® Droits réservés. Toute reproduction est interdite sans indication de la source: http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.fr/ ® L’auteur - Ahmed HANIFI - ahmedhanifi@gmail.com _ 2005 _ 2020 - 15 ANS ! "Sur le plus beau trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul !" Michel de Montaigne. MON SITE: http://ahmedhanifi.com
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vendredi, février 28, 2020
686_ Formation de formateurs : manuel opératoire d’un formateur- L. Ammour
685_ Le docteur Rieux sortit de son cabinet et buta sur un rat mort…
Qu’est-ce que le coronavirus COVID-19 ?
Les coronavirus sont une grande famille de virus, qui provoquent des maladies allant d’un simple rhume (certains virus saisonniers sont des coronavirus) à des pathologies plus sévères comme le MERS ou le SRAS.
Le virus identifié en janvier 2020 en Chine est un nouveau coronavirus. La maladie provoquée par ce coronavirus a été nommée COVID-19 par l’Organisation mondiale de la Santé – OMS.
Quels sont les symptômes du coronavirus COVID-19 ?
Les symptômes principaux sont la fièvre ou la sensation de fièvre et des signes de difficultés respiratoires de type toux ou essoufflement.
Comment se fait le diagnostic ?
Le diagnostic est suspecté devant des signes d’infection respiratoire aiguë basse, quelle que soit sa gravité, avec une fièvre ou une sensation de fièvre, chez une personne revenant de Chine (Chine continentale, Hong Kong, Macao), de Singapour, de Corée du Sud, d’Iran, ou des régions de Lombardie et de Vénétie en Italie, dans les 14 jours précédant l’apparition des symptômes, conformément à la définition de cas.
Quels sont les traitements disponibles ?
À ce jour, aucun traitement spécifique n’a été identifié pour ce nouveau coronavirus. Plusieurs traitements, actuellement utilisés dans d’autres pathologies virales, sont en cours d’évaluation en France, en lien avec l’OMS pour être utilisés contre le coronavirus COVID-19. Dans l’attente, le traitement est symptomatique.
Quel est le mode de transmission ?
Les premiers cas recensés sont des personnes s’étant rendues directement sur le marché de Wuhan (fermé depuis le 1er janvier) dans la province de Hubei en Chine : l’hypothèse d’une zoonose (maladie transmise par les animaux) est donc privilégiée. La transmission interhumaine a été depuis confirmée.
S’il s’agit d’une zoonose, peut-on consommer des aliments cuits ?
Quand la viande est cuite, les virus sont détruits. La consommation de produits animaux peu ou pas cuits, incluant le lait et la viande, présente un risque important d’infection par une grande variété d’organismes susceptibles de causer des maladies chez l’Homme.
Les produits animaux préparés de manière appropriée, en les cuisant ou les pasteurisant, peuvent être consommés mais doivent aussi être conservés avec soin, pour éviter une contamination croisée avec de la nourriture non cuite.
Peut-on attraper la maladie par l’eau ?
À ce jour, il n’a pas été rapporté de contamination par l’eau. Cette maladie est à transmission respiratoire et probablement de l’animal à l’homme, mais la source n’est pas encore identifiée.
Y a-t-il des personnes à risque de développer une forme grave de la maladie ?
Comme pour beaucoup de maladies infectieuses, les personnes présentant des pathologies chroniques sous-jacentes (détresse respiratoire, personnes fragiles, âgées…) présentent un risque plus élevé.
Dans les cas plus sévères, la maladie peut entraîner un décès.
Quel est le délai d’incubation de la maladie ?
Selon l’état des connaissances scientifiques actuelles, le délai d’incubation du virus est de 14 jours.
Quelle est la définition de cas ?
La définition des cas est disponible sur le site de Santé publique France. Elle est actualisée en fonction de la disponibilité de nouvelles données sur les caractéristiques du nouveau virus.
Où sont faits les tests et quel est le délai pour établir un diagnostic ?
Les tests sont effectués dans tous les établissements de santé de références, plusieurs milliers peuvent être effectués chaque jour.
Le test est réalisé uniquement en cas de suspicion validée par le SAMU et par un infectiologue référent. Il s’agit d’un test de biologie moléculaire spécifique du nouveau coronavirus COVID-19. Le délai pour avoir un résultat est entre 3 et 5h.
À partir de quelle distance une personne peut-elle contaminer les autres ?
La maladie se transmet par les postillons (éternuements, toux). On considère donc qu’un contact étroit avec une personne malade est nécessaire pour transmettre la maladie : même lieu de vie, contact direct à moins d’un mètre lors d’une toux, d’un éternuement ou une discussion en l’absence de mesures de protection.
Qu’est-ce qu’un cas autochtone ?
Un cas autochtone est une personne qui développe la maladie et pour laquelle on n’a pas de notion de voyage dans une zone à risque.
Qu’est-ce qu’un cas contact ?
D’après les connaissances disponibles concernant le virus, celui-ci se transmet par des gouttelettes émises par un patient malade, en particulier lors de contacts étroits. Peuvent être considérés comme cas contacts :
- les personnes ayant partagé le même lieu de vie que le patient malade lorsque celui-ci présentait des symptômes ;
- des personnes ayant eu un contact direct, en face à face, à moins d’un mètre du patient malade au moment d’une toux, d’un éternuement ou lors d’une discussion ;
- les flirts, amis intimes ;
- les voisins de classe ou de bureau ;
- les voisins du patient malade dans un avion ou un train, ou les personnes restées dans un espace confiné avec lui (voiture individuelle par exemple).
Quelle est la procédure mise en place pour les cas contacts ?
Les autorités sanitaires évaluent avec le cas contact son exposition et son risque de contamination et lui délivrent une information sur la maladie due au virus et sur le dispositif de suivi. Ce suivi a pour objectif de vérifier que le cas contact n’a pas été contaminé, et en cas de symptômes, de faire rapidement un diagnostic pour proposer rapidement les meilleurs soins possibles.
Au cours des 14 jours suivant le dernier contact avec un malade, la personne considérée comme étant un cas contact doit surveiller l’apparition de tout symptôme de type fièvre ou toux. Les modalités de son suivi sont précisées par l’équipe de professionnels de santé mise en place par l’agence régionale de santé, en fonction de l’évaluation initiale du risque.
Quelle est la procédure de prise en charge pour les cas suspects en France ?
Le cas suspect identifié par un professionnel de santé est signalé au 15. Le SAMU se met en lien avec l’infectiologue le plus proche. À l’issue d’un questionnaire, le cas est classé en possible ou exclu. S’il est un cas possible, il est alors pris en charge et isolé dans un service d’infectiologie. Si une infection au coronavirus est exclue, il est pris en charge par son médecin traitant habituel.
Comment s’organise la recherche autour du virus en France ?
Le 10 février 2020, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Frédérique Vidal ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ont annoncé que la France allait allouer 2,5 millions d’euros supplémentaires pour accompagner la montée en puissance de l’effort de recherche sur le coronavirus COVID-19. Le consortium Reacting, coordonné par l’INSERM et placé sous l’égide d’Aviesan, alliance de recherche en sciences du vivant et santé, a été mobilisé pour assurer le partage d’informations scientifiques et coordonner l’effort de recherche français.
lundi, février 17, 2020
684_ L'Algérie de Kamel Daoud- F5
683_ La 2° mort de Suzanne
Écouter Suzanne par Graeme Allright ici:
De toutes les (belles) adaptations des chansons de Léonard Cohen, c’est Suzanne que je préfère. Il a réussi à lui injecter en français la même force que l’originale. Suzanne pour moi ce n’est pas uniquement les mots de Léonard Cohen ou ceux de Graeme Allright, c’est, au-delà d’eux, en plus d’eux, l’atmosphère et le climat qui s’en dégagent, le climat d’insouciance des années d’une certaine jeunesse, la mienne, celle des années soixante-dix. Je parcourais alors, les mains dans les poches, des milliers de kilomètres sans but précis, souvent à pied, en stop, à la découverte de l’inconnu. Et toujours bien accueilli. Presque toujours. Presque. Le texte que je vous propose ce matin à l’occasion de la disparition de Graeme Allright, je l’ai proposé le 12 novembre 2016 à l’occasion de la mort de Léonard Cohen quelques jours auparavant (7 novembre 2016). Je l’ai intitulé Adieu Suzanne. Le voici (photos vidéos des chansons).
SUZANNE
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Tu sais qu’elle est à moitié folle
C’est pourquoi tu veux rester
Elle te sert du thé au jasmin
Et quand tu voudrais lui dire
Tu n’as pas d’amour pour elle
Elle t’appelle dans ses ondes
Et laisse la mer répondre
Que depuis toujours tu l’aimes
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton cœur
Il était un pêcheur venu sur la terre
Qui a veillé très longtemps
Du haut d’une tour solitaire
Quand il a compris que seuls
Les hommes perdus le voyaient
Il a dit qu’on voguerait
Jusqu’à ce que les vagues nous libèrent
Mais lui-même fut brisé
Bien avant que le ciel s’ouvre
Délaissé et presque un homme
Il a coulé sous votre sagesse
Comme une pierre
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une flamme brûle dans ton cœur
Suzanne t’emmène écouter les sirènes
Elle te prend par la main
Pour passer une nuit sans fin
Comme du miel, le soleil coule
Sur Notre Dame des Pleurs
Elle te montre où chercher
Parmi les déchets et les fleurs
Dans les algues, il y a des rêves
Des enfants au petit matin
Qui se penchent vers l’amour
Ils se penchent comme ça toujours
Et Suzanne tient le miroir
Tu veux rester à ses côtés
Maintenant, tu n’as plus peur
De voyager les yeux fermés
Une blessure étrange dans ton cœur.
mardi, février 11, 2020
682_ Ahmed Zitouni_ entretien
Ahmed Zitouni. Romancier : «La critique des soubresauts du bled lointain est si facile depuis Paris»
- Avec du sang déshonoré d’encre à leurs mains, roman, Éd. Robert Laffont, Paris, 1983
- Aimez-vous Brahim ?, roman, Éd. Pierre Belfond, Paris, 1986
- Attilah Fakir (Les derniers jours d’un apostropheur), roman, Éd. Souffles, Paris, 1987, Prix de l'Évènement du Jeudi
- Éloge de la Belle-Mère, essai, Éd. Robert Laffont, Paris, 1990
- La veuve et le pendu, roman, Éd. Manya, Paris, 1993
- À mourir de rire, fiction française (collection destinée à l’enseignement du français langue étrangère), Kaléïdoscope Publishers, LTD, Gyldendal Éducation, Copenhague, 1997
- Une difficile fin de moi, roman, Éd. Le Cherche–Midi, Paris, 1998
- Amour, sévices et morgue, roman, Éd. Parc, Paris, 1998
- Manosque, aller-retour, nouvelle, Éd. Autres Temps, Marseille, 1998
- Y a-t-il une vie avant la mort ? Éd. de La Différence, 2007
- Au début était le mort (La corde ou le chien) Éd. de La Différence, 2008
lundi, février 10, 2020
681_ Kaouther ADIMI : Nos richesses
Les Vraies Richesses- photo Farouk Batiche |
Photo Fabienne Richard- Ouest France |
plus une vidéo ici : http://ahmedhanifi.com/nos-richesses-roman-de-kaouther-adimi/
Mediapart.fr
«Nos richesses»: Alger, capitale littéraire
26 août 2017 Par Pierre Benetti (En attendant Nadeau)
Nos richesses est dédié « à ceux de la rue Hamani ». Il peut s’agir des habitants actuels d’Alger. Ou bien de ses habitants disparus, en particulier ceux qui ont vécu l’aventure de la librairie Les Vraies richesses. En s’appropriant l’histoire de ce lieu et en imaginant sa destruction, le troisième roman de Kaouther Adimi célèbre Alger comme l’une des capitales mondiales de la littérature.
Sans lui faire perdre de sa vivacité, l’auteure de Des pierres dans ma poche (Seuil, 2016) reconstitue l’histoire littéraire, éditoriale et intellectuelle de sa ville natale, à travers des fragments tirés de plusieurs époques. Volontiers rapide, voire pressé, le récit court de 1930 à 2017, de la célébration du centenaire de la conquête coloniale à une déambulation personnelle qui observe, avec lucidité et tranquillité, les transformations de l’Algérie indépendante ; de l’ouverture des Vraies richesses (enseigne empruntée à un titre de Jean Giono) par Edmond Charlot, alors étudiant de Jean Grenier au lycée d’Alger, au déménagement brutal des stocks de livres par un personnage nommé Riyad, qui pourrait avoir le même âge, mais ne connaît plus personne au pays de ses ancêtres.
Kaouther Adimi © Hermance Triay
Entre-temps, les violences de la colonisation, de la Seconde Guerre mondiale, de la décolonisation, de la dictature et de la guerre civile ont pénétré ce lieu qui tient à la fois de la caverne d’Ali Baba et de l’île au trésor, de refuge pour la pensée et de fenêtre sur le monde. Son créateur génial et consciencieux réapparaît à travers les extraits d’un journal imaginaire, qui a parfois de stupéfiants effets de document historique. Kaouther Adimi a enquêté dans les livres et les archives, auprès des témoins. Elle semble aussi avoir poursuivi les liens plus ambigus, plus souterrains qui unissent le passé historique, le présent du voyage et le temps intermédiaire du roman, ceux qui relient la France à l’Algérie, Edmond Charlot à Riyad et à elle-même.
La Parisienne Adrienne Monnier servit de modèle à cet enfant de parents français installés en Algérie lorsqu’il ouvrit, en 1935, une librairie « qui ne serait pas juste un commerce mais un lieu de rencontres et de lecture ». Mais la première lança la boutique de la rue de l’Odéon l’année de la naissance du second, 20 ans plus tôt. Et lui eut des ambitions peut-être plus politiques, du moins si l’on en croit son journal inventé : « Faire venir des écrivains et des lecteurs de tous les pays de la Méditerranée sans distinction de langue ou de religion, des gens d’ici, de cette terre, de cette mer, s’opposer surtout aux algérianistes. Aller au-delà ! »
La librairie Les Vraies richesses, après qu'elle a été plastiquée.
Ils seront nombreux à venir. Jean Amrouche, Himoud Brahimi, Albert Camus, Mohammed Dib, Mouloud Feraoun, Max-Pol Fouchet, André Gide, Armand Guibert, Emmanuel Roblès, Jules Roy, Antoine de Saint-Exupéry, Jean Sénac, Kateb Yacine… tous – un cercle d’amis, on peut le noter, déserté par les femmes – nourrissant cette « pensée méditerranéenne qui ne se limite pas au môle d’Alger », incarnée par ce local de quatre mètres sur sept, rempli de textes en arabe et en français, de littérature et de livres religieux, de poésie et de science. Un lieu comme en rêvent de nombreux lecteurs et voyageurs. Planté dans une terre ouvrant sur le monde, fondé par un groupe mais tenu par un principe d’accueil, riche de toutes ses possibilités, de toutes les aventures à y vivre.
Les Vraies richesses devient bibliothèque, librairie, galerie d’art, maison d’édition. Son ancrage géographique, au cœur de cette ville arabe et francophone, africaine et coloniale, lui interdit d’être coupé des entrelacements de l’histoire. Edmond Charlot traverse le XXe siècle, saisissant les œuvres en grand éditeur, s’appropriant les moments historiques en acteur de son époque, se battant avec le courage démesuré des rêveurs pour faire tenir son royaume près de s’effondrer à la moindre secousse. Il n’est pas un éditeur local, mais international, publiant Pierre Jean Jouve et García Lorca, Gertrude Stein et Rilke. Les intellectuels d’Alger se construisent avec lui. La ville elle-même se découvre surréaliste et absurde, antifasciste et anticoloniale, au cœur des idées et des combats du XXe siècle, qui se font avec des armes et du papier. Les livres amassés au 2 bis, rue Charras forment une fragile forteresse contre les bouleversements de l’histoire. Emprisonné par Vichy, le libraire-éditeur est victime de deux attentats de l’OAS. Alger subit, se bat, s’adapte, oublie. Le roman alterne un journal personnel et une parole collective, regroupée sous un « Nous » qui dit : « Nous sommes les habitants de cette ville et notre mémoire est la somme de nos histoires. »
En ce début du XXIe siècle, le jeune Riyad, inquiet et peu drôle, ne partage pas la passion pour la littérature dont Edmond Charlot, mort en 2005, avait fait sa vie. Cela tombe bien, il a été embauché pour vider la librairie, vendue dans l’indifférence à un marchand de beignets. Alger est devenue triste et enfermée en ses murs, cachée derrière la Méditerranée et le Sahara. Les agents de renseignement notent les faits et gestes de chacun dans leurs petits carnets, les spectateurs des matchs de foot disent aux plus vieux de se taire, même s’il s’agit du résistant Abdallah, vieux gardien de la boutique, pas plus lecteur que Riyad mais respectueux de la folle œuvre d’Edmond Charlot.
Grâce à lui, une littérature de résistance est entrée dans ce port de l’Afrique et de l’Europe. À travers la figure de Riyad, Alger est aussi faite des échecs inutiles, des violences sans mémoire, des fractures coloniales inachevées. Livre d’hommage d’une génération à une autre, Nos richesses est rempli de la frénésie intellectuelle et politique d’une époque et d’une ville fascinantes. Kaouther Adimi la rejoue pour mieux en évoquer la disparition, avec autant de nostalgie que d’espérance.
Kaouther Adimi,
Nos richesses, Seuil, 215 pages, 17 €.