Rechercher dans ce blog

lundi, janvier 22, 2018

593_ Facebook, les likes et la dopamine.



Cher Béka (ton vrai prénom est autre, mais celui-ci te va à merveille, à toi comme à d’autres utilisateurs réguliers comme toi des réseaux sociaux). Tout ce que tu m’as dit sur ta pratique de FB je l’approuve d’autant que mon adhésion à ce réseau est solide et j’y ai fait les mêmes constats. Facebook est-il dangereux ?



Ma pratique de Facebook a l’âge d’une guerre de libération, ou celui d’un enfant de cours élémentaire. Huit ans donc, cinq de plus que toi. Pas mal. Cette non négligeable expérience me permet d’écrire ces lignes qui ne sont ni des pleurnicheries, ni quelques ridicules règlements de compte avec les utilisateurs (comme moi ou toi) de Facebook. J’ai juste envie de partager mes observations que j’amalgame aux tiennes puisque nous faisons le même constat.



Posons-nous cette question que je trouve importante. Facebook n’est-il qu’un naïf « réseau social », c’est à dire un groupement de gens qui expriment leurs réactions (y compris par des insultes), échangent informations, vidéos… et leurs frustrations également ? ou est-ce une plateforme avec aussi des objectifs inavouables ? (tu as bien fait d’attirer mon attention sur l’édifiant documentaire « Accros aux écrans » diffusé le 18 janvier 2018 sur F2 dans le cadre d’Envoyé Spécial). Nous y avons observé (et appris) des vertes et des pas mûres n’est-ce pas ?



Cher Béka, je te propose de développer deux points. Le premier, celui des pratiques des utilisateurs de FB, le second celui du rapport, parfois fusionnel, entre l’utilisateur et FB.



La première fois on arrive sur les réseaux sociaux en traînant le pas, en hésitant. Devant nous il y a une porte sur laquelle il est écrit « clubs ». On hésite, mais on veut y entrer car nombre de connaissances nous en ont venté les qualités. Surpris, nos amis s’étaient exclamés « Quoi ? pas possible, t’es pas encore sur FB ? t’es pas sur Am stam gram, pic et pic et colégram Bour et bour et ratatam ? » comme si tu étais, et moi avec toi, hors du monde. E.T (I-Ti) ? Tu finis par toquer à la porte de l’immeuble des réseaux, deux petits coups timides. Au troisième une affichette apparaît. Elle te questionne « vous venez pour quel club s’il vous plaît ? Instagram, Périscope, Renren, FB, Twetter, Tumblr, Flick… ? » Tu écris « FB ». Une autre affichette te conseille « appuyez sur le bouton à droite ». C’est ce que tu fais. Alors une avalanche d’autres étiquettes (non dénuées d’arrières pensées) t’assaillent « nom, prénom, numéro de téléphone, votre situation familiale, votre sexe, vos goûts, le nom de votre chien, votre avis sur vos voisins du haut, la couleur de vos désirs, aimez-vous le Jiu jitsu et la réserve de Jiuzhaigou ?... » Une fois bien bandeletté tu es admis parmi les clubbers, précisément sur la plateforme la plus intelligente de la modernité, la plus ensorceleuse, peut-être la plus dangereuse aussi, peu importe car tu es heureux. « A moi le nouveau monde ». Tu peux bien évidemment t’inscrire à d’autres clubs, tu es « libre ».



Te voilà donc membre à part entière. Ton identité est vrai ou fausse en apparence, mais peu importe. Tu découvres des images, des textes, vidéos. Tu lis les commentaires, tu approuves, tu récuses… Tu avances timidement, puis tu te lâches. C’est ce que tu m’as dit Béka, c’est ce que j’ai vécu aussi, t’inquiètes. Tu donnes ton avis, tu postes des vidéos (la croix et la bannière, car problème de lourdeur, de MO, de GO…) Et tu likes. Et voilà que d’autres facebookers (j’écrirai « fbkr ») te likent aussi. Tu en es un désormais toi aussi, un vrai fbkr. Un fbkr chevronné. Ils sont nombreux les fbkr. Il y a les fbkr qui écrivent, réagissent tous les jours, d’autres moins fréquemment, voire rarement.

Tu as constaté que les dimanches et vendredis sont quasiment insignifiants en utilisation de FB, est-ce à dire que c’est en semaine c’est à dire durant le travail que les fbkr s’activent le plus ?



A la longue tu as fini (nous avons fini) par construire une typologie de fbkr. Je suis d’accord avec toi, il y en a trois. Il y a les fbkr qui likent (ils lèvent leur pouce bleu) et se fichent du reste, les 2° likent aussi et sont likés, et les 3°. Ceux-là sont likés, mais eux ne likent pas. Ces derniers sont comme les experts comptables ou les experts caissiers (« avec mon sincère respect à tous les métiers du monde », c’est une formule, il faut l’écrire, bien voilà c’est écrit). Les fbkr de ce troisième type attendent les likent, ils en rêvent, n’en dorment pas, mais eux, sur leur piédestal (pensent-ils) n’ont pas à liker. Ils sont comme narcisse. Pas la plante ya Béka, non, comme Narcisse le fils de Liriope (ella mechi liriope la fleur non, mais la mère de Narcisse…) Bref ces experts comptables se disent et nous le font comprendre « vous avez besoin de moi, c’est à vous de liker mes commentaires », vous, c’est à dire toi, moi et les autres. Ces autistes poursuivent « moi je me suffis à moi ». Ils ont 3, 4 ou 5000 amis, toi Béka t’en as que 200, 250 (moi j’en ai 713, parole de FB). Incomparable. Ils se prennent pour Woodward ou Colombo. Ne vivent que par et pour les Likes. C’est dingue n’est-ce pas ? Ces comportements ou plutôt cette attitude je l’ai personnellement expérimentée il y a longtemps, avec Omar Ch., A. Ch et avec K. Da… Ces gars écrivent, ils donnent leurs pensées, ils ont un avis sur tout ce qui bouge ou pas, mais ils ne répondent jamais ou quasiment jamais aux postes des autres, pas même aux commentaires qui leur sont destinés (qu’ils attendent pourtant et guettent en permanence), ils les enjambent, tu le dis si bien « comme on passe par-dessus une crotte ». Tu es vexé Béka, mais il n’y a vraiment pas de quoi, « sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul » disait avec justesse Montaigne. Certains de ceux-là, qui ne réagissent jamais à tes posts, t’invitent pourtant à « aimer leur page », alors tu décides à ton tour de ne plus les liker. Des semaines plus tard tu t’aperçois que ces fbkr auxquels tu as rendu la monnaie de leur pièce n’apparaissent plus sur ton fil FB. Tu découvres (petite recherche) qu’ils t’ont « bloqué », qu’ils t’ont exclu de leurs « amis ». Te formalises pas mon ami, il m’est arrivé la même chose.



Il y a aussi des fbkr qui s’énervent contre des posts ou autre chose, des fbkr qui grognent contre ceux qui ne répondent pas à leur « appel à partager » une image « très important, urgent, diffusez au max ». Il y a des fbkr qui piquent un texte ou une image à d’autres fbkr sans citer la source, etc. Tous ces fbkr ne forment pas une catégorie à part, non, on les trouve dans les trois types cités en début d’article.



Tu m’as fait remarquer cher Béka que tel fbkr a écrit exactement ce que toi-même avais écrit quelques jours auparavant et que son post a été liké par des dizaines de fbkr (parfois avec des commentaires encourageant si niaiseux) alors même que ton post n’a reçu qu’une poignée de pouces levés et que cela t’a chagriné (je me suis surpris moi-même à parfois pester contre l’absence de like concernant certains de mes posts que je considérais ma foi bien valoir quelques pouces azur, je le reconnais). Si son post a été liké par autant de fbkr c’est probablement que « lui » est très médiatisé (mon voisin dirait « c’est un des leurs », c’est un gars du rouage mon ami, oui, oui), pas toi cher ami. Mais dis-donc Béka, ne me dis pas que toi aussi tu t’es laissé endopaminer dans ce verre d’eau qu’est FB, dans ce monde sous-terrain qui n’est pas la vraie vie, qui n’est pas le vrai monde (l’allégorique caverne de Platon…) Non seulement il n’est pas le vrai monde (même s’il n’est pas dénué d’intérêt), mais il est dangereux. C’est ce que montre l’enquête d’Envoyé Spécial (Cf. l’extrait in ma vidéo jointe ici).





 
c



Les likes (pouce bleu) chez FB (comme les flammes chez Snapchat, Twetter ou autre) sont leurs vrais moteurs. Les likes c’est ce qui fait vivre l’entreprise FB ! en tant qu’utilisateur « recevoir des likes c’est une approbation de sa communauté et une source de plaisir ». Tu regardes les likes sur ton post et aussitôt « l’activation de tes circuits de la récompense augmente, la partie du cerveau qui est touchée est la même qui est activée dans les addictions à l’alcool, à la drogue… » (Dr Patricia Greenfield, université de Californie). On est heureux, les likes, ces gratifications, nous font du bien, alors on en redemande.


« Nous avons crée des outils qui déchirent le tissu social » dit l’un des anciens hauts cadres de FB, Chamath Palihapitiya (minute : 1’30), « les gratifications en boucle à base de dopamine que nous avons créées, sont en train de détruire la société ». Le mieux est certainement de voir et d’écouter la vidéo que nous vous joignons et plus encore de visionner le reportage dans sa totalité « Accros d’écrans » sur F2.

 

Maintenant nous ne pouvons plus dire « nous ne savions pas ». C’est cette hormone, la dopamine, qui nous pousse à revenir sans cesse sur notre écran (téléphone portable, jeux, FB…) C’est elle qui « alimente le circuit de la récompense cérébrale », qui nous pousse à revenir dans la caverne dès que possible, ouvrir la boite aux likes alors que la vraie vie est à l’extérieur. Quant à moi, je dis comme mon ami Béka, « FB, Twetter, Instagram et pic et pic et colégram oui, mais avec modération et vigilance. »



source:

-->


--------------------
 Lire aussi:

 



ici:

---------

1 commentaire:

  1. Les réseaux sociaux: pour les esprits forts c'est un bon outil d'échange en même temps qu'un jeu qui peut inspirer à cause des réflexions/miroirs de la société présents dans l'attitude/dialogue des internautes, c'est aussi un outil excellent de propagande qui utilise cette place publique parfaitement quand il tient compte que 98% des utilisateurs sont à 50% des idiots/collaborateurs du Mondistan et 50% des peureux/errants dans le purgatoire infini de leur non-vie. L'enfer y est bien représenté aussi et le paradis avec son libre choix de promesses (à condition bien-sûr que les soumis consomment et se taisent).

    RépondreSupprimer