C’est l’histoire d’un gars nommé
Omar Ch. qui découvre qu’une petite mosquée a parcouru des milliers de
kilomètres avant d’être posée au milieu d’une des villes les plus
septentrionales du monde : Inuvik.
Omar décide de se rendre…. à Inuvik
et prier dans cette mosquée qu’on appelle « La mosquée des Inuits »…
Voici les premières lignes de cette histoire :
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Ce matin de septembre, comme tous les matins,
après qu’il eut consommé son petit déjeuner, Omar s’installa devant son
ordinateur. Il consulta ses courriels puis ouvrit l’un après l’autre les sites
des journaux qu’il affectionne ou qu’il lit par devoir professionnel. Plus tard
il se penchera sur ses propres écrits qu’il soignera avant de les adresser à
des revues spécialisées. En dernière page d’un quotidien, un court article
attira son attention. Il y est question d’un « lieu de culte musulman situé au plus haut de l’hémisphère
nord, dans un village inuit ». Le texte est intitulé « La communauté musulmane d’Inuvik
accueille enfin sa mosquée ». On y évoque les péripéties subies par
les chauffeurs de la semi-remorque qui transportèrent la mosquée de Winnipeg à Inuvik.
Omar relut l’article puis chercha le village dans Google Earth.
Il connaissait la capitale du Manitoba, mais il n’entendit jamais parler d’Inuvik. Sa position géographique d’abord l’intrigua, puis le surprit. Il ne se doutait pas de la présence de musulmans en un endroit si éloigné, si isolé. Les jours suivants il se documenta davantage. Plus les jours et les semaines s’écoulaient, plus il s’attachait à cette région du bout du monde, plus il s’interrogeait sur cette mosquée, sur ses fidèles. Et puis, c’était une belle occasion qui s’offrait à lui pour, qu’enfin, il découvre le Grand Nord dont il rêva souvent par le passé. Il lui fallait faire quelque chose. Il en parla à ses proches, à ses amis, à ses collègues. Véro fut enchantée. Elle lui proposa aussitôt de l’accompagner.
Il connaissait la capitale du Manitoba, mais il n’entendit jamais parler d’Inuvik. Sa position géographique d’abord l’intrigua, puis le surprit. Il ne se doutait pas de la présence de musulmans en un endroit si éloigné, si isolé. Les jours suivants il se documenta davantage. Plus les jours et les semaines s’écoulaient, plus il s’attachait à cette région du bout du monde, plus il s’interrogeait sur cette mosquée, sur ses fidèles. Et puis, c’était une belle occasion qui s’offrait à lui pour, qu’enfin, il découvre le Grand Nord dont il rêva souvent par le passé. Il lui fallait faire quelque chose. Il en parla à ses proches, à ses amis, à ses collègues. Véro fut enchantée. Elle lui proposa aussitôt de l’accompagner.
Omar et Véro se connaissent depuis une vingtaine d’années. Ils travaillaient
ensemble à Paris pour LSA, un magazine spécialisé dans les publireportages
dédiés à la grande distribution. Véro y entamait sa carrière de photographe.
C’est en 1995, durant les mouvements sociaux qui paralysèrent la France, qu’ils
abandonnèrent cette revue pour se mettre chacun à son compte, en freelance. Ils
ont, l’un et l’autre, délaissé le climat de la capitale et son effervescence
pour la clémence du sud beaucoup moins agité. Véro habite à Arles, Omar près
d’Avignon. Aussi, lorsque des occasions se présentent et quand cela est
possible, ils s’engagent ensemble dans un projet. Omar prend en charge la
rédaction, Véro les photos. La perspective de se rendre à la lisière du pôle
Nord, dans un territoire, le Nord-Ouest du Canada, vaste comme près de trois
fois la France, les enthousiasma aussitôt. Ils ont hâte de la concrétiser.
L’idée de réaliser un reportage pour la presse n’est pas centrale, mais ils ne
l’excluent pas.
Inuvik est un village où vivent moins de quatre mille personnes. Il se
trouve au-delà du cercle polaire. Durant les nuits d’été, le soleil oublie de
se coucher.
Se rendre à Inuvik et fouler le sol de sa mosquée, la plus septentrionale des mosquées de la planète, est pour Omar une expédition exaltante et un défi exceptionnel. C’est devenu au fil du temps son mont Éverest. Il lui faut l’escalader pour y planter son nom et plus tard se vanter auprès de ses proches qui lui chercheraient querelle : « j’ai prié dans la mosquée la plus au nord du monde ! » Lui qui jamais ne pria ou plutôt qui ne prie plus depuis la mort de son père. Il avait quatorze ans. Véro dirait, en exagérant à peine, « j’ai atteint le Pôle Nord ! »
Se rendre à Inuvik et fouler le sol de sa mosquée, la plus septentrionale des mosquées de la planète, est pour Omar une expédition exaltante et un défi exceptionnel. C’est devenu au fil du temps son mont Éverest. Il lui faut l’escalader pour y planter son nom et plus tard se vanter auprès de ses proches qui lui chercheraient querelle : « j’ai prié dans la mosquée la plus au nord du monde ! » Lui qui jamais ne pria ou plutôt qui ne prie plus depuis la mort de son père. Il avait quatorze ans. Véro dirait, en exagérant à peine, « j’ai atteint le Pôle Nord ! »
Dès que la décision fut prise, il leur fallait penser à l’hébergement. La
solution fut trouvée cinq mois plus tard, en février, grâce à Nicole, une amie
journaliste de Véro. Son compagnon, Fred, qui est originaire de Trois-Rivières,
avait suggéré – si Véro et Omar étaient d’accord, et ils le furent – d’en
parler à sa famille au Canada. C’est ainsi que Jacques Latraverse, cousin de
Fred, voulut bien mettre gratuitement à leur disposition son pavillon de
Yellowknife la capitale des Territoires du Nord-Ouest canadien. La seule condition
que posait Jacques était que les Marseillais – eux-mêmes se disent Marseillais,
c’est plus simple – l’occupent en été pendant qu’il passerait ses vacances dans
sa résidence secondaire en Amérique latine. Omar accepta aussitôt, bien que
Yellowknife se trouve à trois mille cinq cents kilomètres d’Inuvik. Le mois
suivant, Omar et Véro achetaient les billets : Marseille-Paris par TGV,
Paris-Montréal-Yellowknife par avion.
Ils entreprirent ensuite de chercher des contacts francophones dans la
région. Ils furent fixés en moins de quinze jours : Marc Walper, un
collègue de Jacques, les attendra à l’aéroport de Yellowknife. Son épouse parle
le français. La directrice de l’Association franco-culturelle de cette ville, Marie
Chaumont, les accueillera bien volontiers. Puis ils passèrent quelque temps à
se renseigner sur le Canada et les États-Unis, et les
conditions d’entrée : la location de voiture, le climat, la circulation
dans le Grand Nord, les Indiens… Ils bouclèrent tous les dossiers en mai.
Restaient les jours et les semaines qui s’égrenaient lentement à leur gré. Au
courant de juin ils réussirent au moyen de Skype à échanger avec les
animatrices des associations francophones : Céline Lavoie et Carrie Wong à
Whitehorse, Marie à Yellowknife.
(à suivre)
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