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mardi, février 18, 2025

892_ USHUAIA_ 17_ Santiago de Chili : derniers jours et départ pour Mendoza

 892_ USHUAIA_ 17_ Santiago de Chili : derniers jours et départ pour Mendoza




Les journées à Santiago s’écoulent tranquillement. Nous déambulons au travers les quartiers, de Centro Historico à Santa Lucia et ses marchés artisanaux couverts, et en face le beau musée des Beaux-Arts Bellas Artes (que nous avons aperçu la veille), et Lastarria coupée par trois grandes et bruyantes avenues : Cardenal José Maria Caro, l’autopista Costanera Norte et l’Avenida Santa Maria. On a traversé la Mapucho River (coincée entre elles), toujours à pied et sous un soleil toujours aussi puissant, souvent sans air frais durant la journée. Nous redescendons vers le sud-est. Ici les beaux-quartiers sont légion contrairement au centre de la capitale. Certaines rues font montre d’une pauvreté et saleté qui s’étalent sur toute la journée. Mendicité, « petits métiers », prostitution devant le métro Punte Cal y Cante. À hauteur de Baquedano on prend le métro en direction de Alcantara. Nous recherchons une ScotiaBank (qui ne prend pas de commissions abusives). Par un curieux hasard, nous nous retrouvons entre Las Lilas et San Pascual, dans la Malaga. Au 370 on s’arrête net. Nous sommes devant la Embajada de la República Argelina Democratica etc. Fenêtres fermées. Un agent de sécurité fait les cent pas, un œil sur les passants. Il nous répond « Buenos dia ! » Mais nulle banque. Retour au Cento Historico, ses commerces, ses banques…

Nous visitons l’important Musée précolombien « Museo chileno de arte precolombino ». Trois étages pleins de poteries, de bijoux, de stèles et statuettes, de forges, d’habits, de momies, de tapisseries, d’instruments ménagers et d’utilisations quotidiennes des mapuches, incas, mayas et autres peuples premiers.

Nous rentrons assez tôt à la résidence en passant devant le Palais de justice sur lequel veillent, côte à côte, le président Manuel Montt (1809-1880) et Antonio Varas (1817-1886) qui fut ministre et président du Sénat). Préparer nos bardas pour Mendoza.

Hier nous avons visité la maison de Pablo Neruda, « La Chascona ». Elle se situe dans le quartier Bellavista, au pied du Parque Metropolitano de Santiago. Comme celle de Valparaiso, elle est construite sur cinq étages. Mais contrairement à la maison de Valparaiso, « La Sebastiana », il nous a été interdit de prendre des photos, sauf dans le jardin. Pablo Neruda y vécut avec Mathilde Urritia jusqu’à sa mort une dizaine de jours après le coup d’État de Pinochet, le 23 septembre 1973. Ses sbires ont d’ailleurs fait inonder la maison et l’ont saccagée. 

On peut admirer la bibliothèque du poète ainsi que nombre d’objets personnels. Elle est le siège de La Fondation Neruda.

Après la Chascona nous avons pris le funiculaire qui nous donne à voir une vue assez large de la capitale. Sur le chemin du retour, nous traversons le quartier Bellavista dont certains murs des rues Pio Nono et Dominica sont dédiés à la résistance palestinienne. Ce qui n’est pas du tout rare au Chili. Et maintenant place à nos bardas.

 

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ODE À LA MER

Ici dans l'île
la mer
et quelle étendue!
sort hors de soi
à chaque instant,
en disant oui, en disant non,
non et non et non,
en disant oui, en bleu,
en écume, en galop,
en disant non, et non.
Elle ne peut rester tranquille,
je me nomme la mer, répète-t-elle
en frappant une pierre
sans arriver à la convaincre,
alors
avec sept langues vertes
de sept chiens verts,
de sept tigres verts,
de sept mers vertes,
elle la parcourt, l'embrasse,
l'humidifie
et elle se frappe la poitrine
en répétant son nom

ô mer, ainsi te nommes-tu.
ô camarade océan,
ne perds ni temps ni eau,
ne t'agite pas autant,
aide-nous,
nous sommes
les petits pêcheurs,
les hommes du bord,
nous avons froid et faim
tu es notre ennemie,
ne frappe pas aussi fort,
ne crie pas de la sorte,
ouvre ta caisse verte
et laisse dans toutes nos mains
ton cadeau d'argent:
le poisson de chaque jour.

Ici dans chaque maison
on le veut
et même s'il est en argent,
en cristal ou en lune,
il est né pour les pauvres
cuisines de la terre.
Ne le garde pas,
avare,
roulant le froid comme
un éclair mouillé
sous tes vagues.
Viens, maintenant,
ouvre-toi
et laisse-le
près de nos mains,
aide-nous, océan,
père vert et profond,
à finir un jour
la pauvreté terrestre.
Laisse-nous
récolter l'infinie
plantation de tes vies,
tes blés et tes raisins,
tes bœufs, tes métaux,
la splendeur mouillée
et le fruit submergé.

Père océan, nous savons
comment tu t'appelles,
toutes les mouettes distribuent
ton nom dans les sables:
mais sois sage,
n'agite pas ta crinière,
ne menace personne,
ne brise pas contre le ciel
ta belle denture,
oublie pour un moment
les glorieuses histoires,
donne à chaque homme,
à chaque femme
et à chaque enfant,
un poisson grand ou petit
chaque jour.
Sors dans toutes les rues
du monde
distribuer le poisson
et alors
crie,
crie
pour que tous les pauvres
qui travaillent t'entendent
et disent
en regardant au fond
de la mine:
«Voilà la vieille mer
qui distribue du poisson».
Et ils retourneront en bas,
aux ténèbres,
en souriant, et dans les rues
et les bois
les hommes souriront
et la terre
avec un sourire marin.
Mais
si tu ne le veux pas,
si tu n'en as pas envie,
attends,
attends-nous,
nous réfléchirons,
nous allons en premier lieu
arranger les affaires
humaines,
les plus grandes d'abord,
et les autres après,
et alors,
en entrera en toi,
nous couperons les vagues
avec un couteau de feu,
sur un cheval électrique
nous sauterons sur l'écume,
en chantant
nous nous enfoncerons
jusqu'à atteindre le fond
de tes entrailles,
un fil atomique
conservera ta ceinture,
nous planterons
dans ton jardin profond
des plantes
de ciment et d'acier,
nous te ligoterons
les pieds et les mains,
les hommes sur ta peau
se promèneront en crachant
en prenant tes bouquets,
en construisant des harnais,
en te montant et en te domptant,
en te dominant l'âme.
Mais cela arrivera lorsque
nous les hommes
réglerons
notre problème,
le grand,
le grand problème.
Nous résoudrons tout
petit à petit:
nous t'obligerons, mer,
nous t'obligerons, terre,
à faire des miracles,
parce qu'en nous,
dans la lutte,
il y a le poisson, il y a le pain,
il y a le miracle. 


Pablo Neruda

(in Blog : Lézardes et murmures)

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La maison de Pablo Néruda (à Santiago), le Musée précolombien, le funiculaire...



 

 

lundi, février 17, 2025

892_ USHUAIA_ 16_ Santiago de Chili : Relève de la garde, Londres 38 et Le Stade National

 892_ USHUAIA_ 16_ Santiago de Chili : Relève de la garde, Londres 38 et Le Stade National

 



Relève de la garde au Palais présidentiel de la Moneda à Santiago du Chili, ce matin, Jeudi 13 février 2025. ( Ch vidéo, ici: https://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2025/02/892-ushuaia-15-santiago-de-chili-la.html  )

 

Le lendemain nous avions rendez-vous au quartier « Paris-Londres » au siège de Londres 38. Accueillis par des jeunes en charge de l’association mémorielle (qui se situe au 38 rue de Londres donc.) Cette adresse est tristement célèbre. Elle fut durant les années Pinochet un centre de torture et d'extermination mis en place par la dictature militaro-civil qu’il dirigeait. Les témoignages recueillis par la Commission sur l’emprisonnement et la torture durant la période de la dictature (Commission Valech) ont dévoilé qu’en 1973, certains responsables du gouvernement du président Salvador Allende ont été emmenés au ministère de la Défense en tant que détenus puis ont été emmenés et soumis à des interrogatoires, les yeux bandés, « certains étaient attachés et devaient rester toute la journée, allongés sur le sol… Ils étaient forcés de rester debout, les mains contre le mur, sans bouger, et recevaient des coups. » Des simulacres d’exécution ont été organisés avec coups, et les femmes humiliées.

 

Nous avions pris rendez-vous quelques jours auparavant au stade national… lequel, a servi de lieu de regroupement et de torture des opposants à la dictature militaire installée en septembre 1973.

« Le lendemain du coup d’État militaire de septembre 1973, il devint pour quelques semaines le principal centre de détention, de tortures et d’exécutions du pays. Les images des centaines de prisonniers politiques assis dans les gradins, sous la menace des mitraillettes de leurs geôliers en uniforme, sont gravées dans la mémoire collective et sont devenues emblématiques d’une des périodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de l’Amérique du sud… (…) L’entrée des prisonniers dans le stade se faisait dans la violence: mains derrière la tête, sous les cris, les menaces, les coups de pied ou de crosse. Il s’agissait, dès l’arrestation, d’affaiblir la capacité de résistance physique et morale de «l’ennemi», réduire ses défenses intérieures, selon les techniques éprouvées de la guerre psychologique fondée essentiellement sur la torture »  (www-clionautes-org) 

Nous nous arrêtons là et vous proposons les photos et vidéos que nous avons prises aujourd’hui-même.

AH _ LONDRES 38 ET LE STADE NATIONAL_ 1.2





AH _ LONDRES 38 ET LE STADE NATIONAL_ 2.2




__________________________ PHOTOS "LONDRES 38" ________________________
































__________________________ PHOTOS "STADE NACIONAL" ________________________