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dimanche, mai 22, 2011

257 - A ceux qui auraient oublié.


A ceux qui auraient oublié.
Je me souviens d'un temps lointain où je trouvais les saisons haïssables dans leur uniformité écrasante sous un soleil invariant. Torride. Le temps semblait figé devant l'horreur que lui infligeaient les hommes. Les thermomètres made-in-China étaient bloqués. En Algérie nous n'avions le choix qu'entre deux modèles aussi désuets que mal formés. Nous lisions dans les journaux entre deux lieux communs : "Ciel bleu éclatant de pureté. Températures : trente et un degrés sur les côtes, quarante-cinq à Bidon V. Mer calme couleur turquoise. Pas de vent." Et cetera. Quels que soient les journaux ou les saisons nous y lisions les mêmes rengaines comme des leitmotive sans qu'il ne vînt jamais à l'esprit des journalistes l'idée de demander leur avis -une seule fois- au ciel à la mer au vent au temps. Sans qu'il ne leur vînt jamais à l'esprit l'idée de regarder les éléments dans les yeux. Certains quotidiens nous promettaient tous les jours, grâce à l'horoscope, un avenir radieux. "Mais mon cher ami l'horoscope symbolise l'ouverture sur le monde, sur le Cosmos" ironisaient sous cape des opposants politiques. Une ouverture trouble peignée d'une encre fangeuse. Les quotidiens politiques étaient les plus prolixes, combattants-zélés, tous les jours invariablement, plus royalistes que le Pharaon. De leur sanguine ils adressaient entre les lignes des mises en garde ou des missions. Plus tard, de nombreuses années plus tard, on procéda à un recyclage concomitant du papier, du matériel, du calame et des journalistes qui vieillirent, qui se remarièrent et qui eurent beaucoup d'avantages en nature. Ils devinrent alors les plus ardents défenseurs des libertés surveillées.
C'était le temps immuable de mon adolescence, celui du silence. Nous vivions sans précipitation, point pour économiser quoi que ce fut, non. C’était ainsi. Lorsque quelqu’un parlait nous lui tendions le cou et aussi l’oreille. Car la voix était toujours basse. Nous avions toujours peur de déranger. Nous avions toujours peur. Avant de parler ou d’écouter nous retenions notre respiration et comptions jusqu'à sept. Nous étions sommés de réprimer, de refouler tout sentiment, toute pensée, toute émotion, toute conviction ou paroles obliques, sous peine de…
 

J'avais mal à mon être d'adulte précoce dans un monde lâche. Les Grands Frères – c’est ainsi que, par commodité, nous désignions les infiltrés de notre Securitate : LGF – cognaient sur tous ceux qui ne respectaient pas leurs horaires, leur calendrier. Ils nous poussèrent beaucoup d’entre nous en dehors de nos espaces, de nos terres, de nos limites, de nos êtres. Exils. Ils nous ont contraints l'apprentissage de leurs formules affûtées comme des yatagans. 1984 n'était plus un horizon. Un jour l'acrimonie déborda du vase de ma haine rentrée et se répandit sur le limon de mes pensées. Peu de temps après je décrétai à la suite de ceux qui me guidèrent, que les formules imposées par LGF, ressassées à l'excès – elles fardaient mal la tyrannie – se valaient. Alors, petit à petit, de plus en plus, nous nous sommes mis à détester ces vigiles de la pensée ainsi que leurs mots constrictifs. Progressivement nous bannîmes quelques-unes de leurs expressions, puis d'autres mots, puis au bout du compte tous leurs mots. Nous grandîmes dans une telle atmosphère de haine de soi qu'un jour je suppliai mes amis et les autres de ne plus m'appeler comme je l’ai toujours été. Un ami que j'avais mis dans la confidence me dit sur un ton ironique, c'est cela c'est cela. Je le pris au mot. Je lui pris son mot à rebrousse-poil, j'inversai son mot et lui dis : "Je suis hors de moi. Dorénavant mon nom est Alec. Razi ne répondra plus". C'est ce que je lui dis. C'est durant cette période noire, encerclée, barbelée, vigilée, que je perdis la joie somme toute naturelle de vivre et dire la vie. Acculé dans mes derniers retranchements, je me suis métamorphosé et muré dans le silence verbal. Comme le fit en son temps Lucius à Talassa – La fable ancestrale raconte-t-elle la vie d'un homme modifié en âne ou bien celle d'un âne transformé? – Je me suis certes métamorphosé et muré dans le silence verbal, mais je décidai néanmoins de ne pas demeurer entièrement muet. Il me fallait changer, devenir tacticien. J'entrepris d'échanger autrement qu'avec des paroles. Par le regard, par le geste, par le corps. Je me suis mis à marcher. A faire le tour de notre quartier, puis celui de deux autres, puis trois et plus. Comme ça. Pour le sport et la sueur. Pour marcher. Seul. Tous les jours. 

Pour ne rien avoir à dire ni divulguer : Gambita, Miramar, L'bled, Satatouane, Sananès ; les misérables Tirigou et L'hamri puis Bilair. Et que tous les pardons soient sur nous. La même boucle renouvelée. Une mise en mouvement circulaire que Les Grands Frères nous imposaient au détriment du bon sens et des lois universelles ! Seul. Du point de départ à mi-parcours je marchais normalement, comme tout un chacun. Puis j'accélérais l'allure. Par moments elle s'emballait et m'emportait à ses côtés, par d'autres je trichais-je courais. De temps à autre des passants, qui finirent par la force des choses et de la routine par me repérer, me saluaient lorsque "Yaatik-essaha khouya", bravo mon frère ! Ils m'enviaient probablement mais le vocable "frère" fortement compromis, m'indisposait, m'irritait, me vexait même. D'autres gens, ceux-là en uniforme, exigeaient systématiquement que je change de trottoir. Lorsque j'arrivais au zoo, je m'arrêtais un temps. Ses occupants m'attendrissaient, nous avions des rancunes communes envers nos gardes-chiourmes. Les occupants me comprenaient. La place de nos responsables se trouve ici. "ICI" pensais-je fortement face aux yeux noirs, tendus des singes affamés. Je pouvais penser tout ce qui me passait par la tête, ils souriaient. Pas bêtes les singes ! Ces primates, eux, ne mettent pas instinctivement et gratuitement des bâtons dans une fourmilière ! Nos dirigeants oui. Voilà ce que je pensais et ça j'aimais bien qu'ils le comprissent. Mes amis tendaient l'oreille la main et les bras, souriaient puis épluchaient mes offres. Ils souriaient. Et ils souriaient ! Le moment venu nous nous quittions sur des clins d'œil complices. A hauteur de la prison, plus exactement entre la prison et le grand cimetière chrétien je faisais mon choix : tricher jusqu'à la maison où enfin, dans ma certitude relative protégée, je laissais libre cours au torrent quotidien de signes, jusque là réprimés. Il me fallait me délester de toutes les horreurs du jour. Car j'appris aussi à coucher des signes. Ils se déversaient alors, ils inondaient les pages de mon cahier à spirale case après case – marge incluse – ligne après ligne, page après page, jusqu'au bout de la nuit. Jusqu'au bout de mes doigts endoloris. Nul n'en savait rien. Intime. Mon cahier hébergeait mon espace et mon temps, mon temps intérieur propre. Je construisais ma vie d'homme terrorisé par un quotidien noir autour de mon cahier oasis, comme d'autres bâtissent des villages autour des bains-maures ou des lieux de culte. Mais cela est une autre histoire et ce n'était pas Paris. 



Nous sommes marqués à vie. A ceux qui auraient oublié, à ceux qui seraient tenté de passer l’éponge je leur dis : c’était hier, les années noires, les années de plomb, les années de dictature. Les années 70. En Algérie. Mères des désastres futurs.
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                                                                                       Pour la photo, merci Dzaïr el Bahia   04.2013

dimanche, mai 15, 2011

256 - LA GRANDE CATASTROPHE - LA NAQBA 1948 - 2011

Bombardements israéliens sur Gaza en 2007. Ils n'ont quasiment jamais cessé depuis 1948.




Il y a plus de 60 ans le peuple Palestinien commencera à être spolié de ses terres, de ses biens. En 2011 Israel continue de coloniser les territoires palestiniens dans le silence général et la complicité de l'Occident honteux de sa culpabilité et crimes durant la seconde guerre mondiale, notamment son génocide à l'encontre du peuple juif.
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Dimanche 15 MAI 2011
Journée de violences pour l'anniversaire de la "Nakba" palestinienne
De Adel ZAANOUN avec les bureaux de l' (AFP) – Il y a 6 heures (à 8heures donc)
 


GAZA (Territoires palestiniens) — Des violences ont éclaté dimanche durant la commémoration de la "Nakba" (catastrophe) palestinienne, faisant des dizaines de blessés palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et sur le plateau du Golan.
L'incident le plus grave a eu lieu lorsque l'armée israélienne a ouvert le feu en direction de manifestants palestiniens venus de Syrie qui avaient pénétré sur le plateau du Golan occupé par Israël, ont indiqué des sources sécuritaires israéliennes.
Selon les médias israéliens, au moins une personne a été tuée et trois autres blessées parmi les manifestants.






Il s'agit de l'incident le plus grave depuis plusieurs dizaines d'années sur cette frontière en général calme depuis l'accord de cessez-le-feu israélo-syrien de 1974.
Selon des résidents de la ville de Madjal Chams, chef-lieu des localités druzes du Golan, plusieurs Palestiniens ont réussi à entrer dans la localité après avoir franchi la clôture frontalière et traversé des anciens champs de mines.
Par ailleurs, des milliers de réfugiés palestiniens du Liban étaient massés dimanche à la frontière avec Israël, a constaté l'AFP. Selon l'armée libanaise, dix personnes ont été blessées par des tirs israéliens de l'autre côté de la frontière.
Peu avant le début de la cérémonie, organisée dans la localité de Maroun ar-Ras sous le slogan "marche pour le retour en Palestine", l'armée libanaise déployée devant les barbelés a tiré en l'air pour disperser des dizaines de manifestants qui se sont trop approchés de la frontière.
La région frontalière avec le Liban a été décrétée zone militaire interdite d'accès pour la journée de dimanche par les autorités israéliennes.


Dans les Territoires palestiniens, une cinquantaine de Palestiniens ont été blessés dans le nord de la bande de Gaza par des tirs de l'armée lors d'une marche en direction du terminal frontalier israélien d'Erez, a-t-on appris auprès des services médicaux palestiniens.
Un millier de manifestants se sont dirigés vers la frontière israélienne en dépit de tirs de semonce israéliens, selon un correspondant de l'AFP.
D'autre part, au moins huit Palestiniens ont été blessés lors de heurts violents au poste de contrôle de Kalandia (Cisjordanie), à l'entrée de Jérusalem, et neuf autres à Hébron (sud de la Cisjordanie).
Les affrontement se poursuivaient dans l'après-midi à Kalandia, le principal point de passage entre la Cisjordanie et Jérusalem, selon des journalistes de l'AFP.
Les manifestants lançaient des pierres et les garde-frontières israéliens ripostaient en tirant des grenades lacrymogènes et des balles caoutchoutées.
La commémoration annuelle de la "Nakba" a été marquée par de nombreux incidents depuis vendredi à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée.
Elle a été endeuillée par la mort d'un Palestinien de 16 ans, touché par une balle au bas ventre, dans le quartier arabe de Silwan, au pied des remparts de la Vieille ville.
"Il est regrettable que des extrémistes prennent prétexte de l'anniversaire de la création de la démocratie israélienne pour répandre la haine", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Plus de 60 Palestiniens ont été arrêtés depuis vendredi, selon le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.
Quelque 10.000 policiers et gardes-frontières ont été mobilisés. L'armée a par ailleurs déployé sept bataillons supplémentaires (environ 3.500 hommes) en Cisjordanie occupée.
De crainte de violences, l'armée israélienne a imposé un bouclage strict de la Cisjordanie occupée de samedi minuit (21H00 GMT) jusqu'à la même heure dimanche. La police avait réimposé dimanche des restrictions à l'accès à l'esplanade des Mosquées, dans la Vieille ville de Jérusalem.
La "Nakba" s'est traduite par l'exode de quelque 760.000 Palestiniens, point de départ de la question des réfugiés, actuellement au nombre de 4,8 millions avec leurs descendants, répartis pour l'essentiel entre la Jordanie, la Syrie, le Liban et les territoires palestiniens.

Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés
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MADJDAL SHAMS, Plateau du Golan (Reuters) - Des violences ont marqué dimanche aux confins d'Israël, du Liban, de la Syrie et de la bande de Gaza le jour de la "Nakba", la "catastrophe" que représente pour les Palestiniens la création de l'Etat hébreu en 1948.

Ces affrontements ont fait au moins huit morts et des dizaines de blessés.

Les forces israéliennes ont ouvert le feu sur des réfugiés palestiniens venus de Syrie qui voulaient franchir la clôture frontalière érigée sur les hauteurs du Golan, faisant quatre morts et plusieurs blessés, rapportent les médias israéliens.

La fusillade a éclaté dans le village de Madjdal Chams, du côté de la frontière contrôlé par les Israéliens. Dolan Abou Salah, le maire du village, a précisé à la radio qu'entre 40 et 50 manifestants avaient tenté de franchir en force la clôture frontalière.

Selon la télévision syrienne, ce sont quatre ressortissants syriens qui ont été tués alors qu'ils participaient à une manifestation anti-israélienne du côté syrien de la ligne de démarcation.

La radio israélienne a déclaré pour sa part qu'un Syrien avait été tué et trois Israéliens avaient été blessés dans la fusillade.

Israël a conquis sur la Syrie le plateau stratégique du Golan, qui domine le lac de Tibériade, durant la guerre des Six-Jours de juin 1967 et l'a annexé fin 1981. Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale.

La Syrie, où le régime du président Bachar el Assad est confronté depuis deux mois à une contestation populaire sans précédent, abrite 470.000 réfugiés palestiniens.

Pour un responsable du gouvernement israélien, "les autorités syriennes cherchent délibérément à provoquer une crise à la frontière afin de détourner l'attention de l'opinion publique des problèmes internes qu'elles rencontrent".

"PROVOCATION"

A la frontière entre le Liban et Israël, quatre Palestiniens ont été tués par les tirs de soldats israéliens qui voulaient empêcher des manifestants de pénétrer en Israël, ont rapporté des témoins. Des soldats de l'armée libanaise avaient auparavant tiré en l'air pour tenter de contenir la foule.

"C'est de la pure provocation, inspirée par les Iraniens, à nos frontières avec la Syrie et le Liban, à l'occasion de la 'Nakba'", a estimé le porte-parole de Tsahal, le lieutenant-colonel Yoav Mordechaï.

Au sud-ouest d'Israël, à la frontière avec la bande de Gaza contrôlée depuis 2007 par les islamistes du Hamas, les tirs israéliens sur une foule qui s'approchait de la clôture de sécurité ont fait une soixantaine de blessés, a-t-on appris de source médicale.

A Tel Aviv, une personne a été tuée et 17 autres ont été blessées par un camion qui a percuté plusieurs véhicules et renversé des piétons.

Le conducteur, qui a été arrêté, est âgé de 22 ans et habite Kafr Kassem, village arabe du centre d'Israël, a précisé Micky Rosenfeld, porte-parole de la police. Les enquêteurs s'efforcent d'établir s'il s'agit d'un acte délibéré ou d'un accident.

Selon des témoins, les collisions se sont produites sur un kilomètre. "On a entendu un bruit terrible derrière la voiture - un boum, puis un autre et encore un - jusqu'à ce qu'il nous atteigne et on a été tout bonnement projetés en l'air.

"Il a heurté un autobus. Il est sorti du camion et, comme fou, il s'est mis à lancer des choses aux gens. Il y avait cette pauvre fillette innocente qu'il a frappée à la tête. Elle est tombée et maintenant des gens la soignent. Quoi vous dire ? (C'est un) attentat terroriste !", a déclaré l'un de ces témoins au micro de la radio militaire.

Des jeunes rassemblés près d'un barrage israélien aux abords de Ramallah, en Cisjordanie, ont lancé des pierres en direction des militaires, qui ont riposté en tirant des balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes.

Samedi, un Palestinien de 17 ans blessé par balle la veille lors d'une manifestation à Jérusalem avait succombé à ses blessures. Il avait été blessé dans le quartier de Silouane, haut lieu de tensions, alors que des Palestiniens lançaient des pierres en direction de policiers et de colons israéliens.

Avec Nidal al Moughrabi à Gaza, Jeffrey Heller, Dan Williams et Ori Lewis à Jérusalem, Ali Saouafta à Ramallah et Yara Bayoumy à Beyrouth; Jean-Philippe Lefief, Philippe Bas-Rabérin et Guy Kerivel pour le service français

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Reuters Par Haïm Shafir | Reuters – il y a 2 heures 36 minute (dimanche 15 mai 2011 - 16H30 donc)

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El Watan samedi 14 mai 2011

 
Les Palestiniens ont toujours su identifier leurs ennemis. Il y a ceux qui les ont obligés à prendre les armes pour leur avoir imposé une guerre. Ce sont ensuite ces notions pour le moins abstraites, mais fondamentalement importantes car elles font partie de l’adversité et là il s’agit principalement de l’oubli. Le combattre, constate-t-on, pour ne pas disparaître. C’est d’ailleurs ce qui leur a permis de préserver leur existence en tant que peuple, alors même que le monde a cessé d’en parler dès 1949 et même avant, n’évoquant, quand il était pressé de le faire, que les Arabes de Palestine et les réfugiés au lendemain de la guerre de juin 1967. Une notion indéfinissable sans pour autant être neutre. Elle ne l’a jamais été et encore moins de nos jours, puisqu’Israël cherche toujours à effacer toute trace des Palestiniens. C’est le but recherché à travers le processus de spoliation et, pour ceux des Palestiniens vivant en Israël, des sanctions si jamais ils joignaient leurs voix à celles de tous les autres Palestiniens pour commémorer la Nakba, en d’autres termes la catastrophe provoquée par l’occupation de leurs terres à la suite de la création d’Israël en 1948.










Les Palestiniens entretiennent un riche calendrier pour sauvegarder la mémoire. Plus de 760 000 Palestiniens ont été chassés de leurs terres, il y a 63 ans. Ce sont des réfugiés installés principalement dans les pays de la région et leur retour, un des points majeurs de toute négociation israélo-palestinienne, se heurte au refus israélien. Aujourd’hui, l’ONU les estime à quelque 4,7 millions avec leurs descendants. Ils ont même fait l’objet d’une résolution, la 194, que l’ONU a prise dès le début du conflit au Proche-Orient. Elle a été adoptée le 11 décembre 1948 et renouvelée chaque année. Elle reconnaît leur droit au retour puisqu’elle dispose que «les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible».
Tous les gouvernements israéliens se sont opposés à l’application du droit au retour. Plus grave que cela est ce que l’on pourrait appeler l’exil par décret. Israël a en effet révoqué, jusqu’en 1994, le droit de résidence de 140 000 Palestiniens de Cisjordanie ayant séjourné à l’étranger au moyen d’une procédure confidentielle, mais tout aussi arbitraire. Ce qui représente pas moins de 14% de la population de Cisjordanie. Du début de l’occupation de la Cisjordanie après la guerre de 1967 jusqu’au début de l’application des accords d’autonomie palestinienne en 1994, les Palestiniens qui souhaitaient se rendre à l’étranger via la Jordanie devaient laisser leur carte d’identité au poste-frontière situé sur le pont Allenby. En échange, ils obtenaient une carte les autorisant à passer.
Mais la validité de ce document était limitée à trois ans et ne pouvait être renouvelée que trois fois. Les habitants qui ne revenaient pas en Cisjordanie dans les délais impartis entraient dans la catégorie de ceux qui «ne sont plus résidents», une clause non écrite que les Palestiniens n’étaient pas supposés connaître, comme l’a reconnu un général israélien. Quelque 130 000 Palestiniens habitant le secteur oriental d’El Qods et un nombre tout aussi important d’habitants de la bande de Ghaza sont également menacés d’exil. C’est la déportation de masse et Israël, ne manque-t-on pas de relever, pense probablement régler la question palestinienne en faisant le vide. Grossière erreur.
Mohammed Larbi





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POUR MIEUX CONNAITRE MAHMOUD DARWICH:

http://mahmoud-darwich.chez-alice.fr/palestine_pays.html

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NOUS SORTIRONS
Nous sortirons. Nous l’avons dit : Nous sortirons.
Nous vous l’avons dit :
Nous sortirons un peu de nous-mêmes.
Nous sortirons de nous-mêmes
Vers une marge blanche, méditer le sens de l’entrée et de la sortie.
Nous sortirons d’ici peu.
Notre père qui était en nous est rentré chez sa mère, le Verbe.
Nous avons dit :
Nous sortirons.
Etrennez une foulée en d’un sang qui a débordé de nous Et inondé vos canons.
Arrêtez, cinq minutes, ces avions en piqué.
Interrompez, trois minutes encore, le bombardement par terre et par mer, Que sortent ceux qui sortent et entrent ceux qui entrent...

Nous sortirons. Nous avons dit : Nous sortirons.
Laissez donc une petite place pour les derniers adieux.
Que la paix soit sur nous, que la paix soit sur nous.
Nous rangerons nos membres dans les valises.
Arrêtez donc cinq minutes ce bombardement,
Que les belles élégantes lavent leurs seins des baisers passés.

Nous sortirons. Nous avons dit : Nous sortirons un peu de nous-mêmes. Nous sortirons de nous-mêmes.
Au bord de la mer, nous avons jeté le rivages de nos corps et nous nous sommes brisés
Comme une tempête de palmiers, lorsque nous vous avons vaincus et remporté la victoire sur nous-mêmes,
Ajouté aux rues une ombre qui accorde la ville et son sens,
Qui invoque le Père et le Fils et l’Esprit, où que nous migrions et aussi loin que nous partions.
Nous sortirons. Nous avons dit : Nous sortirons.
Entrez donc, sept nuits brèves seulement, dans la nouvelle Jéricho.
Vous n’y trouverez pas une fillette à qui voler la natte, ou un garçonnet à qui voler les papillons.
Vous ne trouverez pas un mur sur lequel placarder vos ordres qui proscrivent le lilas de Chine et nous proscrivent.
Vous ne trouverez pas un cadavre sur lequel graver les psaumes de votre périple dans les fables.
Vous ne trouverez pas un balcon qui donne sur la Méditerranée en nous.
Vous ne trouverez pas une rue pour y monter la garde.
Et vous ne trouverez pas traces de vous et ne trouverez pas traces de nous.
Nous sommes sortis peu avant la sortie.
Ne faites pas de signe de victoire au-dessus des cadavres.
Ici nous sommes.
Là-bas nous sommes.
Et nous ne sommes ni là-bas, ni là.
Ici nous sommes, sous les éléments et sommes un sang tapi dans l’air que vous égorgez.

Nous sortirons. Nous l’avons dit : Nous sortirons.
Bombardez notre ombre...
Notre ombre.
Menez-la captive à sa mère, la terre, ou suspendez-la aux châtaigniers.
Vous êtes où nous ne sommes pas !
Entrez dans votre illusion et labourez notre illusion.

Nous sortirons Nous avons dit : Nous sortirons du commencement de la mer,
Dans un tué, cinq blessés et cinq minutes,
Après la chute des communautés dans le vacarme de l’affrontement du fer et du clan.
Nous sortirons de chaque maison qui nous a vu détruire un char sur nous-mêmes, ou dans son voisinage.
Nous sortirons de chaque mètre et de chaque journée, ainsi que les bédouins sortent de nous.

Nous sortirons. Nous avons dit : Nous sortirons un peu de nous-mêmes, vers nous.
Nous sortirons de nous-mêmes
Vers la parcelle de mer blanche, bleue.
Nous étions là-bas et là.
L’absence métallique signale notre présence.
Beyrouth était là-bas Et là.
Et nous étions sur la parcelle de terre ferme, une horloge et une journée d’oeillets.
Adieu à ceux qui, peut-être, de notre temps, viendront silencieux Et de notre sang, viendront debout pour que nous entrions.
Nous sortirons. Nous avons dit : Nous sortirons lorsque nous rentrerons.
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in:
http://www.e-torpedo.net/article.php3?id_article=1071







vendredi, mai 13, 2011

255 - L est tombée sur moi. Elle est magnifique L c'est la Petite RAPHAELLE LANNADERE


L est magnifique, un soleil des plus éclatants dans la morosité musicale et culturelle ambiante et pour sortir de cette fange nauséeuse imposée par le microcosme médiatique en France.


Je veux des matins indolores
Des nuages pâles sans présage
Des bleus délavés incolores
Je veux qu’on rentre de voyage
Je ne veux pas de bords de mers
Je ne veux pas de grands soleils
La couleur du ciel m’indiffère
Sans toi tout est toujours pareil
Les heures d’ennui ou les nuits fauves pareil, pareil
Les jours de pluie pareil,
Le rouge, le mauve, pareil
Je rêve au calme de l’hiver…

Ecoutez aussi "Petite" c'est aussi sinon plus beau encore. Merci Raphaëlle.


Petite. Sublime


Et voici la troublante "El Djazaïr"
En ce moi de mai, personnellement je pense aux milliers de victimes du 08 mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata...