892_ USHUAIA_ 18 _ MENDOZA
Nous avons quitté tôt le dimanche notre résidence de Morande pour nous rendre au Terminal. Direction Mendoza. La veille, nous avons offert un cadeau à la très sympathique réceptionniste, appelons-la Augustina, qui a été très attentive à nos demandes (connexion défectueuse au « Waye-faye » (Wifi) répétée, adresses diverses, taxis…) Le Terminal Sur est mouvementé. Impression de départs massifs. Imaginez les gares en été en France. Eh bien, au Chili, on n’a pas de gare ferroviaire, mais les « Terminal » sont partout, absolument partout, ils maillent le pays. La route vers la frontière argentine est très cahoteuse et montagneuse. Elle grimpe en serpentant jusqu’à parfois des sommets de plus de 3000 mètres. Nous avons traversé le tunnel Cristo Redentor et mis sept heures pour parcourir les 380 km et gagner Mendoza, la capitale viticole. À l’extérieur où la chaleur est insupportable avec ses 30, 33 degrés.
À l’hôtel « Alamo » où nous sommes descendus - sur la Mariano Nocochea - nous avons fait la connaissance d’un gars très sympathique. Il portait un T- Shirt bleu avec manche au coude, sur lequel on peut lire en lettres capitales blanches : « DEUS EX MACHINA » et de grosses lunettes de bigleux, assorties à ses cheveux. C’est lui qui, nous entendant parler, est venu vers nous, « vous êtes Français ? », en français. Nous étions en train de discuter de littérature et de la mésaventure de Boualem Sansal. À ce propos, les injures sont nombreuses sur Facebook-DZ, à défaut de sérénité et d’argumentaires posés. Le type s’est joint à notre conversation et a posé le journal qu’il tenait en main : « Clarín », ouvert à la page 48, « Cultura », consacrée à l’ouvrage de Marco Mallamaci « Poder y dinero en la era adel bitcoin. Notre ami ne dit que du bien de l’auteur de l’article Alejandro Cánepa, « c’est un ami ». Sur ce, il se présente « Luis Diego », la cinquantaine pas encore affirmée. Il occupe « la 13 », nous « la 12 ». Toutes deux donnent sur un beau et grand jardin entouré de plantes. En face des baies vitrées et la véranda ajoutent à la sympathie du lieu, très calme. Les clients, peu nombreux, sont discrets. Notre ami est là pour deux nuits, avant de filer vers d’où nous venons, Santiago. Des vacances auprès de ses proches, « bien méritées » dit-il. Il nous propose un verre au centre de la ville. Nous poursuivons donc la discussion près de la place de Independancia, sous un des parasols du New Jack, sur la large allée arborée, Sarmiento. Tout y passe, le salaire minimum mensuel en chute, en Argentine comme au Chili, moins de 300 € pour le premier 370 pour le second ; la pauvreté, les politiques « dégueulasses » dit-il du pays du milliardaire Messi et de feu Maradona. Il n’aime pas trop le foot. Notre ami dit avoir fait quelques années en France durant les années Chirac-Jospin, notamment à l’université d’Aix où il a achevé une thèse sur un auteur franco-argentin, Julio Cortazar. Nous évoquons l’écriture de Kateb Yacine le maître et d’autres, actuels et très talentueux, Sansal donc, Salim Bachi. Dans la foulée je lui ai glissé que j’écrivais aussi… Présentations etc. Revenus à l’Alamo, je lui dédicace mon dernier (j’ai embarqué dans mon voyage trois exemplaires, on ne sait jamais, de « Traversées périlleuses du miroir », mon dernier livre, et deux ou trois autres dont l’essai sur Albert Camus.) Nous avons passé une belle soirée, cernés par l’ennivrance des mots, je veux dire l’ivresse des mots. (Permettez-moi). Le lendemain, « Luis Diego » m’a demandé de lui adresser une présentation de mon roman, car j’ai été incapable de le faire clairement lors de cette soirée, vapeurs aidant. Il me promet d’en faire quelque chose. J’ai compris évidemment qu’il faisait des recensions de bouquins. Quant à intéresser les Argentins à un mystérieux auteur… qui se prend pour ce qu’il n’a pu être, c’est un peu osé n’est-ce pas ? Il est courageux le pote. Je lui enverrai une présentation. Promis. Je la posterai ici sur mon blog et sur Facebook. Et sur Mediapart.
___________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire