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mercredi, octobre 30, 2024

880 - DE MARSEILLE AU SILA 2024 (1)






Préambule. Ce qui suit est écrit avec une certaine spontanéité. N'y cherchez pas des formules, des figures de style... C'est la perception du monde au plus près de l'instant. Crue. Directe. Il n'y a point de littérature ici. Enfin....


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Du 18 au 30 octobre 2024


Très tôt le matin du Jeudi 17 octobre 2024. Temps humide. 6h30, nous ne sommes pas nombreux devant les guichets d'enregistrement du Hall 1 de l'aéroport de Marignane. Le vol est à l'heure, 8h30. Marseille Oran via Alger (moins cher).

Je lis "Vol de nuit"  (en fait il narre ses envolées au dessus, notamment, de la Patagonie) de St Exupéry. Et le temps a vite passé.




À Alger le douanier me fait remarquer que mon passeport vert a expiré, depuis six mois! Sueurs froides. "Pas de problème!"...  J'ai dû renseigner une fiche de police pour étranger. L'accueil est sympathique, mais les contrôles de bagages nombreux. 

J'ai raté l'enseigne "Passagers en transit" par ici...

J'ai dû donc sortir de l'aéroport international, faire quelques centaines de mettre et rentrer dans l'enceinte de l'aérodrome national. Nombreux contrôles. Tout se passe bien. Un café au "One Way Coffe" (on se croirait en GB) Exit souvent le français. Petites vengeances. 150 DA.

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 Embarquement pour Oran à 12h30. Le commandant de bord est une commandante. Envol à 13h30 dans un ATR 72 (société italo-française, avec capacité de 68 à 74 passagers). C'est mon baptême de l'air avec ce type. J'écris sur mon calepin: " Une sorte de fierté et d'émotion m'envahit" d'autant qu'à ma droite, côté couloir, le siège est occupé par une jeune femme militaire, manifestement gradée. Nous discutons un peu. Elle aurait pu choisir une autre voie... Mais enfin. Il y a pas mal de vent. Perturbations. 

M. est venu m'attendre. Direction le grand est de la ville. Son nouvel appart.


Lorsque je reviens au pays, de manière instinctive, je me dirige vers les lieux qui ont marqués mon histoire et eux par elle imprégnés. Il en va ainsi de la famille et de Gambetta donc, mais aussi de M’dina j’dida, de l’avenue Maata Mohamed et du Derb, de ce qui fut jusqu’à peu LE centre-ville : Soummam, la Bastille, place du 1° novembre etc.

 

J’ai rencontré un ami de longue date. Et vous savez ou non, mais lorsqu’on atteint un âge certain, on ne se contente plus d’inventer l’avenir. On se réfugie dans un idéal, toujours enfoui dans la mémoire, rarement devant nous. Mais nous ne sommes pas dupes. On rigole beaucoup.


Je renoue les contacts avec quelques institutions en lien avec la culture. Préparation d’ateliers…

 

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Sur Facebook, ces mots vendredi 25 octobre  : « UN PRIX LITTERAIRE PRESTIGIEUX ORNERA BIENTÔT (très probablement) LE REVERS CRANTÉ DE LA VESTE TRÈS CHIC ET DE CIRCONSTANCE D'UN ÉCRIVAIN QUI CONFOND LES SIÈCLES. ON PEUT LIRE EN EFFET EN PAGE 121 DE SON DERNIER LIVRE CECI:  " LE 31 DÉCEMBRE 1999 ON ALLAIT CHANGER... DE SIÈCLE" . 

Erreur de collégien. Le 21e siècle a commencé en 2001 comme le 20e en 1901, le 19e en 1801, le 18e en 1701 etc. J'ai fait la remarque à l'auteur ( à Manosque le mois dernier - cf mon blog) qui s'est contenté de hausser les épaules, ainsi que la modératrice qui me prit de haut et qui s'exclama "merci monsieur le professeur, c'est une coquille!" et de regarder l'une et l'autre le plafond toilé. Tu parles d'une coquille !

D'autres erreurs et approximations factuelles et d'écriture (littéraires) entachent le livre. À lire cependant.

Les éditeurs trop pressés n'ont rien vu. Mais les Académiciens faiseurs de rois feront-ils la fine bouche le 4 novembre ? »

LIRE ICI DÉTAILS:

http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2024/09/872-kamel-daoud-aux-correspondances-de.html



 


Une de mes madeleines, le sfenge, même deux avec un verre de thé à la menthe évidemment à la Tahtaha de M’dina J’dida.

 






Derrière le musée Zabana se trouve la rue Chemloul et dans cette rue la « Résidene d’Yves Saint Laurent, sa maison natale et de jeunesse, jusqu’à ses 18 ans et son départ pour « la Métropole ». Un tour. Maison achetée par Mohamed Affane (les hôtels Liberté). Bien restaurée. Meublée de souvenirs… (photos)


 

 






















Je redescends vers le lycée Pasteur. Devant l’ex arrêt « SOTAC » (aujourd’hui arrêt du 11) un joli café avec terrasse et barnum.




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 Le 26, sur FB

 Nous n’étions pas nombreux au « Théâtre La Fourmi », près de l’arrêt « Les trois cliniques » du tram (quartier USTO). Un des rares lieux où la culture se meut à Oran qui possède moins de cinq librairies (et non papèterie), ou six. Si vous en connaissez plus, informez-nous (des librairies et non des papèteries). Une toute petite trentaine de personnes - dans une salle d’une centaine de sièges - pour apprécier le film de Hadj Fitas et Mostefa Abderrahmane, « Le dernier bouquiniste d’Oran ». C’est la deuxième fois qu’il a été présenté au public, après celui de la 12° édition du Festival international du film d’Oran qui s’est tenu récemment, (du 4 au 10 octobre (à l’ex Régent). Un documentaire très touchant, comme le principal personnage. La plupart des intervenants ont regretté le peu de cas qui est fait au monde du livre, aux librairies… Dommage qu'on n'en sait que très peu sur la vie de Âmmi Moussa. On ne sait rien ou presque sur sa vie plus jeune, sur sa famille...

J’ai pris la parole pour dire que dans mon dernier roman (« Traversées… » à paraître dans une dizaine de jours chez Casbah), des pages entières sont consacrées à Âmmi Moussa le bouquiniste, auquel j’ai prêté une vie imaginaire.

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Le 27, je poste une vidéo que j’ai tournée le long de la nouvelle route, jusqu’à Cova. Vidéo accompagnée par ce texte : « Traversées périlleuses du miroir » commence ici, à Cova Lawa (ici = voir la vidéo). Comment parler (en l'occurrence écrire) de ce qui vous préoccupe encore alors que le temps vous pousse vers la sortie. Comment parler de l'essentiel - essence - ? Comment parler du 4, mais ici je ne peux en dire plus (le 4 est le cœur de TOUT). Comment parler du quartier (la rue) qui vous ont vu naître et grandir. Comment parler de ses proches, amis, famille de manière voilée ou par des chemins qui bifurquent car il s'agit d'un roman. Comment parler de ses voyages de ses rencontres ? Comment parler de la vie, de la quête de vérité, de son être au monde, de SA propre vérité (c'est très prétentieux je le sais, mais c'est comme ça). Alors comment ? Vous le saurez

            en lisant mon dernier roman: « Traversées périlleuses du miroir », Casbah Éditions, Novembre 2024 ;

            en venant aux différentes rencontres/dédicaces au Salon International du Livre d'Alger (6-16 novembre 2024)

            en participant aux différents ateliers que j'animerai à Oran (en divers lieux). J'y réserverai (discrètement) quelques minutes à mon roman.

Merci à vous. - АН.

 

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Le 28 j'ai assisté à la Bibliothèque Sophia à une rencontre animée par les chercheurs Berrached Mohammed auteur de "Le proverbe algérien en culture d'entreprise" et le Pr. Lakhdar Barka (auteur de l'avant-propos livre). La rencontre a porté sur les proverbes algériens dans l'Entreprise.








Une de mes madeleines, le sfenge, même deux avec un verre de thé à la menthe évidemment à la Tahtaha de M’dina J’dida.

   

                                                                   Je ne vous raconte pas le marché mythique "La Bastille"...


Près de la cathédrale, sous les arcades, j’achète chez un bouquiniste (vieille connaissance) deux livres de Taos Amrouche, 500 DA pièce: Le grain magique ( un recueil de poèmes de contes...) et Solitude ma mère, son dernier roman préfacé par François Maspéro. Désillusionnée madame Taos A. : « À quoi bon avoir appris à lire et à écrire, avoir même, tant bien que mal, suivi le Christ ? Je serais toujours une étrangère, une indigène (ce mot en italique) p 95.


 

 

 

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Le 1° novembre. Nous sommes heureux de la libération de nombre de détenus d’opinion, dont El kadi Ihsène. J’écris :

« UN HOMME LIBRE. Beckett, Orwell, Eluard et d'autres se bousculent pour te chanter, mais comment te dire, comment dire comment dire comment dire... »

 


 

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Samedi 2 novembre, je poste sur FB


Triste. Il y a quelques jours, à l'hôtel Liberté, il nous présentait avec émotion son documentaire sur Ammi Moussa. Abderrahmane Mostefa a été emporté hier par une crise cardiaque. Allah yerhmeh.

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De Fellahi lahouari/Warry Fellahi: "Malheureusement, le photographe et réalisateur Abderrahmane Mostefa est décédé après une crise cardiaque hier...

J'ai eu la dernière rencontre intime avec lui, la matinée de projection du documentaire "Moussa" qu'il a produit avec l'ami réalisateur Hadj Fitas au festival du film arabe d'Oran...

Son départ a laissé un choc à tous ceux qui l'ont connu de loin comme de près...

Inna lillahi wa inna ilayhi rajioun. Qu'Allah bénisse si mustafa avec sa grande miséricorde..."

 

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Et un peu plus tôt





Ce matin... dimanche 3 novembre 2024



 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


vendredi, octobre 11, 2024

879_ Peut-on aimer un pays qui n’est même pas un pays _ La Palestine - Mona Chollet

 J’offre ce très beau texte de Mona Chollet « Peut-on aimer un pays qui n’est même pas un pays » à tous ces petits qui vendent leur humanité honteuse pour une obole, pour une reconnaissance, un maroquin moisi, ou même pour un prix littéraire véreux, pour un compte en banque fouetté. J’ai pitié pour leurs subterfuges, leurs vaines génuflexions devant les génocidaires israéliens et leurs inconditionnels européens ou non. Merci madame Mona Chollet pour les martyrs palestiniens.


Extrait de l'émission de F5, "La Grande librairie", hier mercredi 10 octobre 2024.






jeudi, octobre 10, 2024

878_ PLACE DE LA NATION _ 2022-1953 _ de Michèle Audin

 

 
in Ouest France
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J’écrivais récemment, le 7 juin tout de même, ceci (sur Facebook) :

 

« Voyez la photo. Il s’agit de ma tanière, de mon antre, de mon bureau. Oui, de ma planque… (…)… PS : Maintenant vous avez une idée de l’Oulipisme ! (parmi les noms célèbres : Georges Perec, Raymond Queneau, Hervé Le Tellier, Michèle Audin…) Personnellement cela me passionne depuis une trentaine d’années. J’utilise très souvent ces auteurs et d'autres de la même ‘lignée’ de la même fibre, dans l’élaboration de mes ateliers d’écriture créative (et dans mes romans bien évidemment)…. depuis…. depuis…. Je n’ai pas trouvé en Algérie un auteur qui s’en revendique, qui écrit en usant des « stratagèmes » Oulipiens. Il est vrai que je n’ai pas tout lu. Allez, commençons. » etc.

 

(Pour les détails lire ici : http://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/2024/06/847-ou-ouli-oulipo-une-volee-dincipit.html)

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Tout cela pour en venir à Michèle Audin. Superbe oulipenne. Audin, mais oui, évidemment, la fille de… la sœur de… Mais notre sujet c’est elle, ses écrits, pas Maurice, pas Pierre (Allah yerhamhoum). Ici je vous propose un des très beaux textes de Michèle Audin, intitulé « 13. PLACE DE LA NATION _ 2022-1953 _ Casse-Pipe à la Nation », extrait de« Paris, boulevard Voltaire » ; Michèle Audin Ed Gallimard/ l’arbalète. Paris 2023.

 

 

Michèle Audin fait revivre par ce texte ‘témoignage’ une manifestation d’Algériens qui s’est déroulée le 14 juillet 1953 complètement oubliée aujourd’hui, où six d’entre eux ont été tués par la police ainsi qu’un militant syndical. « ‘‘Pour la fête des hommes libres, ils ont massacré mes amis’’, écrivait le poète Jean Sénac en souvenir d’une manifestation qui, avant même le déclenchement de la guerre d’Algérie, s’acheva sur une tuerie en plein cœur de la capitale française. Soixante-dix ans plus tard, la mémoire s’en est presque effacée. » lit-on sur le site de « rfi.fr »

Voici le texte de Michèle AUDIN.

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13. PLACE DE LA NATION _ 2022-1953 _ Casse-Pipe à la Nation

 

À l'adresse, 2, avenue du Trône, le café s'appelle Le Dalou, en capitales, LE DALOU. Certains passants peut-être croient que « dalou » est un nom commun, celui d'un chien de montagne avec des pattes de longueurs différentes. D'autres savent qu'il s'agit d'un nom propre, mais savent-ils qui était Jules Dalou ? Sculpteur et communard, il est l'auteur de la statue de la République, celle d'ici, de la place de la Nation, qu'aucun lion, même irrespectueux, ne songerait à qualifier de « grosse dondon ». Ce n'est d'ailleurs pas qu'une République, c'est une République triomphante, Le Triomphe de la République.

En 1953, le café au 2, avenue du Trône s'appelait Café Moderne, Comme l'immeuble dont il occupe le rez-de-chaussée, il a été un des lieux de cette histoire. Sept morts, mais aussi une centaine de blessés, dont quarante par balles, oui, des balles réelles, tirées par des armes de policiers maniées par des policiers. Une manifestation. Sept morts. Six Algériens et un militant syndical français, une typologie simple mais efficace, et à l'image des tueries policières des dix années à venir. Car ce n'était qu'un prélude, et nous qui arrivons à cette extrémité du boulevard Voltaire, nous ne pouvons l'ignorer.

C'est le 14 juillet 1953. En ce temps, on manifeste le 14 juillet. On se rassemble à la Bastille. C'est de là que le cortège d’aujourd'hui arrive. Les manifestants marchent sur la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Je suis arrivée par là, moi aussi. J'ai reconnu Georges Feldman, jeune homme de trente ans, venu en voisin avec sa femme, tous deux calmes et souriants, c'est une promenade, rien à voir avec les manifestations violentes des années précédentes. On est venu en famille. Les traditionnelles fillettes perchées sur les épaules de leurs pères sont là.

À la Nation, j'ai fait un demi-tour de la place et je suis arrivée avenue du Trône, devant Le Dalou, donc. La manifestation tire à sa fin. Les Algériens arrivent, qui sont presque en queue. J'ai lu que la fille de Messali Hadj était avec eux, mais je n'ai vu que des images sur lesquelles tous sont des hommes, alignés douze par douze, en costume et cravate, photo de Messali à la boutonnière.

Je sais qu'ils sont parfaitement désarmés. Endimanchés, sans armes, comme eux ou d'autres Algériens l'ont été en octobre 1961. Aujourd'hui, ils portent un grand portrait de Messali et le drapeau vert et blanc avec son croissant et son étoile rouges, c'est un drapeau tout nouveau, que presque personne n'a encore vu. Ils sont encadrés par leur propre service d'ordre.

Les manifestants passent devant moi et, sur le cours de Vincennes, où a lieu la  « dislocation », ils redeviennent des passants qui se livrent aux activités ordinaires des jours fériés. Comme beaucoup d'autres, Georges Feldman et sa femme entrent dans le métro, eux deux se rendent à Saint-Ambroise pour voir Les Enfants du paradis - ils n’ont appris la suite de l’histoire de la manifestation qu’en lisant le journal du lendemain. Ce qui reste du cortège passe devant la tribune installée sur la place, avance vers l’avenue du Trône. Les Algériens arrivent.

La fureur policière se déclenche tout à coup, Contre eux, les Algériens, mais pas seulement, aussi contre le « monsieur », comme a dit un témoin, qui voulait clairement, par ce mot, dire que cet homme n'était pas un Algérien. Les Algériens, « frustes, illettrés, primitifs », ne sont pas des messieurs. Cet homme, le monsieur, un manifestant, crie « Halte ! Au feu ! », et se place entre les Algériens et les policiers, de sorte qu'il est tué.

Je suis toujours devant Le Dalou. Déjà plusieurs manifestants sont couchés à plat ventre là, ici même, devant le Café Moderne. À trois d’entre eux le patron conseille « Allez dans l'immeuble ». Ils montent les escaliers, frappent aux portes, on ne leur ouvre pas, ils frappent encore, mais personne n’ouvre, les flics montent derrière eux, les rattrapent, « Vas-y, c'est un bicot », et ils y vont...

Arrivés en bas les trois hommes sont jetés dans un panier à salade. Le photographe du Parisien libéré qui se trouve là et photographie est matraqué lui aussi, son appareil brisé, on exige qu'il donne sa pellicule. Ne nous étonnons pas qu'il y ait encore moins de photos de ce massacre qu'il n'y en a eu de ceux de 1961 et 1962. Du café certains lancent des chaises et des bouteilles i la tête des flics.

Les malheureux policiers se sont plaints : les bouteilles d'eau de Seltz, ce sont de véritables bombes. Alors qu’eux-mêmes, les valeureux policiers, ont tiré en l'air. Pourtant, chacune de leurs balles, chaque balle retrouvée dans un corps d'homme devenu un cadavre ou pas, était parfaitement identifiable, a été identifiée, oui, on sait exactement lequel de ces policiers a tiré laquelle de ces balles – et pourtant, il leur a suffi de répéter « j'ai tiré en l'air » pour bénéficier d'un non-lieu. Pas de procès des policiers. Quand même, ces balles identifiables, c'était gênant, les non-lieux ont été plus faciles les années suivantes, avec les fameux « bidules », qui ont fait merveille le 17 octobre et à Charonne.

La terrasse du Dalou est bondée, je renonce à y trouver une place. Je fais quelques pas vers le bâtiment du dix-huitième siècle sur lequel je sais qu'une plaque très discrète informe qu’un massacre policier a été perpétré ici même, le 14 juillet 1953. Je me retourne vers la colonne voisine qui, comme ce bâtiment et les constructions symétriques de l’autre côté de l'avenue, sont des restes de la « barrière du Trône » du mur des Fermiers généraux. Je reviens vers la place de la Nation elle-même, je commence à en faire le tour. Je m’interroge sur le lieu précis où se tenait la foire, du Trône, justement, qui s'est tecsnue là pendant... plus de mille ans. Nestor Burma y a pris un autre coup sur la tête, dans Casse-Pipe à la Nation, qui n'est pas l'histoire d'une « manif coco ». Je renseigne un père de famille avec poussette qui me demande s’il y a quelque part un ascenseur pour accéder au métro, traverse les avenues de Taillebourg et de Bouvines aux noms de batailles moyenâgeuses, me retourne vers les colonnes sur lesquelles un roi a fait placer les statues d'autres rois; Saint Louis, Philippe Auguste, les vainqueurs de ces batailles. Je lis de gauche à droite Louis, Philippe, qui forment le nom de cet autre roi, Auguste serait la signature du sculpteur, ce qui me fait rire toute seule sans m’empêcher d’éviter plusieurs trottinettes. Contrairement aux rois, la République du Triomphe de Jules Dalou regarde vers Paris. Je remarque deux femmes un peu plus âgées que moi qui portent des masques et se racontent des histoires en pouffant de rire elles aussi, et je me demande si elles ont manifesté en 1953 sur les épaules de leurs pères, ou alors en 1971 avec le MLF, ou les deux, je traverse l’avenue Philippe-Auguste, justement, et je lis une plaque de rue bleue

 

PLACE DE LA NATION

FÊTE NATIONALE DU 14 JUILLET 1880

 

ce qui n'est peut-être pas très clair, mais me fait penser à notre ami lion, qui a raté cette toute première fête nationale, mais voici le boulevard Voltaire et son numéro 283, il me reste à le redescendre.

 


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                                    in: smf.emath.fr/smf