sur demande.
Derrière ces édifices, en remontant le boulevard Apostolou Pavlou vers
l’université Aristote, on ne peut ignorer le Musée Ataturk, précisément la
maison où est né et a grandi Kamel Pacha (trois étages).
Sur le front de mer ou Leof Nikis, se dresse un des plus célèbres sites de la
ville, La Tour Blanche (une ancienne prison).
L’Histoire officielle (et les catalogues) accuse Mahmoud II, le sultan ottoman,
d’y avoir massacré beaucoup de janissaires. Il y a tant de monuments Romains,
Byzantins, Ottomans... dans cette ville en partie reconstruite, suite au
gigantesque incendie (involontaire) d’août 1917 qui détruisit près de dix
mille bâtiments.
Nous
quittons cette très intéressante, mais très bruyante belle ville sous une chaleur
écrasante. L’autoroute (comme la route) est bien entretenue. Les paysages
autour de la route très sinueuse sont très beaux notamment à hauteur de
Kaotavia et jusqu’à Polymylas où nous avons fait une halte devant un champ de
patates…. (non, nous ne nous sommes pas servis).
Si
vous avez aimé Les rues de San-Francisco (121 épisodes, de 1972 à 1977 !),
vous aimerez celles de Kozani. Venez-y, vous goûteriez les descentes et montées
abruptes des rues et leur étroitesse. La ville elle même est agréable avec ses
bars et restaurants en étages, bondés.
Sur
l’autoroute en direction de Kastoria, de grands panneaux vous
avertissent de la présence d’Ours bruns (il n’en reste que 200 dans toute
la région).
Kastoria
(17.000 habitants) borde le lac de Orestiada avec ses restaurants, bars… Elle
se situe à moins de quarante kilomètres de la frontière albanaise. Les voitures
(habituellement nerveuses en Grèce) ralentissent pour laisser traverser les
oies et canards sur les passages piétons… et les enfants leur courent après. Sur
les hauteurs, de nombreuses boutiques ont fermé définitivement donnant un
aspect triste au quartier.
Mais
devant nous, un adolescent, aidé par son professeur (probablement) s’entraîne à
une meilleure maîtrise de son saxophone.
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