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mardi, octobre 17, 2023

813_ LA FOIRE DU LIVRE DE FRANCFORT BÂILLONNE UNE PALESTINIENNE




 La foire du livre de Francfort s’ouvre aujourd’hui mardi 17 octobre. De nombreux éditeurs la boycottent à cause de l’annulation de la remise du prix LiBeraturpreis 2023 que l’écrivaine palestinienne Adania Shibli devait recevoir ce vendredi 20 pour son livre « Tafsil Thanawi », « Un détail mineur » (ed. Actes Sud), (Eine Nebensache en allemand). La rencontre programmée de l’autrice avec le public de la foire, en présence de Günther Orth son traducteur allemand, a également été annulée. Que raconte Adania Shibli dans son livre ? Un crime commis dans le désert Israélien durant la Naqba en août 1949 par des soldats israéliens sur une jeune bédouine palestinienne qu’ils venaient de kidnapper et violer. 

Une pétition signée par 600 écrivains dont trois prix Nobel, Annie Ernaux, le Tanzanien Abdulrazak Gurnay, la Polonaise Olga Tokartczuc a été publiée par Le Monde daté 16 octobre contre ces annulations. Cette tribune est intitulée : « La Foire du livre de Francfort déclare rendre les voix israéliennes “audibles” tandis qu’elle réduit l’espace accordé aux voix palestiniennes ». On interdit maintenant aux Palestiniens de se défendre, de s’exprimer sur la littérature. Ils se doivent même de se taire. Bientôt ne plus respirer. Je ne suis pas abonné au journal Le Monde, je n’ai donc pas accès au texte complet. Si vous l’avez, adressez-le moi. Merci.

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Le texte qui suit se trouve sur « Agence Medias Palestine ».

Qui est Adania Shibli ?

Née en Palestine en 1974, Shibli a vu ses œuvres être publiées partout dans le monde arabe et en Europe depuis la fin des années 1990. Elle a écrit des romans, des pièces, des nouvelles et des essais narratifs, tous sont publiés dans des anthologies, des livres d’art, et des magazines littéraires et culturels, et son œuvre a été traduite en de nombreuses langues, dont l’anglais, le français, l’allemand, l’italien, l’hébreu et le coréen, des langues qu’elle-même connaît.

Elle a remporté à deux reprises le Prix du jeune écrivain de l’année, de la Fondation Abdel Mohsin Qattan : d’abord en 2001 pour son roman Masaas, traduit en anglais par Paula Haydar sous le titre Touch, une nouvelle qui se concentre sur une jeune fille qui est la plus jeune de neuf sœurs dans une famille palestinienne ; et puis en 2003 pour Kulluna Ba’id Bethat al Miqdar aan el-Hub, traduit par Paul Starkey sous le titre We Are All Equally Far from Love (Nous sommes tous également loin de l’amour), sur une adolescente employée dans un bureau de poste, qui fait la découverte d’une mystérieuse série de lettres d’amour.

Si elle a écrit trois romans en arabe, Shibli a également travaillé sur des œuvres non fictionnelles, notamment un livre d’art intitulé Dispositions et une collection d’essais éditée sous le titre A Journey of Ideas Across : In Dialogue with Edward Said (Un voyage d’idées à travers : un dialogue avec Edward Said).

Shibli, qui vit entre Jérusalem et Berlin, est titulaire d’un doctorat de l’Université de Londres-Est et elle a également consacré une grande partie de son temps à la recherche universitaire. Elle a été professeure invitée au Département de philosophie et d’études culturelles à l’Université Birzeit, en Palestine.

De quoi parle Un détail mineur ?

Le dernier roman de Shibli se déroule en deux étapes et tourne autour d’un crime violent commis durant l’été 1949 en Palestine, quand des soldats israéliens exterminent un campement de Bédouins dans le désert du Néguev, dont une adolescente qui est violée, tuée et enterrée dans le sable.

Bien des années plus tard, une autre jeune femme de Ramallah part à la découverte des évènements qui entourent cet acte odieux, qualifié de crime « mineur » à l’heure actuelle, qui a été commis 25 ans jour pour jour avant sa naissance.

« Il en résulte une méditation obsédante sur la guerre, la violence et la mémoire, allant au cœur de l’expérience palestinienne de la dépossession, d’une vie sous occupation, et la difficulté persistante de reconstituer un récit face à un effacement et une déresponsabilisation toujours en cours », peut-on lire dans la description du livre sur le site de l’International Booker Prize.

Depuis sa sortie, le livre a été largement salué par les cercles littéraires du monde entier.

Parmi ses admirateurs, le romancier sud-africain et lauréat du Prix Nobel, JM Coetzee, qui déclare : « Adania Shibli fait un pari en confiant notre accès à l’évènement clé de son roman – le viol et le meurtre d’une jeune Bédouine – à deux narrateurs profondément égocentriques – un psychopathe israélien et un détective amateur palestinien avec un degré élevé d’autisme – mais sa méthode d’indirection se justifie pleinement quand son livre en arrive à sa conclusion décapante».

Dans une critique dans The Guardian, un intervenant écrit : « La terreur que Shibli évoque s’intensifie lentement, ardemment, jusqu’à ce qu’elle reluise sur la page… Le livre est, à chaque étape, dangereusement et terriblement bien écrit ».

« Ma littérature ne parle jamais de la Palestine »

Bien que Shibli maîtrise un certain nombre de langues, elle n’écrit la fiction que dans la langue arabe, « parce que cette langue est une sorcière – une sorcière incroyable, drôle, folle, généreuse, et indulgente » dit-elle dans un entretien avec Bomb Magazine, en 2020.

« Elle m’a tout permis» dit-elle. «C’est l’espace de la liberté la plus intime que j’ai connue dans ma vie ».

Une grande partie de ce qu’elle a écrit se concentre sur la Palestine, même si elle affirme que sa préoccupation pour sa patrie est personnelle, plutôt que littéraire.

« Elle forme ma littérature ; mais ma littérature ne parle jamais de la Palestine», dit-elle dans la publication. «Elle se situe plutôt à l’intérieur et à partir de la Palestine comme une condition de l’injustice ; de la normalisation de la douleur et de la dégradation. Elle révèle les limites de la langue ».

Et elle ajoute : «Ma quête dans le cas de la Palestine n’est pas de m’occuper des opinions et des postures, mais de ceux qui souffrent. Nous n’avons que nous-mêmes dans de tels cas, car les privilégiés ne risqueront jamais leur privilège s’ils peuvent continuer à l’utiliser».

Source : The nationalnews 

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Voici ce qu’en dit l’éditeur français (Actes Sud) de « Un détail mineur »

En 2003, un quotidien israélien, Haaretz, révèle qu’en août 1949 des soldats ont kidnappé, violé collectivement, puis tué et enterré une jeune bédouine du Néguev. Un crime qui s’inscrit dans la lignée des massacres commis à cette époque charnière pour terrifier ce qui restait des habitants de cette zone désertique.

Soixante-dix ans plus tard, Adania Shibli s’empare de cet “incident” dans un récit qui s’articule en deux temps nettement marqués. La première moitié relate le déroulement du crime avec une objectivité quasi chirurgicale. Elle met en scène deux personnages principaux : un officier israélien anonyme, maniaque de l’ordre et de l’hygiène, qui envahit les pages de sa présence hypnotique, et sa victime, comme lui jamais nommée. La seconde partie est narrée à la première personne, sur un ton très subjectif et ironique, par une Palestinienne d’aujourd’hui, obsédée par un “détail mineur” de l’incident : le fait qu’il se soit produit vingt-cinq ans jour pour jour avant sa naissance. Bravant les obstacles imposés par l’occupant, elle parvient à se rendre dans le Néguev dans l’espoir d’exhumer le récit occulté de la victime. Mais la détective en herbe ne tardera pas à tourner en rond… Longuement mûri, ce roman décapant dénonce en peu de pages, au-delà du contexte israélo-palestinien, le viol comme banale arme de guerre, et aborde subtilement le jeu de la mémoire et de l’oubli.

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