C’est comme un nouveau rêve : la pandémie enrayée, un monde nouveau est possible à l’horizon.
Nous arrivons au terme d’un cycle, j’en suis persuadé et j’en ai rêvé. Je suis convaincu que le monde actuel est à l’agonie. Ce monde, où chez beaucoup hélas l’égocentrisme est un repère un modèle, a produit sa propre impasse. Ce monde dans lequel le marché, la mondialisation économique et financière qui contribue à la destruction d’une grande partie de l’humanité où 8 % des hommes possèdent 83% des richesses du monde, ce monde-là est à l’agonie. Un monde nouveau est possible au sein duquel les hommes n’auront plus les yeux braqués sur le Nasdaq et autres indices boursiers Cac 40, Dow Jones… Indices dont ce monde nouveau, au risque de le perpétuer, réduira drastiquement l’objet, à défaut de les supprimer.
La pandémie du Coronavirus, à la suite des grandes crises mondiales financière et économique de 2007 et plus, tombe à point. Et si cette pandémie ne nous abat pas, elle nous instruit, nécessairement – on ne paie jamais trop cher une bonne leçon. La pandémie du Covid 19 nous confirme la faillite de notre monde présent (frontières financières et marchandes ouvertes/frontières humaines fermées, inégalités béantes Nord/Sud, faillites écologiques, dérégulations multiples, repli sur soi accentué, gestion chaotique, etc.) Aujourd’hui, ce virus qui se propage à travers le monde, et qui risque de laisser derrière lui des dizaines de milliers de morts, nous offre l’occasion inespérée de le repenser, repenser notre monde.
Depuis le début de ce 21° siècle, des voix s’élèvent. Elles sont essentiellement jeunes et c’est très bien. Elles sont l’avenir. Depuis quelques années des initiatives germent et se multiplient un peu partout, pour qu’un monde nouveau redonne sa dignité à l’homme, pour qu’enfin celui-ci puisse se débarrasser de la course effrénée au gain, à la dégradation de l’environnement.
Un monde nouveau est possible où les pratiques abusives et inadmissibles de l’économie de marché incontrôlée au nom de la liberté d’entreprendre (ainsi l’obsolescence programmée…), seront bannies, comme seront dénoncées les pratiques d’exclusion, la course à l’évaluation individuelle, à la notation individuelle au détriment de la collectivité. Un monde nouveau est possible où il sera mis un terme au nationalisme étriqué source de guerres à d’autres hommes, lointains ou proches, ces métèques ou ces barbares. C’est une nécessité.
Un monde nouveau dans lequel consommer ce qui pousse dans et autour de sa ville, réduire la masse des déchets, les recycler, créer des monnaies locales (pour contourner la spéculation), mettre en commun les biens les plus lourds (les nationaliser), valoriser les loisirs seront des activités encouragées à travers des territoires bien plus grands que les initiatives locales actuelles. Un monde nouveau dans lequel la santé est appréhendée comme un bien précieux non négociable, hors comptabilité. Un autre monde possible est devant nous j’en suis convaincu, qui mettra fin aux crises écologiques, économiques et sociales que traversent de très nombreux pays, et plus encore leurs classes intermédiaires et populaires. Espérons-le le plus proche possible.
Un monde nouveau où les valeurs de solidarité et de partage diffusées à travers tous les territoires l’emporteront sur la course effrénée aux biens matériels de manière inconsidérée. Où la fraternité enfin, l’homme enfin, sera au-delà du verbe au cœur des hommes.
Encore faut-il que nous nous en donnions les moyens. Mais je l’ai rêvé.
Ahmed Hanifi,
Marseille, mercredi 18 mars 2020
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