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mercredi, février 27, 2013

369 - Stéphane HESSEL est mort

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Stéphane HESSEL est mort


Je l’ai appris tout à l’heure aux informations de midi moins 10 sur FIP. 
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Je sortais du travail et m’apprêtais à aller déjeuner. J’ai augmenté le son, mais la commentatrice était déjà passée sur autre chose. J’ai bien entendu. L’information a été répétée quelques minutes plus tard.





Je suis demeuré un moment silencieux. Cet homme avec un H majuscule, cet homme, cet humaniste,


ce poète, que j’admirais tant, qui nous a guidés dans notre vie, est mort. J’ai eu cet honneur de le rencontrer lorsque j’intervenais sur Beur FM, en 1999, 16-17il était assis, seul, sur le banc d’entrée. C’était dans les locaux de Belleville. J’ai échangé, très intimidé, avec lui. Il attendait qu’on lui fasse signe le moment venu pour qu’il intervienne à l’antenne. 18-19Depuis que je le connais, je dois avouer, que c’est cette posture – naturelle chez lui – cette posture de l’humilité qui m’a impressionné. Un grand homme qui faisait tout pour paraître au niveau de chacun, comme chacun.





Son parcours est autrement impressionnant. Je ne vais pas le détailler ici. Je retiens qu’il fut un idéaliste « pragmatique et optimiste ». Je rappelle son courage,
très jeune, lorsqu’il rejoignit à Londres le général de Gaulle, parmi les rares qui osaient alors. Il n’avait que 23 ans. Il y a lieu de  noter sa participation à la rédaction (indirectement) à la Déclaration universelle des
22-23


Droit de l'Homme (1948). Je me souviens de son combat auprès des sans papiers de l'église St Bernard à Paris en 1996 et plus. Son soutien (courageux) au peuple Palestinien qui souffre depuis des lustres, lui valut de nombreuses critiques au sein des médias et jusqu’à France Culture avec l’arrogance et l’offense abjecte de Brice Couturier. 24-25 Aujourd’hui, parmi les premières réactions figurent celle de l’association sioniste du Crif qui en a toujours voulu à ce juif antisioniste qu’était Stéphane Hessel de soutenir le peuple palestinien martyr : 26-27"Il est de notoriété publique que nous étions très opposés à ses prises de position, notamment à sa volonté obsessionnelle de faire de Gaza l'épicentre de l'injustice dans ce monde et du Hamas un mouvement pacifique (…) 28-29Son grand âge, son sourire, son apparente ingénuité, son indignation focalisée et ses poèmes surannés évoquaient un monde angélique, mais pavaient la route, certainement sans qu’il le voulût lui-même,  aux véritables criminels tapis derrière l’enfer des bonnes intentions. Le travail de déconstruction de Stéphane Hessel sera effectué." C’est infect, mais c’est le Crif. Nous sommes habitués aux frasques du Crif, ce soutien indéfectible à l’Etat d’Israël.

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Cette association (et ses semblables) ne nous empêchera pas d’avancer sur la voie que nous a tracée Stéphane HESSEL.
 






lundi, février 25, 2013

368 - Mouloud Mammeri 1917 - 1989


Alors que l’Algérie bouillonnait , l’homme de la Colline oubliée revenait de la Sorbonne où il avait été élevé au titre de docteur honoris causa. Malheureusement, quelques mois plus tard, le 26 février 1989, il meurt des suites d’un accident de voiture. Il revenait du Maroc où il participa à un colloque.  L’accident eut lieu à hauteur d’un virage à la sortie de la ville de Aïn Defla. L’écrivain fut ébloui par les feux d’un véhicule arrivant en sens inverse. Il décèdera à l’hôpital de Aïn Defla une heure après. Mouloud Mammeri fut inhumé le 28 à Taourirt Mimoun en présence de dizaines de milliers de personnes, hommes et femmes, vieux et jeunes. Aucun membre de l’Etat n’a été présent. Toute présence de l’Etat eut été fortement chahutée.
Voici l'hommage que lui rendait Pierre Bourdieu en 1989

Mouloud Mammeri ou La Colline retrouvée


Écrit par Pierre Bourdieu
Par Pierre Bourdieu
Algérie Littérature Action N° 7 - 8


Comme tous ceux qui ont réalisé, en l’espace d’une vie, l’extraordinaire passage d’une culture à une autre, du village de forgerons berbères aux sommets de l'enseignement, de l’enseignement à la française, Mouloud Mammeri était un être dédoublé, divisé contre lui-même, qui aurait pu, comme tant d’autres, gérer tant bien que mal sa contradiction, dans le double jeu et le mensonge à soi-même. En fait, toute sa vie aura été une sorte de voyage initiatique qui, tel celui d’Ulysse, reconduit, par de longs détours, au monde natal, au terme d’une longue recherche de la réconciliation avec soi-même, c'est-à-dire avec les origines; un difficile travail d’anamnèse qui, commencé avec son premier, significativement intitulé La Colline oubliée, mène aux derniers travaux consacrés aux poètes et aux poèmes berbères anciens, ces chefs-d’oeuvre qu’il avait patiemment recueillis, transcrits et traduits.

Le romancier de La Colline oubliée parlait de la société kabyle, mais à la façon d’un jeune agrégé de lettres plein de talent; le fils du poète démiurge — le poète homérique, on le sait aujourd’hui, était un demiougos, c’est-à-dire un artisan, et sans doute en lui la culture berbère, il se fait le porte-parole de toute une civilisation aujourd’hui menacée de disparition.

En se retrouvant, il retrouve son peuple; en reconnaissant pleinement le lien de filiation spirituelle qui l’unit à ces poètes “barbares” (du point de vue de la culture d’école) et à la forge kabyle où, étrange cénacle, les armuriers des Aït Yenni forgeraient des vers ciselés comme des bijoux anciens et aussi subtils, raffinés et complexes que les plus ésotériques compositions de poètes symbolistes, il renoue avec lui-même, mais aussi avec les croyances, les valeurs, les convictions, les aspirations de tous ces gens qui, en Kabylie ou en France, sur leur terre natale ou en terre d’exil, portent dans leur mémoire et dans leurs mots tout un héritage oublié ou refoulé. Et le transfuge, à mesure qu’il redécouvre le sol originaire, devient naturellement, sans avoir besoin de le vouloir, le porte-parole de tous les exilés, de l’intérieur et de l’extérieur.

Porte-parole en un sens très singulier, et très rare, il n’est pas celui qui prend la parole en faveur de ceux qu’il est censé exprimer, mais aussi à leur place.

Il est celui qui donne la parole, qui rend la parole, Awal (titre de la revue d’études berbères que M. Mammeri avait fondée en 1985 à la Maison des sciences de l’homme), celui qui se fait le porteur, le rapporteur, le colporteur de la parole, de tous ceux qui sont condamnés au silence jusque dans leur propre pays. En se faisant l’ethnologue de sa propre société, il met la culture qui l’avait un moment séparé de sa culture. Ce faisant, il retrouve le rôle traditionnellement imparti à l’amusnaw, dont il avait redécouvert la figure : poète qui est aussi le dépositaire de la sagesse de tout un peuple, tamusni, l’amusnaw est celui qui, parce qu’il sait “donner un sens plus pur aux mots de la tribu”, mobilise son peuple en mobilisant les mots dans lesquels celui-ci se reconnaît.

Mouloud Mammeri s’est ainsi trouvé investi, en plusieurs occasions critiques, de la confiance de tout un peuple qui se connaissait et se reconnaissait en se reconnaissant en lui. Le poète, disait Mouloud Mammeri, est celui qui mobilise le peuple, il est celui qui l’éclaire. Et il citait un poème de Yusef u Kaci, qui commence ainsi :

Au nom de Dieu, je vais commencer,

Hommes avisés, écoutez-moi.

Je chante les paraboles avec art,

J’éveille le peuple.

En défendant cette sagesse profane qui s’est toujours maintenue, envers et contre toutes les dominations, et en particulier contre la censure du discours religieux, Mouloud Mammeri était loin de sacrifier à une forme quelconque de nostalgie passéiste et régressive. Il avait la conviction de travailler à l’avènement, en Algérie, d’une démocratie pluraliste, ouverte aux différences et capable de faire triompher la parole de l’échange rationnel contre le silence buté ou la parole meurtrière des fanatismes politiques et religieux.

Texte publié dans Le Monde du 3 mars 1989


In : marsa-algerielitterature.info/hommage



367 - Corruption, incompétence et banditisme




 blogs. mediapart.fr 
Algérie: lettre ouverte au général de corps d'armée Mohamed "Tewfik" Médiène, Rab Dzayer
17 février 2013 Par Hocine Malti
Algérie : lettre ouverte au général de corps d’armée Mohamed « Tewfik » Médiène, Rab Dzayer par Hocine Malti, 16 février 2013






Cette fois-ci, ce n’est pas à vos collaborateurs enquêteurs que je m’adresse, mais à vous, patron depuis septembre 1990 du tout puissant DRS (Département du renseignement et de la sécurité), Rab Dzayer, le « Dieu de l’Algérie ». N’est-ce pas ainsi que vous vous êtes présenté un jour de 1999, dans les circonstances que vous savez ? Selon l’adage populaire, « mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints » ; ce que je fais aujourd’hui. Vu que vous êtes en mesure de décider et d’imposer ce que bon vous semble à toute l’Algérie, à tous ses hommes et ses femmes et notamment à toutes ses autorités civiles, militaires, politiques et juridiques, je suis convaincu que vous accorderez des réponses et une suite positives aux questions et requêtes que je m’en vais vous présenter. Nous venons d’apprendre que, le 10 février 2013, le parquet d’Alger a décidé de lancer une nouvelle enquête sur les affaires de corruption au sein de l’entreprise nationale des hydrocarbures, un dossier qu’il a intitulé « Sonatrach 2 ». Afin de donner l’impression qu’ils étaient à l’écoute de l’opinion publique et ne pas reconnaître qu’ils se sont en réalité trouvés à la traine de leurs collègues italiens, les magistrats algériens ont indiqué dans leur communiqué officiel qu’ils avaient déclenché cette enquête suite aux informations rapportées par la presse nationale. Laquelle n’a fait que reprendre, comme vous le savez, les décisions du parquet de Milan telles que diffusées par les médias italiens. Mais la vérité, nous Algériens, la connaissons : nos magistrats étaient en fait dans l’attente d’instructions de votre part afin d’agir ou d’ignorer la tempête médiatique de ces derniers jours. S’ils ont déclenché cette nouvelle enquête c’est que vous, Rab Dzayer, avez donné votre feu vert. Est-ce un feu net, éclatant et permanent que vous avez donné ou est-il furtif, délavé et clignotant ? Est-ce que les magistrats en charge de l’affaire pourront lancer toutes les investigations nécessaires, les approfondir aussi loin que l’exige la connaissance de la vérité, procéder aux perquisitions adéquates, faire défiler devant les enquêteurs puis à la barre toute personne impliquée de près ou de loin dans ce dossier ? En un mot, pourront-ils agir uniquement en fonction de ce que leur dicte leur conscience, ou devront-ils solliciter à chaque étape de la procédure un nouveau feu vert de votre part ? Allons-nous voir ainsi se relayer dans le bureau du juge d’instruction pour être auditionnés, avant d’être éventuellement inculpés, puis – qui sait – peut-être même condamnés, MM. Chakib Khelil, Farid Bedjaoui, Mohamed Bedjaoui, Réda Hemche, Pierre Falcone, Samyr Ouraïed et tutti quanti ? Comme vous le savez, certaines parmi ces personnes ont agi en qualité d’intermédiaires au profit de commanditaires invisibles aux yeux du commun des mortels, mais que vous, en tant que Dieu de l’Algérie, connaissez parfaitement. Alors est-ce trop rêver qu’imaginer que certains de vos collègues généraux ou généraux-majors, certains ministres, certains hommes d’affaires véreux, certaines personnes qui évoluent dans la coupole dont vous êtes le point culminant ainsi que certains membres d’une certaine fratrie seront également déférés devant la justice ? Verra-t-on aussi les corrupteurs italiens, chinois, français ou canadiens – la liste est loin d’être exhaustive – être entendus par le juge d’instruction en charge de l’affaire ou répondre de leurs actes dans le cadre de commissions rogatoires ? Ou alors, est-ce que, comme d’habitude, seul le « menu fretin » fera l’objet de la nouvelle procédure ? Les Italiens, eux, n’ont pas hésité : c’est à un énorme déballage qu’ils viennent de procéder ; ce qu’ils ont découvert et révélé n’est d’ailleurs que la partie visible de l’iceberg. Ils se sont aussi attaqués aux plus hauts responsables de l’ENI, qui sont dans leur pays de puissantes personnalités politiques, à l’inverse des managers de la Sonatrach, P-DG inclus, qui ne sont que des technocrates au service des gens du pouvoir réel, dont vous-même. Alors, allez-vous faire comme les Italiens ? Ou faudra-t-il que l’on reste à l’écoute des nouvelles en provenance du parquet de Milan pour connaître la triste réalité de notre pays, pour découvrir comment certaines personnes que vous connaissez parfaitement, des personnes que vous avez souvent côtoyées lors de votre longue carrière professionnelle, se sont gavées de millions de dollars et d’euros piochés dans la rente pétrolière du pays ? Et ce avec votre accord tacite, si ce n’est avec votre bénédiction. Savez-vous quels sont les trois termes qu’utilisent les milieux d’affaires et financiers à travers le monde pour qualifier l’Algérie ? Corruption, incompétence et banditisme. Corruption, bien sûr, puisque l’Algérie est en 150e position sur 174 pays au classement de Transparency International. Corruption, bien sûr, qui s’est généralisée depuis une bonne trentaine d’années. Et, depuis 1999 tout particulièrement, vous avez, avec la complicité d’Abdelaziz Bouteflika, votre président – je dis votre président car c’est vous et vos collègues généraux qui l’avez choisi et imposé au peuple algérien – fait de l’Algérie un pays de Cocagne pour une certaine caste dont vous avez couvert les agissements, si ce n’est poussée à l’action. Vous deux n’avez cessé, depuis 1999, de vous disputer le pouvoir ; lui essayant d’être autre chose qu’un « trois quarts de président » et vous lui fixant des lignes rouges à ne pas dépasser, le tout avec des conséquences souvent sanglantes pour le peuple. Vous avez fait de la gestion des affaires du pays un terrain de jeu privé dans lequel seuls peuvent intervenir le couple infernal que vous constituez et vos deux clans. Le destin du pays a été et continue d’être pour vous deux une partie d’échecs au cours de laquelle vous essayez, chacun de son côté, d’avancer vos pions, de marquer des points contre l’autre, sans qu’aucun des deux ne réussisse d’ailleurs à mettre l’autre échec et mat. Ce que vous recherchez au travers de cette lutte feutrée, invisible pour l’œil non averti mais néanmoins féroce, c’est bien entendu affirmer votre suprématie, mais aussi et surtout faire main basse sur les richesses du pays : un objectif que, malgré les bisbilles entre vous, vous partagez dans une indéfectible solidarité. Dans chacun des deux clans, vos affidés respectifs, mettant à profit la garantie d’impunité que vous leur assurez, se sont remplis les poches, ont garni au maximum leurs comptes en banque dans les paradis fiscaux – mais pas uniquement –, acquis des résidences somptueuses, dans les quartiers parisiens les plus chics notamment, des haciendas en Amérique latine, 



des palais à Abu Dhabi ou Dubaï, offert à leurs progénitures des voitures de luxe du dernier modèle qu’elles ont exhibées avec indécence dans les rues d’Alger pendant que d’autres ramassaient dans les décharges publiques de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants. Nombre de vos supporters ont également couvert leurs maîtresses de bijoux, les ont habillées chez les grands couturiers et leur ont fait profiter de billets d’avion de première classe qu’ils n’ont même pas payés : ce sont des VIP, on leur offre ce genre de babioles ! D’où tiennent-ils tout cet argent ? D’abord des commissions perçues de la part des firmes étrangères qui ont su trouver dans vos soutiens respectifs le bon filon leur garantissant des contrats mirobolants en Algérie. Mais aussi des opérations d’import-import que l’on a vu fleurir ces vingt dernières années, des monopoles d’importation que certains – vous les connaissez parfaitement – se sont auto-attribués, des montages frauduleux de crédits bancaires bidon devenus une spécialité algérienne, des « arrangements » douaniers pour de fausses importations ou exportations… Et j’en passe, tant est large l’éventail d’opérations frauduleuses apparues dans les années 1980 et généralisées depuis 1999, et tant a été fertile l’imagination des membres de vos deux clans pour se créer des niches desquelles ils pouvaient extraire le maximum de profits. Abdelaziz Bouteflika et vous-même saviez tout cela, mais vous avez laissé faire. Selon votre logique, vous déteniez ainsi des dossiers compromettants sur le clan adverse, des dossiers que vous dévoileriez le jour où il sera nécessaire de mettre ceux d’en face dans l’embarras : l’affaire BRC, par exemple, qui a éclaté en 2006 et dans laquelle des millions de dollars ont été détournés par certaines de vos connaissances, mais aussi par des corrupteurs américains, en est l’exemple type. Pour votre grand bonheur, la rente pétrolière a été boostée par les prix élevés du pétrole ces vingt dernières années et a donc permis le déroulement sans anicroche de tous ces micmacs. Quant à Abdelaziz Bouteflika et vous-même, cette rente vous a permis d’acheter des consciences, des soutiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, de financer des parties et des partis étrangers et donc de renforcer et pérenniser votre pouvoir, jusqu’à devenir, en ce qui vous concerne, Rab Dzayer. Incompétence est l’autre terme utilisé par les milieux d’affaires étrangers pour caractériser l’Algérie. Ils savent bien entendu que tous les Algériens – Dieu soit loué – ne sont pas incompétents, tandis que l’énorme majorité de ceux avec lesquels ils traitent le sont. Comment expliquer une telle bizarrerie ? Ces cadres algériens qu’ils rencontrent, avec lesquels ils discutent affaires, ont été choisis et placés aux postes de responsabilité qu’ils occupent par vous deux. Or, le critère fondamental que vous retenez pour le choix, c’est d’abord et avant tout l’obéissance au chef du clan, pas la compétence. Dans votre microcosme, seuls les yes men peuvent réussir. Il n’est qu’à voir pour s’en convaincre l’obséquiosité et la servilité dont font preuve certaines personnes de votre entourage. Ces béni-oui-oui vous aideront d’ailleurs dans la marginalisation des compétents, car ceux-ci pourraient leur faire de l’ombre. On dit enfin banditisme – quel terme horrible – quand on parle de l’Algérie dans les cercles des investisseurs potentiels. Banditisme, bien sûr, puisqu’avant même de se rendre à Alger, les hommes d’affaires étrangers auront été approchés et conditionnés par les missi dominici du parrain algérien « en charge du dossier », qui leur signifieront les termes du « contrat ». Pas celui concernant le projet lui-même, mais celui relatif au montant de la dime, de la commission à verser, le compte auquel se fera le versement, etc. Et Dieu sait s’ils sont voraces ces parrains algériens qui exigent des pourcentages nettement supérieurs aux « moyennes communément admises en la matière ». Cette commission, sera incluse dans le montant global de l’affaire, sans être pour autant déduite du profit de la firme bénéficiaire du contrat ; elle ne la dérange donc pas particulièrement. Mais cette avidité au gain, cette voracité amènent ces milieux à parler de banditisme. Pauvre Algérie, qu’a-t-on fait de toi ! Alors vous, Rab Dzayer, êtes-vous disposé aujourd’hui à effacer ces tâches infamantes qui salissent l’image du pays ? Les Dieux peuvent tout faire. Vous en avez-vous-même donné la preuve en d’innombrables occasions. Saurez-vous pour une fois mettre le holà à ce genre de comportement ? Serez-vous plus perspicace, plus efficace que les Italiens qui annoncent 200 millions d’euros de pots-de-vin ? Sur une série de contrats d’un montant global de 11 milliards, les 200 millions de commissions annoncés représentent moins de 2 %. Un seul commentaire : ridicule !
P.S. : Ô Dieu de l’Algérie, une dernière petite requête : autoriserez-vous la presse algérienne à publier cette lettre ?
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http://www.elwatan.com

Et Dieu autorisa (somma)El-Watan de nous informer
Algérie : lettre ouverte au général de corps d’armée Mohamed « Tewfik » Médiène, Rab Dzayer
Rattrapez-vous, laissez faire la justice !

le 18.02.13
Dans une «lettre ouverte» adressée aux médias, Hocine Malti, ex-vice-PDG de Sonatrach, a appelé le patron du DRS, le général Médiène dit Tewfi k, à prendre ses responsabilités dans la situation actuelle. Dans cette contribution, l’auteur dresse un constat sévère de la gestion des affaires du pays.
Cette fois-ci, ce n’est pas à vos collaborateurs enquêteurs que je m’adresse, mais à vous, patron depuis septembre 1990 du tout puissant DRS (Département du renseignement et de la sécurité), Rab Dzayer, le « Dieu de l’Algérie ».

N’est-ce pas ainsi que vous vous êtes présenté un jour de 1999, dans les circonstances que vous savez ? Selon l’adage populaire, « mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints » ; ce que je fais aujourd’hui. Vu que vous êtes en mesure de décider et d’imposer ce que bon vous semble à toute l’Algérie, à tous ses hommes et ses femmes et notamment à toutes ses autorités civiles, militaires, politiques et juridiques, je suis convaincu que vous accorderez des réponses et une suite positives aux questions et requêtes que je m’en vais vous présenter.
Nous venons d’apprendre que, le 10 février 2013, le parquet d’Alger a décidé de lancer une nouvelle enquête sur les affaires de corruption au sein de l’entreprise nationale des hydrocarbures, un dossier qu’il a intitulé « Sonatrach 2 ». Afin de donner l’impression qu’ils étaient à l’écoute de l’opinion publique et ne pas reconnaître qu’ils se sont en réalité trouvés à la traine de leurs collègues italiens, les magistrats algériens ont indiqué dans leur communiqué officiel qu’ils avaient déclenché cette enquête suite aux informations rapportées par la presse nationale. Laquelle n’a fait que reprendre, comme vous le savez, les décisions du parquet de Milan telles que diffusées par les médias italiens. Mais la vérité, nous Algériens, la connaissons : nos magistrats étaient en fait dans l’attente d’instructions de votre part afin d’agir ou d’ignorer la tempête médiatique de ces derniers jours. S’ils ont déclenché cette nouvelle enquête c’est que vous, Rab Dzayer, avez donné votre feu vert.
Est-ce un feu net, éclatant et permanent que vous avez donné ou est-il furtif, délavé et clignotant ? Est-ce que les magistrats en charge de l’affaire pourront lancer toutes les investigations nécessaires, les approfondir aussi loin que l’exige la connaissance de la vérité, procéder aux perquisitions adéquates, faire défiler devant les enquêteurs puis à la barre toute personne impliquée de près ou de loin dans ce dossier ? En un mot, pourront-ils agir uniquement en fonction de ce que leur dicte leur conscience, ou devront-ils solliciter à chaque étape de la procédure un nouveau feu vert de votre part ? Allons-nous voir ainsi se relayer dans le bureau du juge d’instruction pour être auditionnés, avant d’être éventuellement inculpés, puis – qui sait – peut-être même condamnés, MM. Chakib Khelil, Farid Bedjaoui, Mohamed Bedjaoui, Réda Hemche, Pierre Falcone, Samyr Ouraïed et tutti quanti ? Comme vous le savez, certaines parmi ces personnes ont agi en qualité d’intermédiaires au profit de commanditaires invisibles aux yeux du commun des mortels, mais que vous, en tant que Dieu de l’Algérie, connaissez parfaitement. Alors est-ce trop rêver qu’imaginer que certains de vos collègues généraux ou généraux-majors, certains ministres, certains hommes d’affaires véreux, certaines personnes qui évoluent dans la coupole dont vous êtes le point culminant ainsi que certains membres d’une certaine fratrie seront également déférés devant la justice ?
Verra-t-on aussi les corrupteurs italiens, chinois, français ou canadiens – la liste est loin d’être exhaustive – être entendus par le juge d’instruction en charge de l’affaire ou répondre de leurs actes dans le cadre de commissions rogatoires ? Ou alors, est-ce que, comme d’habitude, seul le « menu fretin » fera l’objet de la nouvelle procédure ? Les Italiens, eux, n’ont pas hésité : c’est à un énorme déballage qu’ils viennent de procéder ; ce qu’ils ont découvert et révélé n’est d’ailleurs que la partie visible de l’iceberg. Ils se sont aussi attaqués aux plus hauts responsables de l’ENI, qui sont dans leur pays de puissantes personnalités politiques, à l’inverse des managers de la Sonatrach, P-DG inclus, qui ne sont que des technocrates au service des gens du pouvoir réel, dont vous-même. Alors, allez-vous faire comme les Italiens ? Ou faudra-t-il que l’on reste à l’écoute des nouvelles en provenance du parquet de Milan pour connaître la triste réalité de notre pays, pour découvrir comment certaines personnes que vous connaissez parfaitement, des personnes que vous avez souvent côtoyées lors de votre longue carrière professionnelle, se sont gavées de millions de dollars et d’euros piochés dans la rente pétrolière du pays ? Et ce avec votre accord tacite, si ce n’est avec votre bénédiction. Savez-vous quels sont les trois termes qu’utilisent les milieux d’affaires et financiers à travers le monde pour qualifier l’Algérie ? Corruption, incompétence et banditisme.


Corruption, bien sûr, puisque l’Algérie est en 150e position sur 174 pays au classement de Transparency International. Corruption, bien sûr, qui s’est généralisée depuis une bonne trentaine d’années. Et, depuis 1999 tout particulièrement, vous avez, avec la complicité d’Abdelaziz Bouteflika, votre président – je dis votre président car c’est vous et vos collègues généraux qui l’avez choisi et imposé au peuple algérien – fait de l’Algérie un pays de Cocagne pour une certaine caste dont vous avez couvert les agissements, si ce n’est poussée à l’action. Vous deux n’avez cessé, depuis 1999, de vous disputer le pouvoir ; lui essayant d’être autre chose qu’un « trois quarts de président » et vous lui fixant des lignes rouges à ne pas dépasser, le tout avec des conséquences souvent sanglantes pour le peuple. Vous avez fait de la gestion des affaires du pays un terrain de jeu privé dans lequel seuls peuvent intervenir le couple infernal que vous constituez et vos deux clans. Le destin du pays a été et continue d’être pour vous deux une partie d’échecs au cours de laquelle vous essayez, chacun de son côté, d’avancer vos pions, de marquer des points contre l’autre, sans qu’aucun des deux ne réussisse d’ailleurs à mettre l’autre échec et mat.
Ce que vous recherchez au travers de cette lutte feutrée, invisible pour l’œil non averti mais néanmoins féroce, c’est bien entendu affirmer votre suprématie, mais aussi et surtout faire main basse sur les richesses du pays : un objectif que, malgré les bisbilles entre vous, vous partagez dans une indéfectible solidarité. Dans chacun des deux clans, vos affidés respectifs, mettant à profit la garantie d’impunité que vous leur assurez, se sont remplis les poches, ont garni au maximum leurs comptes en banque dans les paradis fiscaux – mais pas uniquement –, acquis des résidences somptueuses, dans les quartiers parisiens les plus chics notamment, des haciendas en Amérique latine, des palais à Abu Dhabi ou Dubaï, offert à leurs progénitures des voitures de luxe du dernier modèle qu’elles ont exhibées avec indécence dans les rues d’Alger pendant que d’autres ramassaient dans les décharges publiques de quoi se nourrir et nourrir leurs enfants. Nombre de vos supporters ont également couvert leurs maîtresses de bijoux, les ont habillées chez les grands couturiers et leur ont fait profiter de billets d’avion de première classe qu’ils n’ont même pas payés : ce sont des VIP, on leur offre ce genre de babioles !
D’où tiennent-ils tout cet argent ? D’abord des commissions perçues de la part des firmes étrangères qui ont su trouver dans vos soutiens respectifs le bon filon leur garantissant des contrats mirobolants en Algérie. Mais aussi des opérations d’import-import que l’on a vu fleurir ces vingt dernières années, des monopoles d’importation que certains – vous les connaissez parfaitement – se sont auto-attribués, des montages frauduleux de crédits bancaires bidon devenus une spécialité algérienne, des « arrangements » douaniers pour de fausses importations ou exportations… Et j’en passe, tant est large l’éventail d’opérations frauduleuses apparues dans les années 1980 et généralisées depuis 1999, et tant a été fertile l’imagination des membres de vos deux clans pour se créer des niches desquelles ils pouvaient extraire le maximum de profits. Abdelaziz Bouteflika et vous-même saviez tout cela, mais vous avez laissé faire. Selon votre logique, vous déteniez ainsi des dossiers compromettants sur le clan adverse, des dossiers que vous dévoileriez le jour où il sera nécessaire de mettre ceux d’en face dans l’embarras : l’affaire BRC, par exemple, qui a éclaté en 2006 et dans laquelle des millions de dollars ont été détournés par certaines de vos connaissances, mais aussi par des corrupteurs américains, en est l’exemple type. Pour votre grand bonheur, la rente pétrolière a été boostée par les prix élevés du pétrole ces vingt dernières années et a donc permis le déroulement sans anicroche de tous ces micmacs. Quant à Abdelaziz Bouteflika et vous-même, cette rente vous a permis d’acheter des consciences, des soutiens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, de financer des parties et des partis étrangers et donc de renforcer et pérenniser votre pouvoir, jusqu’à devenir, en ce qui vous concerne, Rab Dzayer.
Incompétence est l’autre terme utilisé par les milieux d’affaires étrangers pour caractériser l’Algérie. Ils savent bien entendu que tous les Algériens – Dieu soit loué – ne sont pas incompétents, tandis que l’énorme majorité de ceux avec lesquels ils traitent le sont. Comment expliquer une telle bizarrerie ? Ces cadres algériens qu’ils rencontrent, avec lesquels ils discutent affaires, ont été choisis et placés aux postes de responsabilité qu’ils occupent par vous deux. Or, le critère fondamental que vous retenez pour le choix, c’est d’abord et avant tout l’obéissance au chef du clan, pas la compétence. Dans votre microcosme, seuls les yes men peuvent réussir. Il n’est qu’à voir pour s’en convaincre l’obséquiosité et la servilité dont font preuve certaines personnes de votre entourage. Ces béni-oui-oui oui vous aideront d’ailleurs dans la marginalisation des compétents, car ceux-ci pourraient leur faire de l’ombre.
On dit enfin banditisme – quel terme horrible – quand on parle de l’Algérie dans les cercles des investisseurs potentiels. Banditisme, bien sûr, puisqu’avant même de se rendre à Alger, les hommes d’affaires étrangers auront été approchés et conditionnés par les missi dominici du parrain algérien « en charge du dossier », qui leur signifieront les termes du « contrat ». Pas celui concernant le projet lui-même, mais celui relatif au montant de la dime, de la commission à verser, le compte auquel se fera le versement, etc. Et Dieu sait s’ils sont voraces ces parrains algériens qui exigent des pourcentages nettement supérieurs aux « moyennes communément admises en la matière ». Cette commission, sera incluse dans le montant global de l’affaire, sans être pour autant déduite du profit de la firme bénéficiaire du contrat ; elle ne la dérange donc pas particulièrement. Mais cette avidité au gain, cette voracité amènent ces milieux à parler de banditisme. Pauvre Algérie, qu’a-t-on fait de toi !
Alors vous, Rab Dzayer, êtes-vous disposé aujourd’hui à effacer ces tâches infamantes qui salissent l’image du pays ? Les Dieux peuvent tout faire. Vous en avez-vous-même donné la preuve en d’innombrables occasions. Saurez-vous pour une fois mettre le holà à ce genre de comportement ? Serez-vous plus perspicace, plus efficace que les Italiens qui annoncent 200 millions d’euros de pots-de-vin ? Sur une série de contrats d’un montant global de 11 milliards, les 200 millions de commissions annoncés représentent moins de 2 %. Un seul commentaire : ridicule !
P.S. :Ô Dieu de l’Algérie, une dernière petite requête : autoriserez-vous la presse algérienne à publier cette lettre ?
Qui est Hocine Malti ?
L’ancien vice-président de Sonatrach, Hocine Malti, interpelle, dans une tribune virulente et sans concession, le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et le met au défi d’exercer son pouvoir pour amener la justice à faire la lumière sur les affaires de corruption qui touchent la compagnie nationale.
Dans sa lettre ouverte, il fait un vrai procès de tout le système politique, dénonce ses luttes claniques, la corruption généralisée et parle de «tâches infamantes» qui ont sali l’image du pays.  Ainsi, le consultant pétrolier s’interroge, entres autres, sur la volonté du DRS à permettre, sans aucune interférence, aux enquêteurs algériens de faire leur travail. Hocine Malti accuse ensuite le patron du DRS et le président Abdelaziz Bouteflika d’avoir fait de l’Algérie, un pays où règnent «corruption, incompétence et banditisme» et d’avoir pris en otage le destin des populations.
La lutte entre les deux clans, «couple infernal», selon l’expression de M. Malti, vise à faire «main basse sur les richesses du pays». «Un objectif que, malgré les bisbilles entre vous, vous partagez dans une indéfectible solidarité», dénonce-t-il.
Revenant sur l’affaire de l’ENI, et du travail fait par la justice italienne, M. Malti s’interroge en s’adressant toujours au général Tewfik : «Faudra-t-il que l’on reste à l’écoute des nouvelles en provenance du parquet de Milan pour connaître la triste réalité de notre pays, pour découvrir comment certaines personnes que vous connaissez parfaitement, des personnes que vous avez souvent côtoyées lors de votre longue carrière professionnelle, se sont gavées de millions de dollars et d’euros piochés dans la rente pétrolière du pays ?»
Ingénieur des pétroles, Hocine Malti a participé comme jeune ingénieur à la création de Sonatrach. Conseiller du secrétaire général de l’Opaep (Koweït) de 1975 à 1977, puis directeur général de l’Arab Petroleum Services Company (Tripoli) jusqu’en 1982, il est aujourd’hui consultant pétrolier. M. Malti est également l’auteur de l’Histoire secrète du pétrole algérien publié chez la Découverte en France en 2010. Dans son livre, riche de détails inédits et d’expériences vécues, il livre entre mémoires et actualité, une tonne d’informations sur la saga pétrolière de l’Algérie.         
H. L.
 
Hocine Malti

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elergechergui.wordpress.com 

A propos de la lettre ouverte de Hocine Malti à Rab Edzaïr

Publié le19.02.2013 par El Erg Echergui
DES ALLEGATIONS SANS GRAVITE
Que dire de la lettre ouverte pas comme les autres de Hocine Malti pour un général criminel? Beaucoup de rage et de courage d’abord. C’est la première fois qu’un Algérien «non encore grillé» par le DRS ose s’adresser avec des termes durs, véhéments et drapés dans une ironie mordante contre le général de corps Mohamed Toufik alias, rab-edzaïr ou dieu de l’Algérie. Un dieu qui peut tuer, renvoyer ou «dégommer» ou affaiblir de n’importe quelle façon un président «élu» de l’Algérie. Hocine Malti est le premier à avoir exprimé tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Il s’est assurément exposé à un risque dont la teneur sera évaluée avec les conséquences de sa lettre et l’évolution de la situation politique. Il peut être grillé à jamais et aucune autre lettre, aucun article ne lui seront publiés en Algérie. Il peut aussi subir des pressions fortes ou des actions de représailles multiformes dont il connaît la nature.
Ensuite, il y a lieu d’exprimer une certaine déception devant l’inconsistance du contenu de la lettre. Beaucoup de graves accusations portées à l’encontre du destinataire et à l’encontre du président algérien, Abdelaziz Bouteflika. L’affaire de Sonatrach 2, censée être l’objet de la lettre est passé au second rang. Chaque phrase de la lettre suffit pour envoyer l’un et l’autre devant un tribunal militaire pour haute trahison. Mais aucune d’elle malheureusement n’a été appuyée avec des faits ou des preuves. Pour la justice algérienne et pour les observateurs surtout, c’est un avis personnel, toutes les flèches décochées contre le dieu de l’Algérie n’iront pas haut en altitude. Hormis les noms des personnalités impliquées dans le scandale de Sonatrach, trop pourris pour porter plainte contre lui, les accusations de monsieur Malti sont restées terriblement générales. Elles peuvent être comparées à de la spéculation ou à des allégations d’internautes anonymes. Elles auraient eu bien plus de poids si un ministre, un député ou un chef de parti politique était leur auteur.
Les deux précédentes lettres ouvertes de monsieur Malti étaient beaucoup plus importantes. Plus riches en éléments confondants et indices troublants, elles ont mis à nu des failles du système Sonatrach par lesquelles les responsables charognards s’en mettaient plein les poches. Malheureusement, personne au DRS n’a été sensible à ses mises en garde. Ses deux premières lettres publiques sont restées «des lettres mortes». Les officiers de cette organisation supra constitutionnelle sont des androïdes, ils font passer l’obéissance aveugle au chef avant l’amour de la patrie… Dans le harem politique, également, personne n’a bougé, ils ont tous fait l’autruche. Constatant la fin de non-recevoir à sa lettre, monsieur Malti a dû certainement déchanter comme tout le monde qui a espéré avec lui que son initiative citoyenne débouche sur l’arrestation de gros poissons. Rab-Edzaïr ne protège pas les ressources de la patrie, il tue seulement ceux qui remettent en cause son autorité ou sa compétence et lui rappellent son passé criminel.
Enfin, attention à la banalisation. Le mot corrosif de «rab Edzaïr» par exemple a perdu un brin de son sens à travers cette lettre. Les mots graves mal utilisés ou surutilisés seront galvaudés. Ils perdent leurs significations et leurs impacts.  C’est comme l’histoire de la corruption, des émeutes ou des immolations, des accusations d’ordre général risquent de conduire vers la banalisation.  Un acte grave, quand il se multiplie, il devient un phénomène. En tant que tel, il se banalise et se transforme en un fait-divers qui est évoqué par l’Etat comme sont évoqués les accidents de la route. La banalisation dédouane totalement le régime et lui assure une couverture contre l’obligation de rendre des compte au peuple…
Pour le journal El Watan qui a publié la lettre ouverte de Hocine Malti, il est trop tôt pour parler d’une véritable indépendance. Ce journal a un passif lourd en matière de désinformation et d’entorses à l’éthique. Il n’est pas clair si la décision de publier la lettre était souveraine ou a reçu un aval de la sécurité.
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LA NATION
Numéro 91
Edition du 20 au 26 Février 2013

Sonatrach 2 – Du pays de la Mafia vient une leçon sur la supériorité de l’Etat de droit
Khaled Ziri
Mercredi 20 Février 2013

« Sonatrach 2 ». Sous cette dénomination sobre, un communiqué officiel du parquet est venu « rassurer » l’opinion algérienne qu’une grosse affaire de corruption éventée en Italie était « prise en charge » par la justice. Le service minimum judiciaire était ainsi proclamé. Une nécessité apparemment ! Si  les Algériens n’ont pas vraiment saisi de quoi il était question dans « Sonatrach 1 » qui avait entrainé, en 2010, la chute de l’ensemble du top management de l’entreprise publique, avec des juges italiens qui bossent et une presse italienne qui informe, les Algériens ont eu une vision d’une laideur plastique de ce que le parquet a appelé, à postériori, Sonatrach 2. Au grand dam de l’affairiste Silvio Berlusconi qui s’est alarmé du fait que les poursuites contre les chefs des grandes entreprises italiennes vont leur fermer la porte des juteux contrats, les juges italiens, disposant des moyens d’investigation d’un Etat de droit se sont mis à regarder avec attention dans les recoins des écuries mal famées du business. Et ce travail des juges provoque des répliques d’Alger à New Delhi. Pour notre pays, on même un chiffre d’une précision qui fait rêver les enquêteurs algériens « contraints » dans leur mouvement et leur expression : 197.934.798 euros. Et au moins deux noms « illustres » de la Nomenklatura du pays : Un Bedjaoui (Farid) (neveu d’un ancien juge à la CIJ (Cour Internationale de Justice) et par la suite Ministre des affaires étrangères avant d’être un improbable président de la Commission de surveillance des élections présidentielles de 1999 d’où se sont retirés les six candidats en lice après une dénonciation d’une fraude en faveur de Bouteflika), patron d’une société installée à Hong-Kong et le très puissant ex-patron du secteur des hydrocarbures, Chakib Khelil, l’ami de Bouteflika. Celui-là qui a failli rétablir un régime de concession qui aurait choqué – c’est dire ! – même les saoudiens ! Les juges italiens n’enquêtaient pas sur les Algériens mais leur travail, libre, aidé et conditionnée par la loi et avec l’aide d’une « gorge profonde » au sein de l’entreprise ENI a mis à jour l’existence d’une catégorie d’Algériens qui coutent beaucoup au pays. Ce sont les « amis utiles » des entreprises étrangères, incarnation parfaite de l’entrée la plus calamiteuse qui soit du pays dans la mondialisation du bizness. Car ces 197.934.798 euros qu’un Berlusconi, décomplexé, inclue dans la dépense « normale » pour l’obtention de contrat doivent avoir une contrepartie encore plus faramineuse pour l’Algérie en termes de surfacturation. Surpris, les Algériens ? Non, plutôt écœurés de découvrir, une fois de plus, que la réalité dépasse toujours leur imagination pourtant assez fertile.

Une vraie bureaucratie mais une fiction légale
Cet écœurement, Hocine Malti, ancien dirigeant à Sonatrach, l’a déjà exprimé dans le passé dans une lettre aux enquêteurs du DRS dans lequel il indiquait des pistes et des affaires dignes de les intéresser. Avec l’affaire ENI-Saipem, Malti perd patience et publie, dans son blog sur Médiapart, une longue lettre au Général Toufik Médiene, en personne, pour y exprimer, sous une forme faussement naïve, sa conviction que le « Sonatrach 2 » annoncé par le parquet n’est rien d’autre qu’une annonce, de la frime. Une sorte d’écran de fumée pour convaincre les Algériens subitement branchés sur les journaux italiens et le traducteur automatique de Google que les choses sont prises en charge. Hocine Malti connait bien son sujet (il a écrit un livre à ce sujet) et son indignation est rendue plus forte par le fait qu’il sait comment « ça fonctionne » et qui sont ceux qui tirent les ficelles. Sa lettre au général Médiene, chef du DRS, traduit une conviction très largement partagée que l’Etat Algérien est une vraie bureaucratie mais une fiction légale. Il s’adresse à celui qui incarne le « pouvoir réel » dont on devine qu’il n’attend rien. Les juges italiens ont donné ainsi une opportunité à Hocine Malti de dresser un sinistre état des lieux d’une Algérie où il n’y a en définitive qu’un seul clan et où les théories des deux ou trois clans ne servent, in fine, qu’à conforter le «clan », l’unique. La lettre de Hocine Malti fera date. Mais elle s’est accompagnée du grand évènement de sa reprise, localement, par le journal El Watan. La lettre se terminait par un « chiche », laissez les journaux algériens publier le texte, El Watan semble avoir relevé le défi. De manière totalement indépendante, comme l’affirment certains journalistes d’El Watan ? (A.H : faut pas rêver, faut pas non plus prendre les enfants du bon-dieu pour des canards sauvages) L’assertion laisse bien entendu dubitatifs beaucoup d’Algériens. Et si un autre journal avait publié le brulot, même les journalistes d’El Watan auraient trouvé qu’il y a « anguille sous roche », un « truc ». Et puis, comme toujours les questions d’accompagnement suivent : Toufik a-t-il veillé à la publication de la lettre dans un jeu assez compliqué mais où il se sent assez fort pour se permettre un texte qui le met en cause ? Ou alors, a-t-il perdu la main… Même Hocine Malti doit se dire que sa lettre ou plutôt son usage lui échappe quitte à se satisfaire à l’idée que les Algériens y ont eu accès dans un journal local.

Le DRS en question
La seule certitude que l’on peut en tirer est que désormais le DRS, le « cœur du pouvoir » voire le « seul pouvoir » est en « question ». Et que cela soit en rapport avec la gestion de Sonatrach, la mère de toutes les rentes, boucle ainsi la boucle. Certains peuvent tirer de cette publication par El Watan la conclusion que l’hypothèse du 4ème mandat pour Bouteflika vient de pâlir, d’autres peuvent spéculer sur un « printemps » devenu impossible par la rue, en raison d’une Algérie rétive et soupçonneuse, qui se déroulerait dans le cœur du système. Une sorte de remake habituel du « il faut que quelque chose bouge pour que tout reste en place ». Par contre, on peut imaginer aisément l’énorme potentiel de chantage dont disposent les services étrangers évidemment bien documentés sur les pots-de-vin versés dans nos contrées. La mobilité dans les cercles dirigeants politiques et économiques dans ces pays permet d’éviter les immenses fragilités de nos systèmes induites par la permanence de dirigeants inamovibles.

Finalement, on en arrive à la question centrale de l’Etat de droit, celui-là même qui permet à des juges italiens de travailler sans se soucier de la puissance des corrupteurs, ni des affaires futures des entreprises italiennes dans les pays où les pots-de-vin font partie des « règles » selon la formule de Berlusconi… Les voleurs contreviennent à la loi et la loi doit s’appliquer. C’est simple et fort ! Hocine Malti n’a rien d’un naïf. Il n’écrit pas au chef du DRS avec la conviction que cela va changer quelque chose, il le fait dans une démarche pamphlétaire pour souligner la gravité d’une situation où les richesses du pays échappent au contrôle des Algériens. Le système a fabriqué des mutants, des intermédiaires « mondialisés », des « amis nécessaires » et des puissances occultes qui recréent le système des Janissaires. Hier le  pouvoir était à Alger, les comptes à la Sublime Porte, aujourd’hui, le pouvoir est formellement à Alger et les comptes dans les paradis fiscaux. Hier comme aujourd’hui, le pays profond qui se fait ponctionner. Ce que les juges d’Italie, pays de la Mafia, nous donnent comme leçon est là ! Une absolue suprématie morale, politique et économique, de l’Etat de droit. Ils nous montrent aussi – songeons aux dossiers qui peuvent s’être accumulés chez les amis des « amis nécessaires » l’état d’insécurité nationale où nous plonge un système qui prend en otage le pays, son présent et son avenir.
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http://www.agoravox.fr
Algérie : un Dieu vivant dirige-t-il le pays ?
Dans une lettre ouverte publiée sur son blogue  à Mediapart et reprise sur les quotidiens algériens Al Watan et le Matindz, Hocine Malti, consultant pétrolier, ancien vice-président de Sonatrach, auteur de l' "Histoire secrète du pétrole algérien", paru chez la Découverte nous apprend que l’Algérie est dirigée par un Dieu vivant autoproclamé et qui n’est autre que Mohamed Lamine Mediène patron du Département renseignement et sécurité (DRS)
En effet Hocine Malti écrit « Cette fois-ci, ce n’est pas à vos collaborateurs enquêteurs que je m’adresse, mais à vous, patron depuis septembre 1990 du tout puissant DRS (Département du renseignement et de la sécurité), Rab Dzayer, le "dieu de l’Algérie". N’est-ce pas ainsi que vous vous êtes présenté un jour de 1999, dans les circonstances que vous savez ? Selon l’adage populaire, "mieux vaut s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints" ; ce que je fais aujourd’hui. Vu que vous êtes en mesure de décider et d’imposer ce que bon vous semble à toute l’Algérie, à tous ses hommes et ses femmes et notamment à toutes ses autorités civiles, militaires, politiques et juridiques.... »
Cette lettre se termine par ce paragraphe.« Alors vous, Rab Dzayer,(Dieu d’Algérie) êtes-vous disposé aujourd’hui à effacer ces tâches infamantes qui salissent l’image du pays ? Les dieux peuvent tout faire. Vous en avez-vous-même donné la preuve en d’innombrables occasions. Saurez-vous pour une fois mettre le holà à ce genre de comportement ? Serez-vous plus perspicace, plus efficace que les Italiens qui annoncent 200 millions d’euros de pots-de-vin ?.. ».
Mais s’agit-il des élucubrations de ce Monsieur Hocine Malti ou véritablement le patron du DRS algérien dispose effectivement de tous les pouvoirs dans ce pays ? La réponse nous est donnée par un article publié par le journaliste algérien Lounès sur Agoravox en 2007.
Cet article nous apprend que :
"1/ Aucune candidature à une élection ni aucune nomination à un poste de haut-fonctionnaire ne se fait sans l’aval du DRS.
2/ Derrière chaque ministre, il y a un colonel du DRS qui contrôle tout, du recrutement d’une femme de ménage à la signature du contrat le plus sophistiqué. Il passe beaucoup de temps dans les bureaux du ministre et des hauts responsables pour s’informer, les intimider et les inhiber.
3/ Dans chaque wilaya, il y a un colonel du DRS qui contrôle le wali, les daïras et toutes les assemblées élues. Un autre colonel de la DCSA contrôle les militaires et les gendarmes.
4/ Dans chaque banque et entreprise publiques, il y a un officier du DRS qui contrôle tout, en particulier les comités de crédit, les signatures et les commissions sur les contrats.
5/ Dans toutes les ambassades, l’attaché militaire et les officiers, nommés par le DRS ont écrasé les diplomates et étouffé la voix de l’Algérie.
6/ Le parti du RND a été créé par le DRS, dirigé par des agents du DRS pour trafiquer les élections et semer la confusion et la zizanie entre les partis politiques.
7/ Le parti du FLN a été mis sous la coupe du DRS qui nomme et dégomme ses dirigeants, au gré de ses choix politiques.
8/ Le syndicat UGTA est sous le contrôle total du DRS qui a corrompu ses dirigeants.
9/ Toutes les élections sont contrôlées et trafiquées par le DRS. Toutes les candidatures aux élections sont filtrées par le DRS.
10/ Tous les partis d’opposition sont déstabilisés par les infiltrations et les manipulations du DRS.
11/ Toutes les organisations patronales sont sous la coupe du DRS pour protéger les intérêts de ses nombreux agents reconvertis dans les affaires.
12/ Tous les médias (télé, radio, presse écrite, internet) sont contrôlés par le DRS qui s’oppose à la création de télés et radios privés et élimine les journalistes libres.
13/ Tous les tribunaux et Cours de justice sont contrôlés par des officiers du DRS qui intimident et menacent les magistrats".
Si cela est vrai, c’est on ne peut plus clair ; un dieu vivant autoproclamé dirige ce pays qui a pourtant un président élu. Il y a donc bien un pouvoir bicéphale à la tête de l’état algérien. Mais apparemment le dernier mot revient au patron du DRS. Cette situation explique l’opacité du pouvoir algérien que les chancelleries diplomatiques n’arrivent pas à percer. Elle explique aussi l’état de suspicion dans lequel vit la société algérienne objet de cet article du Matindz (algérien) « il est du DRS » ou les chuchoteurs du régime.
Il n’est donc pas étonnant que ce pays -le plus riche des pays du Maghreb grâce aux hydrocarbures- tourne en rond et n’arrive pas à mettre en place une économie moderne poussant l’un de ses journalistes à un cri de désespoir Pleure O mon pays bien aimé. 
Ce cri  de désespoir reflète d’abord le martyre enduré par ce peuple noble qui a tant donné. N’est ce pas l’Algérie qui a tant souffert, d’abord à travers la colonisation qui a fait de ce pays un département français alors que les deux autres pays du Maghreb (Maroc, Tunisie) n’étaient que sous protectorat. Le fait colonial a réduit ses habitants autochtones à des « citoyens » français « indigènes » de second ordre et a essayé de gommer l’identité arabo-amazighe et musulmane de sa population. Alors que l’indépendance n’a été acquise qu’en payant un lourd tribu (des centaines de milliers de morts), dans les années 90, la décennie noire comme l’appellent les algériens de lutte contre le terrorisme islamique s’est soldée par 100 000 à 200 000 morts.
Après ce lourd tribu, le pays était en droit d’espérer une mobilisation des énergies faisant de la manne pétrolière qui se tarit une opportunité de bâtir une économie moderne et diversifiée. Alors que l’Algérie est le premier pays producteur qui risque de devenir un pays importateur de pétrole, le pays s’est renfermé sur lui-même. Des économistes surtout algériens ne cessent pointer du doigt cette sorte « d’autarcie » dans laquelle évolue l’économie algérienne et qui n’est plus compatible avec la mondialisation.
Mais pour libérer les énergies, moderniser le pays et lutter contre les maux qui gangrènent la société et à leur tète la corruption, il faut mettre fin au bicéphalisme (qui fait diluer les responsabilités) à la tête de l’état, donner à la fonction présidentielle toute sa signification. Autrement, ce pays restera comme il est et lorsque la manne pétrolière sera tarie, il constituera un danger pour lui-même et pour ses voisins. Car comment peut-il continuer à importer les deux tiers de ses besoins alors que les 98% de ses exportations constituées par les hydrocarbures auraient disparues ? 
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