Tu as depuis longtemps été adoptée
Par la communauté, adulée.
Femme au monde-fontaine,
De ta source jaillit l’universel.
Depuis le premier jour
Tu offres au passant assoiffé ta générosité.
L’invitation permanente gicle de tes yeux voilés,
De ton corps en alerte, ton cœur en ébullition.
Même s’ils savent que tu n’as jamais froid,
Que tu restes de marbre devant leur turpitude
Qu’il vente ou pleuve,
Tu es, femme, la cible ad vitam æternam
Des esprits torturés.
On croyait l’abjection hors de la mémoire de l’esthétique
Mais l’histoire bégaie,
La voilà de retour, armée d’une machette
Pour, comme jadis,
Te récuser, te violenter,
Pour t’amputer,
T’anéantir.
Tes amis t’implorent de nouveau,
Ne cède pas ta beauté aux écervelés torturés
N’abdique pas devant l’acharnement
Des ignorants
Dévots du vide.
Que ta grâce exauce nos vœux ya Fouara. (1)
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(1) :
Aïn Fouara : Fontaine avec statue, emblématique de la ville de Sétif
(Algérie). La sculpture est l’œuvre du Français Francis de Saint-Vidal (1899).
La statue représente une femme nue assise sur un rocher, au-dessus d’une
fontaine, un bras posé sur la pierre, l’autre sur un côté de la stèle, une
jambe repliée. Elle semble contempler la ville ou le monde… Elle a été
vandalisée le 22 avril 1997, puis le 18 décembre 2017.
« ya
Fouara » : ô Fouara.
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Algerie Focus- 19 décembre 2017 |
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Bel article de Kamel Daoud, mais comment expliquer toutes ces fautes de français? (se sont eux, accusé, pays tierces...) Étrange... la précipitation et la rage peut-être... oui mais quand-même !
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VOICI une réaction à cet article de Kamel DAOUD.
Par FARID CHAOUI in LIBRE ALGERIE 25 décembre 2017
in:
-->
Trois jours plus tard... Photo Dzair Zap |
________________
-->
Il y a des actes qui font pleurer la pierre,
dit un proverbe arabe. Et aujourd’hui j’ai pleuré cette femme en pierre. J’ai
pleuré de la voir attaquée aussi sauvagement, j’aurais voulu pouvoir la
défendre, la prendre dans mes bras, la consoler, lui demander pardon.
Je ne suis pas Sétifienne, je n’ai pas de
relation particulièrement sentimentale à cette oeuvre d’art, je suis même
incapable de la voir autrement que comme une femme sauvagement attaquée, à qui
on arrache le visage et les seins.
Mais je n’ai pas même fini de sécher mes
larmes que j’entends les hommes, déjà en bataillons, armés au mieux d’arguments
vaseux, mais plus souvent d’inepties, d’invectives et d’appels au meurtre, se
mettre en ordre de bataille.
Il y a les idiots qui disent: pourquoi donc
vous indigner pour un bout de pierre alors que les humains subissent bien pire.
Il y a les crétins qui disent: notre
magnifique religion nous dicte de ne pas laisser la nudité souiller nos regards
purs.
Il y a les irresponsables qui disent:
exterminez les islamistes, ils sont la source de tous les maux.
Il y a les imbéciles qui disent: c’est bien
la preuve que les Algériens sont des barbares et des sauvages.
Il y a les fourbes qui disent: cette attaque
ne devrait pas susciter autant d’indignation car elle sera “instrumentalisée”
par les racistes.
Et moi je vous dis: taisez-vous les hommes.
Taisez-vous tous. La violence contre les femmes est la chose la mieux partagée
par les hommes de ce pays, qu’ils soient obscurantistes ou illuminés.
Taisez-vous et avant de parler,
demandez-nous d’abord pardon pour ce que cet abruti a fait.
Demandez-nous pardon pour ce que nous font
tous les jours vos frères. Oui il a l'air fou cet homme avec son marteau et son
burin. Mais pourquoi les fous de ce pays ne s’en prennent jamais qu’aux femmes?
Parce que même les fous savent que dans ce
pays on peut taper comme on veut sur les femmes, l’impunité règne.
Taisez-vous et avant de parler soyez plus
nombreux à courir à notre secours lorsque nous sommes agressées dans les rues
de ce pays.
Taisez-vous et soyez plus nombreux à voler
au secours de vos voisines battues pendant que vous gardez le silence, lâches
et complices.
Taisez-vous et que celui qui n’a jamais
battu sa femme, sa soeur ou sa fille lève la main.
Si vous ne voulez pas que la “violence
contre les femmes” soit instrumentalisée, comme vous dites, battez-vous pour
que ça s’arrête au lieu de faire semblant que ça n’existe pas ou si peu.
Ce qu’ils nous font est possible parce que
vous les laisser faire.
Une amie émue m’a racontée aujourd’hui, qu’à
Sétif, lorsque la statue dynamitée par les GIA pendant les années 90 avait été
restaurée, les Sétifiennes sont venues en grand groupe le soir, les
grands-mères aux premiers rangs, lui mettre du henné sur les cheveux. Ce soir,
elles doivent toutes la pleurer. Leur soeur de pierre.
__________
En cette froide
matinée dans le centre-ville de Sétif, à 300 km à l'est d'Alger, A.
A., 34 ans, en barbe et qamis, armé d'un marteau et d'un burin, s'attaque
à la statue d'Ain El Fouara, la « source de la fontaine », une belle
naïade, nue, de marbre, sculpté par l'artiste français Francis de Saint-Vidal
en 1898.
Sur des
vidéos qui ont fait le tour du Web algérien ce matin, on voit le forcené
s'acharner sur la nymphe de marbre, rejouant l'horrible scénographie des
daechiens détruisant les statues mésopotamiennes ou des talibans dynamitant les
colosses de Bâmiyân. Des Sétifiens tentent de le stopper en lui jetant des
pierres et des barres de fer, mais A. A., déclaré « 100 % déficient
mental » par la police en fin de journée de lundi, enrage et s'attaque à
la poitrine et au visage de la statue qui garde la « source de la
fontaine », symbole de la ville et dont la légende raconte que, une fois
qu'on a bu son eau, on y revient inéluctablement.
Deux
policiers escaladent le monument, l'un prend l'assaillant de revers pour lui
arracher le marteau, le second, qui évite de justesse un coup de marteau,
arrive à maîtriser l'agresseur. Un jeune homme jaillit du milieu des badauds
pour frapper le barbu avec une pelle : policiers et civils autour l'en
empêchent. Des insultes fusent. Tension. Colère. Dans tout le pays, la scène
filmée par les curieux à ce moment-là devient hautement virale. L'image choque.
C'est un « remake » des années de feu dans un pays qui a vécu presque
vingt ans de violence terroriste.
Le réveil de
souvenirs douloureux
Ce n'est pas
la première fois que la statue d'Ain El Fouara subit une tentative de
destruction. Mardi 22 avril 1997, une bombe est placée sous le socle
qui soutient la belle dame. Elle explose en morceaux. Elle
renaît 48 heures plus tard. Vendredi 31 mars 2006, un
anti-daechien de 26 ans lui explose la figure. La belle dame est
reconstituée. En 2015, un imam de Constantine décrète illicite de se rendre à
cette fontaine et de boire de son eau. Il n'a pas appelé à sa destruction.
« C'est tout comme. Il arme les bras des daechiens », rappelle, sur
sa page Facebook, le journaliste Farid Alilat. Il n'est pas le seul. Avant même
que des médias électroniques algériens ne prennent le relais de la diffusion de
cette agression qui rassemblait toutes les caractéristiques d'un acte
intégriste, le Facebook et le Twitter algériens s'enflamment. « Les
Afghans sont parmi nous... Quelle tristesse pour mon pays ! Quelle
Honte ! » ; « L'obscurantisme à l'œuvre ! Pauvre
arriéré, cette statue est un héritage du pays. Personne ne la vénère, elle ne
fait de mal à personne, c'est un monument de Sétif. C'est un vrai terroriste,
ce monsieur » ; « Que dire de cet acte barbare de ce bâtard à
Sétif...
On récolte ce
que les wahhabites et les daechiens ont enseigné depuis de nombreuses années.
Voilà le résultat » ; « celui qu'une œuvre d'art réveille la
libido de cette manière devrait se soigner »… Sarcastiques, des internautes
algériens ont baptisé l'agresseur « Abou marto »
( « l'homme au marteau » en empruntant le « Abou » des
terroristes) en réalisant des montages où on voit la statue de la Liberté se
cacher face à lui ! Certains Algériens, en général férus de satires pour
conjurer l'horreur, n'y vont pas de main morte : « Après l'incident
d'Ain El Fouara à Sétif, la mairie d'Alger centre a décidé d'enlever les
couilles du cheval de l'émir Abdelkader par précaution, de peur d'exciter les
zoophiles des environs ! » Mais d'autres préfèrent
l'engagement : Adel, photographe amateur, a publié toute la journée sur sa
page Facebook les photos de la statue attaquée, mais aussi d'autres statues
nues à Alger et ailleurs. En parallèle, des « supporteurs » de l'acte
de sabotage se sont exprimés sur les réseaux sociaux : « Elle est
nue, comment peut-on passer devant elle avec nos mères et nos sœurs, il a
raison de détruire cette idole » ; « De quel patrimoine on nous
parle ? C'est une femme nue devant tout le monde, c'est une honte ».
Dénonciation
officielle
En fin de
journée, le ministère de la Culture algérien a dénoncé la dégradation du
monument sétifien alors que, quelques heures plutôt, les autorités locales,
civils et militaires, se sont rendues sur le lieu de l'incident, assurant que
la restauration de la statue sera prise en charge par l'État dans les plus
brefs délais. « Fou ou pas, ce ne sont que des agissements à caractère
terroriste, dans le prolongement de la doctrine du GIA », a confié une
source sécuritaire au Point Afrique ce dimanche soir. Daïkha Dridi, journaliste
au Huffington Post Algérie, qui a vécu et travaillé en Algérie durant les
années de sang et de feu, lâche son cri de douleur pour recentrer les débats,
au-delà des discours de dénonciations événementielles, appelant l'homme
algérien à dénoncer les violences contre les femmes, la véritable question
selon elle : « Ce qu'ils nous font est possible parce que vous les
laissez faire. Une amie émue m'a raconté aujourd'hui qu'à Sétif, lorsque la
statue dynamitée par les GIA pendant les années 90 avait été
restaurée, les Sétifiennes sont venues en grand groupe le soir, les
grands-mères aux premiers rangs, lui mettre du henné sur les cheveux. Ce soir,
elles doivent toutes la pleurer, leur sœur de pierre. »
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JEUDI 22 MARS 2018
_ sur le déplacement de la Statue- Réponse du ministre- J 22 03 2018
_ #فيديوغرافيك هكذا رد الوزير ميهوبي على المطالبين بنقل تمثال عين الفوارة إلى ا ....mp4
La statue de Aïn El Fouara ne sera pas déplacée, comme le
souhaitent les islamistes.
Vandalisée il
y a quelques mois, elle sera bientôt remise à sa place au niveau de la fontaine
mythique de la ville de Sétif. C’est ce qu’a affirmé, jeudi dernier, le
ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui a polémiqué avec des députés
islamistes du FJD-Addala que préside Abdallah Djaballah. Jugeant la statue
«impudique», trois élus de la formation islamiste réclament son déplacement au musée.
Et le
ministre de la Culture ne s’est pas laissé faire. «Ce sont les auteurs de cette
question qui méritent d’être mis au musée», déclare-t-il en réponse à ces
députés, dont Hassan Aribi et son chef du groupe parlementaire de ce parti,
Lakhdar Benkhellaf. Azzedine Mihoubi oppose ainsi une fin de non-recevoir
à leur requête.
Selon lui, la
statue dont l’existence remonte à l’époque coloniale «demeurera à sa place et
ne sera jamais déplacée au musée». «Elle a fait l’objet récemment d’un acte de
vandalisme occasionnant des dégâts dans certaines de ses parties, mais ne sera
jamais transportée au musée. Le déplacement de la statue constituera un
précédent grave qui ouvrira le champ à des opérations de déplacement de toutes
les statues au musée.
Que restera-t-il
dans nos rues ?» interroge-t-il. Face à une levée de boucliers des députés
concernés, le ministre clarifie ses déclarations devant les journalistes à la
fin de la séance de l’APN consacrée aux questions orales. «Mes réponses sont
claires. J’ai dit que ce sont ces idées sur le déplacement des statues qui
doivent être mises définitivement au musée. Je n’ai pas parlé de personnes»,
souligne-t-il.
Mais les
auteurs de cette demande indécente montent à nouveau au créneau pour s’en
prendre au ministre, en qualifiant ses réponses d’«indignes». «La meilleure
place pour les statues est dans les musées. Nous n’avons pas demandé sa
destruction», justifient-ils, en tentant de taire leur arrière-pensée.
Il est à
rappeler que l’idée de déplacer la statue réalisée par le sculpteur français
d’origine italienne Francis de Saint-Vidal, il y a 120 années de cela, «n’a
jamais été posée auparavant». Classée propriété culturelle nationale en 1999,
la statue de Aïn El Fouara a été la cible des islamistes à trois reprises. Elle
avait fait l’objet de destruction par les terroristes en 1997, comme elle avait
été attaquée en 2006 et en 2017. La prolifération de la pensée extrémiste
hostile à une création humaine constitue une véritable menace pour le
patrimoine matériel du pays.
Par ailleurs,
Azzedine Mihoubi rassure les députés que «la statue a été restaurée à titre
gracieux par des compétences relevant des établissements culturels en charge de
l’archéologie», ajoutant qu’«elle sera bientôt remise à sa place initiale».
Les vidéos concernant
cette polémique font, depuis jeudi dernier, le buzz sur les réseaux sociaux.
Les internautes, qui les ont largement diffusées, critiquent la position des
députés islamistes qui ne se soucient que des statues et «observent un silence
intrigant sur les questions d’intérêt national».
Madjid Makedhi
In El Watan samedi 24 mars 2018 :
http://www.elwatan.com/actualite/ce-sont-ces-idees-qui-doivent-etre-mises-au-musee-24-03-2018-364979_109.php
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