(Suite et fin)
A la sortie de Whitehorse ils
s’aperçoivent que le niveau de la jauge est assez bas, « on a les
jerrycans » pense Omar. Il se dit aussi que les types de l’agence de
location ne sont pas sympathiques. La température n’est pas élevée : 17°C.
Une pluie fine et continue tombe, comme hier. Elle cesse peu après Carmacks où
ils prennent un grand café américain dans la station-service et font le
plein de carburant. « Gazoline, diésel ? » « yes
diésel » « diésel that’s it ? » « Yes thank
you ». Omar a bien vérifié. Sur la carte grise, il est bien spécifié
« gazoline ». De temps à autre ils sont attirés par des amas de
grosses pierres ayant une forme humaine, les bras tirés de part et d’autre du
corps, des espèces de cairns. Ce sont des Inukshuks, qui ont, dit-on dans les
traditions indiennes, des capacités d’homme et de femme certaines. Tout au long
de la route, ce sont des milliers d’hectares d’arbres. Une succession de forêts et de lacs, de lacs
et de forêts de bouleaux ou de sapins. Certains endroits portent des traces
d’incendies anciens, dont les dates sont indiquées sur des panneaux dressés sur
le bord de la Highway. Nombre de ces feux sont délibérés et officiels,
ainsi de grandes plaques informent et rassurent en même temps : « Les
incendies sont allumés soit par les éclairs, soit par le personnel du parc, et
le contrôle en est planifié (…) Pour brûler sans danger et
atteindre les objectifs d’ordre écologique, les spécialistes fondent leurs
décisions sur les conditions atmosphériques, le type de végétation, le
comportement du feu et la composition du terrain… » Toutefois, la
végétation est peu abondante ici aussi comme dans toute la région de Bechchokǫ̀. Sa
croissance est lente et réduite à cause du pergélisol. Les aulnes, bouleaux et
autres sapins sont peu développés, rabougris.
La route – goudronnée – est globalement correctement entretenue même si
de temps à autre des chantiers de réfection obligent à une vigilance accrue.
Des panneaux ‘bumps’ attirent l’attention sur des dos d’âne ou des nids de
poule quelquefois imposants. La circulation est faible.
Omar et Véro mettent un peu plus de huit heures pour parcourir les cinq
cent trente kilomètres qui relient Whitehorse et Dawson City où ils arrivent en
fin de journée. ‘La journée décline’ est une expression, et tous deux trouvent
que le soleil est anormalement haut. Leur sérénité en est un temps troublée
quoiqu’ils n’en sont pas à leur première soirée dans le Grand Nord, mais la
luminosité est telle à 20 h qu’ils en sont tout remués. Du plein de carburant
qu’ils ont fait le matin à Carmacks, il ne reste pas grand-chose. Le voyant de
la jauge clignote.
Les deux
aventuriers passent la nuit dans le Touran, sur un coin de l’étendue de terrain
qui fait office de terminal pour ferries. Rien n’indique que c’en est un, sinon
deux plaques sur lesquelles il est écrit en noir sur fond blanc « small vehicules only » sur
l’une et « large vehicules
only » sur la seconde, posées toutes deux à même le sol, retenues par
de gros blocs de pierre. Deux couloirs délimités par deux larges bandes jaunes
parallèles marquent la zone réservée aux voitures. Omar avance le 4X4 à l’écart
de ce périmètre, mais suffisamment près de la Yukon river. Depuis ce terminal
les ferries emmènent les passagers au pied du camping situé sur l’autre rive de
la Top of the world highway…
L’office de
tourisme, appelé ici Visitor réception centre, se trouve à moins de cent
mètres, sur la Front Street. C’est le premier lieu où ils se rendent le jeudi
matin. On leur donne toutes sortes d’informations utiles ainsi que de nombreux
prospectus. Pour l’hébergement ils ont
le choix entre des hôtels au cœur de la ville ou à sa périphérie. Ils préfèrent
le motel qui se trouve au pied de la Dempster, à une quinzaine de kilomètres au
nord de Dawson City et où ils peuvent
aussi faire le plein d’essence. Ils passent la journée dans le coeur de la
ville. Dawson est une magnifique ville,
plutôt village que ville, demeuré figé dans un temps lointain où les rêves de
richesse se comptaient par dizaines de milliers. Comme à Skagway tout renvoie à
ce passé : les bâtiments, les vieilles voitures,
l’accoutrement de certains habitants… Des maisons penchent dangereusement.
Elles ne tiennent debout que par la baraka polaire. Le permafrost fait beaucoup
de dégâts. Moins toutefois dans la taïga que dans le Grand Nord.
Vendredi enfin
commencera la partie la plus importante de l’aventure, celle qui les mènera à
Eagle Plains un village traversé par le cercle polaire arctique, celle qui leur
fera parcourir toute la Dempster Highway jusqu’à Inuvik et sa mosquée,
peut-être même, cerise sur le gâteau, jusqu’au bout du monde – par air – celle
enfin qui les conduira jusqu’à Tuktoyaktuk et la mer de Beaufort ! Ils en
rêvent depuis longtemps. Ils n’oublient pas qu’ils s’engagèrent plus ou moins à
aller à la rencontre de Cécile, de Derek et de la mère Ninguiukusuk !
L’après-midi
ils visitent la Cabane de Robert William Service, le poète canadien d’origine
irlandaise. Véro veut tout stocker dans son boîtier, les édifices, les parages,
l’habitation et même les poèmes agrafés contre les parois de bois « A little space on a stony hill / With
never another near me, / Sky o’ the North that’s vast and still, / With a
single star to cheer me… » Une pancarte lui attribue à tord ces
mots : « As-tu souffert, connu
la faim et triomphé, rampé et pourtant connu la gloire, grandi dans la grandeur
de l’univers ? » La paternité de cette interrogation revient, si
l’on ne veut trahir la vérité, à Jack
London qui l’écrivit dans le fameux Appel de la forêt –The call of the
wild. Véro et Omar visitent le musée et
la cabane dédiés à cet auteur. Il fut lui-même – Jack London – chercheur d’or
dans le fleuve Klondike. Comme il fut journaliste. Plus bas se trouve un
bâtiment qui abrita le « Dawson Daily News »
fondé pendant la ruée
vers l’or qu’il relata fidèlement. Seule la façade – jaune et rouge vifs – est maintenue
telle qu’elle était. Les Marseillais prennent une bière à la Westminster Hotel
Tavern, bondée. C’est un modèle moderne de ce que furent les saloons pour cowboys
et chercheurs d’or… ne manquent que les chevaux et les pétards. La bière et les
histoires de toutes sortes y coulent à torrents. La plupart des visages sont
émaciés, fins comme des lames, marqués par la rudesse de la vie. Véro et Omar
ne s’y attardent pas, mais pensent y revenir. Il fait très bon et le ciel est azur. La luminosité intense qui s’en empara
toute la journée, s’adoucit le soir venu alors que l’environnement, tout
autour, explose sous l’énergie du silence et de l’émerveillement général. Des
reflets teintés de rose, comme ceux d’un lac peuplé de flamands, s’approprient
un temps toute l’étendue du ciel. Les deux complices se rendent au Drunken Goat
Taverna, un sympathique restaurant grec. « Parcourir des milliers de
kilomètres vers le Grand Nord pour en arriver à manger du grec ! »
plaisante Véro. L’ambiance et le décor leur plaisent c’est pourquoi ils
s’installent. Sur le mur, derrière le comptoir, une fresque représente
d’anciens crooners américains. Ils prennent chacun une Alexander Keith’s, puis
deux, c’est l’heure du Happy Hour, et plus tard le dîner : calmars et
salade grecque pour deux. La table mitoyenne est occupée par deux hommes
qui engagent aussitôt la discussion avec les Marseillais, d’où viennent-ils,
comment sont-ils arrivés jusqu’à Dawson… Leurs voisins ne parlent pas français
et leur accent anglais est différent des autres anglophones, il est plus rythmé
et les dernières syllabes sont hautes, mais les Véro et Omar réussissent à les
comprendre. Ils leur demandent juste de parler « slowly please ». Ce
sont des routiers. Ils connaissent bien cette région. Omar leur répète ce que
Véro et lui ont entendu à propos de la mosquée d’Inuvik. Dehgah Lowe est petit,
le second, Dave Kisoun, est mince, toujours souriant. Tous les deux ont le
teint hâlé, de longs cheveux et des yeux en forme de deux bâtonnets
d’allumettes, obliques. Ce sont des autochtones, des Indiens Dénés. Dehgah est
originaire de Tuktoyaktuk, Dave est d’Inuvik. Tous deux résident dans cette
ville, dans ce gros village. Ils connaissent bien l’histoire de la Mosquée. Ils
disent « Little Midnight Sun Mosque ». Les routiers confirment
qu’elle a été bâtie à Winnipeg la capitale de la
province du Manitoba. Les travaux ont dû être interrompus durant plusieurs semaines à cause
de problèmes financiers, mais aussi de non-respect des codes de construction
dans les TNO. Ils soutiennent que la mosquée a bien voyagé à bord d’un Trailer
Bertrand 4 essieux jusqu’à Hay River sur les bords du Grand lac des Esclaves,
où elle fut mise sur barge. Elle parcourut le Mackenzie des abords de Hay River
à Inuvik.
D’ailleurs ils connaissent les routiers qui la transportèrent jusqu’à
Hay River. Dehgah et Dave répètent « Little Midnight Sun Mosque ». La
mosquée fut réceptionnée le 23 septembre de l’année dernière à Inuvik. Elle
peut accueillir jusqu’à cent personnes. La quasi-totalité des musulmans de la
ville était présente lors de l’événement. C’est ainsi qu’on apprit ce jour-là,
où tous les taxis d’Inuvik s’étaient comme volatilisés, que tous leurs chauffeurs
étaient musulmans. La ville avait souffert de cette soudaine et totale absence.
Aucun taxi n’était disponible. Le minaret de la “Petite mosquée de la toundra”
– autre appellation donnée à la mosquée, celle-là par des journalistes – fut
construit localement, c’est-à-dire à Inuvik. L’ouverture au public de la
mosquée la plus septentrionale au monde eut lieu le 10 novembre dernier, peu
avant l’Aïd el-Kébir, en présence de nombreuses personnalités locales, dont le
maire d’Inuvik. On pria, puis un dîner fut offert aux habitants pour célébrer
l’inauguration. Il réunit près de trois cents personnes. « Après on a
dansé tous ensemble… », dit Dehgah. Il demande « Y’re
muslim ? »
TUKTOYAKTUK |
La nuit ne
dura pas. Il suffit au soleil de tourner sur lui-même au raz de la mer de
Beaufort et réapparaître pour égayer un nouveau jour. Véro et Omar ont dormi en
utilisant le masque sommeil qu’on leur distribua dans l’avion, au-dessus de
l’Atlantique. Ils sont extirpés du lit par une luminosité aveuglante. Omar
ronfla une partie de la nuit. Lorsque Véro le lui dit, il feint l’étonnement
« ah oui ? » Mais ils se connaissent bien.
Le soleil
brille haut dans un ciel parfait. Ils ont hâte d’entamer la Dempster qui commence
ici même devant ce motel où ils prennent un café et du jus de fruits
accompagnés de biscuits canadiens au sirop d’érable et de muffins au chocolat.
À la station ils font le plein de diésel. Les trois jerrycans de vingt litres
dans le coffre sont remplis. Ils leur seront peut-être utiles à mi-chemin,
vers Eagle Plains. Ils sont prêts pour le dernier tronçon du voyage. Omar
dit qu’ils peuvent atteindre Inuvik en fin de journée. Ils émettent aussi l’éventualité
de bivouaquer à mi-route. Ils rentreront alors dans Inuvik le samedi 23. Omar
active le démarreur et enclenche la vitesse automatique. Le Touran fait
quelques dizaines de mètres, s’engage dans la Dempster. Il semble pris de
soubresauts. Omar recommence la manœuvre. L’engin a des ratés. Il avance encore
de quelques mètres et les convulsions reprennent. Il finit par s’immobiliser.
Il ne veut plus avancer ni même repartir. Véro se met à l’arrière du véhicule
et pousse de toutes ses forces. Omar s’irrite, s’énerve. Il commence à pester,
« il faut revenir à la station ! ». Derrière, un 4X4 sorti lui
aussi du motel, s’arrête à leur niveau. Les occupants en descendent. Ils se
mettent à l’arrière du Touran et poussent à leur tour autant qu’ils peuvent jusqu’à
la station. Omar se précipite vers la boutique. Il demande au patron de lui
porter secours. Peu après arrive un mécanicien. Il commence par essayer de
faire redémarrer le Touran, mais n’y parvient pas. Il s’informe sur ce qui
s’est passé. Omar dit qu’il n’en sait rien. Le mécanicien s’acharne à trouver
l’origine de la panne. Au bout de longues minutes, il demande à Omar s’il a
bien mis du carburant. Omar répond par l’affirmative, « oui j’ai rempli
pour 60 $ ». Le mécanicien vérifie la jauge, puis demande à voir le
certificat d’immatriculation du véhicule. M. Beauséjour, le patron, arrive à
son tour. Le mécanicien demande à Omar le type de carburant qu’il a pris.
« Diésel » dit Omar. L’intuition du mécanicien se révèle exacte. La
tête qu’il fait est à la hauteur de la gravité de la situation :
« You didn’t put the appropriate fuel ! » Puis il s’adresse à son
patron en lui montrant le certificat d’immatriculation. M. Beauséjour est
bilingue. Il écoute son employé avant de traduire aux Marseillais. Omar avait
globalement compris le mécanicien. Il sursaute et répond que sur la carte grise
il est bien indiqué « gazoline ». « Précisément, dit le patron,
gazoline, mais vous vous êtes servi en diésel. » « Hé bien oui, j’ai
mis du diésel, ou gazoline comme vous dites ». Omar était jusque-là
persuadé que l’on disait ‘gazoline’ au Canada, comme on dit ‘diésel’ ou même ‘gasoil’
en France. « No » fait M. Beauséjour, « Oh no ! » Omar
ne sait plus. Tout se confond maintenant dans son esprit. Le patron voit
l’effroi plaqué sur le visage des Marseillais. Il tente de les rassurer, de
dédramatiser autant qu’il peut, en demandant à son employé de vider le
réservoir du véhicule. Le mécanicien ouvre la trappe puis le bouchon et essaie
d’introduire dans le bec de remplissage un tuyau qu’il est allé chercher
dans un hangar afin d’aspirer le carburant, mais en vain. Impossible d’ouvrir
l’obturateur. Omar et Véro se regardent. Ils sont complètement abattus. Ils
prennent conscience à cet instant que le rêve de voir Inuvik et sa mosquée est
en train de s’évanouir. En ce moment précis. Leur esprit est confus. Énervement
et tristesse se mélangent. Omar pose la paume de sa main sur ses cheveux. Il
s’éloigne, revient, il ne sait plus quoi faire, quoi dire. Véro est dans le
même état. Sa main, placée sur sa bouche, est immobile. Et ses yeux sont absents,
vides de toute expression. M. Beauséjour rejoint son bureau où il entreprend
par téléphone les démarches nécessaires. Il revient au bout de quinze minutes.
Il lève les bras comme pour invoquer une fatalité. Omar demande à téléphoner à
l’agence. La communication qu’il a avec l’employé de Budget est houleuse.
« Les frais de remise en état du véhicule reviennent à la charge des
clients. » dit l’agent. « Et l’assurance, et
l’assurance ! » crie Omar, mais c’est en vain. M. Beauséjour demande
à son chauffeur-mécanicien de se préparer à transporter le monospace jusqu’à
Whitehorse sur le camion de dépannage et l’autorise à prendre avec lui dans sa
cabine les deux Marseillais, si toutefois ils acceptent cette offre qui est
aussi celle de l’agence de location. Les gestes qu’effectue Omar suffisent pour
expliquer qu’ils n’ont de choix que celui d’abandonner ici la poursuite de leur
dessein.
Le retour
jusqu’à Whitehorse se fait dans un silence de désolation. Le chauffeur,
embarrassé, tente de temps à autre de détendre l’atmosphère, notamment
lorsqu’il s’approche d’une aire de repos ou d’un Tim Horton. Il parle du temps
qu’il fait, propose un café à emporter, mais manifestement, le cœur de ses
passagers n’y est pas. Véro et Omar le remercient, mais ne descendent du camion
qu’une fois arrivés à Whitehorse en fin de journée. L’agence de location a
fermé. Ils prennent une chambre dans le même hôtel que le conducteur, le Yukon
Inn, dans le centre-ville. Le lendemain, juste avant de restituer le véhicule
endommagé, et récupérer leurs effets chez Budget, Omar propose à l’homme les
jerrycans de carburant dont ils n’ont plus besoin, non sans préciser
« diésel », sans rire et sans faire de l’esprit, ce serait malvenu.
Le chauffeur-mécanicien accepte et les remercie chaleureusement. L’employé de
l’agence leur rappelle ce qu’il leur avait signifié la veille au téléphone, à
savoir que « les frais de remise en état du véhicule ne sont pas pris en
charge par l’assureur, car manifestement la faute vous incombe à vous, pas à
notre agence. » Carte bleue : 1600 dollars.
Le temps ne
permet pas à Omar et Véro d’envisager un nouveau départ en direction d’Inuvik.
Il n’y a plus de véhicule de rechange et la réparation prendrait plusieurs
jours. Les Marseillais décident alors d’abandonner définitivement leur projet
et de se rendre à l’évidence. Ils récupèrent leurs affaires et le Westfalia.
Il leur faut maintenant revenir à Yellowknife. Ils sont frustrés, mais
contents, autant qu’ils le peuvent, de traverser de nouveau les immensités
colorées et riches de l’Alaska Highway et de la Mackenzie Highway, jusqu’à
Yellowknife, d’où ils prendront un vol pour Montréal, puis un autre pour
rentrer chez eux.
Dans l’esprit
de Omar, deux visions opposées se côtoient, se croisent. La première est celle
d’une barge transportant une petite mosquée sur le Mackenzie de Hay River au
sud à Inuvik au nord où elle est fortement attendue. La seconde est celle d’un
camion acheminant sur la Klondike Highway un monospace en panne de Dawson City
au nord vers Whitehorse au sud.
« Un
jour viendra, je foulerai le plancher tapissé de la mosquée d’Inuvik et les
sous-sols gelés de Tuktoyaktuk » promet-il. Le regard qu’il adresse à Véro
est chargé tout à la fois de peine, de malice, de détermination et de profonde
complicité. Il lui prend la main et dit « tu
m’accompagneras ? »
* * *
Fin.Ahmed Hanifi
La petite mosquée des Inuits et autres confettis.
Ed Incipit en W.
Nov 2014.
____________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire