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lundi, mars 16, 2020

689_ Un jour ordinaire, au temps du Covid-19.


Une rue de la ville de M. dans le sud de la France, en PACA



Au Bled, pendant le ramadan, à l’heure de la rupture du jeun, dans les rues des villes et villages, plane un étrange silence. Les rues sont totalement vides des habitants, regroupés en famille autour du dîner. Un étrange silence, mais léger, un silence paradoxalement de réjouissances. Car nous savons que dans les maisons on écoute de la musique (chaabi), on échange des nouvelles, on rit… Le silence dont je vous parle ici est autre. C’est un drôle de silence, un silence lourd, qui nous enveloppe ces jours-ci et précisément ce matin ici où même les arbres ont perdu de leur superbe. Le clocher de l’église sonne un coup à 9 h pile, et au cœur de cette petite ville du sud de la France, les activités ont cessé. Rares sont les commerces qui, comme le petit Discount ou la boulangerie, sont ouverts. Les gens avancent à pas pressés. Habituellement ces mêmes rues du cœur de cette petite ville sont très agitées. Aujourd’hui il n’y a ni chansons, ni brouhahas, ni rumeurs. Rien. Pas même l’agitation des écoliers du boulevard Chave, astreints à étudier à domicile. Cet étrange silence est interrompu de temps à autre par le bruit du moteur des rares véhicules, par le crissement de leurs pneus ou par l’arrivée d’un train régional hasardeux, vide, qui ralentit mais ne s’arrête pas. Plus loin le piaffement d’oiseaux insouciants l’allègent. Il n’y a ni rat mort, ni docteur Rieux, mais elle rode un peu partout, la mort de l’autre peste, la mort du Covid-19, on le sait. France Inter indiquait tôt ce matin que le nombre de personnes atteintes du coronavirus en France s’élève à 5423 et que 127 personnes en sont décédées. Je presse le pas. Quelques personnes avancent, semblent se murmurer (à elles-mêmes), elles se rassurent peut-être. On évite de trop se rapprocher lorsqu’on se croise, au contraire on fait chacun un pas de côté, discret pour ne pas se froisser. Peut-être sourit-on avec gêne. Et on continue vers ses occupations, l’esprit agité. La poste est fermée. « En raison des directives gouvernementales, nous sommes contraints de fermer le bureau jusqu’à nouvel ordre. » Alors je n’ai plus rien à faire à l’extérieur. Pas le cœur à ma marche quotidienne (5 à 6 kms chaque matin). Dans son intervention télévisée de ce soir, le président Macron annoncera certainement des mesures de confinement. Au-delà du stade 3. Et probablement le report du deuxième tour des élections municipales. Et demain sera un autre jour.
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