De nombreuses rencontres eurent lieu depuis le lundi 28 dans le cadre de ces premières assises internationales du roman (Air), avec la présence d’auteurs Américains (Russell BANKS, Rick MOODY), de Britanniques (Tarik ALI, Tobias HILL, James FLINT), Italiens (Giuseppe CULICCHIA), Français (Leslie KAPLAN, Marie DESPLECHIN, Benoîte GROULT)…
Certains de ces auteurs sont intervenus lors de thèmes tels que « littérature et engagement : le pouvoir des mots », « le roman : miroir social », « douleurs de l’âme, douleurs du corps », « le roman familial »…
La première des trois rencontres auxquelles j’ai assisté s’intitule « la critique en débat » animée par Franck NOUCHI (Le Monde), en présence de Nathalie LEVISALLES (Libération) Joan ACOCELLA (The New Yorker, Etats-Unis) Ina HARTWIG (Frankfurter Rundschau, Allemagne) Patrick KECHICHIAN (Le Monde des livres) Isabelle RUF (Le Temps, Suisse). La rencontre s’est tenue devant environ 120 personnes. Et la question de départ était de connaître la place de la littérature et de la critique dans la presse écrite qu’à la télévision.
Chacun présente la situation de la presse et sa relation aux livres. Je précise que je n’ai pu malheureusement prendre note de l’intervention de Joan ACOLELLA (The New Yorker), excellente semble-t-il, car ne disposant pas alors de la traduction simultanée. Ina HARTWIG (Frankfurter Rundschau, Allemagne) dit - en français- que les responsables de journaux ne comprennent pas les critiques littéraires. Ils veulent que l’on présente des portraits populaires, plutôt des écrivaines, plutôt jeunes, plutôt jolies… Dans les maisons d’éditions en Allemagne on se plaint car le livre se vend moins. Cela est dû à la crise économique que tout le monde dit qu’elle est aujourd’hui passée, alors espérons. Cette situation fait que la critique littéraire à du mal à se positionner.
Le modérateur (Franck NOUCHI, Le Monde des livres) se félicite qu’il y a en France une spécificité liée au jeudi. Ce jour-là paraissent en France dans un certain nombre de quotidiens et d’hebdomadaires, les suppléments consacrés aux livres : La croix, L’Humanité, Libération, Le Monde, Le Figaro… Tous les jeudis on parle de livres.
Natalie LEVISALLES (Libération) relate son expérience dans ce quotidien. On a fait remarquer ici dit-elle que le jeudi très souvent la première page du Cahier des Livres du Monde, de Libération, du Temps sans doute, portaient sur le même livre. C’est souvent vrai et faux. A Libération cela est souvent présenté sous forme de critique, c’est ce que les journalistes non critiques littéraires et des lecteurs ont tendance à dire : « vous écrivez tous la même chose, sur le même livre alors que des centaines de livres sont publiés ». Il arrive aussi qu’on nous ‘‘reproche’’ d’être élitiste et de parler des livres qui intéressent peu de monde.
La journaliste dit recevoir de très nombreux livres de littérature. Un tri est difficile, il se réalise dit-elle compte tenu des éditions et des éditeurs qui nous intéressent plus que d’autres. Puis il y a la quatrième de couverture : l’auteur, le résumé. Puis on feuillette le livre, une fois, une deuxième… A chacune de ces étapes on en élimine. Nous nous retrouvons avec une dizaine de livres qui semblent intéressants. Nous en lisons deux à cinq par semaine afin de rédiger au final un article sur un livre. C’est ainsi que s’effectuent les choix.
Ensuite c’est à l’équipe du Cahier livres et compte-tenu des goûts de chacun, de choisir plutôt tel écrivain, plutôt originaire de tel pays, plutôt telle école littéraire…
Natalie L. évoque la question des pressions que subissent les critiques littéraires : pressions de la direction du journal, forte dans certains journaux, moyenne dans d’autres, ou n’existe pas.
Il y a aussi l’inscription de la critique littéraire dans un plan marketing. J’imagine dit-elle que c’est ce que souhaitent les responsables commerciaux des maisons d’édition. Mais personne ne nous y oblige.
Isabelle RÜF (Le Temps, Suisse) précise qu’elle parle de la partie francophone de la presse suisse. Celle-ci est très orientée vers la France. Notre supplément culturel a la chance de bien résister à l’érosion. Nous avons cinq et plus de pages, cela nous permet de traiter d’une vingtaine de livres par semaine. Nous recevons les mêmes livres que les critiques français, ou un peu moins car les petites maisons d’édition nous parviennent plus difficilement pour des raisons économiques. Mme RÜF précise qu’une sorte d’obligation leur est faite pour le choix de livres parus en Suisse. Elle se dit frappée par la similitude des choix des livres par les critiques littéraires Français et Suisses, choix de qui se ressemblent.
Le modérateur soulève la question de la bonne et mauvaise lecture d’un livre dont on traite. Il cite M. BLANCHOT qui s’interrogeait sur sa capacité à bien lire des livres, à partir du moment où il savait qu’il allait en faire une critique. Il disait que dans ces cas-là on se pose sans cesse la question ‘‘qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire’’. La manière de lire des livres est centrale ajoute F. NOUCHI, ainsi que le temps dont on dispose pour lire.
Ina HARTWIG dit que cela dépend, car il y a des livres qui se révèlent à vous dès qu’on les ouvre. Parfois, certains nous captent mais il nous faut beaucoup de temps pour les traiter, alors on laisse tomber. Elle dit que dans son journal on n’a pas le temps ni l’espace pour expliquer qui est tel ou tel auteur célèbre, nous écrivons ajoute-t-elle pour des lecteurs connaisseurs. Dès que je sais que je vais écrire sur un livre, je prends mon temps. Je lis plus lentement et j’essaie d’intérioriser tout le livre pour qu’il se répande en moi. Une fois que la critique est faite je passe à un autre.
Il faut noter que tous les participants ont trouvé cette formule magnifique : je lis pour que le livre se répande en moi.
Mme RÜF soulève la question de la courte durée du livre, ce qu’elle semble regretter, dans la mesure où les livres ne vivent que quelques mois car ils sont remplacés par de nouveaux. Les livres arrivent périodiquement par centaines dit-elle.
Natalie LEVISALLES dit avoir perdu du plaisir de lecture, depuis que l’essentiel de son activité de journaliste consiste d’écrire sur les livres et les écrivains. Elle dit qu’elle ne peut plus s’interroger et s’oublier dans un livre comme auparavant lorsqu’elle était simple lectrice de base. On n’aborde pas de la même manière un livre quand on est simple lecteur (on se laisse aller) ou critique spécialisé (on est toujours en alerte).
Patrick KECHICHIAN (Le Monde des livres) attire l’attention sur la différence à faire entre la lecture de plaisir et celle qui est utilitaire. Dans notre métier dit-il la question principale c’est évidemment celle du temps que l’on peut consacrer à un livre. C’est en même temps une contrainte douloureuse et en même temps nécessaire.
Dans un service littéraire, se déversent des centaines de livres. Il se passe quelque chose de magique, c’est à dire que certains livres viennent à vous et d’autres non. Le livre est doué d’un certain mouvement propre, il s’agit de prêter accueil à ce moment. Il ne faut pas se fermer au livre qui est animé lui-même de ce mouvement.
Le travail d’écriture ajoute P. KECHICHIAN est un prolongement direct de la lecture. Depuis que je fais ce métier je ne lis plus qu’en écrivant et je n’écris plus qu’en lisant. Le moment de l’écriture est inscrit et toujours, déjà présent dans le mouvement de la lecture…
N. LEVISALLES dit ne pas se considérer comme une critique littéraire. Elle se définit comme journaliste uniquement. Il se trouve dit-elle que je me suis spécialisée dans les livres et les auteurs. Je considère que mon travail appartient au domaine de la presse et du journalisme et pas au domaine de la littérature. Je vais vous choquer continue-t-elle, je dis que mon métier ce n’est pas de faire vendre des livres mais celui de faire vendre mon journal. Je veux dire que mon métier est d’essayer d’écrire des articles qui intéressent les lecteurs.
(A compléter).
Certains de ces auteurs sont intervenus lors de thèmes tels que « littérature et engagement : le pouvoir des mots », « le roman : miroir social », « douleurs de l’âme, douleurs du corps », « le roman familial »…
La première des trois rencontres auxquelles j’ai assisté s’intitule « la critique en débat » animée par Franck NOUCHI (Le Monde), en présence de Nathalie LEVISALLES (Libération) Joan ACOCELLA (The New Yorker, Etats-Unis) Ina HARTWIG (Frankfurter Rundschau, Allemagne) Patrick KECHICHIAN (Le Monde des livres) Isabelle RUF (Le Temps, Suisse). La rencontre s’est tenue devant environ 120 personnes. Et la question de départ était de connaître la place de la littérature et de la critique dans la presse écrite qu’à la télévision.
Chacun présente la situation de la presse et sa relation aux livres. Je précise que je n’ai pu malheureusement prendre note de l’intervention de Joan ACOLELLA (The New Yorker), excellente semble-t-il, car ne disposant pas alors de la traduction simultanée. Ina HARTWIG (Frankfurter Rundschau, Allemagne) dit - en français- que les responsables de journaux ne comprennent pas les critiques littéraires. Ils veulent que l’on présente des portraits populaires, plutôt des écrivaines, plutôt jeunes, plutôt jolies… Dans les maisons d’éditions en Allemagne on se plaint car le livre se vend moins. Cela est dû à la crise économique que tout le monde dit qu’elle est aujourd’hui passée, alors espérons. Cette situation fait que la critique littéraire à du mal à se positionner.
Le modérateur (Franck NOUCHI, Le Monde des livres) se félicite qu’il y a en France une spécificité liée au jeudi. Ce jour-là paraissent en France dans un certain nombre de quotidiens et d’hebdomadaires, les suppléments consacrés aux livres : La croix, L’Humanité, Libération, Le Monde, Le Figaro… Tous les jeudis on parle de livres.
Natalie LEVISALLES (Libération) relate son expérience dans ce quotidien. On a fait remarquer ici dit-elle que le jeudi très souvent la première page du Cahier des Livres du Monde, de Libération, du Temps sans doute, portaient sur le même livre. C’est souvent vrai et faux. A Libération cela est souvent présenté sous forme de critique, c’est ce que les journalistes non critiques littéraires et des lecteurs ont tendance à dire : « vous écrivez tous la même chose, sur le même livre alors que des centaines de livres sont publiés ». Il arrive aussi qu’on nous ‘‘reproche’’ d’être élitiste et de parler des livres qui intéressent peu de monde.
La journaliste dit recevoir de très nombreux livres de littérature. Un tri est difficile, il se réalise dit-elle compte tenu des éditions et des éditeurs qui nous intéressent plus que d’autres. Puis il y a la quatrième de couverture : l’auteur, le résumé. Puis on feuillette le livre, une fois, une deuxième… A chacune de ces étapes on en élimine. Nous nous retrouvons avec une dizaine de livres qui semblent intéressants. Nous en lisons deux à cinq par semaine afin de rédiger au final un article sur un livre. C’est ainsi que s’effectuent les choix.
Ensuite c’est à l’équipe du Cahier livres et compte-tenu des goûts de chacun, de choisir plutôt tel écrivain, plutôt originaire de tel pays, plutôt telle école littéraire…
Natalie L. évoque la question des pressions que subissent les critiques littéraires : pressions de la direction du journal, forte dans certains journaux, moyenne dans d’autres, ou n’existe pas.
Il y a aussi l’inscription de la critique littéraire dans un plan marketing. J’imagine dit-elle que c’est ce que souhaitent les responsables commerciaux des maisons d’édition. Mais personne ne nous y oblige.
Isabelle RÜF (Le Temps, Suisse) précise qu’elle parle de la partie francophone de la presse suisse. Celle-ci est très orientée vers la France. Notre supplément culturel a la chance de bien résister à l’érosion. Nous avons cinq et plus de pages, cela nous permet de traiter d’une vingtaine de livres par semaine. Nous recevons les mêmes livres que les critiques français, ou un peu moins car les petites maisons d’édition nous parviennent plus difficilement pour des raisons économiques. Mme RÜF précise qu’une sorte d’obligation leur est faite pour le choix de livres parus en Suisse. Elle se dit frappée par la similitude des choix des livres par les critiques littéraires Français et Suisses, choix de qui se ressemblent.
Le modérateur soulève la question de la bonne et mauvaise lecture d’un livre dont on traite. Il cite M. BLANCHOT qui s’interrogeait sur sa capacité à bien lire des livres, à partir du moment où il savait qu’il allait en faire une critique. Il disait que dans ces cas-là on se pose sans cesse la question ‘‘qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire’’. La manière de lire des livres est centrale ajoute F. NOUCHI, ainsi que le temps dont on dispose pour lire.
Ina HARTWIG dit que cela dépend, car il y a des livres qui se révèlent à vous dès qu’on les ouvre. Parfois, certains nous captent mais il nous faut beaucoup de temps pour les traiter, alors on laisse tomber. Elle dit que dans son journal on n’a pas le temps ni l’espace pour expliquer qui est tel ou tel auteur célèbre, nous écrivons ajoute-t-elle pour des lecteurs connaisseurs. Dès que je sais que je vais écrire sur un livre, je prends mon temps. Je lis plus lentement et j’essaie d’intérioriser tout le livre pour qu’il se répande en moi. Une fois que la critique est faite je passe à un autre.
Il faut noter que tous les participants ont trouvé cette formule magnifique : je lis pour que le livre se répande en moi.
Mme RÜF soulève la question de la courte durée du livre, ce qu’elle semble regretter, dans la mesure où les livres ne vivent que quelques mois car ils sont remplacés par de nouveaux. Les livres arrivent périodiquement par centaines dit-elle.
Natalie LEVISALLES dit avoir perdu du plaisir de lecture, depuis que l’essentiel de son activité de journaliste consiste d’écrire sur les livres et les écrivains. Elle dit qu’elle ne peut plus s’interroger et s’oublier dans un livre comme auparavant lorsqu’elle était simple lectrice de base. On n’aborde pas de la même manière un livre quand on est simple lecteur (on se laisse aller) ou critique spécialisé (on est toujours en alerte).
Patrick KECHICHIAN (Le Monde des livres) attire l’attention sur la différence à faire entre la lecture de plaisir et celle qui est utilitaire. Dans notre métier dit-il la question principale c’est évidemment celle du temps que l’on peut consacrer à un livre. C’est en même temps une contrainte douloureuse et en même temps nécessaire.
Dans un service littéraire, se déversent des centaines de livres. Il se passe quelque chose de magique, c’est à dire que certains livres viennent à vous et d’autres non. Le livre est doué d’un certain mouvement propre, il s’agit de prêter accueil à ce moment. Il ne faut pas se fermer au livre qui est animé lui-même de ce mouvement.
Le travail d’écriture ajoute P. KECHICHIAN est un prolongement direct de la lecture. Depuis que je fais ce métier je ne lis plus qu’en écrivant et je n’écris plus qu’en lisant. Le moment de l’écriture est inscrit et toujours, déjà présent dans le mouvement de la lecture…
N. LEVISALLES dit ne pas se considérer comme une critique littéraire. Elle se définit comme journaliste uniquement. Il se trouve dit-elle que je me suis spécialisée dans les livres et les auteurs. Je considère que mon travail appartient au domaine de la presse et du journalisme et pas au domaine de la littérature. Je vais vous choquer continue-t-elle, je dis que mon métier ce n’est pas de faire vendre des livres mais celui de faire vendre mon journal. Je veux dire que mon métier est d’essayer d’écrire des articles qui intéressent les lecteurs.
(A compléter).
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