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Je
me suis rendu au festival d’Avignon cet après midi pour assister à la pièce
« Meursaults » donnée au théâtre Benoît XII (12 rue des Teinturiers). Malgré les fortes chaleurs (autour de 32° et plus) les rues et places ne désemplissaient pas. Plus encore les terrasses ombragées des cafés et autres brasseries et restaurants.
Je n’avais pu réserver ni acheter un billet par internet. J’ai alors fait la
queue et je n’étais pas seul, d’autres personnes sont arrivées. A 14h45 nous
étions une bonne vingtaine à espérer avoir quelque chance pour assister à la
pièce. Sur notre droite, l’autre file, la vraie, celle des personnes
précautionneuses, des personnes qui avancent avec le billet bien en vue, cette
file-là est bien longue…. Plus de quinze minutes pour qu’elle se liquéfie dans
la salle… On fit entrer 5 personnes sans billet. Je veux dire qu’on a demandé
aux cinq premières personnes n’ayant pas acheté de billet, de bien vouloir
avancer vers le guichet. Pas une de plus. Je faisais partie de celles-ci. 28 €
la place ! (un « ! » bien mérité). La salle est
archi-comble : les 430 sièges sont occupés. Faites le compte.
15h10.
Applaudissements. Voici les deux acteurs : Ahmed Benaïssa dans le rôle de
Hamou et Anna Andreotti dans celui de la mère, « Mma »
L’adaptation
et la mise en scène sont de Philippe Berling sur le texte de Kamel Daoud
(Meursault, contre-enquête).
Le
rideau se lève (il n’y a pas de rideau, c’est juste pour dire que la pièce commence)
sur un espace, une sorte de cour, occupé par le mur d’une maison et ses deux
portes d’entrées, un citronnier et un banc. Cela ne changera pas jusqu’à la
fin. Arrive la mère qui gesticule, chante, mais ne parle pas, hormis à la fin.
Puis entre Hamou, le narrateur, le frère de Moussa, « l’Arabe » de
Camus assassiné par Meursault. Il entame un monologue qui durera quasiment une
heure et demie.
Je
dois vous dire que contrairement à une petite quinzaine de personnes qui n’a pu
tenir et a quitté la salle au bout de vingt à quarante minute, j’ai tenu avec
les autres jusqu’au bout. Je connaissais les textes de Camus et de Daoud. Pour
être honnête il me faut dire que l’adaptation me parut longue. La voix souvent
monocorde de Benaïssa n’a pas arrangé les choses. Ajouter à cela la
température, chaude… Certains spectateurs piquaient du nez… Mais la pièce est
globalement sauve.
https://vimeo.com/123088933
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Lire aussi au post n° 464
Ici :
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LA
Croix.fr
23 07 2015
23 07 2015
Visé par une fatwa dans son pays, l’écrivain est venu à Avignon assister à l’adaptation pour le théâtre de son livre, prix Goncourt du premier roman, signée et mise en scène par Philippe Berling.
À l’issue de la représentation, il ne cachait pas son émotion : « C’est un effet magique. » De fait, la transposition se révèle d’une fidélité parfaite, tant à l’esprit qu’à la lettre de cette œuvre écrite en miroir de L’Étranger de Camus.
Le monologue de l’étranger
Racontée sous forme de monologue, l’histoire est la même : celle de Haroun réclamant justice contre l’injustice de
l’oubli pour son frère, « l’Arabe » anonyme, tué par Meursault
dès les premières pages du livre du prix Nobel.
Tous les thèmes abordés par Daoud s’y retrouvent : le deuil, la difficulté d’être, le sentiment d’être
étranger sur sa propre terre, comme tous les Algériens – d’où le rajout du
« S » au titre. Mais aussi le regard sur une Algérie d’hier et
d’aujourd’hui, qui ne se remet pas des illusions déçues de son indépendance, en
butte toujours au colonialisme et à l’après-colonialisme, en proie, surtout, à
la montée du radicalisme islamiste.
Le seul changement tient dans le lieu où se déroule le
récit : il ne s’agit plus
d’un bar, mais de la cour d’une maison. Celle qu’aurait récupérée, au lendemain
du départ des colons français, « M’ma », la mère de Haroun
– mais peut-être aussi sa sœur, la « femme »… – présente pendant
tout le spectacle.
Consolatrice et rassurante, elle répond par ses chants à la
longue plainte de Haroun. Elle, c’est l’Italienne Anna Andreotti ; Haroun, c’est Ahmed Benaïssa, comédien vedette en
Algérie. Unis en de douces étreintes autour du souvenir du frère mort, ils font
entendre le texte avec une justesse parfaite.
Trop peut-être ou, plus exactement, trop sagement, à
l’image d’une mise en scène que l’on aurait aimée plus dynamique, nichée dans
un décor au réalisme de carton-pâte que rehausse à peine l’éclat d’un petit
oranger factice.
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Le
Figaro.fr
Par
Hermelle Hériot- 23 07 2015
CHRONIQUE D'UN FESTIVAL -17- Philippe Berling met en scène
sous le titre Meursaults, le roman à succès de l'écrivain algérien Kamel
Daoud, inspiré de L'Étranger.
La courette de terre battue d'une maison autrefois blanchie à la chaux, dont
les murs sont délavés par le temps. Un citronnier y pousse contre un mur.
Devant, on devine une dalle. À gauche, une porte donne sur des murs rouge
Pompéi. On est dans la maison de M'ma, la mère de cet Haroun qui va s'adresser
à nous, plus d'une heure durant. Il raconte. Il raconte son frère Moussa.Haroun, c'est un grand comédien algérien, qui a parfois joué en France, Ahmed Benaïssa. Une voix rugueuse, un accent très particulier. Une énergie de tout l'être. Ahmed Benaïssa tient le spectacle de bout en bout, précis et touchant dans la douleur comme dans la colère.
Philippe Berling qui co-dirige le Théâtre Liberté, à Toulon, a lu très tôt, en novembre 2013, dans son édition algérienne (Barzakh), Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud, livre écrit en français. Il a tout de suite pensé à une adaptation théâtrale.
Depuis, le livre a été publié en France (Actes Sud) et connu un énorme succès: prix Goncourt du premier roman, prix François-Mauriac, prix des 5 continents de la Francophonie. Il a été lu par des milliers de personnes (130.00 en France, 14.000 en Algérie), des jeunes en particulier et depuis traduit en 22 langues.
Une sorte de miracle qui s'inscrit dans l'ombre d’Albert Camus et de L'Étranger. Le livre reprend en effet le célèbre roman du prix Nobel de littérature pour s'interroger sur celui qui n'est pas nommé, l'Algérien assassiné. Kamel Daoud est journaliste. Il a longtemps été rédacteur en chef du Quotidien d'Oran. Il cisèle désormais des chroniques très courageuses sous le titre de Raïna Raïkoum («Mon opinion, votre opinion»).
Narrateur au caractère complexe
Un imam salafiste a lancé contre lui une fatwa demandant au gouvernement algérien la peine de mort pour cet homme qui défend depuis toujours la laïcité et qui n'a pas peur. Meursault, contre-enquête est le premier roman de cet esprit caustique qui pose sur son pays, mais sur la France aussi, un regard très sévère. Il est né en 1970 dans une Algérie indépendante depuis huit ans. Il n'a connu ni la présence française, ni la guerre. Mais le poids de cette histoire pèse.Dans le livre, Haroun s'adresse aux clients d'un café, près de Hadjout - le Marengo de l'Algérie d'autrefois. La mère n'apparaît pas. Ici, avouons-le, on ne comprend pas très bien la décision dramaturgique qui en confie le rôle à une chanteuse italienne pas vraiment convaincante, Anna Andreotti. Le metteur en scène la fait surtout s'exprimer en faibles chants et plaintes, ce qui est tout de même étrange...
Ahmed Benaïssa, lui, impose la présence de ce narrateur au caractère complexe qui parvient à porter haut la voix de l'auteur.
On reverra ce spectacle qui va tourner longuement, et notamment dans les centres culturels français d'Algérie. À Avignon, lors de la première hier, Kamel Daoud était présent, très ému.
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Lexpress.fr
"Meursaults" à Avignon: "Kamel Daoud mange Camus et le régurgite"
Par AFP , publié le
Meursaults à Avignon-Kamel Daoud mange Camus et le regurgite
Avignon - Evénement de la rentrée littéraire, "Meursault, contre-enquête", de Kamel Daoud, roman miroir de "L'étranger" de Camus, adapté au théâtre par Philippe Berling sous le titre "Meursaults" (avec un s) est une des pièces les plus attendues au Festival d'Avignon (21 au 25 juillet).
"J'ai tout de suite pensé que ce très beau roman pouvait être adapté au théâtre", explique le metteur en scène, qui dirige avec son frère, Charles Berling, le théâtre Liberté de Toulon. Il a lu l'oeuvre à son tout début, dans l'édition algérienne (Barzakh), bien avant qu'il ne soit couronné du prix Goncourt du premier roman."Il a connu un succès formidable en Algérie et en France, les droits ont achetés par 23 pays, c'est une oeuvre qui parle à tout le monde. Kamel Daoud parle très bien de ce qu'est le post-colonialisme, en s'appropriant d'une manière un peu cannibale l'héritage colonial", dit-il. "Il mange Camus et le régurgite en faisant sa propre histoire".
Le roman, écrit en Français, et qui comporte exactement le même nombre de signes que "L'Etranger", en est le contrepoint, le reflet inversé. Son héros Haroun est le frère de Moussa, "l"Arabe" jamais nommé par Camus, tué par Meursault sur une plage écrasée par un soleil de plomb, au lendemain de la mort de sa mère.
Le récit de Daoud se déroule aujourd'hui, plus de 50 ans après la guerre d'indépendance, et l'auteur n'est pas tendre avec le pouvoir algérien, ni surtout avec la religion. Un activiste salafiste a d'ailleurs appelé les autorités algériennes à le condamner à mort. L'écrivain a porté plainte.
"Kamel Daoud accuse tout autant l'Algérie d'aujourd'hui, le pouvoir algérien et les héritiers de la guerre d'indépendance d'avoir dilapidé un patrimoine et de n'avoir rien fait de nouveau", explique Philippe Berling. "Pour lui, tous les Algériens sont aujourd'hui des étrangers dans leur propre pays, des Meursaults, c'est pour ça que j'ai titré la pièce +Meursaults+ avec un s".
Dans le roman, le narrateur s'adresse à un client dans un café, en un long monologue. Mais pour renforcer la dramaturgie, Philippe Berling a écarté l'option du monologue et a monté la pièce avec deux personnages: le narrateur' Haroun, frère de l'Arabe assassiné, et sa vieille mère. "Je voulais que la mère, qui a une place très importante dans le roman, soit là. Mais elle ne parle pas, l'actrice Anna Andreotti va chanter et réagir musicalement à ce que lui dit son fils".
Le rôle du fils est tenu par Ahmed Benaïssa, peu connu en
France mais familier des Algériens pour ses rôles surtout au cinéma et à la
télévision.
Le décor installe la pièce dans la cour de la maison
qu'occupent Haroun et sa mère, l'ancienne maison des maîtres français pendant
la colonisation, qu'ils ont récupérée à l'indépendance. Sur scène, un
citronnier, sous lequel est enterré le Français tué par Haroun, en contrepoint
du meurtre de Moussa par Meursault.
Dans ce décor très sobre, la vidéo va représenter les
fantômes, Moussa, les pieds-noirs, le passé.
La pièce créée à Avignon partira en tournée et sera montée
en Algérie dans les Instituts culturels français. Un retour à la terre
indispensable pour une oeuvre qui jette un pont entre l'un des premiers pays
francophones au monde et la France.
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