001_ Jeudi 7 juillet : Des moules frites aux sardinades de Port de Bouc et en route
vers le Nord avec une bifurcation dans un village des Vosges, une nuit. Et
Paris, le monde du surplus, du bruit, de la sur dimension. Vite un coin loin de
cette folie. TV, match suivi d’un grand silence contrastant avec l’agitation
des derniers jours et surtout des dernières heures. 23 heures. Quelques klaxons
et hourras très certainement portugais.
002_ Mardi 12 juillet. Le lendemain de la finale de football, la
France se réveillait la tête ratatouillée. Le ciel est gros de nuages
monstrueux. Vite le nord… Hirson et voilà la frite belge qui se pointe. Chaude
et croustillante. Défilent Charleroi, Namur… Nuit dans la très colorée Aachen.
Une voiture file à toute allure. A notre niveau, le chauffeur klaxonne
longuement, puis exhibe un drapeau portugais. Jusqu’en Allemagne !
arrivent Cologne, Dortmund. L’autoroute est saturée de camions et de
semi-remorques. Et voici Paterborn et le
Mac Do pour le Wifi. Le temps est bon, avec pas mal de nuages.
003_ Mercredi 13 juillet.
Sur la route de nombreuses éoliennes
élégantes comme des Tour Eiffel, mais sans prestige, brassent du vent comme
leur nom les y oblige.
Forêts
immenses de part et d’autres de l’autoroute, elle-même surchargée. Par endroit
l’autoroute est complètement vierge de panneau. Rien. Et par moments ce sont
des forêts de tableaux d’informations telles des plages entières de publicités
télévisées. Rouler à 120 est d’une banalité. Certains conducteurs osent
allègrement les 170-200. C’est que nous sommes en Allemagne, pays de
Schumacher. Hambourg – la ville de « naissance » des Beatles qui y jouèrent en
1960 – nous accueille sans musique, mais avec une pluie fine qui joue avec le
soleil. Il fait un tantinet frisquet. Nulle trace ici de Yacine ni de Hans ou
de Nedjma. Eux qui aimèrent tant cette terre du froid, (mégapole de près de
deux millions d’habitants, un parmi les 16 Landers) où le port à lui seul vaut
trois grandes villes. Hambourg, au confluent de trois fleuves, fait sept fois
Paris, sans tapage ni trompète. Tiens, le soleil s’impose en cette fin de
mercredi, jusqu’à la porte de l’Irish Paddy’s.
vendredi 15 juillet 17h50 _ Ersbjerg
005_ Dimanche 17 juillet.
Ah
Kolding, magnifique petite ville à la croisée des chemins, entre Copenhague à
l’est sur la E20 ou bien Hirsthal vers le nord extrême du Danemark. Que
faire après le château (une exposition Fabergé a lieu en ce moment) ? Va
pour le nord. La touristique Sondervig où se retrouvent beaucoup de Danois,
Allemands…
« La
route Marguerite » est une sorte de départementale qui longe à la fois la
Mer du Nord et le Fjord Nissum. On y roule zen entre 70 et 80 maximum. Pas
d’excitation, cool. Ce sont des kilomètres de pâturages. Vaches, veaux, chevaux
et poulains se côtoient à la bonne franquette. Des fermes qui nous renvoient
aux contes d’Andersen ou des frères Grimm (Hans et Gretel). Particularité ici,
le week-end, dès le samedi à 14 heures, c’est ville morte. Il y a intérêt à ne
pas oublier la baguette ou le sel. Non, à vrai dire et au contraire, seuls les
magasins d’alimentation sont ouverts. Par endroits entre Osterild et Oslos,
entre les fjords une grande ressemblance avec la Camargue. Manquent le riz et
les manadiers… et voici Hirsthal et son port, au bout du bout. Le phare est le
premier à accueillir le visiteur. Au bord de la Mer du Nord, plusieurs bunkers
de la Seconde guerre lui font face comme s’ils attendaient non plus un
assaillant quelconque, mais un artiste qui viendrait les sauver de leur
noirceur. Il est près de 20 heures et le soleil, bien que caché derrière de
gros nuages, est encore haut.
006_ Mercredi 20 juillet.
A
l’extrême nord du pays se trouve une jolie petite bourgade au nom de Skagen. La
foule est celle des grands jours, « ce jour est peut-être un jour férié
nous sommes-nous demandé », peut-être. C’était lundi. Les cafés, pubs,
restaurants sont combles. Ce qui est sûr c’est qu’il est un jour de marché.
Vêtements, légumes, brocante se côtoient sur les étals entre glaces et jeux
pour les enfants. Il faut que vous sachiez qu’ici (‘‘Ici’’ c’est à dire dans
cette ville, mais en Scandinavie en général) les enfants sont rois, autant
(sinon beaucoup plus) que le sont dans nos pays du Sud nos chwabniya (chibani). Les enfants font absolument tout ce que bon
leur semble sans que quiconque ne dise quoi que ce soit. Donnez une fessée à un
gamin turbulent et vous risquez la geôle… Yakhi
bled yakhi… A mon âge je préfère notre Sud.
Puis
vint le Fjord-Bergen, immense paquebot qui engloutit plusieurs centaines de
véhicules de tous gabarits et de tous pays (trois immenses garages
complets !) Notre attente est à la mesure de notre attente, j’entends que
notre patience (trois heures d’attente avant embarquement) fut récompensée par
les paysages dont je cherche encore à caractériser la beauté, en vain. Inouïs
est le premier terme qui me vient, grandioses est le deuxième. Seize heures et
une bouteille à la mer, comme dans le bon vieux temps... Et Bergen nous ouvre
les bras, mardi bien entamé. Nous devons reconnaître que le temps n’est pas
idéal. Je dirais même plus, nous sommes accueillis par une véritable purée de
pois, 16°-18° degrés lourdement mouillés. Une pluie fine, continue, comme celle
qui arrose la ville de Londres et ses environs. Fine, pénétrante, agaçante. Ni
douanes, ni PAF, juste un sourire « have
you something to déclare ? » et le monde de basculer. Et je
souffre à l’idée de ce que nous endurons lorsque nous retournons dans nos
chères contrées en Algérie (les regards, les sous-entendus, les fouilles, les
impolitesses, les, les, les…. des pafistes, des douaniers et de tous les
merdeux en Algérie qui pensent soulever le monde avec leur abyssales
médiocrité, leur abyssale vulgarité.) « Have
you something to déclare ? » et le douanier nous montre les
produits soumis à taxes. Puis d’un geste avenant il nous signale que le pays –
la Norvège – est à nous. Un sourire (vrai, gratuit) et des mots de
bienveillance. Et vous vous sentez chez vous. Vous roulez à trente ou à
soixante, vous cédez le passage, vous êtes chez vous. Mais il y a la pluie que
nous ne maîtrisons pas aussi bien que les Norvégiens qui s’y promènent ou y vaquent
naturellement.
Ce
matin Bergen est à la fête. Comme par enchantement, un splendide soleil a
succédé à la purée d’hier. Quelques nuages perdus… Partout des sourires,
partout la bonne humeur, partout, l’insouciance… Tiens, un paquebot signale son
départ. Est-ce le Urtigriten, qui s’en va rejoindre Tromso, Bodo, Narvik et les
Lofoten ? C’est le Mein Schiff (photo). Vers quelle destinée se
dirige-t-il ?
_______
007_ Vendredi 22 juillet.
D°
Vangsmes Ferry pour traverser le fjord Sognefjord, le plus long et plus profond
des fjords d’Europe. Vingt minutes de traversée pour une trentaine de véhicules
pour l’essentiel immatriculés en Norvège, en Allemagne et en Finlande. Et Beaucoup
de motards.
Nous
prenons la direction du nord. Les courbes que forme la route tout au long du
parcours jusqu’à Voss sont innombrables. Elles épousent les méandres du
Sondjforgon. La vitesse limitée à 70 ou 60 est scrupuleusement respectée. Par
endroits nous sommes un peu étonnés de la physionomie de certains villages, de
leurs espaces, jardins… tant ils ressemblent à des contrées suisses, trop
carrés, « trop propres » dirait Fellag. On s’y méprendrait. De
Skolden à Lom, ce sont de hautes montagnes où dominent lacs, cascades, névés
roches et cairns. A quelques centaines de kilomètres au nord de Bergen,
apparaît comme dans un conte d’Ibsen (ou comme dans Zero Kelvin, un des chefs-d’œuvre
cinématographiques norvégiens), un paysage aux contours encore plus féeriques
que tout ce qui a précédé. Le lieu est connu comme le Turtagro. Une cuvette
entourée de hautes montagnes aux cimes enneigées. Nous sommes au cœur du
Jotunheimen Nasjonalpark. L’hôtel qui porte le nom du parc est archicomble et
les bavardages se font murmures. Les hommes et les femmes ont dans les yeux
comme une goutte limpide tombée du ciel bleu, clair, et des épis de blé posés
sur la tête. Tout autour des marcheurs, mais aussi des bergers qu’on devine
plus qu’on ne voit. Par contre leurs troupeaux de gras moutons et de vaches
broutent et paissent en toutes liberté. Le soir venu le silence de la nature
s’impose à celui des hommes. A 23 heures, seule la luminosité du jour résiste
encore quelques moments. Comme dans le grand nord canadien, dans une grande
région, dès la ville de Dombas, au-delà du 62° parallèle, la végétation est
complètement différente avec une toundra aux arbustes plus pauvres, qui ont du
mal à se déployer (problème lié très probablement au gel causé par le permafrost).
De
temps à autre, le long de la route, des photos bicolores de un mètre sur deux
sont placardées sur des panneaux appropriés comme pour rappeler les
automobilistes à la vigilance. On en a dénombré trois types : Le premier
représente le visage d’une adolescente. Il est scindé en deux parties, celle de
droite est défigurée, conséquences d’un accident ? (Over
Farstgrevnsen ?) ; le deuxième, un cycliste que frôle un automobiliste
indélicat (Delveien) et le troisième représente un enfant enlaçant son père
(Husk bilkelte) comme pour lui dire : « reviens-nous vivant ce soir,
mets ta ceinture ». Et la route continue, avec toute la vigilance
nécessaire, tous les sens, et les autres, aux aguets.
________
008_
Dimanche 24 juillet.
Direction
Trondheim. Temps couvert. Les nuages s’accrochent aux sommets des montagnes. De
temps en temps le soleil arrive à les percer. On ne peut rentrer dans Trondheim
ni en sortir, sans passer par l’auto-pass. Mais qu’est-ce que l’auto-pass ?
Il s’agit d’un péage en douceur ou en catimini, à vous de choisir :
l’immatriculation du véhicule arrivé à hauteur d’un endroit précis muni d’une
caméra, est enregistrée. Vous ne faites rien sinon de poursuivre la route. Vous
rentrez chez vous et attendez que la douloureuse vous soit présentée par le
facteur. Le prix dépend du gabarit du véhicule. Exemple : 11 Krn pour un
véhicule de tourisme (ou 33 Krn pour un camion).
Trondheim
est jolie avec son petit port et sa grande cathédrale.
En
direction de Mosjean nous tombons sur l’indication d’un village nommé
« Bya » et cela nous renvoie à notre chère Aïn el Bya, à l’est d’Oran.
A Namsskogen (c’est avant Mosjean, peu avant le 65° parallèle) nous avons pris
de nombreuses photos à partir d’un même endroit pendant de plusieurs minutes. Étrange
impression. Le soleil qui déclinait normalement sembla, à un moment précis qui
n’a duré qu’une à deux minutes, reprendre de la hauteur, avant de continuer sa
chute. Étrange, vous avez dit étrange…
Beaucoup
de maisons forment des bourgs, mais pas une seule petite ou moyenne ville à des
dizaines de kilomètres à la ronde. Sont-ce là des maisons secondaires ou
principales ? Si les personnes y résident en permanence, où
travaillent-elles et comment s’approvisionnent-elles ? Partout c’est
tellement propre que lorsqu’on tombe sur une canette par terre, on a envie de
la photographier ou de la filmer avant de lui trouver une sympathique poubelle
d’accueil. Il y a de très nombreux tunnels. Ils sont étroits et souvent mal
éclairés. Ils stressent et angoissent et on se dit « pourvu que l’on n’y
tombe pas en panne », surtout lorsque derrière vous vous savez qu’on
s’impatiente de votre lenteur.
A
l’approche du cercle polaire la végétation est fragilisée. Le paysage devient
rocailleux, avec du lichen... Voilà l’entrée dans le cercle polaire arctique !
Elle est symbolisée par un monument sur lequel trône la sphère de notre monde.
Non loin, un autre monument a été érigé à la mémoire des Russes et Yougoslaves
qui ont, forcés par les Nazis, construit la ligne de chemin de fer qui passe
par le cercle arctique. Autrement il n’y a rien d’intéressant. Il y a tant de
voitures et de camping-cars qu’on se croirait dans un gigantesque camping.
Ce
que nous avions échoué il y a quelques années au Canada (Inuvik), nous le
réussissons cette fois-ci : atteindre le cercle polaire arctique,
66°33’ !
Et
voilà Bodo. Charmante petite ville avec le port comme centre ville. Nous nous
installons au En Kopp. Quelques livres sont mis à disposition du public. J'en
ouvre un... Il est de Henri Troyat: Amélie... En norvégien bien sûr. En
finissant ces lignes – en plein jour – nous nous apercevons qu’il est… plus de
23 heures !
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(Je demande aux lecteurs – y compris ceux qui
n’émettent aucun avis, aucun like, aucun commentaire… un peu d’indulgence. Ces
textes sont écrits au pied levé et par conséquent sont par endroit peu
construits, peut-être maladroits, mais bon…)
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009_ Mercredi 27 juillet.
Nous
quittons Bodo en direction de Narvik. Nous avons à emprunter de nombreux
tunnels, parfois payants, mais toujours peu éclairés et étroits. Plusieurs
panneaux nous informent sur la vitesse à ne pas dépasser, sur la présence des
animaux (élans plus que rennes), sur les distances entre les villes. Mais
jamais de publicité commerciale. Sur les bords des routes nous croisons souvent
des marcheurs. Ailleurs ce sont des
randonneurs et même des sportifs s’entrainant sur patins à roulettes au ski
nordique. Souvent, dès qu’arrive midi trente ou seize heures trente, durant une
heure à deux heures, la circulation ralentit, diminue puis disparaît quasiment.
Les automobilistes s’arrêtent pour se restaurer. Sur les rives des fjords, il y a beaucoup de
cabanons de pêcheurs, le plus souvent peints en rouge, rouge foncé ou rouge
bordeaux. A Bognes la route s’arrête, et notre GPS perd la boule, « vous
êtes sous les eaux, faîtes demi-tour avec prudence ! » Il n’a rien
compris. Nous prenons le ferry. Traversée du Vestfjorden, de Bognes à
Skarberget, pendant une vingtaine de minutes.
Trois
heures plus tard, la mythique ville de tous nos errements, de tous nos
phantasmes soixante-dix, Narvik, nous ouvre les bras. Ah Narvik… tu nous
accueilles dans ta légendaire simplicité. Ah Narvik, souviens-toi, tu forgeais
mes phantasmes de jeune adulte, tu les enserrais, rappelle-toi, c’était 72,
« l’Amérique n’est pas loin me chuchotais-tu » souviens-toi, c’était…
Et tu n’as pas changée… Au Kafferiet l’accueil est très sympathique… Dans la
fureur de mes années scandinaves, c’était ou la Norvège, ou l’île de Gotland,
ou Kobenhavn, ou le retour au pays emporté par le cafard. Pays que je venais de
quitter trois mois auparavant « définitivement » avais-je juré. Le
cafard l’emporta et ce fut le retour à la prison. Au Bled. Mais, me
diriez-vous, tout cela est de l’histoire ancienne, et vous aurez raison.
A mi-route,
entre Narvik et Tromso, sur une aire de repos, des Samis vendent, sous leurs
immenses tipis chauffés au feu de bois, des babioles de supermarché et de
véritables produits de leur terroir.
Tromso
(70.000 habitants) est baignée par un beau soleil. Nous empruntons le splendide
pont (un kilomètre) reliant la grande cathédrale arctique au port. Nous sommes
à la lisière du 70° parallèle.
Lorsqu’en
2011 nous nous préparions à aller dans le grand nord canadien, nous avions
appris alors que la mosquée d’Inuvik (les TNO) était la plus au nord des
mosquées du monde puisque le projet de celle de Tromso avait avorté quelques
mois auparavant. Aujourd’hui nous souhaitons nous informer sur la présence ou
non d’une mosquée à Tromso. Nous avons pris le pari d’interroger une femme
voilée qui – s’il y en a une – nous
renseignerait. Et voilà que passe une jeune femme voilée, poussant un landau
dans lequel dormait un nourrisson. A notre question elle a répondu « bien
sûr, il y en a même deux ». La première mosquée est un espace de prière
plus qu’une mosquée, dénommé « Masjid El-Rahma ». Il est celui des
Somaliens. La seconde, la mosquée « El-Nor », est plus importante.
Elle est celle de tous les musulmans des environs (un millier). Elle se trouve
sur la Storgata, à quelques dizaines de mètres de la précédente. La jeune femme nous a invités au repas que son
mari et elle, offraient à la mosquée, à l’occasion de la naissance de leur
enfant, Benyamine. Nous ne pouvions refuser.
Nous
étions une quarantaine de personnes dont une quinzaine de femmes. La mosquée
apprenons-nous existe depuis une dizaine d’années. La mosquée Al-Nor est donc
la mosquée la plus septentrionale au monde, détrônant celle des Inuits (à
Inuvik, TNO, Canada).
Nous
passons la nuit au nord de la ville. Le soleil et les nuages nous ont offerts
un splendide spectacle estival digne des contrées du nord : par la magie
de la lumière, l’obscurité a entièrement fait défaut. Autrement dit, il a fait
jour toute la nuit (quasiment). C’est absolument féérique et perturbant. (voyez
les photos). Bien que voilé par les nuages, le soleil était manifestement
présent. Certes, la luminosité a diminué un temps, peut-être une heure ou une
heure trente. Mais à trois heures le nouveau jour était levé. Ce matin nous
disons au-revoir à Tromso, « la Parisienne du Nord ». Presque pas de circulation.
De
l’autre côté de la rive du fjord Kalfjorden et Lyngen, peu avant la ville de
Lyngseldte, une splendide vue d’un glacier augmentée par les reflets du soleil
sur la glace, nous est offerte gracieusement. Des villages s’étirent le long de
la route, sans centre-ville, avec une limitation de vitesse à 60 km/h. La
traversée des villages est très longue, n’en finit plus. Sur la route, avant
Burfjord, un troupeau de jeunes rennes broutait. Sur les rives d’un autre
fjord, le Kvaenangen, trônent des îles plus ou moins importantes. Au-dessus de
certaines d’entre elles traînent des nuages. On dirait qu’elles prennent un
bain finlandais (sauna). Et bienvenue Alta… 350 km plus au nord. Nous y
arrivons en fin de journée. En l’espace de quelques minutes, le temps a changé.
De l’autre côté du fjord, le temps était gris, et là, quelques centaines de
mètres plus loin, il se met à pleuvoir.
010_
Vendredi 29 juillet.
Il
est 23 heures. Tout au long de cette journée, j’ai eu une pensée pour Omma qui
a 83 ans, mais ne le sais pas. Longue vie à elle qui ne m’a jamais lu. Qui ne
lira pas ce post ni aucun autre, ni aucun de mes écrits. Elle ne sait plus qui
je suis. C’est ainsi.
Nous
sommes dans Kompasset, le restaurant du CapNord (l’officiel 71°10’21’’). Le
soleil de minuit ne sera pas au rendez-vous. La brume enveloppe tout l’espace.
Heureusement, nous l’avons eu hier à Hammerfest et avant à Tromso. Hammerfest
est la ville la plus septentrionale du monde (du moins officiellement, car on
ne tient pas compte je ne sais pourquoi des villes comme Tiksi et Dikson de
Russie ni comme Thule au Groenland). Nous avons passé la nuit à Fuglenes (à la
sortie de la ville) à deux pas d’un monument dédié à Friedrich Georg
Wilhem Struve.
Dans
la ville se trouve une église luthérienne construite en 1961, belle et élancée,
ainsi qu’une toute petite église, St Mikael. Mais… il y a aussi un espace nommé
Al Hidaya Islamsk Senter (in Folkets Hus) sur la Kirkegata, que fréquentent les
quelques musulmans du coin dont les Turcs qui nous ont orientés.
Le
soir nous avons pris un verre au bar populaire de Jernteppet, dans le port.
Cela nous permet aussi de charger les batteries (au moins quatre). Le Wifi bien
sûr est notre radar. Trois clients et un tondu autour de bières et de vin,
discutent avec une latine au centre du monde de ces marins qu’elle tentait ou
non d’entourlouper. Un bar de marins donc. Et très sympa.
Ce
vendredi matin, sous un beau soleil, nous avons pris la route du cap nord Depuis
Hammerfest, la route serpente sur des dizaines de kilomètres, longeant le fjord
Bargsund, face au majestueux parc naturel Selland Nasjonalpark. Le soleil
disparaît. Dans des ‘shops’, des Samis proposent leurs productions : des
bijoux en argent, bronze et autres objets taillés dans des cornes d’animaux. De
temps à autres des travaux d’élargissement de route ralentissent la
circulation. Tout les long du rivage, ce n’est que du lichen et autres plantes
avec beaucoup de roches sombres le plus souvent. Pas ou peu d’arbres. Et des
troupeaux de rennes en liberté qui ne paniquent pas du tout à l’arrivée des
véhicules, à peine se dandinent-ils pour céder le passage. Ils se nourrissent
tranquillement d’écorces, d’herbes et de lichens. Dans le ciel, de très beaux
oiseaux marins comme des mouettes arctiques nous accompagnent. Le soleil
réapparaît, mais les nuages persistent. Pour rejoindre l’île Majeroya du Cap
Nord, un tunnel nous plonge sous la mer sur six kilomètres, dans un mixte
de mer de Norvège et de Barents (à défaut d’avoir le nom exact, désolé).
Nous
sommes arrivés en fin de journée au Cap nord. Un autre rêve est atteint.
Finalement le cercle polaire n’est pas un cercle mais un but. Qu’est-ce que le
cercle polaire et précisément le centre de ce cercle ou plus précisément encore
le point le plus élevé que vous essayez d’atteindre et que vous atteignez sinon
un but (parmi d’autres) dans votre vie. Une sorte de Mecque que vous vous
assignée. Nous l’avons fait. En se sucrant à la Deglett-Nour (le fruit de la
lumière pardi !) Il est minuit passé, les clients du Kompasset sont
nombreux, et le soleil n’a pas reparu. C’est le brouillard total, mais la nuit
ne tombe pas. J’ai eu une pensée pour ma mère.
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