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dimanche, mai 05, 2013

392- L’homme qui n’avait rien compris

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J’ai lu et apprécié les pérégrinations de Daniel Benyacoub, le narrateur de « L’homme qui n’avait rien compris ». Un Algérien que les circonstances ont poussé à l’exil, précisément à Paris, qui l’attendait, « c’était écrit ». Daniel en veut beaucoup à son « géniteur » plutôt que père, lâche qui l’a abandonné, lui et sa maman. Un père et un mari qui ira jusqu’à les expulser de l’appartement familial du 6° arrondissement de Paris.
C’est ce père mauvais auquel il ne pardonne pas d’avoir fait découvrir l’enfer à sa mère que Daniel ne voudra pas enterrer décemment, suite à la canicule de 2003, « une véritable hécatombe » qui l’a emporté. Il n’entreprendra rien pour l’enterrer alors que « les radios et les télévisions tentent de trouver les mots justes pour me convaincre, pour me réconcilier avec mon père. Mais leurs discours ne peuvent pas me faire oublier ses absences et ses trahisons. »
Daniel est barman, il aime échanger avec les consommateurs du Tipaza. Il aime Paris, ville lumière, mais aussi combien difficile parfois, où l’on « se sent seul, perdu et inutile ». Il l’aime autant que son pays d’origine l’Algérie plurielle, trahie par les politiciens dont son propre père, ancien conseiller de l’armée algérienne, jouant à « un double jeu » en informant les services français (la DST). J’ai aimé les déambulations physiques et culturelles, poétiques, de cet amoureux désillusionné, mais aussi plein d’espoir. Daniel a aimé, a été aimé. Les réminiscences sont nombreuses.
Les déambulations sont construites autour de 111 chapitres courts, à l’accès très facile. « Seuls les mots apportent de la joie » dit le narrateur et ces mots il y en a beaucoup entre lui et Amine (ancien policier devenu journaliste à Alger), mais surtout entre lui et Laurent M. son ami journaliste indépendant, qui « ingurgite des quantités impressionnantes de bière en attendant le retour » de son amoureuse.  Le narrateur cherche dans son passé et celui de l’Algérie ses propres vérités qui l’aideront à le construire pour mieux comprendre son présent. Un roman dépouillé d’artifices que j’ai trouvé empli de réalisme.
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Ahmed Hanifi,
Marseille le 05 mai 2013

L’homme qui n’avait rien compris. Youcef Zirem. Editions Michalon, Paris 2013. 186 pages.

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L’homme qui n’avait rien compris de Youssef Zirem ou…les vents de la liberté ne se soulèvent plus !
« Les appels reprennent de plus belles. Les radios et les télévisions tentent de trouver les mots justes pour me convaincre, pour me réconcilier avec mon père. Mais leurs dires ne m’impressionnent pas, les discours ne peuvent pas me faire oublier ses absences et ses trahisons. » Ainsi s’exprime l’homme qui n’avait rien compris. A travers la solitude d’un homme et la rancœur d’un fils abandonné par son père, Daniel Llaurriat, juif algérien, l’auteur nous transporte dans un Paris dont il dit « un pays qui a de plus en plus peur de l’Etranger ». Youssef Zirem tente tout au long de ce roman de maintenir le lien au-delà des deux rives de la Méditerranée à travers des personnages qui nous font découvrir « le pays des Lumières qui veut se balader sur des sentiers obscurs » et l’Algérie « où le désordre est de tradition ». Tout est dit, Daniel, l’homme qui en pleine canicule de 2003 en refusant d’enterrer son père, nous met face à nos contradictions, face à notre déchéance d’hommes soi-disant libres, d’hommes qui ont abandonné sur les bords de la route leurs espoirs et leurs illusions. Il n’y a pas d’intrigue, peu d’actions comme l’on pourrait le trouver dans un roman classique, juste un fil conducteur qui est cette introspection dans laquelle Youssef plonge son « héros » en fait, un « anti-héros ». L’auteur nous entraine dans un questionnement sur l’état du monde et celui de l’Algérie en particulier par le biais d’un second personnage Laurent M, journaliste jouant le rôle du miroir comme s’il représentait la conscience de Daniel. Cette Algérie toujours sous-jacente à travers le regard d’un exilé malgré lui, en pleine décennie noire et qui nous renvoie à chaque étape de son histoire depuis la Kahena qui affronta les Almohades qui lui coupèrent la tête jusqu’ à l’Algérie d’aujourd’hui. Mais le narrateur fait un rappel historique et non pas des moindres « au fond c’est Paris qui a libéré l’Algérie. L’idée de l’indépendance est née à Paris dans les années 20 » et Zirem de casser le tabou messaliste, d’honorer le leader kabyle Akli Banoune indépendantiste de la première heure et nommer l’Etoile Nord-Africaine, le MTLD, le PPA et le MNA, ces Partis forts de cette immigration kabyle avec à leur tête un Messali Hadj écarté du combat par de jeunes militants, comme une nécessité de remettre à sa place ce pan de l’histoire occulté par 50 ans de mensonges enseignés. Et pourtant l’auteur fait dire à son personnage « je suis l’homme qui ne comprendra jamais rien du tout… Je n’ai jamais compris ces guerres, toujours renouvelées… ». Regard juste d’un auteur qui nous rappelle l’attachement de ces hommes et femmes venus peupler cette Terre qu’ils n’ont cessé d’aimer et Daniel est de ceux-là, un amour à la Terre-mère, celle des ancêtres transmis par sa mère issue d’une lignée de Berbères-Juifs. Le message est clair, cette terre riche de tant de communautés au fil des siècles en est réduite aujourd’hui à enfanter ces fameux « harragas », préférant la mort par noyade à une société qui se désagrège sous la main mise « d’un système fermé et autoritaire ».

La femme n’est pas absente de ce roman, elle est omniprésente à travers la mère de Daniel mais aussi celles, femmes ou amantes qui ont traversé sa vie sans pour cela se poser, elles sont présentes mais semblent jouer un rôle à la mesure de leur position dans une société moderne qui les a émancipées au détriment des hommes comme Daniel.

Ce roman est parsemé de références à des auteurs, des artistes ou des acteurs de la vie quotidienne qui ont croisé Youssef Zirem tel un hommage rendu à ces êtres pour qui l’auteur ressent une véritable tendresse comme si celui-ci ressentait le besoin de partager son univers et son entourage proche venu peupler son exil.

L’homme qui n’avait rien compris est un témoignage et un hymne à la beauté malgré le regard critique et réaliste de l’auteur. Telle une promenade à travers le temps et l’histoire et malgré la solitude de Daniel, le roman s’achève sur une note d’espoir : « La lumière est toujours plus forte que l’obscurité ».


Par: Rénia Aouadène

Professeur de Lettres espagnoles

Ecrivaine Poétesse
30 avril 2013
on : www.aokas-aitsmail.forumactif.info

et on: http://aouadene.renia.over-blog.com/article-l-homme-qui-n-avait-rien-compris-de-youssef-zirem-par-renia-aouadene-117587943.html
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"L’homme qui n’avait rien compris" de Youcef Zirem

Quelle superbe écriture que celle de ce roman que l’écrivain, poète et journaliste Youcef Zirem vient de publier aux éditions Michalon.
Le livre.
C’est un roman d’une insondable solitude, dense que vient de nous offrir là Youcef Zirem. Parfois réjouissant, drôle mais souvent grave, L’homme qui n’avait rien compris nous interpelle, nous apostrophe, nous bouscule dans nos petites certitudes. On savait déjà Youcef Zirem inclassable, cultivant jalousement sa liberté. Avec ce roman, il signe un véritable plaidoyer sur nos trajectoires et la superficialité des rapports qui régissent les rapports humains.
En liminaire, il y a cette canicule qui a emporté en 2003 en France des milliers de personnes âgées. Daniel Benyacoub Laurriat y a perdu son père. Mais il refuse de l’enterrer. Il nous le dit en convoquant les abîmes de sa mémoire. D’origine juive, Daniel Benyacoub et sa famille font partie de ceux, rares, qui sont restés en Algérie, après 1962. Son père a conseillé l’armée algérienne. Puis quitta tout, sa famille, son boulot et l’Algérie, pour sa maîtresse parisienne. "Il avait quitté son pays de soleil, il avait essayé de s’adapter à cette grande capitale mais il n’avais jamais pu se départir de cette énorme nostalgie pour sa terre natale. La nostalgie tue à petit feu et il n’y a aucun remède pour ce mal incurable", raconte Daniel sur son père. Ou peut-être ne serait-ce pas là le lot de nombre d’exilés ?
En flash-back entre cette Algérie meurtrie qui l’a vu naître et Paris, "la belle et la cruelle", Youcef Zirem nous fait voyager à travers l’espace et le temps. "Quand je voyage dans le bus de Paris c’est surtout moi que je recherche", confie Daniel. Le voyage est sans doute un symbole, une quête personnelle plutôt de l’auteur. De soi sans doute, donc identitaire, mais également des autres, ses semblables.
Toute l’histoire à tiroirs de cet arpenteur de la capitale française s’effeuille alors. Par petits chapitres profonds servis par une écriture sèche, claires et sans fioritures. La trame bruisse dans toute son étendue d’une colère contenue. Celle d’un homme en colère contre la fatuité, le cynisme.
En filigrane de ce récit tout en introspection, en confession affleure la douleur brûlante de l’Algérie. Celle de cette terre quittée par dépit, désespoir de meilleurs lendemains. "La douleur est toujours un enseignement. Quelquefois, la douleur arrête le temps. Mais le temps sait se promener ; il va dans tous les sens, il excelle dans la fuite. Je ne suis dans aucune époque charnière ; je ne suis réellement que dans l’absence", lit-on en chapitre 60.
L’homme qui n’avait rien compris brosse une succession de tableaux d’hommes et de femmes qui ont marqué ce pays damné. Avec ce roman de Youcef Zirem, l’histoire et la politique ne sont jamais loin, elles sont souvent au bout du paragraphe. En contre-point d'une écriture de dénonciation qui refuse de se résoudre au silence. L'exil, la solitude, le temps qui fuit, les amours sans lendemains, un pays qui saigne et fait saigner, tout y est ou presque. L'homme qui n'avait rien compris est à lire absolument.
Kassia G.-A.
13 mars 2013
L’homme qui n’avait rien compris de Youcef Zirem aux Editions Michalon. Prix : 16 euros.
Youcef Zirem est aussi l’auteur de :
Le Chemin de l’éternité, éditions franco-berbères, 2009
La vie est un grand mensonge, Editions Zirem, 2005.
La guerre des ombres (essai), GRIP-Complexe, 2002.
L’âme de Sabrina (nouvelles), Barzakh, 2000.
Les Enfants du brouillard (poésie), Editions Saint-Germain-des-Prés, 1995.
On : www.lematindz.net
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Youcef Zirem : "Ecrire pour moi est une façon de respirer"


Youcef Zirem, journaliste, poète écrivain et par ailleurs animateur de l'émission Grafitti sur Berbère télévision a publié le Semeur de l'amour en septembre. En mars, c'est "L'Homme qui n'avait rien compris", un roman écrit de sa main.

Lematindz : Que devient Youcef Zirem, le journaliste et écrivain ?
Je crois qu’il est toujours le même ; toujours amoureux des mots et passionné des médias. Juste qu’il a pris du recul sur les choses, sur le monde, sur la vie dans une ville de la culture et de l’ouverture qu’est Paris.
Un recueil de poésie et un roman en quelques mois. Vous êtes prolifique ?
Je ne sais pas si je suis prolifique ; écrire est pour moi une façon de respirer véritablement ; je le fais pratiquement chaque jour, d’une façon ou d’une autre. Cela dure depuis des années, et au bout, j’ai plusieurs textes qui peuvent paraître à n’importe quel moment.
Le semeur de l'amour est votre dernier recueil, avez-vous le sentiment que les Algériens ont une relation compliquée avec l'amour ?
Oui, mon Semeur d’amour, paru à Paris au mois de septembre, plaide pour l’amour de l’Autre…De nos jours, cela est valable aux quatre coins du monde…En Algérie, la haine a pris le dessus sur l’amour et cette tendance s’accentue de jour en jour…Même quand nous sommes à l’étranger, cette haine nous poursuit et nous n’arrivons pas à nous en débarrasser…La situation politique désastreuse en Algérie est largement générée par notre incapacité à nous aimer véritablement…
L'autre livre qui arrivera avec le printemps, L'Homme qui n'avait rien compris revient par un chemin détourné sur l'Algérie contemporaine, à travers un juif. Original ?
Mon prochain roman, L’Homme qui n’avait rien compris, sort le 7 mars aux éditions Michalon à Paris. Ce livre ne laissera aucun lecteur indifférent. Cette fiction revient largement sur l’histoire algérienne depuis la création de l’Etoile nord africaine jusqu’aux errances actuelles d’un pouvoir illégitime qui emprisonne un pays et un peuple. Cette histoire est racontée par un Juif algérien, Daniel Benyacoub Laurriat, qui ne veut pas enterrer son père, mort à Paris, durant la canicule de l’été 2003. Joseph, le père de Daniel, lui aussi né en Algérie, a longtemps conseillé l’armée algérienne, avant de quitter l’Algérie et sa femme Sylvia. Durant ses pérégrinations parisiennes, Daniel rencontre Laurent, un journaliste parisien qui ne cesse de dénoncer certaines pratiques du microcosme parisien. Laurent tient le coup grâce à une femme, Adriana, qui vient d’Argentine. Ce roman raconte, d’une certaine façon, le passé juif de l’Algérie pour dire que ce pays est porteur de diversité à tous les niveaux. C’est, peut-être, cette diversité qui peut le sauver un jour. A bien des égards, L’Homme qui n’avait rien compris passe en revue les déchirements du monde actuel.
L'identité est importante si je comprends bien, pourtant vous écrivez en français. Vous arrive-t-il d'écrire en kabyle ?
Oui, l’identité est importante ; les racines peuvent nous guider à trouver notre chemin. Mais il faut aussi s’ouvrir sur l’Autre, sur les autres, sur le monde. Oui, j’écris aussi en langue kabyle même si jusqu’à aujourd’hui, je n’ai rien publié dans la langue de ma mère. Mais cela se fera un jour, c’est inévitable.
Quelle analyse faites-vous justement de la revendication amazighe sous l'ère Bouteflika ?
La revendication amazighe doit aujourd’hui dépasser le slogan pour arriver sur le terrain de la production à tous les niveaux. Bouteflika a été acculé par l’extraordinaire Mouvement Citoyen de Kabylie à accepter le statut de langue nationale pour la langue amazighe. Mais Bouteflika et le système de Toufik Mediène n’encouragent guère cette langue. Il y a encore du chemin à faire pour réhabiliter complètement la langue amazighe.
Le président français ira en Algérie, ne pensez-vous qu'il y a un flagrant décalage entre ce président qui a été déjà ministre pendant la présidence de de Gaulle et ce jeune président français ?
Oui, il y a un décalage énorme parce que l’Algérie n’est pas une démocratie. Bouteflika a été imposé par le DRS aux Algériens ; c’est dans la continuité d’un régime qui n’a jamais eu d’alternance politique depuis l’indépendance algérienne. L’argent du pétrole aidant, le système Bouteflika-Toufik a corrompu des larges pans de la société algérienne. Les pays occidentaux eux-mêmes, y compris la France, soutiennent largement le régime algérien pour profiter des richesses algériennes.
Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
Je lis ou relis souvent plusieurs livres en même temps : en ce moment, je suis avec Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald et Lumière d’août de William Faulkner. La semaine passée, j’ai relu Le Polygone étoilé de Kateb Yacine…
On revient au journalisme, sachant votre longue expérience depuis la naissance de ce qu'on appelle la presse indépendante, j'ai le sentiment que vous cultivez une certaine amertume et du scepticisme quant au rôle réel de la presse.
Oui, j’ai quitté mon poste d’ingénieur en pétrole à la Sonatrach pour le journalisme et je ne le regrette pas. En Algérie, la presse écrite est passée par des moments meilleurs que ceux d’aujourd’hui. Même la télévision algérienne, hermétique et au service unique du pouvoir, s’était ouverte à la suite des tragiques événements d’octobre 1988. Je ne cultive aucune amertume mais je suis réaliste : tant que le citoyen algérien ne sera pas libre, la presse algérienne sera toujours limitée et aura des lignes rouges à ne pas dépasser.
Que souhaitez-vous pour l'année à venir ?
Pour l’année à venir, je souhaite de l’Amour, de la Paix et de l’Harmonie à tous les habitants de la terre
Entretien réalisé par Hamid Arab
17 décembre 2012
On : www.lematindz.net
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