Cher Béka (ton vrai
prénom est autre, mais celui-ci te va à merveille, à toi comme à d’autres
utilisateurs réguliers comme toi des réseaux sociaux). Tout ce que tu m’as dit
sur ta pratique de FB je l’approuve d’autant que mon adhésion à ce réseau est
solide et j’y ai fait les mêmes constats. Facebook est-il dangereux ?
Ma pratique de
Facebook a l’âge d’une guerre de libération, ou celui d’un enfant de cours
élémentaire. Huit ans donc, cinq de plus que toi. Pas mal. Cette non
négligeable expérience me permet d’écrire ces lignes qui ne sont ni des
pleurnicheries, ni quelques ridicules règlements de compte avec les
utilisateurs (comme moi ou toi) de Facebook. J’ai juste envie de partager mes
observations que j’amalgame aux tiennes puisque nous faisons le même constat.
Posons-nous cette
question que je trouve importante. Facebook n’est-il qu’un naïf « réseau
social », c’est à dire un groupement de gens qui expriment leurs réactions
(y compris par des insultes), échangent informations, vidéos… et leurs
frustrations également ? ou est-ce une plateforme avec aussi des objectifs
inavouables ? (tu as bien fait d’attirer mon attention sur l’édifiant
documentaire « Accros aux écrans » diffusé le 18 janvier 2018 sur F2
dans le cadre d’Envoyé Spécial). Nous y avons observé (et appris) des vertes et
des pas mûres n’est-ce pas ?
Cher Béka, je te
propose de développer deux points. Le premier, celui des pratiques des
utilisateurs de FB, le second celui du rapport, parfois fusionnel, entre
l’utilisateur et FB.
La première fois on
arrive sur les réseaux sociaux en traînant le pas, en hésitant. Devant nous il
y a une porte sur laquelle il est écrit « clubs ». On hésite, mais on
veut y entrer car nombre de connaissances nous en ont venté les qualités.
Surpris, nos amis s’étaient exclamés « Quoi ? pas possible, t’es pas
encore sur FB ? t’es pas sur Am stam gram, pic et pic et colégram Bour et
bour et ratatam ? » comme si tu étais, et moi avec toi, hors du monde.
E.T (I-Ti) ? Tu finis par toquer à la porte de l’immeuble des réseaux,
deux petits coups timides. Au troisième une affichette apparaît. Elle te
questionne « vous venez pour quel club s’il vous plaît ? Instagram,
Périscope, Renren, FB, Twetter, Tumblr, Flick… ? » Tu écris
« FB ». Une autre affichette te conseille « appuyez sur le
bouton à droite ». C’est ce que tu fais. Alors une avalanche d’autres
étiquettes (non dénuées d’arrières pensées) t’assaillent « nom, prénom,
numéro de téléphone, votre situation familiale, votre sexe, vos goûts, le nom
de votre chien, votre avis sur vos voisins du haut, la couleur de vos désirs,
aimez-vous le Jiu jitsu et la réserve de Jiuzhaigou ?... » Une fois
bien bandeletté tu es admis parmi les clubbers, précisément sur la plateforme
la plus intelligente de la modernité, la plus ensorceleuse, peut-être la plus
dangereuse aussi, peu importe car tu es heureux. « A moi le nouveau
monde ». Tu peux bien évidemment t’inscrire à d’autres clubs, tu es
« libre ».
Te voilà donc
membre à part entière. Ton identité est vrai ou fausse en apparence, mais peu
importe. Tu découvres des images, des textes, vidéos. Tu lis les commentaires,
tu approuves, tu récuses… Tu avances timidement, puis tu te lâches. C’est ce
que tu m’as dit Béka, c’est ce que j’ai vécu aussi, t’inquiètes. Tu donnes ton
avis, tu postes des vidéos (la croix et la bannière, car problème de lourdeur,
de MO, de GO…) Et tu likes. Et voilà que d’autres facebookers (j’écrirai
« fbkr ») te likent aussi. Tu en es un désormais toi aussi, un vrai
fbkr. Un fbkr chevronné. Ils sont nombreux les fbkr. Il y a les fbkr qui écrivent,
réagissent tous les jours, d’autres moins fréquemment, voire rarement.
Tu as constaté que
les dimanches et vendredis sont quasiment insignifiants en utilisation de FB,
est-ce à dire que c’est en semaine c’est à dire durant le travail que les fbkr
s’activent le plus ?
A la longue tu as
fini (nous avons fini) par construire une typologie de fbkr. Je suis d’accord
avec toi, il y en a trois. Il y a les fbkr qui likent (ils lèvent leur pouce
bleu) et se fichent du reste, les 2° likent aussi et sont likés, et les 3°.
Ceux-là sont likés, mais eux ne likent pas. Ces derniers sont comme les experts
comptables ou les experts caissiers (« avec mon sincère respect à tous les
métiers du monde », c’est une formule, il faut l’écrire, bien voilà c’est
écrit). Les fbkr de ce troisième type attendent les likent, ils en rêvent, n’en
dorment pas, mais eux, sur leur piédestal (pensent-ils) n’ont pas à liker. Ils
sont comme narcisse. Pas la plante ya Béka, non, comme Narcisse le fils de
Liriope (ella mechi liriope la fleur non, mais la mère de Narcisse…) Bref ces
experts comptables se disent et nous le font comprendre « vous avez besoin
de moi, c’est à vous de liker mes commentaires », vous, c’est à dire toi,
moi et les autres. Ces autistes poursuivent « moi je me suffis à
moi ». Ils ont 3, 4 ou 5000 amis, toi Béka t’en as que 200, 250 (moi j’en
ai 713, parole de FB). Incomparable. Ils se prennent pour Woodward ou Colombo.
Ne vivent que par et pour les Likes. C’est dingue n’est-ce pas ? Ces
comportements ou plutôt cette attitude je l’ai personnellement expérimentée il
y a longtemps, avec Omar Ch., A. Ch et avec K. Da… Ces gars écrivent, ils
donnent leurs pensées, ils ont un avis sur tout ce qui bouge ou pas, mais ils
ne répondent jamais ou quasiment jamais aux postes des autres, pas même aux commentaires qui leur sont destinés
(qu’ils attendent pourtant et guettent en permanence), ils les enjambent, tu le
dis si bien « comme on passe par-dessus une crotte ». Tu es vexé
Béka, mais il n’y a vraiment pas de quoi, « sur le plus beau trône du
monde, on n’est jamais assis que sur son cul » disait avec justesse
Montaigne. Certains de ceux-là, qui ne réagissent jamais à tes posts,
t’invitent pourtant à « aimer leur page », alors tu décides à ton
tour de ne plus les liker. Des semaines plus tard tu t’aperçois que ces fbkr
auxquels tu as rendu la monnaie de leur pièce n’apparaissent plus sur ton fil
FB. Tu découvres (petite recherche) qu’ils t’ont « bloqué », qu’ils
t’ont exclu de leurs « amis ». Te formalises pas mon ami, il m’est
arrivé la même chose.
Il y a aussi des
fbkr qui s’énervent contre des posts ou autre chose, des fbkr qui grognent
contre ceux qui ne répondent pas à leur « appel à partager » une
image « très important, urgent, diffusez au max ». Il y a des fbkr
qui piquent un texte ou une image à d’autres fbkr sans citer la source, etc.
Tous ces fbkr ne forment pas une catégorie à part, non, on les trouve dans les
trois types cités en début d’article.
Tu m’as fait
remarquer cher Béka que tel fbkr a écrit exactement ce que toi-même avais écrit
quelques jours auparavant et que son post a été liké par des dizaines de fbkr
(parfois avec des commentaires encourageant si niaiseux) alors même que ton
post n’a reçu qu’une poignée de pouces levés et que cela t’a chagriné (je me
suis surpris moi-même à parfois pester contre l’absence de like concernant
certains de mes posts que je considérais ma foi bien valoir quelques pouces
azur, je le reconnais). Si son post a été liké par autant de fbkr c’est probablement
que « lui » est très médiatisé (mon voisin dirait « c’est un des
leurs », c’est un gars du rouage mon ami, oui, oui), pas toi cher ami.
Mais dis-donc Béka, ne me dis pas que toi aussi tu t’es laissé endopaminer dans
ce verre d’eau qu’est FB, dans ce monde sous-terrain qui n’est pas la vraie
vie, qui n’est pas le vrai monde (l’allégorique caverne de Platon…) Non
seulement il n’est pas le vrai monde (même s’il n’est pas dénué d’intérêt),
mais il est dangereux. C’est ce que montre l’enquête d’Envoyé Spécial (Cf.
l’extrait in ma vidéo jointe ici).
c
Les likes (pouce
bleu) chez FB (comme les flammes chez Snapchat, Twetter ou autre) sont leurs
vrais moteurs. Les likes c’est ce qui fait vivre l’entreprise FB ! en tant
qu’utilisateur « recevoir des likes c’est une approbation de sa communauté
et une source de plaisir ». Tu regardes les likes sur ton post et aussitôt
« l’activation de tes circuits de la récompense augmente, la partie du
cerveau qui est touchée est la même qui est activée dans les addictions à l’alcool,
à la drogue… » (Dr Patricia Greenfield, université de Californie). On est
heureux, les likes, ces gratifications, nous font du bien, alors on en
redemande.
« Nous avons
crée des outils qui déchirent le tissu social » dit l’un des anciens hauts
cadres de FB, Chamath Palihapitiya (minute : 1’30), « les
gratifications en boucle à base de dopamine que nous avons créées, sont en
train de détruire la société ». Le mieux est certainement de voir et
d’écouter la vidéo que nous vous joignons et plus encore de visionner le
reportage dans sa totalité « Accros d’écrans » sur F2.
Maintenant nous ne
pouvons plus dire « nous ne savions pas ». C’est cette hormone, la
dopamine, qui nous pousse à revenir sans cesse sur notre écran (téléphone
portable, jeux, FB…) C’est elle qui « alimente le circuit de la récompense
cérébrale », qui nous pousse à revenir dans la caverne dès que possible,
ouvrir la boite aux likes alors que la vraie vie est à l’extérieur. Quant à
moi, je dis comme mon ami Béka, « FB, Twetter, Instagram et pic et pic et
colégram oui, mais avec modération et vigilance. »
source:
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Lire aussi:
ici:
ici:
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Les réseaux sociaux: pour les esprits forts c'est un bon outil d'échange en même temps qu'un jeu qui peut inspirer à cause des réflexions/miroirs de la société présents dans l'attitude/dialogue des internautes, c'est aussi un outil excellent de propagande qui utilise cette place publique parfaitement quand il tient compte que 98% des utilisateurs sont à 50% des idiots/collaborateurs du Mondistan et 50% des peureux/errants dans le purgatoire infini de leur non-vie. L'enfer y est bien représenté aussi et le paradis avec son libre choix de promesses (à condition bien-sûr que les soumis consomment et se taisent).
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