La FNAC, en partenariat avec Le Monde, a organisé ce samedi 27 en son auditorium de la Bourse une rencontre autour de Albert Camus avec Jean-Yves Guérin (Dictionnaire Albert Camus, ed Laffont), Thierry Fabre (Eloge de la pensée de Midi (Actes-Sud) et Jean-François Mattei (Albert Camus et la pensée de midi, ed : Ovadia)
Nous étions bien entre 70 à 80 personnes (tant pis pour les retardataires qui durent s'asseoir à même le sol (une vingtaine). C'est dire que l'auditorium n'est pas grand.
J-Y. Guérin : « Camus n’apporte rien sur l’Islam. La principale raison c’est la formation intellectuelle qu’il a reçue. Combien même il avait un professeur de philosophie très ouvert, jean Grenier qui n’était pas un philosophe européo-centré, il regardait vers l’Inde. Grenier ne s’est pas intéressé à la philosophie islamique. Camus n’a pas lu les philosophes arabo-islamiques qui sont souvent persans. C’est étrange mais cela s’explique. C’est pour cela qu’il parle des Arabes et pas des musulmans ou très rarement. Il y a là un aveuglement. Il y a une fermeture assez étrange.
T. Fabre : « Camus est dans le temps colonial et Camus est l’expression de cette pensée coloniale qui ne regarde pas l’Islam, qui cherche à le dénier…Camus pense avec les catégories de son temps, même s’il le fait avec une très grande singularité et une grande originalité. A la différence de ceux qui étaient dans la célébration de la colonisation, lui n’était pas dedans. Il est au départ, au PCF, il écrit Misère de la Kabylie. Il est un des premiers à écrire des choses très fortes, dès 1945, sur l’autre 8 mai 1945, celui de Sétif et Guelma, qui, selon des historiens de l’Algérie considèrent comme le véritable déclenchement de la Révolution. Camus ne voit pas ce qui est entrain de se passer dans les années trente avec la constitution d’un mouvement réformiste en Algérie avec Ben Badis qui va construire une opposition et qui va donner lieu progressivement le mouvement d’indépendance de l’Algérie. »
J-F. Mattei : « A propos de Camus et l’Islam. On ne peut pas réinterpréter l’histoire à partir de notre goût actuel dans le domaine universitaire et ailleurs pour l’Islam. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, dans les années 40 et 50, l’université française n’enseigne pas du tout la pensée islamique. Il n’y a qu’un seul grand philosophe qui est Roger Hernandez, qui est peut-être le plus grand philosophe de la pensée islamique, mais il n’est pas entendu et Henri Corbin aussi avec Le mysticisme persan. Mais cela n’intéresse pas Camus. Ce qui l’intéresse c’est la pensée chrétienne (sa thèse porte sur Saint Augustin qui est un Kabyle comme vous le savez [moi qui m’étrangle : sic et !?], ou un Berbère, c'est-à-dire un barbare étymologiquement… Les grandes références de Camus étaient Pascal et Simone Weil »
Voilà un philosophe (de renom dit-on) qui amalgame Kabyle et Berbère.
A propos de l’identité de Camus, il n’était pas un philosophe. C’est un penseur comme Héraclite, comme René Char… Il y a une dimension cosmique chez camus, à la Faulkner, aux écrivains du Sud, qui a été rejeté par l’université.
L’opposition entre Camus et Sartre a été évoquée, mais il n’y a pas eu les violences de Lenzini (de vendredi à Martigues)
Je pose deux questions. La première à propos de la réelle raison de son exclusion du PCF (je faisais référence au projet Blum/Violette et la naturalisation de quelques dizaines de milliers de musulmans, pour Camus il en fallait beaucoup plus… On m’a répondu que « la raison du point de vue du PCF était son glissement trotskyste ». Pour répondre à ma deuxième question (Pourquoi distinguer l’engagement de Camus contre l’oppression de 1940 de ses positions mitigées des années 57 et plus bien qu’il ait écrit sur la misère de Kabylie…) on a fait l’amalgame (surtout Jean-François Mattei) en me renvoyant la question « ainsi vous mettez sur le même niveau Nazisme et colonialisme » alors que j’ai parlé d’oppression.
Nous étions bien entre 70 à 80 personnes (tant pis pour les retardataires qui durent s'asseoir à même le sol (une vingtaine). C'est dire que l'auditorium n'est pas grand.
J-Y. Guérin : « Camus n’apporte rien sur l’Islam. La principale raison c’est la formation intellectuelle qu’il a reçue. Combien même il avait un professeur de philosophie très ouvert, jean Grenier qui n’était pas un philosophe européo-centré, il regardait vers l’Inde. Grenier ne s’est pas intéressé à la philosophie islamique. Camus n’a pas lu les philosophes arabo-islamiques qui sont souvent persans. C’est étrange mais cela s’explique. C’est pour cela qu’il parle des Arabes et pas des musulmans ou très rarement. Il y a là un aveuglement. Il y a une fermeture assez étrange.
T. Fabre : « Camus est dans le temps colonial et Camus est l’expression de cette pensée coloniale qui ne regarde pas l’Islam, qui cherche à le dénier…Camus pense avec les catégories de son temps, même s’il le fait avec une très grande singularité et une grande originalité. A la différence de ceux qui étaient dans la célébration de la colonisation, lui n’était pas dedans. Il est au départ, au PCF, il écrit Misère de la Kabylie. Il est un des premiers à écrire des choses très fortes, dès 1945, sur l’autre 8 mai 1945, celui de Sétif et Guelma, qui, selon des historiens de l’Algérie considèrent comme le véritable déclenchement de la Révolution. Camus ne voit pas ce qui est entrain de se passer dans les années trente avec la constitution d’un mouvement réformiste en Algérie avec Ben Badis qui va construire une opposition et qui va donner lieu progressivement le mouvement d’indépendance de l’Algérie. »
J-F. Mattei : « A propos de Camus et l’Islam. On ne peut pas réinterpréter l’histoire à partir de notre goût actuel dans le domaine universitaire et ailleurs pour l’Islam. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, dans les années 40 et 50, l’université française n’enseigne pas du tout la pensée islamique. Il n’y a qu’un seul grand philosophe qui est Roger Hernandez, qui est peut-être le plus grand philosophe de la pensée islamique, mais il n’est pas entendu et Henri Corbin aussi avec Le mysticisme persan. Mais cela n’intéresse pas Camus. Ce qui l’intéresse c’est la pensée chrétienne (sa thèse porte sur Saint Augustin qui est un Kabyle comme vous le savez [moi qui m’étrangle : sic et !?], ou un Berbère, c'est-à-dire un barbare étymologiquement… Les grandes références de Camus étaient Pascal et Simone Weil »
Voilà un philosophe (de renom dit-on) qui amalgame Kabyle et Berbère.
A propos de l’identité de Camus, il n’était pas un philosophe. C’est un penseur comme Héraclite, comme René Char… Il y a une dimension cosmique chez camus, à la Faulkner, aux écrivains du Sud, qui a été rejeté par l’université.
L’opposition entre Camus et Sartre a été évoquée, mais il n’y a pas eu les violences de Lenzini (de vendredi à Martigues)
Je pose deux questions. La première à propos de la réelle raison de son exclusion du PCF (je faisais référence au projet Blum/Violette et la naturalisation de quelques dizaines de milliers de musulmans, pour Camus il en fallait beaucoup plus… On m’a répondu que « la raison du point de vue du PCF était son glissement trotskyste ». Pour répondre à ma deuxième question (Pourquoi distinguer l’engagement de Camus contre l’oppression de 1940 de ses positions mitigées des années 57 et plus bien qu’il ait écrit sur la misère de Kabylie…) on a fait l’amalgame (surtout Jean-François Mattei) en me renvoyant la question « ainsi vous mettez sur le même niveau Nazisme et colonialisme » alors que j’ai parlé d’oppression.