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samedi, juin 23, 2018

611_ Sur le rebord du monde






Je n’aime plus Istanbul, le Bosphore
Plus ses eaux turquoise
Ni ses bateaux vapur
Le Café Loti
Ou les îles des Princes
Ma mère est ma douleur
 
Je n’aime pas les bazars
Pas les zelliges, formes et couleurs
Ni l’amabilité des Stambouliotes
Leur empathie
Pas les Temples pas les musées pas les mosquées
 





Le turban blanc d’Abraham
M’indiffère
Et l’empreinte du Prophète
L’épée
La barbe
 
Le ridicule Derviche me donne le tournis
La mélodie qu’écoulent le daf et le ney
M’exaspère autant que les applaudissements nourris
Ma mère est ma fêlure


Elle me regarde
Persévère
Longuement
Et encore
Creuse dans mon visage
Dans mon chagrin
Ma mère est mon impasse


                                 








Que faire alors de tous les trésors
Du reflet de la lune le soir
Seul au monde devant le plan d’eau
Du jardin de Sultanahmet
Ou au cœur de la Küçük Ayasofya camii
Quand ma mère chemine à deux pouces
      du rebord du monde


Ahmed Hanifi
Istanbul, vendredi 22 juin 2018
2h15
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----------------------  MARCEL KHALIFA  "Ila Ommi" (À ma mère) ___________________


dimanche, juin 17, 2018

610_ Le Bloomsday _ Ulysse de James JOYCE




J’ai posté hier (Facebook) – à l’occasion du Bloomsday – un extrait du monologue de Molly Bloom accompagné d’une image en triptyque de Leopold Bloom, l’une et l’autre sont des personnages du gigantesque Ulysse de l’immense romancier James Joyce. A cette occasion, j’ai adressé l’article ci-dessous à un Quotidien algérien qui n’a pas jugé utile de le publier. Aïd oblige ? pas de journaux hier et trop tard aujourd’hui, car le Bloomsday c’est le 16 juin, pas le 17.




Le Bloomsday


Depuis plus de soixante ans, le 16 juin, les Dublinois, et plus largement les Irlandais, fêtent le plus célèbre de leurs écrivains, James Joyce (1882-1941), « le poète de la révélation », l’auteur de l’inénarrable Ulysse (1922). Ce jour, on chante, on danse et lit des extraits du roman en reproduisant l’itinéraire de Leopold Bloom un des principaux personnages d’Ulysse. C’est le Bloomsday, le jour de Bloom.
Si tous les architectes ne peuvent construire La Sagrada familia ou la Mosquée bleue d’Istanbul, tous les écrivains ne peuvent écrire ou réécrire Ulysse. Dans le roman de James Joyce, les flux de conscience sont, d’une certaine façon,  aussi importants que les cycles narratifs de la cathédrale de Barcelone ou les coupoles et vitraux de la Sultan Ahmet Camii. Le tour de force de James Joyce (avec Edouard Dujardin le premier, et d’autres plus tard comme William Faulkner, Nathalie Sarraute…) est d’avoir osé et réussi à tordre le cou à l’esthétique et à la stylistique dominantes. Et tant pis si certains continuent encore de répéter – cela dure depuis 1922 – que l’auteur d’Ulysse est prétentieux, frimeur, un raté et pis.
 
L’Odyssée d’Homère relate le retour d’Ulysse chez lui à Ithaque après une sorte de tour du monde des temps anciens, un périple qui le mena de la mer Egée aux mers du Levant et du couchant (la Méditerranée) et qui dura une vingtaine d’années. Dans Ulysse, Joyce narre les déambulations dans Dublin/Méditerranée de deux personnages (Leopold Bloom/Ulysse et Stephen Dedalus/Télémaque). Tous les événements se déroulent durant la seule journée du jeudi 16 juin 1904. Vingt-six à vingt-sept siècles séparent l’Ulysse chanté par Homère de la parodie de James Joyce. A propos de celle-ci, Valéry Larbaud écrivait en avril 1922 dans La NRF « C’est un véritable travail de mosaïque… une œuvre aussi vivante, aussi émouvante, aussi humaine. » 

La lecture du chef-d’œuvre de Joyce (Editions Gallimard/Folio, Paris 1999, 1135 pages), un livre « qui tient de l’encyclopédie et de la comédie humaine » n’est pas de tout repos. L’auteur lui-même rédigea (6 septembre 1920) un guide de lecture nommé le « schéma Linati » à l’intention d’un de ses amis, Carlo Linati pour la compréhension de ce « roman total » qui dispose de nombreux niveaux de lectures. Le combat pour venir à bout du roman est homérique. Il faut s’accrocher au verbe de l’auteur comme on s’accroche au bastingage d’un bateau en pleine tempête des vents libérés de l’outre sur la mer, de Charybde où vivent les monstres à Scylla la terrible aboyeuse et jusqu’aux « monts boisés de la terre des Phaiakiens ».
Le premier épisode (sur 18) s’ouvre sur deux hommes qui discutent en contemplant la baie de Dublin, il est 8 heures du matin en ce 16 juin 1904, dans le deuxième et troisième Stephen Dedalus (le double de Joyce) fait face aux interrogations de ses étudiants, avant de se retrouver sur une plage. Plus loin Bloom se rend à un enterrement, il croise Dedalus, va à la bibliothèque, au restaurant durant la même journée… Il ne se passe presque rien donc, « une créature de chair, parcourant sa petite journée », la vie quotidienne, tout ce qu’il y a de plus banal. L’important dans Ulysse est ailleurs au-delà des déambulations et des rêveries. Il est dans l’architecture du texte, dans le verbe et la lecture elle même de poupe à prou, malgré le roulis et le tangage, pas dans le déroulé d’une histoire. Il n’y a pas d’intrigue, pas de vérité à rechercher, pas de fin. Et – quitte à y revenir plus tard – il ne faut surtout pas hésiter à se passer de chapitres entiers (certains sont vraiment indigestes), si la crise de nerf pointe.

Après tout, le pavé de Joyce est, comme celui d’Homère, un long, très long poème. Il peut se lire en commençant par le début, par Nausicaa et les fantasmes de la vie rêvée de Gertie MacDowell ou par le dix-huitième et dernier épisode, celui du monologue de Molly/Pénélope, cela n’a pas d’importance.
En ce 16 juin jour de Bloom, les Dublinois (mais pas qu’eux) fêtent dans la joie et la bonne humeur James Joyce leur héros, Bloom évidemment, et avec lui sa charmante et infidèle épouse dont ils liront des extraits du long monologue intérieur en se promenant eux-mêmes – si possible – à travers les rues et les parcs, en s’invitant dans les restaurants, les pubs et autres tavernes de la capitale celte (et ailleurs). Un monologue de quarante mille mots (79 pages) sans ponctuation qui restitue le flux de conscience de Molly Bloom/Pénélope, étendue sur son lit cherchant le sommeil qui ne vient pas : « … et le vieux château vieux de centaines de siècles oui et ces beaux Arabes tout en blanc avec des turbans qui sont comme des rois qui vous demandent de vous asseoir dans leur petite boutique de rien et Ronda et les vieilles fenêtres des posadas de deux yeux de feu derrière le treillage pour que son amoureux embrasse les barreaux et les cafés entrouverts la nuit et les castagnettes et la nuit que nous avons manqué le bateau à Algésiras le veilleur qui faisait sa ronde serein avec sa lanterne et Ô cet effrayant torrent tout au fond Ô et la mer la mer écarlate quelquefois comme du feu et les glorieux couchers de soleil et les figuiers dans les jardins de l’Alameda et toutes les ruelles bizarres et les maisons roses et bleues et jaunes et les roseraies et les jasmins et les géraniums et les cactus de Gibraltar quand j’étais jeune fille et une Fleur de la montagne oui quand j’ai mis la rose dans mes cheveux comme les filles Andalouses… »
Oui, un long poème, oui.

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sur le Bloomsday :

sur le site du Bloosmday:



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lundi, juin 04, 2018

609_ Trier, ranger, hésiter, jeter, garder, choisir...













Je suis rentré au Bled, voilà maintenant une quinzaine de jours, alors que pointait Ramadan. J’y suis venu pour diverses raisons. Rentré provisoirement, cela va sans dire. Pour satisfaire à l’une de celles-ci, il me fallait libérer de l’espace dans ma maison. Faire le tri. C’est-à-dire faire des choix. Et ceux-ci sont parfois douloureux. Il en va ainsi des livres, des journaux…  Il est parfois difficile de décider « ça je garde », « ça non ». Car il se crée une sorte de lien entre l’objet et soi, ici des livres, des journaux… ils nous racontent des bribes de vie de notre propre histoire, de celles du pays, de la famille…



Comme je l’ai écrit dans un précédent post, je me suis séparé de centaines de journaux d’une période très riche dont le spectre s’étale de 1987 (mon dernier retour  « définitif » de France) à 1994 (mon dernier départ « définitif » d’Algérie). Sept années relatées dans ces journaux. Sept années, autant qu’une guerre, sept années d’écrits divers, parfois intelligents, courageux, mais parfois nauséeux comme certains articles (téléguidés ou même assumés) comme ceux de l’Hebdo libéré (une tâche noire indélébile dans la presse algérienne, nous le nommions « L’Hebdo de la haine libérée »), comme ceux de Le Matin ou Le Soir… pour n’évoquer que les francophones. Je n’ai jamais acheté ou lu un journal arabophone. De ce côté je frise hélas l’illettrisme. 
J'ai offert les journaux au CPMDH (Centre de recherche pour la Préservation de la Mémoire et l’étude des Droits de l’Homme, à Oran). Ils y sont entre de bonnes mains.

Je me suis également séparé de nombreux journaux partisans. Vogue la galère, il y en avait pour tous les goûts, jusqu’aux plus détestables. De Saout Echaab au Mounqid en passant par El Haq, l’Avenir, Révolution Africaine,  et Libre Algérie ou FFS-Info. Avant de m’en séparer (j’en ai gardé toutefois quelques-uns, la difficulté du tri disais-je) j’ai lu, parfois des articles entiers et ce qui devait ne prendre que deux jours m’immobilisa plus d’une semaine. Je fus durant tout ce temps complètement submergé par l’effervescence et la tourmente de ces années-là. Nous vivions dans un ancien monde.

Il en fut pareil pour les livres. Heureusement, le nombre des livres cédés est moins important que celui que je garde. Parmi ces derniers je cite :

- Tupamaros Berlin-Ouest (Bommi Braumann)

- Histoire de la révolution russe, tomes 1 et 2 (Léon Trotsky)

- Les enfants du nouveau monde (Assia Djebar)

- La cuisinière et le mangeur d’hommes (André Glucksman)

- La libération intellectuelle en URSS et la coexistence (Andrei Sakharov)

- Mujères de Nicaragua (Paz Espejo)

- De la Chine (Maria-Antonietta Macciocchi)…


Les deux derniers auteurs (Paz et Macciocchi) furent de mes enseignants à l’université. Les précédents (Glucksman, Sakharov) ainsi que Alexandre Soljénitsyne avec les formidables pavés qui forment L’Archipel du Goulag, furent (avec plus tard nombre de journalistes de Libération) parmi ceux qui m’éveillèrent à la réalité du monde très clos, celui du socialisme réel en Union soviétique. Je tournai alors définitivement la page de l’URSS (ouverte quelques années plus tôt) et de son dogme. Ce monde concentrationnaire et cruel n’était pas du tout celui auquel j’aspirais. Il nous a été jeté au visage par ceux qu’on appelait les dissidents (Elena Bonner, et Andrei Sakharov, Vladimir Boukovski, Alexandre Ginsburg, Alexandre Zinoviev, Léonid Plioutch, Alexandre Soljénitsyne évidemment et beaucoup d’autres.) Lorsque certains d’entre eux passaient à Paris, nous allions les écouter. J'habitais dans le 17° et m'apprétais à rejoindre Vincennes (cf.annonce Libération)


 J’ai donc viré ma cuti, non sans faire la nécessaire distinction entre les cocos (les Stals quoi) et les trotskos (mes amis). Oui mais, disent les mauvaises langues, Soljénitsyne c’est un réactionnaire, un bourgeois pourri etc. Très bien. Soljénitsyne est un bourge, pourri, salaud, tout ce que l’on veut… mais ce qu’il raconte il l’a bien vécu, comme l’ont vécu dans leur chair des millions de citoyens de l’Archipel communiste. Rares sont ceux qui continuent de nier l’évidence aujourd’hui. Le Goulag, la Guepeou, La Kolyma, La Sibérie, sont des mots qui glacent l’Homme. La torture, érigée en système, fut un des instruments de contrôle de dizaines de millions de personnes, un instrument de mort, pire, de disparition.

J’ouvre maintenant l’Archipel (C. me l’avait offert pour mon 28° anniversaire, il y a plusieurs décennies de cela). Ses pages ont perdu de leur splendeur blanche, elles aussi marquées par le temps qui passe.



« Alors que dans tout Leningrad personne ne se lavait plus et que les visages étaient recouverts d’une couche noirâtre, les prisonniers de la Grande Maison prenaient une douche chaude tous les dix jours. Certes, on ne chauffait que les couloirs, pour les gardiens, et non les cellules, mais chaque cellule avait l’eau courante et des cabinets : où aurait-on encore pu trouver  l’équivalent à Leningrad ? Quant à la ration de pain, elle était de cent vingt-cinq grammes, comme à l’extérieur, et, de plus, on avait droit, une fois par jour à un bouillon de viande de chevaux abattus ! et à une bouillie liquide !

Voilà une vie de chien enviée par le chat ! et que faites-vous du cachot ? et de la peine suprême ? Non, cela n’explique pas l’amour.

Cela ne l’explique pas…

Asseyez-vous, fermez les yeux, passez-les toutes en revue. Combien de cellules avez-vous « fait » durant votre peine ? vous avez même du mal à les compter, et dans chacune d’elles, il y avait des hommes, des hommes… dans l’une, ils étaient deux ; dans telle autre, cinquante. Dans les unes vous n’avez fait qu’entrer et sortir, en d’autres vous avez séjourné tout un long été.

Mais, entre toutes, vous mettez toujours à part votre première cellule, là où vous avez rencontré vos semblables, voués au même sort que vous. Et il n’est rien – si ce n’est, peut-être, votre premier amour – que vous vous rappellerez, toute votre vie durant, avec autant d’émotion. Et ces hommes qui partagèrent avec vous le sol et l’air de ce cube de pierre, en ces jours où vous étiez entrain de revoir votre vie de fond en comble, vous vous souviendrez d’eux, un jour encore, comme des membres de votre famille.

D’ailleurs, en ces jours-là, eux et eux seuls, étaient votre famille.

Ce que vous avez vécu dans votre première cellule d’instruction n’a son équivalent ni dans votre vie d’AVANT ni dans votre vie d’APRES. Peu importe que les prisons aient existé avant vous pendant des millénaires et qu’elles existent encore, tant d’années après vous (on aimerait se dire : un peu moins…), il est une cellule unique et incomparable, celle où vous avez vécu votre instruction.

Peut-être était-elle atroce pour un être humain. Taule infestée de poux et de punaises, sans fenêtre ni aération, sans châlits, avec un sol malpropre, la sorte de boite qui s’appelle KPZ, attenant à un soviet rural, à un poste de milice, à une petite gare ou installée dans un port (KPZ /DPZ : « cellules (maisons) de détention préventive ». Non pas l’endroit où l’on purge sa peine, mais celui où l’on est enfermé durant l’instruction.)

(Les KPZ et les DPZ, ce sont elles qui sont le plus répandues sur la face de notre terre, c’est là que se trouve la masse.) « cellule individuelle » de la prison d’Arkhanguelsk aux vitres enduites de minium pour que la lumière mutilée du Bon Dieu n’y entre que pourpre, et que brûle éternellement au plafond une ampoule de quinze watts ; ou bien « cellule individuelle » à Tchoïbalsan où vous êtes restés pendant des mois à quatorze sur six mètres carrés, serrés les uns contre les autres, dépliant une jambe pour replier l’autre tous ensemble au commandement. Ou bien encore l’une des cellules « psychiatriques » de la prison de Léfortovo, comme la 111 : peinte en noir avec, là aussi, une ampoule de vingt-cinq watts brûlant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et, pour le reste, conforme à n’importe quelle autre cellule de Léfortovo : sol asphalté, manette du chauffage dans le couloir, à la disposition du gardien, et, surtout, grondement déchirant qui se prolonge durant des heures (il provenait de la soufflerie de l’Institut central d’aérodynamique et d’hydrodynamique qui se trouve à côté ; mais on n’arrive pas à croire que ce ne soit pas fait exprès), grondement telle qu’une gamelle et un quart glissent de la table sous l’effet des vibrations, qu’il est inutile d’essayer de parler, mais que l’on peut chanter à tue-tête sans que le gardien entende ; et quand ce grondement s’arrête, une béatitude vous envahit, supérieure à la liberté.

Cependant, ce n’est bien sûr pas ce sol dégoûtant ni ces murs sombres, ni l’odeur de la tinette que vous avez pris en affection, mais ces hommes avec qui vous vous retourniez au même commandement ; quelque chose qui battait  entre vos âmes ; leurs paroles parfois étonnantes et les pensées fluides et si libres qui naquirent en vous, justement là, et auxquelles récemment encore vous n’auriez pu vous hisser, vous élever.

Ce qu’il vous en a coûté de forcer l’entrée de cette première cellule ! On vous tenait enfermé dans une fosse, dans un box ou dans une cave. Aucune parole humaine, aucun regard humain, on ne faisait que vous arracher à coups de bec – de bec de fer – des morceaux de votre cerveau et de votre cœur ; vous criiez, vous gémissiez, ils riaient.

Pendant une semaine ou un mois, vous avez été complètement isolé au milieu d’ennemis et déjà la raison commençait à vous abandonner, déjà vous renonciez à la vie, déjà vous vous laissiez tomber du radiateur de telle sorte que votre tête allât s’écraser contre le cône de fonte du tuyau d’écoulement (Alexandre D.) : mais, soudain, voilà que vous êtes vivant, voilà qu’on vous conduit jusqu’à vos amis. La raison vous est revenue.

C’est cela, la première cellule !

Vous l’attendiez, cette cellule, vous en rêviez presque comme on rêve de sa libération, tandis qu’on vous sortait d’une fente de souris pour vous jeter dans un trou de rat, de Léfortovo pour vous envoyer dans une de ces prisons diaboliques et légendaires comme la Soukhanovka. »

 

J’ai relu d’autres pages toutes aussi noires de cette réalité soviétique et je pense à ce pays où je me trouve, le mien, qui n’a pas encore regardé dans les yeux et sans fard son passé, toutes ces décennies d’après indépendance pour en faire émerger non les mémoires (elles foisonnent et se télescopent), mais l’histoire.

Je suis rentré au Bled alors que pointait Ramadan. Les journées ne se bousculent pas et on s’ennuie. On attend impatiemment que la nuit tombe et que la vie se pointe pour quelques heures. Nous avons à ce jour vaincu dix-huit jours et vécu dix-huit nuits. Je continue tant bien que mal de trier, ranger, hésiter, jeter, garder, choisir.

Il est six heures du matin, je vais aller me coucher.

 
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Petite annonce Libération 31 octobre 1976










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