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vendredi, février 27, 2009

136- Contibution et... Confusion: Francophonie, nationalité...

Impressions à chaud: Voici un article dur à l'encontre des écrivains algériens d'expression française qui devraient selon cet écrivain-universitaire avoir honte de rechercher la gloire et la reconnaissance internationale.
L'article introduit des confusions. Les algériens ont chassé la France d'Algérie, il n'y a pas aujourd'hui à rechercher à intégrer la francité écrit-il. Il écrit aussi que ces Algériens se définissent comme tels mais agissent en Français, sans expliquer ce qu'il entend par cette sentence.
Selon A. Merdaci le problème fondamental des Algériens serait leur difficile recherche de positionnement dans la langue, la culture et les institutions françaises.
Confusions et contradictions. Il écrit en effet en substance que les écrivains Algériens des années de guerre (dont K. Yacine) s'inscrivent dans une "démarche d'accompagnement bienveillante, qui pour généreuse qu'elle fut, n'était pas exempte d'arrières-pensées".

Ces démarches d'accompagnement bienveillante et les arrières pensées coloniales eurent-elles sur K. Yacine et d'autres des influences telles que ces derniers se renièrent?. Assurément non. D'ailleurs A. Merdaci le dit lui même plus loin dans son article en se contredisant donc. Alors pourquoi ce serait le cas aujord'hui dans un environnement apaisé?
Merdaci vise Sansal le "harrag" sans le nommer explicitement. Merdaci rêve d'un "écrivain Algérien de langue française qui imposerait son oeuvre non plus à Partir de Paris, mais d'Algérie (et non d'Alger. Il y a comme une forme de lapsus ici), comme si cela ne tenait qu'à l'écrivain de le décider. Sansal n'écrit pas de Tataouine mais d'Algérie. S'il est reconnu ici il n'en tient qu'à ceux qui l'ont ainsi désigné auteur de talent.
Ecrire que ce dernier (comme d'autres) a abandonné voir renié sa nationalité algérienne est d'un raccourci manifeste qui frise la malhonnêteté. Monsieur Merdaci ne semble pas avoir lu " Poste restante: Alger" ou "Petit éloge de la mémoire..."

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Le Soir d'Algérie: 25 février 2009

Culture : CONTRIBUTION

Francophonie, nationalité et insularité littéraire (1e partie)

Par Abdellali Merdaci


Jamais la question de l’identité nationale des expressions culturelles ne s’est posée de manière aussi nette en Algérie qu’en ces dernières années. La double nationalité triomphe aujourd’hui dans la peinture, le cinéma et la musique. Et même, au nom de motivations diverses, dans la littérature.

Par Abdellali Merdaci



Dans cette quête – souvent déçue, toujours malheureuse — de nouvelles qualifications juridiques aux productions culturelles et à leurs auteurs, il y a pour une nouvelle génération d’artistes, nés et ayant grandi en Algérie, l'abandon de leur nationalité. Leur rapport à l’ancienne puissance colonisatrice est-il si prégnant pour tracer les frontières d’une insularité culturelle ? Ni la génération de la guerre d’indépendance qui continue à conduire le pays ni celles de l’indépendance n’ont su exorciser le passé colonial de l’Algérie et plus précisément ses crises identitaires. L’indépendance et la formation d’une nouvelle nation ont-elles réellement donné une nouvelle identité propre aux anciens indigènes ? Aujourd’hui, non seulement dans le champ culturel, mais aussi curieusement dans le champ politique, beaucoup d’acteurs restent indéterminés dans leur identité. Ils sont à la fois Algériens, mais aussi Français, parfois même Marocains, Américains et Canadiens. Cette labilité de l’identité juridique, cet «entre-deux» insurmontable, n'est-elle pas tragiquement vécue dans le microcosme littéraire qui reste entre tous le plus désemparé ? Elle engage parfois des comportements intempérants que souligne l’actualité. Faut-il ainsi donner acte au romancier Yasmina Khadra de son irritation devant les choix des jurys littéraires parisiens qui ne rendent pas justice au travail des écrivains de langue française d’Algérie, largement exprimée en France et en Algérie sur les plateaux des télévisions et dans les colonnes des journaux ? Il est, certes, vrai que la marginalisation en France des auteurs algériens, résolument absents des listes des prix littéraires de l’automne, n’est rien de moins qu’évidente et leur présence dans l’écriture française plus fragile. Il y a sans doute, dans la période actuelle, dans le sillage de Yasmina Khadra des écrivains algériens de langue française prometteurs, souvent cités, jamais promus. Leur attente de récompenses littéraires parisiennes traduit au mieux un décalage par rapport au réel politique et culturel de leur pays. Et aussi une incompréhension de son histoire coloniale et nationale. L’ouverture – très mesurée – du prestigieux Prix Goncourt aux romanciers étrangers leur donne-t-elle raison ? Il est, certes, vrai que du Suisse Jacques Chessex au Polonais Roman Gary, du Marocain Tahar Ben Jelloun au Libanais Amin Maalouf, de l’Américain Jonathan Litell à l’Afghan Atiq Rahimi, le Goncourt a souvent couronné des écrivains étrangers de langue française, même s’ils le furent le plus souvent en leur qualité d’écrivains naturalisés français. Conviendrait-il ici d’incriminer dans l’absence d’œuvres de qualité de romanciers algériens dans les palmarès des académies parisiennes les seuls vieux réflexes coloniaux ? Ou encore les mutations du champ littéraire français de ce début de XXIe siècle ? Le problème fondamental des Algériens qui n’ont jamais obtenu de grands prix littéraires français reste aujourd’hui, près d’un demi-siècle après l’Indépendance, leur difficile recherche de positionnement autant dans la langue et dans la culture françaises que dans leurs institutions, non seulement en Algérie, mais en France aussi. Ils se disent Algériens, mais ils agissent – consciemment ou inconsciemment – comme s’ils sont des nationaux français. Pour différentes raisons qui ne relèvent pas toujours de la seule clôture du champ politique algérien, ils ressentent le besoin d’être reconnus plus à Paris qu’à Alger. Comment donc s’étonner que l’ancienne puissance coloniale, définitivement séparée de leur pays, reste plus que jamais pour eux le seul arbitre des sanctions et des légitimités ? Trois axes permettent d’envisager ici une réponse.

1. UNE QUESTION FRANCO-FRANÇAISE

Longtemps la réception éditoriale et critique des œuvres et des auteurs algériens a nourri en France un paternalisme de mauvais aloi. Cette situation trouve une explication, depuis la fin du XIXe siècle, dans l’histoire des littératures de langue française dans l’espace colonial algérien et, plus précisément, dans leur présence et leur influence dans l’édition française. Pendant plus d’un demi-siècle, depuis le Sang des races (1898) de Louis Bertrand, jusqu’au début des années 1950 et au reflux parisien de l’École d’Alger, dernier regroupement structuré de la littérature coloniale, très peu d’auteurs indigènes d’Algérie sont accueillis dans l’édition parisienne et dans le champ littéraire français, plus ouverts aux œuvres et aux auteurs coloniaux. Il y a eu pendant tout ce temps dans l’édition parisienne un refus explicite d’une expression littéraire indigène en langue française. La seule légitimité qui pouvait alors être décrétée par les institutions littéraires françaises était celle de l’expansionnisme colonial et de ses expressions littéraires, de Robert Randau et Marius-Ary Leblond à Gaston de Pouvourville. Jusqu’à la veille de la Grande Guerre, la littérature coloniale triomphante, unanimement célébrée par les académies littéraires, dont le Goncourt, récompensant cinq de ses œuvres dans la première décennie du XXe siècle, était perçue comme une bouée de secours pour une littérature française anémiée. Au-delà des sensibles transformations du champ littéraire, soldant la crise de la littérature française du début du XXe siècle, de l’émergence de doctrines littéraires nouvelles et de positionnements anti-coloniaux d’auteurs issus de la gauche française et internationaliste, il n’y a pas dans l’entre-deux-guerres un basculement de l’édition française qui aurait suscité un intérêt pour l’écriture indigène algérienne de langue française émergente. C’est tardivement, en Algérie même, aux rencontres littéraires de Sidi-Madani, dans la région de Blida, qui se tiennent au début de l’année 1948, que se nouent des perspectives d’échanges entre auteurs français – notamment Brice Parrain, Louis Guilloux, Jean Cayrol – et indigènes. Les portes de l’édition française ne font alors que s’entrouvrir. Dans le demi-siècle d’histoire littéraire algérienne, si les cas du Capitaine Ben Cherif et de Mohammed Dib, parrainés par le gouverneur général Célestin Jonnart et par Jean Cayrol, sont les plus manifestes, les débuts de Kateb, encouragés par le gouverneur général Chataigneau, de Feraoun, de Mammeri et bien d’autres auteurs du début des années 1950, s’inscrivent aussi dans cette démarche d’accompagnement bienveillante, qui pour généreuse qu’elle fut, n’était pas exempte d’arrière-pensées. La guerre d’indépendance changeait considérablement les enjeux éditoriaux dans le champ littéraire français et redéfinissait son regard sur des auteurs algériens nouveaux, aux qualités certes reconnues, surgis dans les feux et les déchirements de la guerre.

(A suivre)

A. M.

Écrivain-universitaire.

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Le Soir d'Algérie: 26 février 2009

Culture : CONTRIBUTION

Francophonie, nationalité et insularité littéraire (2e partie et fin)

Par Abdellali Merdaci

De l’indépendance à nos jours, les relations de l’édition française – et singulièrement parisienne – avec les auteurs algériens se fixent dans le registre désuet d’un effarant spectacle de montreurs de singes savants : la littérature algérienne de langue française n’est tenue que de satisfaire l’imparable curiosité du fameux notaire de Carpentras, une sorte d’archétype de lecteur, né dans les limbes de la classe moyenne française, «sudiste» par choix, un rien raciste, un rien revanchard – notamment sur le chapitre des anciennes colonies – et dont l’appétence littéraire ne s’éveille qu’aux prophètes du malheur algérien.

S’ils soulèvent – au mieux – une curiosité compatissante, ces Algériens, qui parlent et écrivent le français, ne sont toujours pas, malgré l’onction d’immortalité de Mme Djebar, reçus dans les académies littéraires. Le parcours et l’aura des écrivains algériens ne sont pas, le plus souvent, mesurés dans le champ littéraire parisien à l’aune d’un travail authentique de création, mais aux écœurantes gesticulations sur les affaires politiques internes de leur pays. Et Yasmina Khadra parle juste lorsqu’il désigne à Si Kaddour M’hamsadji les limites d’une réception critique du fait littéraire algérien et de ses acteurs par les opérateurs institutionnels en France et en Europe : «Pour Paris, comme pour l’Europe, pour être écouté, il faut s’inscrire dans la dissidence (…) Pour eux, il faut être dissident pour être perçu. Ils se fichent royalement de nos arts, de nos talents, de notre érudition. Les seuls tremplins qu’ils nous proposent sont la prison, les tracasseries avec le pouvoir, si bien que certains de nos intellectuels privilégient la provocation outrancière pour choquer, déclencher des réactions extrêmes et susciter l’intérêt» ( L’Expression, 12 novembre 2008). Position lucide, mais cela reste à vérifier.

2. Une problématique double nationalité littéraire

Je ne comprends pas que Yasmina Khadra qui présente une analyse pertinente du commerce étroit de l’édition française avec ses auteurs algériens puisse faire, pour son propre parcours d’écrivain, de la surenchère. Il est en effet difficile, pour lui comme pour ses compatriotes, de reprocher aux Français de vivre selon leur volonté leur littérature et leurs institutions littéraires. Mais alors pourquoi Yasmina Khadra, écrivain de nationalité algérienne, de surcroît ancien officier supérieur de l’armée algérienne et haut fonctionnaire de l’État algérien, revendique-t-il plus d’égards des jurys des prix littéraires parisiens ? Il y a certainement ici une erreur d’appréciation, un malentendu. Et aussi beaucoup de confusion. S’il est admis que l’écrivain écrit pour se constituer un lectorat, présent et à venir, il peut paraître troublant qu’il s’occupe à revendiquer, toute honte bue, gloire et consécration de toutes sortes, quand bien même il est un champion des ventes en librairie. Il l’est encore plus en France, pour un écrivain étranger, personnage officiel de l'État algérien, de faire un mauvais procès aux institutions de l'État français qui lui ont tout donné, du titre de chevalier de la Légion d'honneur à celui d'officier des Arts et lettres, en sus d'une dizaine de distinctions. Or, aujourd’hui, avec la semblable et implacable férocité jamais assouvie dont témoigne Yasmina Khadra, les écrivains algériens demandent et exigent beaucoup de la France qui ne doit se préoccuper dans ce domaine de la littérature – comme dans beaucoup d’autres – que de ses propres enfants. Ces Algériens dont les parents ont hier chassé la France d’Algérie, avec les armes et le bulletin de vote, en sont aujourd’hui à user de leur talent pour retourner dans la francité. Et à en faire leur unique horizon. Lorsqu’ils n’arrivent pas à avoir la nationalité française par le mariage ou par quelque compliquée opération de retour dans la nationalité d’origine pour les plus âgés, ils entretiennent volontairement l’ambiguïté sur leur identité nationale. Soit ils récusent leur nationalité algérienne, soit ils se muent dans une improbable universalité de l’écriture, bradant effrontément leurs ancrages historiques qui sont paradoxalement leur seule raison d’écrire. Je ne suis pas de ceux qui mettent des frontières entre les littératures, facteur de rapprochement des peuples et des cultures, mais un écrivain ouigour, croate, colombien, congolais ou algérien n’entre potentiellement dans l’universalité que par sa singularité locale. Est-ce une des nombreuses avanies des études littéraires postcoloniales ? Ces derniers mois, j’ai recensé dans les journaux algériens pas moins d’une douzaine de déclarations d’auteurs algériens qui raclent jusqu'à l'os cette insolite resucée de l’universalité de l’écriture. Cela n’a-t-il pas été répété à l’envi lors d’un colloque estival à Riad El- Feth et plus encore dans les cafés littéraires du dernier Sila ? Souvent sentencieusement, dans une emphase toute caricaturale, pour appeler de saines réparties. La question de la nationalité des hommes et des femmes de culture originaires d’Algérie a été ainsi récemment posée en des termes forts par le romancier Salim Bachi, dénonçant un «déni d’identité ou de nationalité» aux artistes algériens expatriés ( El Watan Arts & Lettres, 26 octobre 2008). S’il faut dénoncer sur cette question sensible la tentation de l’exclusion, il faut aussi pouvoir en parler, sans être diabolisé. C’est désormais un fait établi que des écrivains algériens, lorsqu’ils arrivent à poser un pied dans le Quartier latin, sont plus soucieux de tourner la page de leur pays. Ni l’intégrisme sanglant, ni l’irréductible dictature du groupe politique issu de la guerre d’indépendance, ni la médiocrité des institutions algériennes, ni la hogra, ne peuvent expliquer et justifier un abandon de la nationalité algérienne, en dehors de la recherche d’un confort personnel égoïste. N’y a-t-il pas plus d’honneur chez les footballeurs algériens qui s’expatrient pour rechercher une fortune sereine, sans en payer l’inexpiable ternissure du reniement, que chez des intellectuels infatués, honteux quêteurs d'amères provendes ? Il y a en vérité ici un inextricable problème d’appartenance à une littérature et à une culture nationales. La littérature française, qui constitue sans doute un phénomène majeur de la littérature mondiale, ne peut appartenir qu’à la France et aux seules personnes qui la choisissent sereinement comme leur pays. Il en va ainsi pour l’Algérie et pour sa littérature, quand bien même elle reste une littérature mineure. Il n’est pas indifférent de ce point de vue d’observer que beaucoup d’écrivains des années 1950-1960, Français par leur mariage, père d’enfants français, faisant une carrière française, soient restés jusqu’au bout dans la nationalité littéraire algérienne. La nouvelle génération d’écrivains n’a pas ces prévenances : plusieurs écrivains, certains formés dans le vivier de la défunte Enal, n’hésitent plus à décliner leur nationalité française en quatrième page de couverture de leurs ouvrages. Ils restent libres de leur choix et il est légitime que leur œuvre soit inscrite dans le patrimoine littéraire de leur nouveau pays d’adoption. Mais il est tout à fait indécent qu’ils puissent jouer sur la double nationalité. Il n’y a qu’une littérature française et qu’une littérature algérienne ; il ne saurait, dans les limites d’un juridisme excessif, exister de double nationalité littéraire.

3.Une nécessaire décolonisation de la littérature algérienne

Cette course effrénée des écrivains algériens vers un ailleurs, la nationalité française et cet impensable avatar de l’universalité, ne cache-t-elle pas un malaise d’être dans une position et un statut indécidables dans leur propre pays et dans leur identité juridique ? Voilà donc une autre forme de harga, il est vrai moins préjudiciable pour l’image du pays. Cette désaffection d'écrivains – leur repli désespéré et leur fuite éperdue – reste-t- elle paradoxale si on la rapporte à ce qui a fondamentalement changé cette dernière décennie. Jamais en effet la langue française n’a été aussi massivement diffusée, lue et parlée en Algérie, favorisant un nombre important de nouveaux écrivains et aussi de respectables contingents de lecteurs. Ces remarquables acquis se trouvent, en partie, compromis par un retard structurel de l’édition et de la diffusion, au moment où la critique et les instances académiques tardent à se mettre en place. L'Algérie devrait pourtant pouvoir assurer les conditions d'une véritable vie littéraire pour tous ses écrivains et dans toutes ses langues. Peut-on rêver d’un écrivain algérien de langue française qui imposerait son œuvre non plus à partir de Paris, mais d’Algérie ? N’est-il pas temps de plaider pour la décolonisation de la littérature algérienne, en fondant son autonomie, en modelant ses institutions et en ouvrant la voie aux nécessaires compétitions et gratifications de carrière en Algérie. L’État, soutenu par les associations civiles, peut encourager les métiers de l’édition, de la diffusion et de la librairie, et surtout promouvoir la lecture à travers ses nombreux établissements scolaires. Des solutions existent pour donner à beaucoup de créateurs actuels et à venir le désir de vivre intensément une carrière d'écrivain dans leur pays, sans cette indicible souffrance et ce désaveu humiliant de leur art qui les en éloigne. Le travail remarquable de découverte de jeunes talents de la Fondation Mohammed Dib, le Prix Apulée et celui des libraires, créé lors du dernier Sila, inscrivent déjà l’incontournable présence de l’auteur et de l’écriture dans notre société. Ils devraient asseoir une sûre tradition dans le champ littéraire algérien. Je me souviens que Waciny Laredj avait suggéré, il y a quelques années, la création d’un grand prix littéraire algérien. Ce serait une première approche, en attendant bien d'autres. Ce prix qui valorisera indistinctement toutes les expressions littéraires algériennes, au-delà de leur véhicule linguistique, ne relevant pas de l’initiative de l'État, est nécessaire. Les œuvres d'authentiques écrivains algériens, qui n’auront pas à se cacher derrière ce lamentable cache-sexe de l'universalité, qu’elles portent l’estampille d’un éditeur algérien ou étranger, ne recevraient alors leur toute première consécration que de leurs lecteurs algériens. Et ensuite, s'ils en ont le talent, du reste du monde. Aucun écrivain algérien n’a le droit de dire qu’il écrit pour les Algériens, s’il n’a que le seul souci d’une carrière parisienne, plus dans l'ambiguïté – et souvent l’indignité – que dans la clarté. Face au spleen parisien d’un Yasmina Khadra, il serait utile de dire qu’il y a plus de mérite pour un écrivain de qualité d’être un Naguib Mahfouz, au Caire, qu’un produit d’acculturation dans une capitale étrangère, fusse-t-elle celle de la francophonie.

A. M.

Écrivain-universitaire.

Dernier ouvrage paru : Algérie, une suite allemande, Médersa, 2008.

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