Nous entrons dans le mois
béni de février à pas de velours et sans fracas, le pas léger et l’espoir
toujours chevillé au corps. L’histoire de la nouvelle Algérie, quoi qu’on dise,
vit ses premiers balbutiements. À la fin du mois – au lendemain du 53° vendredi
de manifestations – nous entamerons dans la sérénité l’an II de la Révolution
citoyenne en cours. Cette révolution se poursuivra, de différentes manières,
mais toujours silmiya, pacifique, car nos rêves et vœux de dignité, de respect,
de démocratie sont loin d’avoir été exaucés, tant s’en faut. Tous ces mois
passés depuis le prodigieux 22 février 2019, ont montré à la face du monde la
détermination pacifique des Algériens pour « changer de Système » et
entrer de plain-pied dans une nouvelle Algérie, dans une autre indépendance,
dans une Algérie respectueuse du Droit, des libertés individuelles et
collectives, une Algérie fraternelle au sein de laquelle aucun citoyen ne sera
plus marginalisé, exclu de la communauté nationale.
Il y a un an l’histoire qui prend
un malin plaisir à bégayer s’est mise brusquement à s’accélérer. Toutes les
luttes, de nos aînés, de nos frères et sœurs, tous les combats menés pour la
démocratie en Algérie ont alors et de différentes manières submergé nos
mémoires. L’Histoire s’est mise en branle, de nouveau, avec la naissance du
Hirak, cet extraordinaire Mouvement citoyen pacifique, Silmiya. Qui ne se
souvient des balbutiements, de la naissance du plus grand mouvement populaire
que l’Algérie ait connu depuis son indépendance ? Un mouvement national,
brassant toutes les catégories d’âge, hommes et femmes, étudiants, employés,
ouvriers, universitaires, chômeurs, saisonniers, commerçants, mères au foyer…
La nation en mouvement.
Dès le mois de mars 2019, je
commençais à relater le Hirak. J’ai dû interrompre le récit en juin. Je l’ai
suspendu parce que j’allais entamer un long périple de plusieurs mois à travers
routes et pistes qui me mènera jusqu’en Russie, jusqu’en Asie centrale (un
voyage programmé des mois auparavant, que je ne pouvais ni reporter ni
annuler). Aujourd’hui je vous propose dans le détail le rappel des événements
qui ont marqué l’Algérie et les Algériens, en amont du vendredi 22 février et
la semaine qui suivit, jusqu’au jeudi 28 février 2019.
Depuis longtemps, la contestation contre
le Pouvoir algérien ou ses représentants s’exprimait de plusieurs façons et régulièrement
dans les rues, dans les organisations diverses, dans les entreprises, mais surtout,
frontalement, dans les gradins des stades de football. Les couplets des
chansons de Ouled el Bahdja (entre autres) étaient repris par des milliers de supporters,
jusqu’au « débordement » dans les rues et places, jusqu’au geyser du
22 février 2019. Un an après, les eaux ont coulé sous les ponts des espoirs. Comme
dit l’adage, ‘‘el glaïli ma yensa hez ktafou’’, le danseur-joueur
de percussion, par déformation, n’oublie pas l’agitation de ses épaules. Comme
lui, le Pouvoir « assassin, corrompu », n’oublie pas ses pratiques.
Il est toujours là, verni jusqu’au bout des ongles pour dissimuler, tromper. Certains
ont succombé à ses jeux d’ombres, à ses simulacres, ses promesses (ce n’est pas
nouveau), mais la majorité des Algériens n’est pas dupe. Les flots des
légitimes revendications ne cesseront de couler jusqu’à leurs satisfactions.
Retour aux sources.
Le jeudi 29 novembre 2018, « Plusieurs
dizaines de jeunes du quartier Ferhat Boussaad (ex_Meissonier) à Alger, ont
dénoncé, jeudi au cours d'une marche de protestation, la mort en mer de quatre
jeunes du quartier, qui avaient tenté de rejoindre les côtes européennes. La
manifestation a été organisée par des jeunes qui ont défilé dans les
principales artères du centre d'Alger, entre les rues Didouche Mourad et
Khelifa Boukhalfa, pour déboucher sur l'avenue Maurice Audin. Entonnant des
chants de supporters de clubs de football algérois, les jeunes manifestants ont
également, entonné, la chanson culte d'Octobre 1988, Meissonnier chouhadas', en
dévalant la rue Didouche Mourad vers l'Avenue commerçante Maurice Audin,
offrant un spectacle insolite aux nombreuses personnes attablées sur les
terrasses des cafés. Selon les manifestants, les jeunes du quartier morts en
mer, en tentant la traversée, n'ont pas été retrouvés. Il s'agit de quatre
jeunes habitant le quartier Ferhat Boussaad, entre le plateau de Mustapha, la
rue Didouche Mourad, la rue Khelifa Boukhalfa et l'avenue Hassiba Benbouali, en
contrebas vers la place du 1er Mai. Leurs noms avaient été portés sur des
banderoles déployées au cours de cette marche, alors que les manifestants
avaient également cité les noms des harraga disparus et dont les proches et
voisins sont sans nouvelles depuis plusieurs jours. Les jeunes manifestants,
qui avaient emprunté la rue Khelifa Boukhalfa, parallèle à la rue Didouche
Mourad, avaient surpris les forces de police, peu nombreuses à cette période de
journée finissante, le gros ayant été déployé au stade Omar Hamadi, à Bab El
Oued, pour le match de retard de Ligue 1, entre l'USM Alger et l'ES Sétif. (Le
Quotidien d’Oran)
1° décembre
« Des dizaines de jeunes
manifestants avaient dévalé la rue Didouche Mourad (Ex-rue Michelet) et Khelifa
Boukhalfa, l'ex-rue Pasteur, scandant les noms des quatre jeunes morts en mer
en tentant une périlleuse traversée de la Méditerranée. Les manifestants ont
également dénoncé la passivité du gouvernement, qui ne «fait rien pour les
jeunes et les laisse partir mourir en mer» (Le Quotidien d’Oran) « La
manifestation s’est déroulée dans le calme, et la police n’était apparemment
pas au courant de cette action de protestation. Aucun dispositif de sécurité
n’était mis en place avant la marche… Les mystérieux appels à manifester ce
samedi (01.12) dans le quartier populaire de Bab El Oued, n’ont pas eu auprès
de la population d’Alger l’écho qu’escomptaient leurs auteurs » (TSA)
En réaction à des appels
anonymes à manifester diffusés sur les réseaux sociaux depuis quelques jours,
« un imposant déploiement de policiers » a été mis en place samedi 1°
décembre au cœur d’Alger. Depuis quelques temps, un nommé Amir-DZ qui rassemble sur sa
page Facebook des milliers de « suiveurs » (followers) s’en prend
violemment au pouvoir en Algérie.
« Les
grandes artères de la capitale étaient sévèrement verrouillées hier samedi (01.
12) par un imposant déploiement de policiers. Le déploiement des policiers
intervenait, selon des observateurs, après le lancement via les réseaux sociaux
de mystérieux appels, relayés depuis vendredi, à manifester, hier samedi, au
centre du quartier populaire de Bab El Oued, sur le front de mer, à la place El
Kettani (ex-piscine Padovani). Les messages qui se partageaient sur les réseaux
sociaux ont appelé hier samedi après la prière du Dohr à un rassemblement à la
place El Kettani, un complexe de loisirs construit près de la piscine éponyme,
devenu depuis quelques années un lieu de rassemblement et de détente des
riverains de ce quartier, à cheval entre le centre de Bab El Oued et la Casbah
en haut de la rampe Louni Arezki, le boulevard Mira qui longe le front de mer,
le quartier Lazerge, l'ex- place Guillemin, et plus loin vers le marché Nelson
et l'avenue Mohamed Boubella, qui s'ouvre vers la Place des Martyrs. L'autre
mot d'ordre de ces mystérieux messages, également relayés sur les réseaux sociaux,
appelait à une «marche pacifique» en début d'après-midi. (Le Quotidien d’Oran)
« Rien ne semble dissuader les
harraga. De nouvelles tentatives d'émigration clandestine ont été mises en
échec au lendemain du drame au large d'Oran où 20 personnes sont portées
disparues suite à un incendie qui s'est déclaré dans leur embarcation (20.12).
Ainsi les unités des gardes-côtes du groupement territorial de Béni Saf ont
avorté de deux tentatives d'émigration clandestine et intercepté 19 personnes,
a appris hier l'APS. » « Le Quotidien d’Oran)
Mardi 25 décembre 2018
« Le patron de la Centrale syndicale UGTA, Abdelmadjid
Sidi Saïd a promis, hier, aux travailleurs algériens «une grande surprise, dès
le début de l'année 2019» lors d'une allocution prononcée à l'occasion du 2ème
Congrès de la Fédération nationale des Travailleurs des ports algériens
(FNTPA), tenu hier, à la gare maritime du port d'Oran. Un congrès présidé par
M. Mohamed Mebarki, président sortant de la FNTPA, reconduit à son poste pour
un nouveau mandat de 5 ans, et en présence du ministre des Travaux publics et
des Transports, M. Abdelghani Zaâlane, du ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Sécurité sociale, M. Mourad Zemali et du xali d'Oran, M. Mouloud Cherifi.
Le Secrétaire général de l'UGTA a, par ailleurs, réaffirmé devant des centaines
de syndicalistes du secteur des ports «la confiance absolue et fraternelle» de
la Centrale syndicale avec tous ses organes en la personne du président de la
République. «Nous, secrétaires généraux des unions de wilaya, des unions
nationales et l'ensemble des travailleurs, exhortons son Excellence le
président de la République à poursuivre sa mission nationale», a-t-il affirmé. »
(Le Quotidien d’Oran)
Lundi 31 décembre
2018
« L'Armée avertit ses cadres
retraités - Il est de notoriété publique que l'Armée nationale populaire (ANP)
ne communique pas beaucoup mais déteste qu'on parle en son nom, comme elle l'a
répété maintes fois, ces dernières années. Après les civils (Makri et
Boukrouh), un communiqué virulent de la «grande muette» vient rappeler à
«certains militaires à la retraite» l'obligation de réserve «à laquelle ils
sont astreints, en vertu de la loi n°16-05 du 03 août 2016». La présidentielle
d'avril 2019 irrite au plus haut point les militaires qui accusent des
individus de sournoiserie, «aigris et sans envergure», «mus par des ambitions
démesurées» qui essayent de préjuger de ses positions et «s'arrogent même le
droit de parler en son nom» à l'approche de la prochaine échéance électorale… »
(Le Quotidien d’Oran)
Jeudi 3 janvier 2019
Le jeudi 3
janvier, Le Quotidien d’Oran titre : « le 5e mandat de Bouteflika pourrait pousser les Algériens à la
révolte ! » à la suite de l’appel de plusieurs personnalités au président
en place, à briguer un nouveau mandant.
Lundi 7 janvier 2019
Le lundi 7 janvier, Youcef
Goucem (producteur TV à Dzaïr TV appartenant au milliardaire Ali Haddad) s’est
immolé par le feu dans les locaux de la chaîne privée, pour protester contre le
non-paiement de ses salaires. Il décédera le 24 janvier.
Samedi 19 janvier
L'annonce est tombée, hier, vendredi,
en début de matinée: l'élection présidentielle d'avril 2019 se tiendra, comme
prévu par l'agenda politique du pays et conformément aux dispositions de la loi
organique portant régime électoral. .. La présidence de la République a
annoncé, hier vendredi (18.01), dans les délais impartis par la loi électorale,
que le Président Abdelaziz Bouteflika a signé le décret présidentiel convoquant
le corps électoral pour l'élection présidentielle, qui va se tenir le18 avril
prochain. (Le Quotidien d’Oran)
Mardi 22 janvier 2019
Un
phénomène inquiétant selon le conseil de l'ordre: L'exode des médecins
algériens vers l'étranger s'accélère (Le Quotidien d’Oran)
Vendredi 1° février 2019
Vendredi 1° février. Lors de
son Conseil national, le
Mouvement populaire algérien (A. Benyounès) a annoncé son soutien à la
candidature du Président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Le
lendemain, le Soir d’Algérie écrit : « Au-dessus de la mêlée dans
laquelle se donnent à cœur joie un tas de pauvres bouffons… il est heureusement
des candidatures qui permettent d’entretenir un brin d’espoir sur le «sérieux»
d’une élection présidentielle… » Le même jour, le FFS appelle au
boycottage actif de l’élection présidentielle et propose d’aller vers
l’élection d’une Assemblée constituante.
Lundi 4 février
Le lundi 4 février, le
journaliste El Kadi Ihsène lance « un coup de gueule » dans sa Radio
M : « Ce personnage-là, (Ouyahia), il est
capable de mentir en regardant les Algériens dans le blanc des yeux… Si demain
la rue bouge, si demain il y a le dixième d’octobre 88 Ahmed Ouyahia va faire
face ? à quoi il va faire face A.O, à quoi il va faire face ? C’est
vraiment l’homme le plus vomi de la scène politique algérienne… » Pendant
ce temps, « les
prix des fruits et légumes chauffent malgré le froid » écrit Le Soir
d’Algérie.
Mardi 5 février 2019
Le mardi 5 février, l’une
des trois imprimeries des quotidiens El Khabar et El Watan située à
Ali-Mendjeli (sud de Constantine) a été détruite par un incendie qui s’est
déclaré tôt le matin. Le
même jour, Le Soir s’interroge, « avec le ralliement de Zoubida Assoul à Ali Ghediri, peut-on parler
de l’implosion de Mouwatana ? Tout porte à le croire si l’on considère les
dernières déclarations de Djilali Soufiane qui a appelé à tenir une réunion
dans les prochains jours pour procéder au remplacement de Mme Assoul comme
coordinatrice et porte-parole du mouvement. » Lors de sa présentation
devant l’APN du projet de loi relatif à la lutte contre la corruption, Tayeb
Louh s’en est pris aux ONG qui «travestissent la réalité en Algérie en se
focalisant sur la corruption tout en taisant les bonnes choses dans les lois
algériennes ».
Jeudi 7 février 2019
« Une vive polémique
enflamme les réseaux sociaux algériens depuis que la ministre de l’Éducation,
Nouria Benghabrit a défendu l’interdiction de la prière dans les écoles le
lundi dernier. (TSA) « L’Algérien
tourne le dos à cette échéance, il est dégoûté parce qu’il sait pertinemment
qu’au lendemain du 18 avril, il n’y aura point de changement. Bien au
contraire, c’est la continuité et par conséquent la persistance de la crise qui
ronge le pays», a estimé Nacer Djabi invité au 13e édition du Forum du Raj à
Alger. (El Watan)
Samedi 09 février 2019
Le FLN tient meeting à la
Coupole du complexe olympique du 5 juillet… Ils font le plein grâce à des
jeunes zawaliya payés 500 dinars (2,50 €) et auxquels on distribue des
sandwichs de saucisson cacher. C’était le marché proposé par les représentants du
FLN à ces jeunes « vous venez remplir la Coupole et on vous offre de
l’argent ».
« Programmé par les
partis de l’Alliance présidentielle, le meeting populaire de soutien à la
candidature du Président Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat, a connu,
samedi aux premières heures de la matinée, un déferlement impressionnant à la
Coupole du complexe olympique du 5 juillet. Sur la rocade-sud, la circulation
était tout autant dense qu’inhabituelle pour un jour de repos hebdomadaire. De
ce meeting, qu’animera le SG par intérim du FLN, Moad Bouchareb, il est attendu
qu’après la démonstration d’envergure des soutiens de Bouteflika, que soit lue
une lettre de déclaration officielle du président de la République pour briguer
un cinquième mandat. » (Algérie1.com)
Dimanche 10 février 2019
« ‘‘On ne change pas une
équipe qui gagne.’’ Abdelaziz Bouteflika a décidé de faire sien cet adage
populaire en reconduisant pour la troisième fois consécutive Abdelmalek Sellal
à la tête de l'équipe devant conduire sa campagne pour un cinquième
mandat. » (Le soir)
Lundi 11 février 2019
« Le 11 février 1996,
les terroristes frappaient Le Soir d’Algérie. Il y a 23 ans, la bombe… Les
souvenirs ne s’embrouillent pas. Et l’on a l’impression que c’était hier. Ces
corps ensanglantés, déchiquetés gisant sur le sol, ces voitures carbonisées,
les gravats d’un mur éventré jonchant les trottoirs, les personnes affolées
hurlant et courant dans tous les sens. On rembobine le film. C’est le funeste
11 février 1996. Une bombe explose devant le siège du quotidien le Soir
d’Algérie à quelques jours de l’Aïd el-Fitr. » (Le Soir)
« Le
vice-ministre de la Défense nationale procédera à l’inspection de certaines
unités et tiendra des réunions d’orientation avec les cadres et les personnels
de la 5e Région militaire selon le communiqué du MDN ». (Le Soir, le
12.02.) Le général tiendra 58 réunions de ce type de février à décembre.
Depuis une semaine, je voyage à travers
le Désert, autour de Tamanrasset, et bientôt au cœur de l’Atakor.
Mercredi 13 février 2019
Le site
« DZVID.com » publie sous ce titre, « des jeunes dans la rue
contre Bouteflika ! » ce commentaire : « La société algérienne est en ébullition.
Dans les quatre coins du pays, des jeunes sortent dans la rue pour exprimer
leur rejet du régime et surtout de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour
un cinquième mandat consécutif. » Une nouvelle audition de Kamel El-Bouchi
est programmée ce matin au tribunal d’Alger. « Youcef
Yousfi : ‘‘La règle 51-49 n’est pas du Coran’’»
rapporte Le Soir.
« À partir de Constantine Gaïd
Salah fait la promotion du bilan de Bouteflika. En visite de travail et
d’inspection dans la 5e Région militaire à Constantine, mardi et mercredi
derniers, le patron de l’état-major de l’ANP a prononcé des discours politiques
à chacune de ses haltes pour, d’abord, faire la promotion, comme tous les
autres membres du gouvernement, du bilan de Abdelaziz Bouteflika à la tête du
pays. ‘‘L’Algérie a certainement besoin d’hommes de valeur, qui ont eu foi en
la glorieuse Révolution, qui continuent à la considérer en tant que rempart des
valeurs nobles, et qui estiment que ceux qui y ont cru et se sont imprégnés de
ses principes sauront, sans nul doute, consacrer tous leurs efforts, voire
leurs vies, au service de l’Algérie’’, dira le vice-ministre de la Défense
devant les cadres de la 5e Région. Une allusion assez claire à Abdelaziz
Bouteflika qui, dimanche dernier, dans son message à la Nation où il annonçait
officiellement sa candidature, disait, pour rappel, que «bien sûr, je n’ai plus
les mêmes forces physiques qu’avant (…) mais la volonté inébranlable de servir
la patrie ne m’a jamais quitté (…) ». (Le Soir)
Le 13 février
2019 et les jours suivants, en réaction à l’annonce de sa candidature, des
jeunes ont manifesté à Bordj-Bou-Arreridj « Ya Bouteflika makèch el
âhda el khamsa ».
Jeudi 14 février 2019
Depuis jeudi 14 février, la ville de
Bordj Bou Arreridj est le théâtre de manifestations contre le 5éme mandat,
écrit le huffpostmaghreb. Des centaines de jeunes se regroupent dès la tombée
de la nuit à la cité du 8 mai 45 pour manifester contre le 5ème mandat en scandant “Bouteflika makach 5ème mandat”.
Vendredi 15 février 2019
Le vendredi 15 février, à l’issue d’une
marche à Bordj Bou Arreridj « les choses ont failli dégénérer après
l’arrestation par les forces de l’ordre de Brahim Laalami » (Salim Mesbah,
huffpostmaghreb, 17.02.2019). Le jeune homme a été détenu pendant 48 heures. Le
même jour, une centaine de supporters du CRB manifeste dans le métro contre
Bouteflika « Yal marouki ma kench el âhda el khamsa ». Fortement
propagée par le Pouvoir algérien, l’hostilité à l’égard de nos frères marocains
n’est pas peu partagée en Algérie.
« Les services sécurité
ont interpellé dix supporters qui ont pris part à la marche des supporters
contre le 5e mandat du président-candidat Abdelaziz Bouteflika qui a eu lieu
vendredi dernier (15.02) après la fin du match ayant opposé la JSD et le H. B.
Chelghoum Laïd au stade Rouibah-Hocine, a affirmé le chef de la Sûreté dimanche
passé. Il convient de souligner que cette marche qui a démarré pacifiquement, a
pris une nouvelle tournure car les manifestants, essentiellement des jeunes,
ont lancé des projectiles en direction du siège de la wilaya. Les services de
sécurité sont intervenus en interpellant ces dix manifestants qui ont été
présentés hier devant les instances judiciaires. (Le Soir)
Samedi 16 février 2019
Le 16, à
Kherrata, des centaines de personnes manifestaient contre le 5° mandat et
contre le FLN « dégage ! ». Des jeunes de Bordj-Bou-Arreridj
appelaient à des marches en insistant sur la date « le 22 février », comme
ces deux jeunes islamistes dans un appel sur Youtube. L’un d’eux porte une
sorte de bonnet d’âne ou de toque de cuisinier. Eux aussi appellent à sortir en
masse le 22 février, « n’ayez pas peur ! » Le samedi 16, « Des centaines de
personnes, en majorité des jeunes, ont répondu à un appel, dont on ne connaît
pas encore l’origine, pour une marche contre le cinquième mandat au
centre-ville de Kherrata, » (Algériepatriotique/ Nezzar)
« Quelque deux cents personnes ont rejoint, ce dernier jeudi (14.02)
en milieu de matinée, le parvis du théâtre régional Azzedine-Medjoubi de Annaba
pour manifester leur réprobation d’un cinquième mandat pour le président
sortant dont l’annonce a été faite récemment, munis de banderoles sur
lesquelles étaient inscrits des slogans tels que : ‘‘non à un cinquième
mandat’’, ‘‘le mandat de la honte’’ ou ‘‘le mandat de trop’’. Parmi les
protestataires, figurent des militants politiques, des avocats, des médecins,
des militants des droits de l’homme, des étudiants et de simples citoyens. En répondant à l’appel des organisateurs, les personnes présentes
voulaient marquer leur désaccord quant au cinquième mandat, ont-ils affirmé.
«Parce qu’il s’agit du mandat de trop que nous sommes là aujourd’hui», ont tenu
à dire quelques-uns des présents. Une importante mais discrète présence
policière surveillait les lieux sans pour autant intervenir. Vers 11h30, les
protestataires se sont dispersés dans le calme, promettant de revenir autant de
fois qu’il faut «pour empêcher» l’avènement du cinquième mandat. » Le Soir)
Les six syndicats, le
Snapest, le Cnapeste, l’Unpef, le CLA, le Satef et le SNTE, qui se sont réunis
jeudi, à Alger, ont annoncé une grève nationale de deux jours les 26 et 27
février prochains. (Le Soir)
« Le général de corps
d'Armée, Ahmed Gaïd-Salah… poursuit, en sa qualité de représentant de son
Excellence, le Président de la République, chef suprême des Forces armées,
ministre de la Défense nationale, la deuxième journée de sa visite officielle
aux Emirats arabes unis, à l'occasion de la 14e édition du Salon international
de défense «IDEX-2019 à Abou Dhabi, où il a pris part, aujourd'hui 17 février
2019, à la cérémonie d'ouverture, présidée par Son Altesse Cheikh Mohamed Ben
Rached Al-Maktoum, vice-président de l'Etat, président du Conseil des
ministres, gouverneur de Dubaï et ministre de la Défense des Emirats arabes
unis», précise le communiqué. » Cette visite s'inscrit dans le cadre du
«renforcement de la coopération entre l'Armée nationale populaire et les forces
armées émiraties, et de l'exploration des voies et des moyens de sa promotion»,
ajoute la même source. (APS)
« Après des mois d’un
insoutenable statu quo, l’annonce de la candidature du Président en exercice,
si elle n’a pas beaucoup surpris, elle a été porteuse de projections dans un
avenir proche. Le Président-candidat propose une conférence nationale
post-élections. L’opposition accueille cette annonce avec grand scepticisme et
autant d’interrogations. Les partis dont la proximité avec le régime n’est plus
à démontrer applaudissent, se suffisant de l’effet d’annonce sans attendre d’en
savoir davantage. L’opposition semble pour une fois d’accord. » (Le Soir)
« Des centaine de supporters du match ayant opposé la JSD au H. B. Chelghoum
Laïd vendredi au stade Rouibeh-Hocine ont ‘‘improvisé’’ à leur sortie une
marche à travers certaines artères de la ville de Jijel, a-t-on appris auprès
de témoins oculaires. Les marcheurs, essentiellement des jeunes supporters qui
ont sillonné certains quartiers de la ville, entre autres Bourmel, Soummam et
des quartiers du centre-ville, ont scandé des slogans anti-5e mandat du
Président-candidat Bouteflika. Notre source a ajouté que cette marche, qui a
démarré pacifiquement et qui se dirigeait vers les hauteurs a pris une nouvelle
tournure. Les marcheurs ont lancé des projectiles à l'encontre du siège de la
Wilaya, ce qui a nécessité l'intervention des agents de l'ordre pour faire
disperser les manifestants dont l'action a fait sortir la ville de ‘‘son
sommeil politique’’ dû à la faillite des acteurs politiques opposants au 5e
mandat et la démission du mouvement citoyen. » (Le Soir) « A leur
manière, les citoyens ont… très tôt commencé à livrer leur avis sur la présidentielle.
Les commentaires postés à ce sujet foisonnent, divergent et se déversent à
volonté étalant des vérités crues auxquelles font en particulier face candidats
et personnalités politiques. Ceux-ci l’ont compris depuis bien longtemps déjà,
Facebook offre un espace d’échange et une proximité incontournable avec les
Algériens. » (Le Soir)
Dans une vidéo postée sur Youtube le 18 février
par HellO Dz, deux jeunes de Bordj Bou Arreridj tiennent un discours contre le
pouvoir : « Le 22 nous ramènerons l’indépendance »,
« chaque wilaya doit descendre » Le jeune homme dit reconnaître que
Ouled el Bahdja (supporters de foot d’Alger) sont les premiers (à manifester
contre le régime).
Pour ce qui est des imam
béni-oui-oui, Bejaia F.
écrit sur FB : « Les gens refusent de faire la prière et quittent la
mosquée El Kawtar après que l’imam a commencé la khotba sur le sujet El
Khourouj an el hakim. Sab. Z., quant à elle écrit : « c’est bien
ce qu’on appelle l’arroseur arrosé ! Vous voulez mettre en garde vos
ouailles contre el khourouj an el hakim ? Eh bien vous avez eu
droit à un khourouj an essalat. Bravo à nos citoyens conscients de
Bejaia. » Le même jour, le 18 février, Sab. Z., écrit un peu trop
vite : « Jamais je ne vais marcher côte à
côte avec des islamistes… ». Plus tard, Sl.A.S qui doutait de ces appels
« aux origines douteuses tout en ayant un caractère religieux » fera
son mea culpa « après le 22 février et le 1° mars j’ai vu autre chose dans
ces manifestations… » Le même jour j’écrivais sur FB « vigilance oui,
mais pas rejet. »
Les syndicats du Cnapeste et du Satef
accusent le ministère de l’Éducation de vouloir pousser le secteur au
pourrissement.(Le Soir) Le
matin du mardi 19 février, à Khenchela, près d’un millier de personnes se
rassemblent devant la mairie sur la façade de laquelle sont posés sur toute sa
hauteur, un drapeau et le portrait du président. Des personnes grimpent pour
enlever le portrait géant. Les manifestants crient « enlève le gang (le
bandit), pas le drapeau ! » (« nahi el issaba, machi el aâlem »)
(Le Matin)
Mercredi 20 février 2019
Le 20 février, un avion de combat de type (SU24) s’est
écrasé près de la commune de Rechaïga dans la wilaya de Tiaret causant la mort
du pilote et du copilote. Ce même jour, le 20 février, je poste les vers de cette belle
chanson/vidéo de Ouled El Bahdja, qui s’intitule Ultima verba : « Ooooh…/ Lyam
etrouh we twelli wel batel yebka/ Hadou khellaw ezzawali ya’chak fel mout/ Ki
wellet hakda la série bqatelha halqa/ Ga’ ma tebkich ya bladi chedda we tfout/
On est là we slala makech doute/ Tesqot eddawla welli khedmo l’autoroute/ La
liberté la liberté la liberté/ El virage raho iqol/ Li yerdha ghir el medloul/
Louham li rsamtouha fi âkoul ennas/ Tel lewwen bel faâl el ghayeb que des
paroles/ Wa ana hakda yesrali, ki ifidh el kess/ Qalbi mel oujaâ sahran ou
yekteb fel Qoul/
Lyam etrouh we twelli wel batel yebka… » Prémonition ?
« La France aux
commandes a pris acte sans réserve de la candidature de Bouteflika. Une option à laquelle elle était déjà
préparée alors que des critiques particulièrement virulentes sont émises dans
les milieux médiatiques et les faiseurs d’opinions. » (Le Soir) « Le soutien qu’apporte le célèbre avocat Mokrane Aït Larbi à
la candidature de l’ancien général-major Ali Ghediri a généré des critiques,
mais aussi une certaine somme d’interrogations auxquelles il a décidé de
répondre dans une lettre transmise hier à la presse. Dans son ensemble, cette
lettre se résume à une série d’explications à travers lesquelles l’avocat
justifie son engagement aux côtés d’un candidat pas comme les autres. »
(Le Soir)
« Les premiers invités
commencent à arriver (le 20.02) au siège d’El-Adala où Djaballah les attend
depuis un moment. Les partis politiques ayant annoncé leur participation
quelques jours auparavant sont tous là : Fadjr Djadid, de Tahar Benbaïbèche,
l’Union des forces démocratiques (UFD) de Nouredine Bahbouh, ou l’Union
démocratique et sociale (UDS) de Karim Tabbou, Abdelkader Bengrina (El Binaa).
Des figures bien connues de la scène politique arrivent presque en même temps.
Ali Benflis, Nourredine Bahbouh et Abdelaziz Rahabi ont également répondu
présents. Joint dans la matinée, le responsable du parti Talaioue El-Hourriet
avait confirmé sa participation. ‘‘Oui, je serai présent, nous disait-il, alors,
j’ai été invité, je me rends à toutes les rencontres, je m’informe, je
débats.’’ L’arrivée de Abderrezak Makri ne passe pas inaperçue… le chef du MSP
(Mouvement de la société pour la paix) avait paru quelque peu gêné ces derniers
jours. ‘‘Je n’ai jamais voulu torpiller l’initiative de Djaballah’’, a-t-il
déclaré à des journalistes qui l’interpellaient sur le sujet. » (Le Soir)
Jeudi 21 février 2019
Le 21 février, deux journaux
(L’Expression et Le Quotidien d’Oran) publient une apologie du président Bouteflika
par Amine M., un ancien journaliste : «Abdelaziz Bouteflika : Un homme, une vision et une démarche au
service de la paix - L'homme est resté fidèle aux orientations et aux
motivations qui furent les siennes depuis la flamme de novembre 1954, en faisant
évoluer les mentalités et nos regards vers un avenir de paix, de concorde, de
réconciliation et de vivre ensemble. »
Le jeudi soir 21.02., les prévisions météo diffusées sur El Jazaïriya One
indiquent qu’il fera beau temps sur tout le territoire avec pour le matin 0° à
El Bayed, 3 sur la côte ouest et en Kabylie, 5 à Alger, 9 à Tamanrasset…
L’après-midi : 16 à Alger et ses environs, 14 à Constantine, 20 à Oran,
Ghardaïa, 26 à Aïn Salah, 23 à Béni-Abbes, Tabelbala et Illizi…
Vendredi 22 février 2019
« Hai Akid Lotfi: Chute
mortelle d'un maçon chinois - Un maçon,
de nationalité chinoise, a été victime d'une chute mortelle. Le drame s'est
produit, vendredi (22.02), en fin de journée, à Hai El Akid Lotfi. La victime a
chuté du 5ème étage d'un parking à étages en construction. La dépouille de la
victime âgée de 31 ans, a été déposée à la morgue de l'Etablissement hospitalier
1er Novembre 1954. Une enquête a été ouverte. » (Le Q. d’Oran)
Le 22 février : AFP note :
« Plusieurs cortèges, dans lequel des drapeaux algériens étaient visibles,
se sont formés à la mi-journée à Alger à l’issue de la grande prière
hebdomadaire musulmane. »
Vous avez bien lu le degré de précision « des drapeaux algériens » et
la « prière musulmane » des fois que… non, mais…va savoir !
Le journaliste Hacen Ouali
poste une vidéo montrant des manifestants à Alger. « Des dizaines de milliers à Alger ». Peu avant,
Mohamed N. B. poste ces mots au bas d’une photo : « "Jazaïr
houra dimocratia" ( Algérie libre et démocratique). Le slogan faste des
démocrates Algériens des années 80 et 90, repris en chœur en 2019 par la
jeunesse du nouveau millénaire… »
En France, dans une vidéo, "le gilet jaune" Maxime N estime que le sionisme est une idéologie raciste. (francetvinfo)
« La dernière
manifestation à Alger a eu lieu en février 2018 lorsqu’un millier de médecins
en formation avaient réussi à braver l’interdit en se rassemblant devant la
Grande Poste. Ils avaient été rapidement encerclés et bloqués par la
police » (AFP)
Toujours le 22.02. Dans Le Point/Afrique,
A. Meddi écrit : « « Le peuple ne veut ni de Bouteflika ni de
Saïd (le frère du président) », criaient les manifestants sortis à
Alger dès l'après-midi, par milliers, bravant l'interdiction de manifester dans
la capitale effective depuis 2011. Une source policière parle de 7 000
manifestants rien qu'à Alger, alors que d'autres sources parmi l'opposition
parlent de 100 000, des chiffres impossibles à vérifier. » Et plus
loin « aujourd'hui, à Annaba, Constantine (est), Touggourt, Adrar (sud),
Oran, Tiaret, Relizane (ouest), Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa (Kabylie), des
milliers d'Algériens ont manifestés » et encore : « Les
manifestants algériens démolissent un grand panneau publicitaire avec la photo
de leur président actuel, Abdelaziz Bouteflika, lors d'une manifestation contre
sa candidature pour un cinquième mandat. Les manifestants (sont) sortis à Alger
dès l'après-midi, par milliers, bravant l'interdiction de manifester dans la
capitale effective depuis 2011… Tôt dans la matinée, des dizaines de camions de
la police antiémeute se sont déployés dans Alger-centre. »
« Par groupes de
centaines, des Algériens sont donc sortis dans les rues (le vendredi 22.02) en
réponse à des appels à réagir contre le nouveau mandat que brigue Abdelaziz
Bouteflika.
Les initiateurs ou auteurs de ce «projet de rue» restent toutefois
inconnus à ce jour. Beaucoup y avaient vu la main des islamistes en raison du
jour et du moment choisi, un vendredi après la prière hebdomadaire, ce qui
avait soulevé certaines réticences auprès de nombreux citoyens craignant la
manipulation… Hier, et dans plusieurs wilayas du pays, les citoyens n’ont pas
attendu l’heure programmée (la fin de la prière du vendredi) pour descendre
dans les rues.
A Tiaret, à Guelma et Jijel, les manifestants semblaient bien
moins nombreux qu’ailleurs. A Béjaïa, Mostaganem, Tizi-Ouzou, Annaba, la foule
était beaucoup plus nombreuse pouvant atteindre quelquefois les deux mille
personnes, selon les correspondants de presse présents sur place. Tous les
regards étaient cependant braqués sur Alger. Une réelle tension était perceptible
dès les premières heures de la matinée. Un important dispositif des forces de
l'ordre s'est déployé sur les grands axes d'Alger-Centre mais aussi dans les
quartiers jugés sensibles. Des camions de police étaient déjà sur place bien
avant 10 h à Bab-el-Oued où la population semblait bien plus occupée à vaquer à
ses occupations. Ici, les achats de dernière minute se font normalement même si
certains avouent avoir fait le plus gros des provisions la veille ou quelques
jours auparavant en raison de la crainte suscitée par les appels anonymes
lancés sur Facebook. «Nous resterons ouverts jusqu'à la prière du vendredi, et
qu'ils ne comptent pas sur nous pour envoyer nos enfants se faire massacrer, on
a payé un prix lourd en 1988», explique un épicier. «Ce que l'on craint c'est
que cette jeune génération qui ignore tout de ce que nous avons traversé fonce
tête baissée.» Place des Martyrs, Audin, Didouche-Mourad: les lieux sont
quadrillés. Des camions de la police se sont, là aussi, positionnés dès les premières
heures de la matinée. Des agents en civil et munis de talkies walkies
sillonnent les rues où règne une ambiance particulière. Tout est vide, les
citoyens sont très peu nombreux. On dit à ce moment qu'il est encore trop tôt.
Vendredi est un jour de repos et la tendance est à la grasse matinée. Plusieurs
magasins qui avaient pour habitude d'ouvrir la mi-journée ont cependant gardé
leurs rideaux fermés au centre-ville. A la place des Martyrs, l'activité est
moins dense qu'à l'habitude. On commente à voix basse les vidéos qui circulent
sur Facebook et les photos montrant les marches qui se déroulent au même moment
dans d'autres régions du pays. Pas d'avis sur la question, dans les
discussions, on insiste surtout sur le caractère pacifique des protestations en
cours. Avenue de l'ALN : des forces anti-émeutes sont stationnées tout le long
de la route. Sans doute des renforts prêts à l'intervention en cas de
débordement. Le plus gros du dispositif était cependant visible au 1er-Mai où
l'on a vu les CRS, bouclier et matraque en main, resserrer nerveusement les
rangs peu de temps après la fin de la prière du vendredi.
L’appel n’est pas resté sans
réponse. Bab-el-Oued a finalement bel et bien manifesté dans le calme le plus
absolu. Il en était de même à la place du 1er-Mai. Ici, les manifestants se
sont rassemblés par petits groupes qui n’ont cessé de grossir aux alentours de
15h30. Des jeunes en motos sortis d’on ne sait où débarquent. Le même scénario
se déroule au centre-ville où des centaines de personnes défilent. Les slogans
sont hostiles au cinquième mandat. Des renforts de CRS arrivent mais observent
les évènements sans réagir. (Le Soir)
Maghreb Emergent le 23.02 :
« Des centaines de milliers Algériens voire plus ont brisé hier vendredi
22 février le mur de la peur et des interdits en descendant dans les rues des
villes pour dire non au projet du 5è mandat et exigeant le départ du pouvoir
actuel. C’est un véritable tsunami populaire qui a inondé aussi bien les
grandes villes que les petites localités du pays… Les rues des villes comme
Alger, Constantine, Oum El Bouaghi, Batna, Bejaia, Annaba, Guelma, Blida,
Skikda, Khenchela, Bourdj Bou Arriridj et Bouira n’ont pas pu contenir les
foules hostiles au 5è mandat. El Watan titre ce samedi matin « L’Algérie dit NON
! », « L’Algérie se soulève contre les Bouteflika » Le Quotidien d’Oran,
réservé : « Marches à travers le pays contre le 5° mandat ».
Samedi 23 février 2019
Dès le lendemain des marches, Le
Quotidien d’Oran s’interroge : « Otages de fausses promesses - L'élection
présidentielle du 18 avril prochain a pris une tournure tout à fait étrange.
Sinon comment interpréter ces appels à des marches contre le 5ème mandat
maintenant ? Le timing de ces appels est-il opportun ? Pourquoi n'avoir pas
appelé à des marches de protestation contre le 5ème mandat bien avant, au
moment où les partis de la majorité présidentielle avaient annoncé leur
candidat ? Mieux, est-on là face à des tentatives d'instrumentaliser la rue
pour faire barrage, d'une autre manière, à un 5ème mandat que les partis de la
majorité veulent faire passer comme une alternative inéluctable ? Des questions
et peu de réponses, car la conjoncture politique actuelle est en train de
prendre de la vitesse et une tournure qui sont, en réalité, autant de facteurs
de rupture avec le discours politique ambiant… Bien sûr, bien des appétits
politiques se cachent derrière ces marches de protestation contre le 5ème
mandat. Par contre, la rue aura exprimé, à sa manière et jusqu'à présent par
une expression démocratique jamais enregistrée jusque-là, ce qu'elle pense de
cette élection... »
Le 23 février je poste ces
mots sur FB : « Vivement vendredi prochain… et les suivants… Marcher
pacifiquement pour une Algérie libre et (authentiquement) démocratique. »
« Vous vous êtes enfin réveillé de votre sommeil » m’invective un
facebooker. « Peut-être bien, vous connaissez probablement mieux que moi
mon propre passé… »
Le même jour
j’ai posté : « C'était hier vendredi 22 février. Des milliers
d'Algériens ont manifesté pacifiquement "contre le 5° mandat de
Bouteflika", dans plusieurs villes comme Alger, Tlemcen, Batna, Bejaïa,
Bouira, Tebessa, Khenchela, ouargla, Boumerdès, Oum el Bouaghi, Tiaret, Sétif,
Tizi Ouzou, Annaba, Sidi Bel Abbes, Oran… El Watan titre ce matin « L’Algérie
dit NON ! », « L’Algérie se soulève contre les Bouteflika » Le
Quotidien d’Oran, réservé : « Marches à travers le pays contre le 5° mandat »
Rendez-vous est pris pour vendredi prochain, 1° mars. »
Puis ce texte,
plus long : « Les Algériennes et les Algériens aspirent à une Algérie
authentiquement démocratique, libre et heureuse. Ils l’ont maintes fois prouvé.
Cette Algérie libre et heureuse, authentiquement démocratique, ne peut se
concevoir sans la liberté de parole. La libre parole, ce droit premier de l’Homme,
doit être accessible dans la rue et dans tous les médias, publics et privés,
sans entraves. Une libre parole respectueuse de toutes les autres paroles,
exprimée dans la langue de son choix, sans complexe aucun, sans stigmatisation.
Il y a en Algérie des dizaines de chaînes de télévision, de radios, de
journaux, publics et privés, mais la parole n’y est pas réellement libre. La
censure et l’autocensure sont permanentes. Les Algériens et les Algériennes,
qui ont payé le prix fort, ont soif d’une « Révolution de velours », sans donc
aucune violence ni casse, sans qu’aucune goutte de sang soit versée. Une
Révolution pacifique, celle qu’appréhendent par-dessus tout les tenants du «
Système » actuel, prêts à toutes les intrigues et violences. N’oublions jamais
Octobre 1988, ni janvier 1992 et les années qui suivirent, n’oublions jamais
non plus les manipulations de la religion à des fins politiques de certains
partis et organisations islamistes dont les paroles ont semé la mort par
milliers. Cette Révolution douce algérienne a peut-être commencé hier, vendredi
22 février 2019. À travers de nombreuses villes du pays de Tlemcen à Annaba, de
Bejaïa à Ouargla en passant par Alger, Oran, Sidi-Bel-Abbès… des milliers
d’Algériens et d’Algériennes, jeunes et moins jeunes, ont manifesté contre le
Système (« Non au 5° mandat » brigué par un des hommes du Système) dans le
calme et sans heurts, offrant parfois des fleurs aux policiers bienveillants.
D’autres vendredis arrivent. Faisons (chacun selon ses possibilités) qu’ils
soient noirs de monde et prometteurs de tous les espoirs jusqu’à la victoire,
pour une Algérie authentiquement démocratique, libre et heureuse. »
À la question de savoir si l’élection lui paraît jouée
d’avance, Antoine Basbous, « l’observateur averti » déclare à
Libération.fr « A
mon sens oui. Le clan au pouvoir a déjà préparé les chiffres qu’il publiera
le 18 avril au soir : le taux de participation, le pourcentage
du président sortant. On parle d’un chiffre autour de 80 %... »
et ceci en chapô de l’article : « Pour le politologue Antoine Basbous, ni l'opposition algérienne
ni la situation économique ne peuvent empêcher le clan du pouvoir, mené par le
frère du Président, de faire réélire un homme gravement malade. » Observateur averti.
« L’ampleur de la
contestation de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, exprimée vendredi
dernier (22.02) à travers quasiment tous les chefs-lieux des grandes villes du
pays, Alger compris, constitue, assurément, le plus grand défi auquel se trouve
confronté, désormais, l’homme qui accédait au palais d’El Mouradia comme
«candidat du consensus» en 1999. Coup dur pour l’ego de celui qui s’est
systématiquement prévalu du soutien massif et indéfectible, du peuple
algérien. » (Le Soir)
« Du nord au sud, d'est
en ouest, les grandes villes ont répondu à un appel, anonyme de surcroît, lancé
quelques semaines auparavant sur le réseau social privilégié des Algériens :
Facebook… Il y a une année encore, le passage de la contestation virtuelle à
celle de la réalité était, pourtant, encore chose impossible. En 2017, et face
à la dégradation du pouvoir d'achat induit par une crise économique sévère, un
appel similaire avait été lancé sur le même réseau social mais sans
résultat.
L'anonymat des initiateurs de ce projet a dissuadé. Les citoyens
n'étaient-ils pas prêts à ce moment ? La situation politico-économique
n'avait-elle pas atteint l'impasse dans laquelle elle se trouve aujourd'hui ?
Les images des conséquences des révolutions arabes et celle des réfugiés
apatrides (largement utilisées comme moyens de dissuasion) ont-elles réellement
tétanisé ? A ces éléments d'interrogations, s'ajoutent des faits bien réels. La
répression systématique de toutes les tentatives d'investir la rue (médecins
tabassés, syndicats de l'éducation...) a été érigée en règle et appliquée de
manière à frapper les esprits. Depuis la confirmation de l'option du cinquième
mandat et l'annonce officielle de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, les
forces de l'ordre semblent avoir été instruites d'éviter de réagir face à la
contestation populaire. A Khenchela, des centaines de personnes sont sorties
manifester pacifiquement contre le cinquième mandat et aucune répression ne
s'en est suivie.
La Kabylie qui a depuis
longtemps brisé le carcan de la peur et de l'intimidation, s'est exprimée à
travers des marches grandioses sans incidents notables. Encouragées, d'autres
villes ont suivi. Le phénomène s'est amplifié atteignant son point culminant ce
vendredi (22.02). Les plus sceptiques doutaient de la réaction des Algérois qui
se sont manifestés très peu de temps après la prière hebdomadaire. Les grandes
artères de la capitale ont été investies par une foule disciplinée, non
encadrée et qui n'a, à aucun moment, versé dans des actes de provocation de
saccage. Le chaos n'a pas eu lieu. Craignant le pire, certaines représentations
étrangères ont instruit leur personnel de ne pas sortir, d'autres ont demandé
la protection de leurs biens. C'est ainsi que le dispositif retiré devant
l'ambassade de France s'est redéployé la veille de l'événement. Mais, les
craintes se sont avérées inutiles. Les Algériens ont prouvé que leur but était
d'exprimer leur opinion. » (Le Soir)
Dimanche 24 février 2019
Le dimanche 24 février, le chef de l’État s’envole
pour Genève pour recevoir des « soins
de santé périodiques », alors que la place Audin (Alger) est
noire de monde. Des femmes offrent des fleurs à des policiers. Le jour même, la
journaliste Meriem Abdou démissionne
de son poste de rédactrice en chef de la Chaîne 3 de la Radio nationale à cause
de la censure relative aux manifestations du vendredi 22 février. La veille,
elle a écrit ceci sur sa page FB “J’ai décidé, moi Meriem Abdou, de déposer,
dès demain ma démission de mon poste de rédactrice en chef, membre de
l’encadrement de la Chaîne 3. Je refuse catégoriquement de cautionner un
comportement qui foule aux pieds les règles les plus élémentaires de notre
noble métier”. « Devant
le silence de la radio nationale qui n'a pas couvert les manifestations de la
veille contre le 5e mandat de Bouteflika, sa rédactrice en chef de l'antenne
francophone, Meriem Abdou, a préféré rendre son tablier. » (Le Point/
Afrique)
« Un tabou est brisé -
Un tabou est tombé vendredi 22 février. Le mur de la peur a été brisé et des
Algériens, toutes catégories sociales confondues, ont été unanimes à rejeter
autant le 5ème mandat que les tentatives politiciennes d'imposer une continuité
politique qualifiée de suicidaire. Par cette action l'on a voulu exprimer son
refus d'un état de fait imposé par la force d'un système politique qui a trop
longtemps surfé sur la fibre patriotique, mais en restreignant chaque jour un
peu plus les territoires des libertés fondamentales, l'expression
citoyenne. » (Le Quotidien d’Oran)
En France on commence à
paniquer. "Le cauchemar
du président de la République, c'est l'Algérie. C'était aussi celui de ses
prédécesseurs. Les plus hautes autorités de l'Etat sont terrifiées par la
perspective d'une grave déstabilisation de notre ancienne colonie après la mort
de Bouteflika [président depuis 1999]." Déclare « un
personnage central de la macronie » selon La nouvelObs.com.
Dimanche 24.02 : FB me
demande si je veux partager une vidéo que j’avais posté en février 2014 !
Je clique sur OK. Sur cette vidéo – il s’agit de « I am Happy » de
Pharrell Williams. J’avais ajouté en sur impression sur les images de la vidéo
ce texte que j’ai intitulé I am happy, on coule ! C’était l’époque du
4° mandat : « It
might seem crazy what I'm about to say / Sunshine she's here, you can take
break / Il peut sembler fou ce que je m'apprête à dire/ Brille, Soleil voici la
bonne nouvelle/ Ils ont osé !/ L’ancêtre brigue un 4° mandatUn revenant
jure laver plus blanc que blanc/ Un 3° hésite/… /La télé est heureuse/Les
journaux sont heureux/Here come bad news talking this and that… /On est au bord
du gouffre/Et le drabki derbek/Nous sommes heureux/Hamdoullah… » (le texte entier et la vidéo se trouvent
ici :
Au-delà de toutes les
lectures que l’on puisse faire, l’Algérie a connu un tournant majeur, vendredi
(22.02.), dans ce qu’on pourrait appeler l’expression du droit à la
manifestation, un droit remis en cause on ne sait plus combien de fois, avec
une violence souvent inouïe, particulièrement dans la capitale. Quarante et une interpellations pour troubles à l’ordre public,
actes de vandalisme, dégradation de biens, violence et voie de fait. Voilà en
tout et pour tout l’étendue du bilan des manifestations de vendredi dernier,
rendu public par la Direction de la Sûreté nationale quelques heures après les
marches pacifiques ayant été organisées à travers plus d’une trentaine de
wilayas. Un nombre d’interpellations finalement qui ne sort pas de la normale
et surtout qui résonne comme une réponse on ne peut plus cinglante à ces
alarmistes – qu’on peut comprendre – qui ne pouvaient s’empêcher d’émettre la
hantise d’un face-à-face entre manifestants et policiers qui fatalement
aboutirait à l’irréparable. (
Le Soir d’Algérie) Des rassemblements contre le cinquième mandat sont prévus
aujourd’hui (dimanche 24.11) sur tout le territoire national, à l’appel du
mouvement Mouwatana. Les lieux de rendez-vous sont fixés à la place Audin pour
la capitale, et devant les sièges de wilaya à travers tout le territoire
national, à partir de 12h. Soufiane Djilali, coordonnateur national du
mouvement estime que c’est le moment de maintenir la pression. (Le Soir) Le président de l’instance dirigeante du FLN, Mouad Bouchareb, a
affirmé hier à partir d’Oran, qu’il y a des gens qui voudraient allumer le feu
de la discorde mais, dit-il : «Cette étincelle qu’ils veulent allumer est
arrosée par le sang des chouhada et le sang des chouhada jamais ne s’enflamme.»…
Dieu a envoyé des hommes religieux, des savants, des combattants, des
moudjahidine, pour agir pour le bien des nations et «il a aussi envoyé
Bouteflika en 1999 pour redresser l’Algérie et lui redonner ses lettres de
noblesse et lui rendre sa dignité». (Le Soir) Le candidat à la
candidature à l’élection présidentielle du 18 avril prochain, Ali Ghediri,
invite les tenants du pouvoir à «se hisser au même niveau dont a fait preuve,
le peuple algérien, avant-hier vendredi lors des manifestations populaires
contre le 5e mandat présidentiel organisé dans pratiquement l’ensemble des
wilayas du pays». (Le Soir) Prévues
initialement samedi (23.02), les rencontres MC Alger-MC Oran, comptant pour la
22e journée de Ligue1, et JSM Béjaïa -Paradou AC pour le compte des quarts de
finale de la Coupe d’Algérie, aller, ont été reportées à une date ultérieure.
Si la ligue de football professionnel (LFP) ne précise pas le motif du report
du match MCA-MCO, celui évoqué pour justifier le report JSMB-PAC est «d’ordre public»,
selon la fédération algérienne de football (FAF). Ce ne sont d’ailleurs pas les
seules rencontres reportées puisque le derby algérois entre l’USM El-Harrach et
le RC Kouba, comptant pour la 23e journée de Ligue 2 Mobilis, prévu vendredi
(22.02), a été reporté à mardi (26.02). (Le Soir)
J’ai noté plusieurs points : Louisa
Hanoune demande le report de l’élection présidentielle. Le soir, il y a un beau
débat sur la chaîne Aljazaïria One. L’émission s’intitule
« Philo-Talk ». Discussion sur les idéologies, l’évolution depuis
1962, « quelle Algérie voulons-nous, ay jazaïr nourid. »
« Samedi dans la
matinée, détritus, restes de repas, boites de pâtisseries et de boissons,
jonchaient encore le sol dans les principales artères de la capitale, là où des
milliers de manifestants contre le 5e mandat sont passés la veille. Au
lendemain d'une impressionnante marche, jamais enregistrée depuis la grande
marche des Arouchs en 2001, les Algérois revenaient fatalement sur la suite de
cet événement, et la réaction du pouvoir par rapport à une marche en principe
interdite. D'autant que le collectif Mouwatana de Sofiane Djilali a également
appelé à une marche de protestation contre le 5e mandat ce dimanche à Alger,
qui suscite là également les pires inquiétudes. Des appréhensions légitimes
taraudent les Algérois, qui pensent cependant que le plus dur a été fait
vendredi, avec la sortie dans la rue de dizaines de milliers de manifestants.
Sur place, le service d'ordre est discret, avec quelques rotations
d'hélicoptères, après le déploiement de forces policières de la veille. Le gros
des forces de police est stationné aux alentours des entrées principales
d'Alger. L'appel à manifester ce dimanche contre le 5e mandat lancé par
Mouwatana est par ailleurs diversement interprété à Alger. Certains avancent
que là également il y aura beaucoup de manifestants… » (Le Quotidien
d’Oran)
Lundi 25 février 2019
« Les Algériens ont été
certes moins nombreux que vendredi passé à descendre dans la rue hier en
réponse à l'appel à manifester en ce jour symbolique du 24 février lancé par
Mouatana. Ce qui n'induit nullement que la colère populaire contre le
surréaliste cinquième mandat est retombée et que les citoyens après avoir
exprimé leur rejet de ce projet insensé vont se contenter de regarder faire le
pouvoir et sa clientèle. Mouatana n'est pas parvenue à mobiliser parce que à
tort ou à raison elle est perçue comme étant dans une stratégie de récupération
du mouvement de protestation contre le cinquième mandat. Or ce qui a distingué
les marches et rassemblements imposants du vendredi 22 février a été que leurs
participants ont eu manifestement à cœur la volonté de s'émanciper de toute
tutelle qu'elle soit partisane ou doctrinale… » (Le Quotidien d’Oran)
« Le Général de Corps d'Armée Ahmed
Gaïd Salah, Vice-Ministre de la Défense Nationale, Chef d'Etat-Major de l'Armée
Nationale Populaire a reçu en audience, aujourd'hui 25 février 2019, au siège
du Ministère de la Défense Nationale, Madame Elisabetta Trenta, Ministre de la
Défense Italienne » lit-on sur le site du ministère de la défense, alors
que plusieurs associations dont RAJ, SOS Disparus, LADDH, Djazaïrouna… signent
un texte à la suite des manifestations : « Les
Algériennes et les Algériens ont renoués avec la contestation et les manifestations
populaires pacifiques en brisant le mur de la peur et bravant la menace en
sortant par centaines de milliers dans toutes les villes du pays pour dénoncer
le 5ème mandat et revendiquer le changement du système… »
Prise de court par la force des manifestations
de vendredi contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un 5e mandat, la
mouvance islamiste, toutes tendances confondues, est apparue divisée. Parmi les
opposants aux manifestations de vendredi, se trouve le très conservateur Comité
national de coordination des imams, qui a relayé l’instruction du ministère des
Affaires religieuses. En vain, des imams ont tenté dans leurs prêches, lors de
la grande prière de vendredi, de dissuader les fidèles de répondre aux appels à
manifester, parce que « nul ne sait s’ils émanent d’un Algérien ou d’un
ennemi, d’un musulman ou d’un athée »! (Hacène Zerouky- L’humanité du
25.02). Toujours ce lundi 25, un post sur Facebook montre l’image d’une femme
offrant une rose blanche à un gendarme, bras tendu, prêt à la recevoir.
Seddik Chihab, le porte-parole du RND,
partie de la défaite, de l’échec et de la corruption (avec le FLN) déclare à
TSA (25.02) sans manquer d’air : « Il est rare que les changements par la
rue réussissent. Il n’y a qu’à revenir aux révolutions colorées (dans l’Europe
de l’Est) ou aux révolutions parfumées, les jasmins (Tunisie) ou les œillets
(Portugal). Il n’y a qu’à voir la situation actuelle de la Tunisie. Regardez
comment ce pays a reculé. Regardez la démocratie égyptienne… La rue peut être un
moteur ou un élément de prise de conscience. La rue ne peut pas être une
alternative sérieuse »
Abdelaziz Bouteflika répond, à sa
manière, aux manifestations et marches de ces derniers jours contestant sa
candidature pour un cinquième mandat : en les ignorant superbement et, mieux
encore, en insistant sur «les vertus de la continuité», en l’occurrence sa
propre continuité à la tête du pays au-delà du 18 avril prochain. «Une
continuité garantissant la persévérance dans la bonne voie et permettant de
remédier aux erreurs marginales», assure-t-il dans son dernier message en date,
hier dimanche. (Le Soir)
Le cours pris par la
pré-campagne électorale pour la présidentielle n’influe en rien sur
l’administration si l’on doit se fier aux propos tenus, hier, sur la Chaîne 3,
par le directeur des libertés au ministère de l’Intérieur et des Collectivités
locales (MICL), Abderrahmane Sidini. Pour tout dire, le cadre du ministère de
l’Intérieur affirme que, apparemment, tout se passe comme dans le meilleur des
mondes… (le Soir)
À L’appel de Mouwatana
Sit-in devant la Wilaya d’Oran. Hier, elles étaient en majorité une vingtaine
de femmes rejointes par près de 5 hommes plus tard, à répondre à l’appel à des
rassemblements au niveau national lancé par le mouvement Mouwatana. Le rendez-vous était donné entre midi et 14
heures devant le siège de la Wilaya. Arrivée sur place aux environs de 13 h,
seule la dizaine de voitures de police et quelques policiers en faction devant
la Wilaya étaient présents. Cinq minutes après notre arrivée, des femmes ont
commencé à se regrouper affichettes en main où l’on pouvait lire «Non au 5e
mandat ; action pacifique… ». Aussitôt,
les quelques policiers ont été rejoints par leurs collègues, qui ont vite entouré
le groupe de manifestants leur intimant l’ordre de s’éloigner des escaliers
principaux de l’entrée de la Wilaya. Et un autre de se montrer plus
intransigeant en demandant à l’une des manifestantes de baisser son affiche, ce
qu’elle refusera fermement de faire. Aussitôt, l’agent de police perd son
sang-froid et l’agrippe avec force et parvient à lui arracher son affiche. La
jeune femme rougie par la violence du geste, n’a pas cédé et a vite réécrit un
slogan sur une autre affiche et a rejoint ses amies. (le Soir)
Les Algériennes et les Algériens se sont
sentis insultés par cette indigne mascarade d’un cinquième mandat qui consiste
à imposer un vieillard à l’agonie en tant que candidat de l’espoir et du
renouvellement. Cet élément a joué comme un détonateur de mécontentement, la
goutte d’eau qui a fait déborder un vase d’indignation et d’amertume. Ce que
les populations contestent et rejettent ne se limite pas à la reconduction d’un
président-zombie. Le peuple algérien est exaspéré et ne veut plus de cette
dictature brutale et incompétente, corrompue au-delà de toute expression et qui
conduit, au vu et au su de tous, le pays vers de sombres lendemains. (Omar
Benderra- Algeria Watch- 25.02)
Je poste ces mots sur a page FB :
« Où que nous soyons, en Algérie (tous les vendredis) ou à l’étranger (tous
les samedis), manifestons pacifiquement contre le « Système ».
Manifestons contre le candidat, et contre tout candidat de substitution.
Manifestons notre opposition à tous ls représentants du régime autoritaire
algérien. Disons ‘‘ Non au système ». Ne répondons à aucune provocation,
ni à aucune violence. » Puis ces autres mots : « Vivement
prochain… et les suivants… Marcher pacifiquement pour une Algérie libre et
(authentiquement) démocratique. » (25.02)
Plusieurs articles avec ces
titres : Rassemblement empêché à Constantine, Faible participation à
Béjaïa, Bain de foule et accueil enthousiaste pour Rachid Nekkaz à Tizi Ouzou,
Un millier de lycéens dans la rue contre le 5e mandat à Jijel… (Le Soir d’Algérie)
Kouchet El Djir, le plus
ancien bidonville d'El Bahia, adossé au versant de la montagne Murdjadjo, se
propage tel un feu de brousse grignotant de grandes parcelles de terrains
forestiers et seuls les murs des casernes continuent à lui résister. Ici on construit de jour comme de nuit des
baraques n'importe où et n'importe comment sans se soucier des risques. Des
baraques érigées avec des parpaings au bord d'un précipice, d'autres
construites dans des grottes ou sous des masses de rochers... (Le Quotidien
d’Oran)
Mardi 26 février 2019
Le général Gaïd Salah
déclare : « En cette honorable occasion, je tiens à rendre hommage à la
teneur du message de Son Excellence, Monsieur le Président de la République,
Chef Suprême des Forces Armées, Ministre de la Défense Nationale, adressé à la
Nation à l'occasion de la célébration du double anniversaire de la création de
l'Union Générale des Travailleurs Algériens et de la Nationalisation des
hydrocarbures, pour ses propos honorables à l'adresse de l'Armée Nationale
Populaire. (discours à la 6° RM)
Le 26 février sur France
Inter. À 7h55 Benjamin Stora répond à Léa
Salamé: « L’Algérie est à un tournant très important… la différence
avec octobre 88 c’est que l’armée utilise aujourd'hui les jets d’eau pour
disperser les foules, elle ne tire pas sur les manifestants... l'armée est
occupée aux frontières… l’Algérie a changé… ». À 9h05 aux
informations: "Les étudiants algériens sont appelés à
manifester" aujourd'hui.
Une photo montre une
centaine d’étudiants dans l’enceinte de l’université d’Alger. Sont-ils
confinés ? J’ai écrit : Cette image est extraite d'une vidéo de Kh.
B, postée en direct, ce matin de mardi 26 à 10h30... Il semble que ce soit des
étudiants de l'Université d'Alger. On y entend fréquemment "Pouvoir
assassin". À Oran les étudiants de l'université de l'USTO crient :
"Non au 5ème mandat"
Sur FB j’écris : : « L’espoir qu’éclose enfin
une Algérie démocratique, libre et heureuse, est non seulement permis, mais
tous les jours cet espoir se fait un peu plus réel, il est palpable. À la
suite de la désormais historique mobilisation du 22 février (il y a à peine
quatre jours), aujourd’hui mardi 26 les étudiants de la plupart des universités
algériennes se mobilisent pour dire NON : « non au système, » « non au 5°
mandat »…, crier « Pouvoir assassin » Réclamer « Djazaïr Horra,
democratia»… De très nombreuses vidéos circulent ce matin (en direct) sur
FB montrant des étudiants manifestant à Alger (fac centrale), à Oran (USTO),
Constantine (ENSC), Sétif (Univ. Lamine Debaghine), Biskra (Université Med
Kheider), El Oued, Bejaïa, Bouira, Médéa, Laghouat, Guelma, Tamanrasset (Centre
universitaire Aménokal Hadj Moussa), Annaba (Univ. El Bouni), Boumerdes (Univ.
Mohamed Bouguerra), Djelfa, Bordj bou Areridj, Batna, Oum el Bouagui… Et
ça continue... »
J’ajoute :
« Scander uniquement "NON AU 5° MANDAT" = est un véritable
piège ! »
El Watan publie
« L’ultime appel à la raison ». Un texte
magnifique. « Djamel Zenati, figure du
combat démocratique et Addi Lhouari, sociologue engagé signent une tribune dans
laquelle ils estiment que «le départ de Bouteflika est une exigence populaire
légitime et indiscutable». Ils appellent à la mise en place « d’une transition
démocratique orientée vers la construction d’un Etat de droit. C’est la seule
issue salutaire pour le pays ». Ils interpellent
fortement l’institution militaire qui, selon eux, « se trouve devant un choix
historique» et que «l’intérêt stratégique du pays lui commande de se mettre du
côté de la population et au service de la solution. Elle doit jouer le rôle de
facilitateur et de garant de la transition démocratique» écrit en préambule le
rédacteur du quotidien. De son côté Liberté écrit : « Dans un appel
rendu public, hier, et signé conjointement par Djamel Zenati et Lahouari Addi,
le duo a traité de la situation actuelle du pays et a appelé le régime à céder
la place, sans recourir à la répression, donc à l’embrasement. »
Ces mots sous une photo montrant des
journalistes qui protestent : « Sit-in des journalistes de la Radio nationale,
aujourd'hui mardi 26 février 2019_ Bravo à Meriem Abdou, qui s'est opposée à la
censure, dès samedi 23 février (et qui, en conséquence, a subi les foudres de
ses chefs) »
Suite à la vision d’une vidéo sur le
mur de Nacera M. j’écris : « CNEWS n’a trouvé mieux que ce titre et
c’est regrettable : ‘‘Algérie : des manifestants contre un 5°
mandat’’ et Yasmina Khadra fait pire en disant ‘‘les Algériens ne sont pas
contre Bouteflika, ils sont contre un 5° mandat’’ (min 2’45). Les Algériens
sont contre ‘‘le pouvoir’’, contre ‘‘le système’’, contre ‘‘le 5° mandat’’,
contre ‘‘el mamlaka’’… Le piège est que justement on ne s’oppose qu’au 5°
mandat.
Une cinquantaine d’avocats se
sont rassemblés hier devant le tribunal de Abane-Ramdane. Ils ont dit non à un
cinquième mandat, à la répression des libertés et réclamé le respect de la
Constitution. En dépit d’une grande présence policière, aucun incident n’a été
enregistré. (Le Soir d’Algérie)
L’école renoue avec la grève
à partir d’aujourd’hui et pendant deux jours. Le collectif des syndicats
autonomes, initiateur de cette action, appelle à la mobilisation des
enseignants autour de ce mouvement, qui sera accompagné, demain, par des
rassemblements devant les Directions de l’éducation des wilayas de Blida,
Laghouat, Batna et Relizane. (Le Soir)
Le sérail semble tourner le
dos à la principale revendication exprimée on ne peut plus clairement par les
milliers de manifestants sortis, vendredi dernier, à travers presque l’ensemble
du territoire national, qui ont signifié leur refus catégorique d’un cinquième
mandat pour le président de la République. C’est, encore une fois, à Ahmed
Ouyahia auquel a été dévolue la mission de divulguer la lecture faite en
haut-lieu des manifestations populaires inédites du week-end dernier, récusant
ouvertement un cinquième mandat pour le président de la République, candidat à
sa propre succession à l’occasion du scrutin prévu le 18 avril prochain. Et
c’est en tant que Premier ministre qu’il l’a fait, hier lundi, devant les
députés lors de sa présentation de la déclaration de la politique générale de
l’exécutif qu’il coordonne. «Que ceux qui s’opposent au 5e mandat l’expriment
de façon démocratique le jour des élections», a, en effet, tonné Ouyahia comme
pour écarter toute option de retrait de Abdelaziz Bouteflika de la course
présidentielle du printemps prochain. (Le Soir)
Maître
Mustapha Bouchachi, parlant des manifestations prévues pour ce vendredi 1° mars
: «J’espère qu’elles seront pacifiques. Je souhaite que les Algériens et les
Algériennes participeront à ces manifestations pacifiques. Ce vendredi 1° mars
est très important pour les Algériens et les Algériennes, pour sortir ce Système
qui a pourri le pays. »
La commission de
l’organisation de la Coupe d’Algérie de la Fédération algérienne de football
(FAF), qui après avoir reporté la rencontre JSM Béjaïa-Paradou AC, comptant
pour les quarts de finale aller de la Coupe d’Algérie, pour «des raisons
d’ordre public», prévue initialement samedi 23 février, l’a finalement
programmée pour samedi 9 mars au stade de l’Unité maghrébine. Le match retour
est, par ailleurs, prévu pour vendredi 29 mars au stade Omar-Hamadi de
Bologhine. (Le Soir)
« Avec son sang-froid ordinaire, le chef
du gouvernement Ahmed Ouyahia, a commenté avec «un discours modéré» et avec
«des termes bien soignés», les
manifestations hostiles au cinquième mandat, du 22 février dernier, à travers
plusieurs wilayas du pays. - Lors de la présentation, hier, de la déclaration
de politique générale devant les députés de l'Assemblée populaire nationale
(APN), Ahmed Ouyahia, a précisé que « le peuple algérien a le droit d'exprimer
son avis et la constitution lui garantit le droit à la manifestation et aux
rassemblements pacifiques, dans le cadre de la loi ». Et d'enchaîner «Dieu
merci, ces marches qui ont drainé un nombre important de contestataires à
travers certaines villes du pays étaient pacifiques». Mais, précise-t-il «nous
appelons tous nos citoyens à plus de vigilance par le fait que ces appels à la
manifestation sont anonymes et on en ignore la source». Et de préciser
qu'aujourd'hui, ces appels sont pour des manifestations pacifiques mais demain,
il se pourrait qu'il y ait des appels d'un autre genre, craint-il. (Le
Quotidien d’Oran, 26.02)
Mercredi 27 février 2019
Le 27
février : « Hier Canal Algérie, durant une minute, nous a montré des
manifestants portant drapeaux et chantant Kassamen. Aucun slogan contre le
système (très nombreux) n’est visible. À part l’exécrable « wontoutri »
(exécrable car mots creux, béats, vidés de tout contenu éclairé, intelligent),
aucune parole audible, juste un immense brouhaha. Le commentaire du «
journaliste » est malhonnête (peut-il faire autrement ?) nous explique que tous
ces étudiants réclament « des réformes » (« islahiyates » dans la vidéo), alors
que les étudiants demandent à ce que les responsables politiques
DEGAGENT. »
27.02 : Voici les
titres du Quotidien d'Oran et de El Watan de ce matin –
Titre de El Watan :
« Mobilisation des étudiants contre le 5° mandat :
Impressionnant ! »
Titre de Le Quotidien
d’Oran : « Contre un 5° mandat et pour le changement, des milliers
d’étudiants dans les rues. »
Pourquoi le titre du
Quotidien d'Oran est juste et celui d'El Watan faux ou tendancieux, disons
incomplet. Le premier ne soutient pas Ghediri (ni les autres postulants). Plus tard dans la
journée, El Watan rectifie (à la suite de nombreuses critiques sur FB contre le
journal) en ajoutant un article : Les étudiants en marche contre le 5°
mandat et le système : la protestation vers de nouvelles conquêtes.
27.02,
j’écris : « Voici un texte, émouvant et puissant, de notre chère
Ghania Mouffok, un des plus beaux textes que j’ai eu à lire sur la situation
faite aux Algériens par une bande d’imposteurs. Au-delà de Bouteflika c’est
l’infamie imposée par “la Djemaa” depuis 1962. Mais “Les Invisibles” se sont
réveillés ce 22 février 2019 pour dire à cette : Djemaa: « 57 ans
baraket »
Prenant admirablement le
relais de la contestation citoyenne anti-5° mandat, les étudiants sont sortis,
hier mardi, dans toutes les wilayas du pays, ou presque, pour signifier, à leur
tour, leur rejet du 5e mandat.( Le Soir)
Il affirme que Bouteflika se
rendra au Conseil constitutionnel dimanche prochain. Sellal confirme l’option
du 5e mandat (Manchette de Le
Soir)
Annaba. Avocats et étudiants
contre le 5e mandat. Intervenant
le lendemain de la réprobation du cinquième mandat par les avocats d’Alger, un
sit-in similaire a été tenu devant la cour de justice de Annaba par leurs
homologues du barreau de cette ville. (Le Soir) À l’instar des autres universités du pays, des milliers d’étudiants
de l’Université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira ont répondu présents à l’appel de
la communauté estudiantine à travers le pays pour des marches contre le 5e
mandat de Bouteflika. (Le Soir)
Comme prévu, les étudiants
du centre universitaire de Mila étaient au rendez-vous, ce mardi 26 février,
pour exprimer leur solidarité avec les manifestants du vendredi 22 février,
contre le 5e mandat. (Le Soir) Des
milliers d’étudiants à travers les trois universités de Constantine se sont
rassemblés, hier à partir de 10h dans l’enceinte de leurs campus respectifs,
pour exprimer leur rejet d’un nouveau mandat du Président Bouteflika. (Le Soir) Manifestations contre le 5e mandat Les
étudiants de l’Université d’El-Tarf marchent. Ils étaient plus de 1 500
étudiants de l’Université Chadli-Ben-djedid d’El-Tarf à marcher en empruntant
le boulevard principal appelé, et ironie de l’histoire, «rue de
l’Indépendance», et ce, pour exprimer leur refus d’un 5e mandat pour le
Président-candidat. (Le Soir) Tizi Ouzou Une foule immense d’étudiants de
l’UMMTO contre le 5e mandat. Près
de quatre mille étudiants de l’Université de Tizi Ouzou (UMMTO) ont investi la
rue, dans la matinée d’hier. Une marche grandiose qui a sillonné les
principales artères de la ville et qui est venue à la suite de l'appel adressé
à la communauté estudiantine dans les quatre coins du pays. (Le Soir) Jijel. Des milliers d’étudiants dans la rue
contre le 5e mandat. Comme il fallait s’y attendre , les étudiants de
l’université Mohamed-Seddik-Benyahia de Jijel ont répondu massivement hier
mardi au mot d’ordre de protestation lancé à travers les réseaux sociaux. En
effet, des milliers d’étudiants de l’université Mohamed-Seddik Benyahia sont
descendus dans la rue pour exprimer leur rejet contre le 5e mandat du
candidat-Président Abdelaziz Bouteflika. (Le Soir) Les étudiants d’Oran ont
manifesté. Déterminés pour que ça reste pacifique ier, ils
étaient des centaines d’étudiants à observer, dans un premier temps (dès 9
heures), des rassemblements au sein même de leurs enceintes universitaires,
tous en réponse à un appel lancé via les réseaux sociaux, afin de dire non au
5e mandat et également, nous confient certains d’entre eux, pour se démarquer
des organisations estudiantines qui se sont déclarées en faveur de la
continuité. (Le Soir) Vers 11h et ce,
jusqu’à 12h30, des étudiants des neuf facultés de l’Université Djilali-Liabès
de Sidi-Bel-Abbès ont mené une marche pacifique contre le 5e mandat du
Président sortant Abdelaziz Bouteflika. (Le Soir).
Ailleurs, dans d’autres
villes, les étudiants se sont mobilisés. Le Soir du 27.02 leur réserve
plusieurs articles dont voici les titres : Béjaïa : Des milliers
d'étudiants dans la rue. Sétif : Les étudiants disent non au 5e mandat,
Chlef : Près d'un millier d'étudiants ont marché, Blida : Les
étudiants des Universités de Blida et d'El-Affroun ont marché pacifiquement
Dans un message audio (enregistrement
anonyme) on entend une discussion téléphonique entre Abdelmalek Sellal (ex 1°
ministre) et Ali Hadad (patron du CFE) : « Sellal parle de mobiliser
les troupes et veut faire un forcing pour empêcher les autres candidatures. »
Un appel pour un sit-in des
journalistes de Constantine pour le lendemain. J’écris : Vendredi 22 février des dizaines de milliers de citoyens,
hier les étudiants, aujourd'hui des journalistes, demain les avocats.
Après-demain Vendredi 1° mars tout le peuple ? »
Le ministre de
l'Intérieur et le Wali de Djelfa se souviendront longtemps de cette virée....
Les habitants scandent "Dégage! dégage! dégage!..."
Appel à
manifester ce 1 mars de là Fédération Nationale du Secteur de l’Enseignement
Supérieur
« À 19
heures j'ai repris une vidéo "pas très catholique". C'est en fait une
conversation téléphonique entre deux personnalités importantes du
"milieu" (responsables). Mais qui a enregistré cette communication?
Manipulation? Je l'ai supprimée. » Jeune Afrique 11.10. 2018) écrit : « Suite à l’arrestation de
l’un de ses journalistes, le groupe médiatique Ennahar a porté plainte mardi 9
octobre contre les services de renseignement, et diffusé à l’antenne un enregistrement
compromettant un de leurs responsables. Du jamais vu en Algérie. »
Le général Gaïd Salah tient deux discours
différents, diffusés tous deux à la télé : dans le premier (diffusé à
13h), il adopte un ton menaçant à l’égard des manifestants contre le 5e mandat
du président Bouteflika. Il s’élève contre « ceux qui veulent pousser les
Algériens vers l’inconnu à travers des appels anonyme ». Dans le deuxième
(diffusé à 20 h), il est compréhensif. Il a déclaré que « l’Algérie a payé
un lourd tribut afin de recouvrer sa sécurité et sa stabilité » il a ajouté
qu’il réaffirmait « son engagement personnel à réunir toutes les
conditions favorables au bon déroulement de la prochaine élection
présidentielle dans un climat de quiétude, de sérénité, de sécurité ».
(Madjid Makedhi- El Watan 28.02). On trouve le même constat à Liberté de
la veille : « Après avoir brandi la menace, à peine voilée, à l’égard
des manifestants, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, semble s’être
rétracté, puisque le passage évoquant les manifestations et diffusé par la
télévision publique, dans son discours tenu hier (26.02) à Tamanrasset, a été
supprimé dans le texte publié sur le site du MDN et de l’APS. (Liberté)
Benjamin Griveaux, porte
parole du gouvernement français déclare : « On a pris note de la
décision du président Bouteflika de se porter candidat à l’élection
présidentielle… On souhaite que cette élection se déroule dans les bonnes
conditions en assurant la transparence de la campagne». Au centre ville de
Annaba, des
avocats ont tenu un rassemblement devant le nouveau tribunal, pour protester
contre le cinquième mandat.
Les Algériens ont été de nouveau appelés
manifester demain à travers l’ensemble du territoire national. Jugé «crucial»
par plusieurs acteurs politiques, le rendez-vous alimente depuis plusieurs
jours les discussions des citoyens. Inévitablement, les «invitations» à sortir
nombreux dans les rues du pays se multiplient sur les réseaux sociaux à la
veille de l’évènement. L’appel, pourtant anonyme cette fois encore, a trouvé
grand écho chez les internautes. Sur Facebook, la mobilisation est de mise
depuis un moment, mais elle semble déjà dépasser l’espace virtuel. (Le Soir)
Des milliers d’étudiants manifestent
pacifiquement à Alger dans les campus et à l’extérieur contre le 5e mandat du
président Abdelaziz Bouteflika. La CGATA (Conf. Générale autonome des
travailleurs en Algérie) appelle à manifester le 1° mars et le PST appelle à
une grève générale pour contraindre le pouvoir à abandonner son projet de 5e
mandat.
Des partis et des forces
politiques de l’opposition rejoignent le mouvement populaire et
soutiennent les manifestations notamment la marche prévue pour ce vendredi 01
mars 2019. Le Front des forces socialistes (FFS) a appelé « ses militants,
ses élus, ses sympathisants et l’ensemble du peuple algérien à participer
massivement et à œuvrer à la préservation du caractère pacifique des
manifestations politiques et populaires ».
Des partis politiques (FFS,
UCP de Zoubida Assoul) rejoignent le mouvement populaire et
appellent à manifester notamment le vendredi 01 mars 2019. Une dizaine de journalistes sont
brièvement détenus après avoir participé à un rassemblement dénonçant les
restrictions de couverture «imposées par (leur) hiérarchie». Plusieurs
personnalités nationales ont signé une «Déclaration au peuple algérien» dans
laquelle elles appellent à participer aux manifestations de demain. Les
signataires, parmi lesquels le Commandant de la Wilaya IV, Lakhdar Bouregaâ,
l’ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour et l’ancien ministre Abdelaziz
Rahabi, saluent le soulèvement populaire pacifique qu’ont connu les villes du
pays vendredi 22 février, et appellent les autorités à cesser «de sous-estimer»
et «d’insulter» le peuple algérien en soutenant la candidature de Abdelaziz
Bouteflika à un 5e mandat.
« Après plusieurs
manifestations contre un cinquième mandat du président de la République,
c'était au tour des étudiants de se mobiliser, hier mardi 26 février. Ils
étaient en effet des milliers d'étudiants à se rassembler devant l'ensemble des
universités d'Alger, ainsi que dans d'autres wilayas, pour protester contre le
cinquième mandat du président de la République.
A Alger, des rassemblements
ont eu lieu à la Fac centrale, l'université de Saïd Hamdine, l'université de
droit de Ben Aknoun, ainsi que l'USTHB de Bab Ezzouar. Outre la contestation
contre le cinquième mandat, les manifestants ont appelé au changement. Au
centre-ville d'Alger où se trouve la faculté centrale, un important dispositif
sécuritaire, mis en place depuis vendredi 22 février, a été renforcé… A Oran,
les étudiants de plusieurs facultés et écoles nationales de la wilaya ont
investi, hier, la rue pour exprimer leur refus du 5e mandat. Les étudiants de
l'Ecole nationale polytechnique d'Oran (ENPO), «Maurice Audin», étaient en
effet les premiers à battre le pavé aux environs de 10h du matin avant d'être
rejoints par leurs camarades du campus Taleb Mourad (ex-IGMO) de l'université
Oran 1, puis par leurs collègues de l'USTO… A Constantine, tous les campus ont
vibré hier aux cris scandés par des milliers de voix, «Non au 5e mandat»… En
fait, depuis quelques jours, un appel à se réunir à 10 heures dans l'ensemble
des universités a été lancé sur les réseaux sociaux, en vue de manifester.
Enfin, Selon une déclaration signée par 29 universitaires et qui a circulé
lundi 25 février, il est clairement souligné que: «Nous devons nous engager à
fournir les moyens politiques qui empêcheront que s'installe le vide qui
permettra la reproduction d'un système politique usé. Notre responsabilité est
de paver le chemin de la société qui trace sa voie vers la liberté et la
justice, qui mettront fin, définitivement, à un système qui a produit violence
et corruption». Les contestations déclenchées depuis le 22 février dernier
réussiront-elles à ébranler un pouvoir ? (Le Quotidien d’Oran)
Jeudi 28 février 2019
Dans le Figaro du 28 février,
Boualem Sansal écrit : « C'était réjouissant de voir les gens sortir
de leur longue et insupportable léthargie et venir, très civilement, rappeler
au pouvoir qu'ils existent et qu'ils veulent vivre. Surpris par leur soudaine
hardiesse et par le silence confus du pouvoir, les manifestants en profitent,
ils parlent, crient, font la fête, ils voient l'avenir s'illuminer devant
eux »
La roue de l’exigence de
liberté était lancée « Jazaïr horra, démocratiya ».
« La France souhaite
que le scrutin du 18 avril se déroule dans de «bonnes conditions en assurant la
transparence de la campagne». Le porte-parole du gouvernement français Benjamin
Griveaux a expliqué, à l'issue d'un conseil de gouvernement, que la France
«souhaite que la présidentielle du 18 avril en Algérie permette de répondre aux
aspirations profondes» de la population algérienne, ajoute Benjamin Griveaux.
«C'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de choisir ses dirigeants,
de décider de son avenir et cela, dans la paix et la sécurité», a t-il dit, en
réaction aux manifestations populaires qui sont organisées depuis vendredi
dernier… (Le Quotidien d’Oran, jeudi)
« Le mouvement
populaire spontané du 22 février 2019 est salvateur à plus d'un titre. Il
démontre de façon précise que tout ne peut pas s'acheter pour arracher le
silence de la majorité de la population. Le pouvoir s'est de nouveau trompé
dans son aveuglement populiste. Il croyait à tort que la réaction du peuple
dans sa majorité, serait identique à celle de « sa » clientèle domestiquée et
sous tutelle… (M. Mebtoul - Le Quotidien d’Oran)
Le jeudi 28.02 , je poste un
encart sur fond bleu vif et en caractères majuscules : « Un
rendez-vous unique avec l’Histoire : Demain vendredi 1° mars 2019
(ou : ACTE 2), des millions d’Algériens manifesteront pacifiquement dans
toute l’Algérie : les travailleurs de l’éducation, les employés de la
santé, les journalistes, les avocats… tout le monde, les chômeurs, les
commerçants, les étudiants, les femmes au foyer… les associations, les
organisations, les syndicalistes, les joueurs, les supporters. Tous seront
présents pour dire à la « Djemaâ » du Système :
« Dégagez ! » »
Auprès du Relais-presse, je
retire un dictionnaire de Russe commandé chez Rakuten… où je me rendrai
bientôt. Mais avant, j’aurai le temps de manifester à Marseille, à Alger. Les Algériens sortiront, de plus en plus
nombreux, de vendredi en mardi et de mardi en vendredi. Un bout de chemin a été
parcouru. Beaucoup demeure encore devant nous. Patience et persévérance…
C’est décidé, après Marseille
je descendrai à Alger manifester.