Lisez, « Sous le pont, la mort au bout » – juillet 2014, un parmi les mille
Sous le pont la mort au bout
Des enfants tournent autour de la fontaine
D’eux tout autour
Flotte comme une belle aubaine
Au large des uniformes chargés de haine
Dans leur misère intérieure
Des montagnes de laideur
Les mômes jouent sur la plage près du palace
Loin des voyous
Qui du navire menacent
Ils ajustent la ligne de mire, les rapaces
Dans leur misère intérieure
Des montagnes de laideur
La douleur des enfants déchiquetés monte
Dans le ciel bas
Dans le navire de la honte
On compare la dextérité, on confronte
Dans leur misère intérieure
Des montagnes de laideur
Dans le navire les démons dansent et chantent
Ils ont semé
La mort d’âmes innocentes
Devant télés, et ambulances hurlantes
Dans leur misère intérieure
Des montagnes de laideur
Sur la plage des pêcheurs on ne joue plus
Le sable et le ballon sont orphelins
Des bambins de la plage rouge de Gaza
Les bombes des marins les ont écharpés
Dans leur misère intérieure
Des montagnes de laideur.
Ahmed Hanifi
Marseille, le 18 juillet 2014
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L’humanité, le 9.10.2023
Par Pierre Barbancey
En Israël, l’occupation en question
Le quotidien Haaretz fait porter à Benyamin Netanyahou la responsabilité de ce qui se passe. Plusieurs associations et personnalités font de même. « Nous payons le prix de la mise en cage de deux millions de personnes », explique le journaliste israélien Gideon Levy à l’Humanité.
En France, certains voudraient faire taire tous ceux qui pointent du doigt la politique d’occupation et de colonisation comme facteur principal des violences auxquelles on assiste. Pourtant les mêmes devraient regarder ce qui se passe en Israël.
L’émotion est évidemment très forte, mais elle n’empêche pas la clairvoyance. Gideon Levy, journaliste israélien respecté, qu’on peut difficilement soupçonner d’antisémitisme, explique ainsi à l’Humanité que « tout le monde est sous le choc. C’est vraiment sans précédent et il est très difficile d’expliquer ce qui s’est passé ». Pour lui, « sur un plan plus stratégique, c’est le résultat de l’arrogance d’Israël. Croire qu’il peut continuer avec le siège de Gaza, mettre deux millions de personnes dans une cage et ne jamais en payer le prix… Nous en payons maintenant le prix ».
Il va même plus loin, expliquant que l’attaque de samedi n’a qu’un seul lien, qu’une seule raison : l’occupation. « Les gens sont assiégés. Ils sont mis en cage pendant dix-sept ans. Et la seule façon pour eux de rappeler au monde et à Israël leur problème est par la violence. Quand ils restent immobiles, quand ils restent assis, personne ne se soucie d’eux. »
Pour Haaretz : « Netanyahou porte la responsabilité de cette guerre Israël-Gaza »
Le quotidien israélien Haaretz, lui, n’y va pas par quatre chemins. Son éditorial, qui ferait peut-être scandale dans l’Hexagone, est tout simplement intitulé : « Netanyahou porte la responsabilité de cette guerre Israël-Gaza ». On peut ainsi lire : « Le premier ministre, qui s’est enorgueilli de sa vaste expérience politique et de sa sagesse irremplaçable en matière de sécurité, a complètement échoué à identifier les dangers dans lesquels il conduisait consciemment Israël lors de l’établissement d’un gouvernement d’annexion et de dépossession, en nommant Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir à des postes clés, tout en adoptant une politique étrangère qui ignore ouvertement l’existence et les droits des Palestiniens. »
Le quotidien n’est pas le seul à dénoncer une politique qui mène Israël dans le mur, au détriment des Palestiniens. L’association Breaking the Silence (briser le silence), fondé par d’anciens officiers de l’armée pour dénoncer les exactions commises dans les territoires occupés, s’est aussi exprimée rapidement.
Avner Gvaryahu, le directeur de cette organisation, souligne que « la politique de sécurité d’Israël, depuis des décennies, consiste à gérer le conflit ». Les dirigeants politiques et militaires parlent de « sécurité », de « dissuasion », de « changement de l’équation ». Pour le responsable de Breaking the Silence, « tous ces mots sont des mots de code pour bombarder la bande de Gaza et la transformer en bouillie, toujours justifiés comme ciblant des terroristes, mais toujours avec de lourdes pertes civiles. Entre ces rondes de violence, nous rendons la vie impossible aux Gazaouis, puis nous sommes surpris lorsque c’est l’ébullition ».
’organisation Standing Together (Debout ensemble), qui réunit juifs et arabes, indique : « Ce que nous avons vu est le résultat de l’insistance du gouvernement à nous mener tous dans une impasse, sans aucune promesse d’un avenir meilleur. Nous avons vu aujourd’hui une preuve terrible et douloureuse qu’il n’y a aucun moyen de” gérer” l’occupation tout en assurant notre sécurité. Peu importe le nombre de fortifications que nous construirons, tant que la politique en place est une politique de guerre, nous continuerons à payer dans le sang. Et il est difficile d’imaginer combien de sang innocent, d’Israéliens et de Palestiniens, a été versé aujourd’hui. »
Avner Gvaryahu conclut : « L’idée que nous pouvons” gérer le conflit” sans jamais avoir à le résoudre s’effondre à nouveau sous nos yeux. Il a tenu le coup jusqu’à maintenant parce que peu de gens ont osé le contester. Ces événements déchirants pourraient changer cela. Ils doivent le faire. Pour nous tous entre la rivière et la mer. » Des paroles qui gagnent à être entendues.
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