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mercredi, juillet 11, 2018

614_ Le dernier Mosteghanemi: Le noir te va si bien



J’attendais cette nouvelle traduction avec impatience. Chaque fois que je pénétrais dans une librairie d’Oran (ou d’Alger ou d’ailleurs) je me posais cette même question « vais-je enfin trouver un nouveau livre de Mosteghanemi ? » je veux dire un nouveau titre en version française de cette auteure majeure dont la presse francophone ignore le grand talent (hormis quelques lignes insignifiantes, une fois l’an, au moment du SILA). Aujourd’hui je peux dire « ouf ». Le nouveau bijou attend tranquillement dans la librairie du Front de mer d’Oran (baptisée « El Mamoune » et qui appartient à Dar el Izza – un nouveau monstre commercial ? – comme lui appartient la grande librairie « Ibn Badis Bookshop » ( ?))





À l’intérieur de la librairie, à deux mètres de l’entrée, mon regard est saisi par une pile d’une trentaine de livres. Une femme semble danser en une du premier. Je me penche. Il s’agit d’un livre de cette écrivaine. La première de couverture me sauta aux yeux comme une cerise au milieu d’un gâteau. Une jeune femme aux pieds nus, les bras tendus vers le ciel, marche sur une plage accompagnée de son ombre moins gracieuse, qui elle aussi ouvre grand les bras. La jeune femme porte une robe rouge à encolure dégagée sur laquelle est parsemée une multitude de gros pois blancs (je ne sais pourquoi – enfin si, coupe oblige – j’ai pensé à l’emblème croate). Entre les deux extrémités de ses pouces et index gauche et droit auxquels elle est coincée, flotte une imposante étoffe blanche immaculée. Ou vierge. 

Les femmes ne meurent plus d’amour en est le titre  (El Aswad Yalikou bikiLe noir te va si bien. 345 pages- 1250 DA) Le rouge et le blanc de la version française remplace le beau noir des tulipes de la version arabe. L’édition est de Hachette A. Antoine, mars 2018. La traduction est de  Fadia Farah Karlitch. « Nous l’avons reçu il y a trois jours » me dit la caissière qui semble intriguée par mon achat. Elle désavoue ouvertement « les valeurs » contenues dans ce roman (et les précédents) même si « le style de Ahlem Mosteghanemi est beau ».



« Tel un piano élégant qui s’est refermé sur ses notes, il s’est refermé sur son mystère. Il ne s’avouera pas l’avoir perdue.  Il prétendra qu’elle l’a perdu, et que c’est lui qui a voulu une séparation aussi tranchante qu’un coup d’épée. Car il préfère à sa présence passagère une absence durable, aux petits plaisirs une grande douleur et aux séparations fréquentes une rupture décisive. Tenaillé par son désir, il a décidé de l’effacer de sa pensée pour se reconquérir, mais le voilà qui se meurt en même temps qu’elle. L’épée de la passion, tout comme l’épée du samouraï, répartit le coup fatal entre le bourreau et la victime… »



Sautez sur ce livre, je suis persuadé qu'il ne vous décevra pas. Il n’y a aucune raison que son style diffère de celui, majestueux, des deux précédents livres traduits en français : Le chaos des sens (Albin Michel 2006, Fawdha el hawas, 1997) et Mémoires de la chair (Albin Michel 2002, Dakiret el jassad, 1993).



J’y reviendrai, très certainement.

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1 commentaire:

  1. Avez-vous lu le dernier roman de sa trilogie "passager d'un lit' en français?

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