Il
m’arrive souvent, à l’ouverture d’un atelier d’écriture créative, de commencer par
un premier exercice, un peu à la manière de Pérec ou de Haddad, par ce genre de
consigne « écrivez un court texte dans lequel vous raconterez ce que vous faisiez
à telle date importante ? »
Je
fais toujours bien attention de ne pas commettre de bourde, de ne froisser
aucun participant. Par exemple, je ne peux ici (sur Facebook, sur Internet)
m’autoriser à vous poser la même question concernant cet importante journée,
historique, qui a vu la chute du Mur de Berlin, « que faisiez vous le 9
novembre 1989… ? » Je ne peux vous poser cette question pour la
raison simple que concernant la plupart d’entre vous je ne possède pas l’âge.
Et les facebookeurs nés après « Le Mur » sont certainement nombreux parmi
tous mes « amis ». Comme je ne veux navrer nulle personne, je ne la
pose donc pas, la question.
Par
contre, je peux – me concernant – vous raconter ce dont je me souviens de ces
journées mémorables de novembre 1989 en lien avec Berlin. Demain, le monde
entier, hypocrites compris, fêtera la chute du Mur de la honte (il y a encore
d’autres Murs de la honte, comme en Israël, mais là… on ne touche pas). Je me
souviens très bien (Pérec aimait la répétition) de ces folles journées de
novembre 1989. J’étais heureux comme un enfant, scotché devant les images
diffusées par les chaînes de télévision françaises, souvent en direct du cœur
de la révolution naissante, du cœur de Berlin. Je pensais (naïvement) « ici
chez nous, le mur est tombé en octobre de l’année dernière, et en Allemagne
c’est aujourd’hui. Je ne me doutais pas que c’était tout un Système nourri par
la délation – importante la
délation ! – un système coercitif
et tyrannique, porté par la Tcheka, la GPU et leurs rejetons, un système vieux
de 70 ans, qui allait se désagréger dans toute l’Europe communiste.
J’habitais
dans un village – le « Camp 5 », un des nombreux « camps »
de Sonatrach, le plus prisé – à la périphérie d’Arzew où je travaillais depuis
mon retour de France, gratte-papiers en CSP intermédiaire, dans les « ressources
humaines et gestion des carrières » de plus de mille personnes, (précisément
en novembre 1989 : groupe 3, catégorie 15, section 4). Du vent. Octobre
avait éclaté un peu partout dans le pays il y a onze mois et tous les champs du
Possible s’offraient à notre horizon, à notre futur, me susurrait ma pensée
naïve. Le Camp 5 est un village de 800 maisons en préfabriqué importées sur
d’immenses paquebots par les Américains à la fin des années 70 pour y loger les
expatriés américains et autres japonais, français et cadres de l’entreprise
Sonatrach. À une quarantaine de kilomètres à l’est d’Oran. Il y a une dizaine
de camps tout autour du nôtre, plus ou moins identiques. Je me répète.
Depuis
peu, nous captions la télévision par satellite et les chaînes françaises
(notamment) grâce à une immense antenne parabolique (2m50 de diamètre) posée à
l’entrée du camp et aux cotisations dont nous nous acquittions auprès d’une
association ad-hoc montée par des cadres de l’entreprise. Elle, l’association,
disposait d’un registre dans lequel – comme
le font parfois les petits épiciers de tous les coins – le chargé du suivi des contributions notait
les bons et les mauvais payeurs. Au-delà d’un délai raisonnable, ces derniers
étaient sanctionnés, un simple clic dans la régie et plus d’images. Il me faut
préciser ici que toutes les télévisions des maisons du camp étaient reliées par
câble à une centrale propre au camp. Pour leurs besoins les Américains avaient
mis en place un système de télévision en circuit interne par lequel ils
diffusaient des émissions américaines en différées. Les images étaient reçues
par l’unique grande antenne parabolique et les gestionnaires (élus par
l’association) les faisaient ruisseler dans les téléviseurs des chaumières. Les
maisons étaient toutes équipées d’au moins un poste de télévision – américain –
couleur teck foncé à gros boutons sur le côté qui faisaient un drôle de bruit lorsque
nous les manipulions, le bruit de l’aiguille d’une grosse horloge hors d’âge, au
moment du basculement d’une minute à la suivante.
FRANCE2_ 9 nov 2014_ VIDEO. 9 novembre 1989 le jour où le mur est tombé
Les
gestionnaires de l’association se querellaient parfois sur le choix de
l’orientation de l’antenne
« Satellite
HotBird 13° Est ! », « non, Astra, 28.2 Est », « non,
19.2 Est ! »... Ces désaccords ne duraient pas. Nous étions loin de
la mode des chaînes orientales qui allaient envahir le pays vingt ans plus
tard. Tout cela pour ne pas avoir affaire à la télévision algérienne « la
Nulle », « l’Unique ». La plupart d’entre nous avait en sainte
horreur la peste que représentait la télévision algérienne. Je crois savoir que
cela continue de nos jours, les Algériens boycottent majoritairement (dit-on)
les chaînes publiques. « C’est cinq chaînes, cinq fois
l’Unique ! » me dit un ami qui ne décolère plus.
Je
reviens à notre objet : novembre 1989. Je me souviens très bien de ces
magnifiques journées. J’étais heureux. Ce jour du 9 novembre, alors que
s’ouvrait le pré-congrès du FLN en Algérie, un événement proprement hallucinant
se déroulait en direct devant mes yeux que je frottais inlassablement en me
répétant « p… ! ils détruisent avec leur mains le mur qui séparait
les Berlinois depuis 1961 ! » Depuis 28 ans. C’était en pleine guerre
froide (la chute du Mur y mettra fin). Le 13 août 1961 à 0h11 une dépêche de Allgemeiner Deutscher Nachrichtendienst (ADN), l’agence
de presse de RDA annonçait : « un mur sera construit dès ce matin.
Plusieurs dizaines de mètres l’ont déjà été. » Le mur était constitué de
panneaux de béton armé hauts de 3 mètres 60, sur une longueur de 43 km coupant
la ville en deux. La longueur totale du mur séparant les deux Allemagne est de
112 km. Il était protégé tout le long par des kilomètres de barbelés, par 302
miradors et 15000 militaires
En
Algérie, les « réformes » du nouveau chef de gouvernement – Mouloud
Hamrouche – sont poussives et les résistances tenaces. La nouvelle loi des
finances stipule en son article 63 : « Les dispositions de l’article…
sont modifiées comme suit : le dédouanement pour la mise à consommation de
biens d’équipements…est dispensé des formalités du contrôle du commerce
extérieur… »
Un
jour de la semaine précédente, le 2 novembre, je m’étais rendu à la
cinémathèque d’Oran pour voir l’enregistrement sur Kateb Yacine filmé lors du
débat organisé là-même le lundi 3 juillet dernier (il y avait ce jour-là la
projection du documentaire « Kateb Yacine: l'amour et la révolution »
de Kamel Dehane qui était présent dans la salle. Il y avait aussi Irène
Jacquemin du réseau « Paix en Algérie », étaient également présents
Lamine Merbeh directeur de l’ENPA, Habib Foughali, Ali Zaamoum, Rachid Mimouni,
Paul Anrieu, Mohamed Bouamari, Hassan Bouabdallah, Rabah Laradj…) Je suis resté
dans la salle jusqu’à la fin du débat. J’ai acheté le numéro zéro de Alger
Républicain (arabe/français) (suspendu depuis le 19 juin 1965) au kiosque à
journaux à gauche de la cinémathèque.
Au
début du mois, Algérie Actualité offrait trois colonnes à un barbouze, A.
Ben. dit « Errougi », qui accuse Aït-Ahmed de contre-vérités. Révolution
Africaine fait un jeu de mots « limite » (et même douteux au vu de l’idéologie
de ce journal) dans son numéro 1342 du 24 novembre : « Berlin au pied
du mur ». Si j’étais journaliste parmi ces journalistes à la pensée
unique, ces muets-sourds-aveugles (plus encore si j’étais responsable, Dieu m’a
gardé) je me serais jeté par la fenêtre du local ou, si j’étais sur un
paquebot, par-dessus le bastingage. Et à propos de pensée unique, un Congrès
extraordinaire du FLN est programmé pour le 28.
Mais
revenons au 9 novembre. C’était un jeudi. Ici (à Arzew) il a fait très beau et
même lourd et le ciel n’était pas vraiment entièrement dégagé. Dès que je suis
rentré du travail (c’est à quinze minutes de la maison et nous sortions
officiellement à 16 heures 30 (nous commencions très tôt, faisions semblant de
travailler jusqu’à midi, ensuite « tag ‘ala men tag » (débrouillez
vous pour la traduction). À midi, ceux qui restaient mangeaient dans le restaurant
de l’entreprise. On pouvait y manger pour deux ou pour trois. À volonté.
Heureux qui comme le ventre ne se plaint jamais à Sonatrach.
L’essentiel
n’était pas dans la gestion des carrières, l’administration, les moyens
généraux, mais dans la maîtrise de l’extraction du gaz (ou pétrole) et de la
soudure des pipes pour son acheminement), c’est pourquoi, concernant les trois
quarts des effectifs, la notion de « travail » y était très
élastique, très molle (nonobstant que les bonnes volontés, même si peu
nombreuses, étaient réelles et sincères). Aujourd’hui, je ne sais pas.
Je
reviens à Berlin. Sur « la 5, la télé qui ne s'éteint jamais »
à 17h26 une publicité me saute au visage. À ma connaissance c’est la première
publicité française mettant en jeu un Arabe (mais pas encore un Maghrébin, pas
même pour le Couscous), un homme riche du Moyen Orient jouant à « Jeu
M.B. » (un jeu de loto, roulette…). De son côté, M6 diffusait fréquemment
cette publicité vantant un déodorant pour femmes « Narta ! dès le
matin je suis Narta ! » que nos campagnes, pour se l’offrir, se
devaient (alors) traverser la Méditerranée ou se rendre à Melilla (à Oujda
peut-être ?)
Depuis
quelques temps, tous les lundis, ce sont des centaines de milliers d’Allemands
qui manifestent pour plus de liberté. Plus de démocratie. Depuis l’été, ce sont
des milliers d’Allemands de l’Est qui sont partis pour la Hongrie et la
Tchécoslovaquie. Plus de 40.000 Allemands ont fui le pays aux premiers jours
d’octobre. Mais Erich Honecker, président du Conseil d’État (et gravement
malade), reste droit dans ses bottes, plus irréductible que jamais. Le 8
octobre Honecker a reçu Gorbatchev à l’occasion du 40° anniversaire de la
RDA. Le 18, il est destitué. Egon Krenz
(qui a claironné son admiration pour la répression des autorités chinoises
contre les manifestants de Tien An Men, répression qui fit des centaines, voire
des milliers de morts ce 4 juin 1989) lui succède. Quant au Parti socialiste
ouvrier hongrois – MSZMP – (parti communiste), il se saborde et se scinde en
deux formations : Parti socialiste hongrois (MSZP) qui abandonne la
référence au marxisme, et Parti communiste ouvrier hongrois (Magyar Munkáspárt) le 8 octobre.
Devant
l’écran de télévision, j’étais heureux comme un enfant à qui on offrirait un
sac ou une amphore saturés de bonbons caramélisés, aux couleurs de
l’arc-en-ciel et aux formes de minuscules oiseaux. Je recevais les images en
pleine figure, en plein cœur. Une émotion incroyable, prodigieuse, me
submergeait. Oui, j’étais heureux de voir des sourires larges comme un
croissant de lune, des yeux ronds, exorbitants de félicité, des larmes bleues
couler sur les joues, les lèvres. D’entendre les cris de joie. De voir cette
immense foule compacte onduler comme les eaux d’un fleuve dans une seule
direction, celle de la liberté. De voir tous ces gens, jeunes et moins jeunes,
parents, grands-parents, amis, inconnus, se jeter les bras ouverts les uns sur
les autres. Leur bonheur, je le partageais, assis dans mon fauteuil ou debout
devant l’écran de ce vieil appareil de télévision, un verre de Mascara à la
main tendu vers eux. J’aurais tant aimé me trouver parmi ces heureux, juste le
temps de ces journées inoubliables, car ici aussi des pans d’un autre murs sont
entrain de vaciller. Tomberont-ils ? Nous l’espérions tous.
Ce
jeudi 9, A2 était en direct de la frontière, du Mur, avec Philippe Rochot. USA
Today titre : « The wall is gone » sans point d’exclamation. On
voyait les Allemands de l’Est complètement dépassés :
- c’est
comme un rêve !
- c’est
incroyable !
- c’est
dingue, c’est de la folie !
- c’est
génial !
- je
suis très heureux ! s’exclamaient-ils.
Et
en chœur ils chantaient « Ein
so schöner Tag soll niemals enden » (Une journée aussi belle que celle-ci,
ne devrait jamais finir).
Trois
jours avant, lundi sur TF1, PPDA parlait d’un déferlement « Ce n’est plus
une hémorragie, c’est aujourd’hui un véritable déferlement qui balaie de facto
la frontière qui sépare les deux Allemagne. 23000 Allemands ont déjà changé de
pays depuis samedi en passant par la Tchécoslovaquie. Et ça continue ». Je
suis tenté de mettre un gros point d’exclamation, mais le ton grave du
journaliste ne l’autorise pas.
Des
Allemands de l’Est j’en ai connu, des Polonais, des Tchèques, des Hongrois… je
connaissais leurs pays pour les avoir traversés à 20 ans, 21, 22… pour avoir
participé à des chantiers internationaux de volontariat (http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2018/08/616-chantiers-estivaux-de-volontariat.html).
Une participation disais- je, sans lien aucun avec la
politique (à tout le moins me concernant), je m’en méfiais assez depuis
l’intimidation dont je fus l’objet quelques années auparavant, alors que je
n’avais pas 18 ans. Je fus incarcéré dans une geôle (une cave en guise de
cellule) au sein même du Tribunal d’Oran (près du lycée El Hayet) pour avoir
dénoncé le zèle et l’abus de pouvoir d’un greffier. Tous ces Allemands,
Polonais, Tchèques, Hongrois étaient comme mes amis. J’en ai gardé un souvenir
intarissable. Ils ne demandaient que la Liberté. Aspirer à la liberté est un
droit et un devoir. Cette liberté, ils la vivaient à travers nous qui arrivions
des pays comme France, mais aussi la Grande-Bretagne, l’Italie, la Suède,
l’Allemagne de l’Ouest…
Je
me suis égaré. Reprenons le cours des événements du Mur. J’étais devant mon
écran de télévision, et nous étions en novembre 1989. La RDA a laissé partir
ses ressortissants, avec un visa rapidement délivré, vers la RFA. En Algérie
nous aussi avions connu cela sous l’innommable dictateur, on appelait ce visa
algérien « ASTN » (autorisation de sortie du territoire national).
« 3000
personnes à l’heure passent le Mur depuis ce matin » s’est écrié le correspondant
d’A2. « Les nouvelles tombent minute par minute, nous n’avons pas le temps
d’écrire ce qui se passe là-bas, du côté du Mur de Berlin » s’est excusé
Billalian. L’Histoire s’accélérait et la chaîne française lui réserva 24’ à 13
heures, 23’ lors du journal du soir (exactement comme à TF1). Les événements se
bousculaient, les hommes politiques étaient dépassés. « Les mots n’ont
plus de sens » répétait Daniel Bilalian. La veille, le gouvernement de
Willi Stoph avait démissionné.
Nous
étions à quelques jours du 30° anniversaire (13, 14 et 15 novembre 1959) du
Congrès de Bad Godesberg, lorsque le SPD, parti social-démocrate allemand, prenait
congé du marxisme.
À
20h36, une dépêche de l’AFP annonçait : « les gardes-frontière de RDA
sont entrain de dégager les chicanes et barrières amenant au mur afin de
commencer à le détruire. » Le samedi 11, le quotidien Libération du
week-end (le numéro du jeudi 9 n’a pas paru pour cause de grève) mettait en une,
une photo montrant des Allemands de l’Est escaladant le Mur et un encart :
« Quelle histoire ! Berlin n’en finit plus de fêter la fin du Mur »
auquel le journal a consacré 18 pages.
Le
samedi, A2 était en direct de Berlin, comme la veille, cette fois là avec
Christine Ockrent et André Glucksmann qui parlait d’inquiétude. A2 avait même,
depuis vendredi, chamboulé ses programmes.
La
RDA a délivré en 24 heures 2.700.000 visas à ses ressortissants pour quitter le
pays (plus de 10 millions le samedi suivant) à pied, en train ou en Trabant 601.
En trois jours, ce sont 17% des Allemands qui sont allés en RFA (100.000 pour
ce samedi). Chez les voisins, les murs des dirigeants craquelaient. En Bulgarie
Todor Jivkov tomba le 10, lui qui voulait « l'éradication de la
présence musulmane de Bulgarie » (tiens, tiens, « éradication »,
un terme qui va, quelques années plus tard, envahir certaines rédactions de
journaux et comités de parti, les uns et les autres en rupture avec leur peuple
d’arrière-garde)
J’ai
couru voir des amis, comme je l’avais fait le 10, mais la plupart faisait toujours
une tête d’enterrement. Il est vrai que nombre d’entre eux émargeaient aux
registres du Pags – organisation dont j’ai toujours détesté l’idéologie qui
s’abreuvait chez les Stal –, mais demeuraient néanmoins des amis (je
découvrirai plus tard qu’ils m’avaient alors bien leurré, eux les adeptes de
l’entrisme). Quelques années plus tard, au plus fort de la terreur, l’un
d’entre eux – médecin – me menacera en souriant « si tu continues de parler
de Droits de l’homme, je te mets une balle dans la tête », oui messieurs, paraphrasant l’abject écrivain
nazi Hanns Johst: « Quand j'entends parler de
culture je relâche la sécurité de mon révolver ». Je suis revenu,
en courant, chez moi. Aujourd’hui, le mur de l’Histoire a été déflagré et
lorsqu’il m’arrive d’échanger avec eux – ceux qui sont encore là et qui ne se
dérobent pas –, je pose sous leurs yeux
le tableau sombre et la comptabilité macabre des histoires auxquelles ils ont
follement cru. Ceux-là ne sont plus nostalgiques.
J’ai
repris un ou deux verres de Mascara avec des cacahuètes. J’étais seul, mais
heureux. La journée de la chute du Mur de la honte et celles qui suivirent
furent pour moi de grands moments de bonheur. J’ai suivi les informations d’A2 (et
de La 5, de TF1…) jusque tard dans la soirée.
En
Tchécoslovaquie débutait le vendredi suivant une « révolution de
velours » (elle aboutira dix jours plus tard, le 27 ; alors qu’en
Bulgarie, le 18, commençaient d'importantes manifestations dans tout le pays. En
Algérie, le 20 novembre, le FFS était légalisé. C’est un autre événement
historique.
Depuis
la mi-novembre, les collègues de travail qui entraient dans mon bureau pour une
raison ou une autre me demandaient « hadi chtah ? » ç’est quoi
ça ? en pointant un petit objet. C’était systématique. Un morceau de
pierre que j’avais ramassé dans le Camp où j’habitais. Je répondais
« c’est un bout du Mur de Berlin ». C’était faux, mais c’était vrai
également. C’était comme un éclat du Mur de Berlin qui était parvenu jusqu’à
moi, comme un signe. C’était mon morceau du Mur de Berlin. Je l’ai toujours à
portée de main, 30 ans plus tard. Lorsque je l’observe aujourd’hui, il me
revient à chaque fois à l’esprit ces mots prononcés lors de son procès (1964)
par Nelson Mandela :
« Au
cours de ma vie… j’ai chéri l’idéal d’une société démocratique et libre dans
laquelle toutes les personnes vivraient en harmonie, avec des chances égales.
C’est un idéal que j’espère voir se réaliser. Mais s’il le faut, c’est un idéal
pour lequel je suis prêt à mourir. »
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Je vous laisse. Demain matin, samedi 9 novembre, j’animerai
un atelier d’écriture à Marseille autour des « Notes de chevet »
de Sei Shônagon (c’est un classique) où
il est question de « listes ». L’après-midi je serai présent à deux
manifestations. La première, à 14h, « rencontre avec Leila Shahid et
Dominique Vidal : « antisionisme et antisémitisme » avec
projection de courts métrages, au Mistral dans le 1° arrondissement (11
impasse Flammarion). La seconde manifestation, vers 15h, s’intitule
« Grande marche contre le mal logement » (1° arrondissement, Cours
Julien).
Contrairement à
Paris, à Marseille il n’y a rien sur l’Algérie, ce samedi 9.
Note
complémentaire : en atelier d’écriture, pour ce type d’exercice qui fait
appel à la mémoire, je n’autorise l’exploitation d’aucun document, d’aucune
archive… ce que j’ai fait, moi, ci-dessus.
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