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lundi, juillet 11, 2011

265- A la recherche de la Mosquée de Minuit

des gens magnifiques rencontrés,
des paysages uniques découverts,
des sensations imprévues vécues,
un monde à raconter. 



 



Cette histoire a commencé avec la lecture d’un article du quotidien algérien El-Watan en septembre 2010. Cet article s’intitulait « La communauté musulmane d’Inuvik accueille enfin sa mosquée ». Il y était question d’un « lieu de culte musulman  canadien situé le plus au nord ». On y évoquait un transport du bâtiment sur lac et fleuve. J’ai d’abord relu l’article, puis cherché Inuvik sur la carte du Canada. Inuvik est un village qui se trouve au-delà du cercle polaire (63°33).

Les jours suivants je me suis davantage documenté. Cette mosquée se trouve être la plus septentrionale de notre planète. La position géographique m’intriguait, je ne me doutais pas de la présence de musulmans dans des lieux si lointains. Plus les jours et les mois passaient, plus je m’attachais à cette question. Il me fallait faire quelque chose. Alors je pris la décision de m’y rendre. Me rendre à Inuvik, le pays où le soleil ne se couche pas en été. 

Mais avant tout il me faut dans le détail, révéler tout sur cette mosquée:

Une mosquée a voyagé durant 4500 km pour atteindre la communauté musulmane de la ville d’Inuvik. Je peux le dire ainsi. La mosquée préfabriquée de 145 m² a pris la route de Winnipeg vers Inuvik fin août 2010.
Inuvik est une ville de moins de quatre mille habitants à majorité Inuits, qui se trouve à l’extrême nord des TNO, au nord du cercle polaire, dans l’embouchure du fleuve Mackenzie. 

Pour prier, la petite communauté musulmane (moins de cent personnes) se rassemble dans une vieille caravane de 20 m². Elle a acheté un terrain (97.000 dollars canadiens) dans un quartier résidentiel d’Inuvik mais n’ayant pas les moyens nécessaires pour la construction d’une mosquée, les membres de la communauté firent appel en janvier 2009 à la générosité d’associations. C’est la fondation Zubaidah Tallab animée par le Dr Hussain Guisti, qui se trouve à Thompson (Manitoba, dans le centre du Canada) qui a décidé de leur venir en aide.
La mosquée a été construite à Winnipeg (capitale de la province du Manitoba) non sans difficultés. Le coût d’abord : 300.000 dollars canadiens. C’est au début du deuxième trimestre de l’année que Hussain Guisti, le responsable de ce projet, commença à récolter les fonds nécessaires pour la construction de la mosquée.

Autre difficulté relevée, le respect des normes de construction dans les TNO. Les travaux ont dus être interrompus durant plus d’un mois et les reprendre en tenant compte des codes de construction dans les TNO. La construction achevée, l’édifice a été acheminé jusqu’à destination en empruntant 4500 km de routes à bord d’un camion géant jusqu’à Hay River sur les bords du Grand Lac des Esclaves, où elle a été déchargée le 9 septembre puis mise sur barge sur le fleuve Mackenzie, de Hay River à Inuvik. .

La “Petite mosquée de la toundra” comme la nomment les journaux canadiens a été réceptionnée le 23 septembre 2010 à Inuvik. Elle peut accueillir jusqu’à 100 personnes. La quasi-totalité des musulmans de la ville étaient présents à l’événement. Le minaret a été construit localement, c’est à dire à Inuvik. L’ouverture au public de la mosquée la plus septentrionale au monde a été inaugurée le 10 novembre 2010, peu avant l’Aïd el-Kébir, en présence de nombreuses personnalités locales, dont le maire de la ville. Un dîner réunissant près de 300 personnes s’est tenu dans la ville pour célébrer l’inauguration,
C’est cette mosquée que j’ai décidé d’aller voir.

Maintenant que ma décision est prise il me fallait trouver un hébergement dans Yellowknife la capitale des Territoires du Nord Ouest canadien. Ce fut fait en janvier de cette année. Le mois suivant j’achetai mes billets d’avion. J’ai entrepris par ailleurs de trouver des contacts francophones.

Le samedi 2 juillet nous atterrissons à Montréal après plus de 8 heures de vol. Nassira Belloula m’attend. Nous avons longuement échangé autour d’un café sur la longue et animée rue Sainte Catherine (plus de 11 km ! oui, oui, 11) ; écriture, littérature… Je lui dis que Sansal prépare une nouvelle bombe pour septembre, « Rue Darwin ». C'est lui-même qui me l'a dit il y a une dizaine de jours. Elle aussi me dit-elle, prépare un nouveau roman dont la sortie est prévue pour l’automne. Mais elle ne réagit pas à la question que je lui pose sur la mosquée d’Inuvik. L’a-t-elle entendue ? Montréal est en effet très animée. Il s’y déroule le festival international de Jazz. La chaleur étouffante et désagréable de ce dimanche ne nous empêche pas d’assister à la prestation de la dynamique Nina Attal. La pluie a bien fait de rafraîchir les spectateurs en sueur.




Le lundi suivant j’ai pris l’avion pour Yellowknife via Edmonton. Le temps est chaud mais pluvieux. Une connaissance de Radio Canada m’y attend. Elle me conduit de l’aéroport à mon appartement. La mosquée d’Inuvik, elle ne connaît pas. La directrice de l’association franco-ténoise (de TNO), que je rencontre le lendemain de mon arrivée me donne toutes sortes d’informations sur la capitale et ses environs, mais aussi sur Dawson et Inuvik. Ensemble nous arrêtons les conditions de l’animation d’un atelier d’écriture dont nous avons convenu ensemble de son déroulement depuis plusieurs mois. Il est prévu pour la fin du mois, à mon retour du grand nord.
Notre rencontre a eu lieu après les festivités d'accueil du couple royal, le prince William et son épouse Kate Middleton (photos)




Mes amis de Yellowknife me prêtent une Pontiac que je pourrai utiliser à ma guise jusqu’à Whitehorse ou Dawson. Au-delà, ils me conseillent de louer un 4X4. 
Yellowknife (ou : YK) est une jolie ville d’environ 20.000 personnes à majorité anglophone.

Onze langues sont considérées comme officielles sur les Territoires du Nord-Ouest, dont cinq sont parlées à Yellowknife : le déné, le dogrib, le slavey, langues des peuples autochtones, ainsi que l’anglais et le français.



La ville est adossée à l’immense lac Great Slave (Le Grand Lac des Esclaves). Le nom de Yellowknife lui vient des couteaux de cuivre qu’utilisaient auparavant les indiens de la tribu Couteaux jaunes.










La ville et sa région disposent de richesses naturelles comme l’or, le diamant, le pétrole ou encore le gaz et regroupe l’administration des TNO. Le centre de la ville est moderne et les commerces de toutes sortes sont ouverts assez tard. A la fin de la semaine prochaine s’y déroulera le Festival Folk on the Rocks, un festival folk-blues fort célèbre. En ces jours de juillet le soleil de minuit y est une réalité et un phénomène tout à fait normal. Il y fait jour plus de 20 heures sur 24. Je mets tous ces jours à profit pour achever la préparation de l'atelier d'écriture.
Jeudi, nous avons passé une belle soirée au pub Mackenzie Lounge avec nos amis de Radio Canada: J., son ami, R., D, C, et moi. Fishs and chips succulents, boissons idem...

Vendredi je me suis rendu au "Twist" où j'avais rendez-vous avec B. F., un jeune auteur francophone, membre du CA de "North Words writers", association d'auteurs dont la majorité est anglophone. Lui est francophone. Il est aussi journaliste à "L'Aquilon", hebdomadaire francophone de la région. Nous évoquons mon atelier d'écriture, puis nous parlons de l'écriture et des écrivains en général, notamment Joyce, Faulkner. Il me dit qu'il sera présent le 29.

Sur Radio Canada est interviewée (samedi 9) Nassira Belloula: 
Q: Depuis quelques années il y a une explosion de l'écriture féminine en Algérie, cela peut sembler paradoxal car c'était des années plutôt noires.
N.B: Tout à fait mais c'est peut être justement par cette chape de plomb sur la tête des femmes qu'elles se sont rendues compte que c'est par la plume qu'elles devaient s'imposer et se réapproprier un espace qui était entrain de partir si j'ose dire entre guillemets puisque l'islamisme c'était vraiment quelque chose qui était encore plus que les coutumes, plus que les traditions parce que c'était carrément "femme reste chez toi, ne sort plus de chez toi". Donc cette conscience a fait que les femmes ont compris qu'elles devaient s'imposer et je crois que par la plume c'était la meilleure chose.
D'accord Nassira, mais avant? avant l'islamisme quel était le discours officiel, quelles étaient les perceptions sociétales?  Aujourd'hui, tiens, aujourd'hui où en sommes-nous avec le code personnel? Je dirais que l'entrée en force des femmes dans la littérature relève d'un ensemble de circonstances, endogènes et exogènes à la société algérienne. Réduire cela à l'islamisme me semble un peu fort de café, si j'ose. Mais enfin, c'est le discours dominant, ambiant dans les cercles journalistiques et de l'écriture. Et cela n'est pas tout à fait exact.


Avec C. nous découvrons la région proche, ainsi le village autochtone Dettah, à une quinzaine de km à l'est de Yellowknife. Nous ferons ensemble le voyage jusqu'à Inuvik.










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