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mercredi, avril 18, 2007

52- Les douze contes de minuit, Salim BACHI

Le dernier livre de Salim BACHI Les douze contes de minuit (Gallimard) se présente sous la forme d’un recueil de nouvelles (12 donc) de différentes longueurs allant de quatre à vingt-deux pages. Parfois une nouvelle répond comme en écho à une autre ainsi Le bourreau de Cyrtha répond-il à Enfers, Insectes à Le vent brûle

On retrouve une écriture fluide, spiralée qui fait une place non négligeable au monologue intérieur parfois démultiplié ou s’entrecroisant comme dans Histoire d’un mort. Salim BACHI nous dit à propos de ce récit « J'ai pensé écrire un roman sur le modèle de Tandis que j'agonise (W. Faulkner). Au final, je me suis retrouvé avec cette nouvelle. » Une symphonie à plusieurs voix comme dans la tragédie Compson dans « Le bruit et la fureur » du même Faulkner. Sami BACHI amalgame avec bonheur jeux de mots, interruptions syntaxiques, avec des phrases s’interrompant à mi-parcours, ou autrement des phrases sans fin ou un texte de plusieurs pages délesté de toute ponctuation comme une mer sans fin (Le naufrage). Une écriture qui « s’attaque aux formes périmées du dialogue, aux alinéas, aux tirets… » pour reprendre les mots de Gaëtan Brulotte.

Les nouvelles sont des récits allégoriques sur l’Algérie des années 1990, d’ailleurs ce passé ne cesse de cogner tout au long des douze coups ou contes. Un pays où des hommes qui luttent contre toute forme d’oppression, qu’elle émane de l’Homme, des islamistes qui ont « perdu la religion de (leur) mère » de Big Brother, du pouvoir militaire ou d’une Instance-béquille ; des hommes qui ne demandent qu’à survivre (Le naufrage, Le messager, Le cousin)

Extraits de Le naufrage :

« cette garce avec son mioche ses yeux bleus comme la mer affreuse qui délivra ces cadavres car ce sont des pieuvres et je les hais comme je hais ce foutu enfant de putain qui pour m’avoir tendu la main croit exercer son pouvoir sur moi je n’ai pas à prendre ce sceau ni à écoper puisque je ne suis pas son esclave l’esclave de personne d’ailleurs qu’il le fasse lui l’homme civilisé avec ses boniments sa morale moi je veux qu’il crève sous mes yeux »

de Nuée ardente :

« Quand le mal fut venu, le Colonel se trouva fort dépourvu ; il ne se sentait pas l’âme d’une fourmi, lui qui régnait sur ses sujets comme Belzébuth sur ses mouches. C’était une lèpre qui s’attaqua d’abord à sa chair avant de s’en prendre à son âme. A chaque once de peau qu’il perdait, il rendait grâce pour les forfaits commis durant sa brève mais terrible existence. »

De cette nouvelle Salim BACHI dit qu’elle est « une de mes premières nouvelles, écrite au début des années 90 sur le modèle de l’Automne du patriarche et des Funérailles de la grande mémé, (1962) de Garcia Marquez. » qui préfigure l’extraordinaire Cent ans de solitude.

Mais Les douze contes de minuit, où l’on retrouve des personnages de « l’immémoriale Cyrtha », d’Ulysse, de La Kahéna, de Tuez-les tous ; Hchicha Hamid Kaïm, la tribu des Béni Djer…, ces douze contes de minuit ont-ils sonné pour Cyrtha comme l’indique la quatrième de couverture ? Salim BACHI est resté silencieux sur cette question. Pour le moment.

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