Une chronique de monsieur Amin Zaoui intitulée
« La bédouinisation islamique, Alger et ses moutons », parue dans le
quotidien algérien Liberté du 16 août courant (reprise ici à la suite de ce texte), m’a quelque peu secoué. Quelque
peu. Comment un « intellectuel » médiatique (sans péjoration) respecté,
peut-il se laisser aller à tant de facilité ?
Dans son texte qui se veut dénonciateur de
l’évolution négative des modes de vie des Algériens, monsieur Zaoui utilise
plusieurs fois un certain nombre d’expressions centrales. « Bédouinisation
islamique » est employée six fois (hors titre), trois fois celle de
« bédouinisation », une fois « arabo-bédouin » et une fois également
« islamiste-bédouin ». À aucun moment ces termes, fortement connotés, qui « ne vont
pas de soi », ne sont expliqués, déconstruits. L’évidence ! insisteront
d’aucuns. Mais l'évidence a souvent besoin d'être questionnée. Telle un présupposé, donnée comme entendue ou acquise, la notion de
« bédouinisation », comme les autres, n’est à aucun moment questionnée,
expliquée. Chacun y va donc de sa propre interprétation, le sens commun
chargeant tous ces termes de stigmates.
Le terme bédouin qui est au cœur de chaque
expression émane du mot arabe badawi
qui signifie habitant du désert, homme arabe vivant dans le désert (CNRTL et
Littré).
Délibérément, monsieur Zaoui ne s’érige pas contre
la ruralisation de « nos belles villes » côtières, ce qui peut
s’entendre, mais emprunte à un vocabulaire qui connote et il feint de découvrir
en 2018 que « comme l’islamisation, la bédouinisation se généralise en
Algérie. » Pour justifier cet état de « bédouinisation »
monsieur Zaoui en enveloppe le substantif de termes sensés relever du champ
lexical de cette notion et indirectement par conséquent, par ricochet,
l’expliquer, la dénuder : le mot « mouton » est repris neuf fois,
deux fois « douar », « la bête », « les
bêlements », « razzias » (ǵhazwa), les « gardiens de moutons » (le sulfureux, haineux Richard
Millet aurait dit/écrit et pris son glaive contre « ces (sales) Arabes,
gardeurs de moutons et de chameaux » in Confession négative)… et même le
terme docteur est arabisé comme dans les séries égyptiennes. Monsieur Zaoui souhaitait
sans doute, pour mieux l’ancrer, que le lecteur flaire dans ce mot « douktours »
le parfum de l’accent oriental banni. C’est dire les méandres qu’emprunte
parfois l’intellect au creux du gué.
Les responsables de cette
« bédouinisation » sont à chercher au sein de différentes catégories
sociales comme les universitaires « douktours » donc, les
politiques « partis, ministres, walis, chef de gouvernement », enfin
« tout le monde » quoi, y compris lui-même certainement.
Monsieur Zaoui fait dans une comparaison étrange
entre architecture et langue « En réalité toutes nos belles villes –
belles villes coloniales – comme la langue française, sont un butin de guerre
mal géré et mal distribué » ou entre insomnie et amertume adjectivés
« des jours insomniaques et des nuits amères ! » après « plus de
cinquante ans d’indépendance », « cinquante-six ans » ou « Soixante ans presque » et même
« soixante piges écoulées ». L’auteur pouvait être plus précis.
Si comme il l’écrit « Nous avons amoché nos
butins de guerre, ces belles villes coloniales ! » et si
« les moutons envahissent les belles rues d’Alger, celles d’Oran, celles
de Annaba… » nous faut-il entendre que les moutons n’envahissent en définitive
que les anciens espaces coloniaux ? Mais alors, tout ce qui a été
construit depuis l’indépendance, toutes ces « “boîtes de sardines”, sans
aucun goût » ne sont pas « envahies » par la
bédouinisation ? ne sont pas concernées par ce cri de colère, hâtivement
porté sur papier… mais alors…
Lorsque – par un raccourci inacceptable – il résume
en somme la pensée d’Ibn Khaldoun par la trop fameuse sentence idha oûribet khouribet sans prendre
la précaution de s’éloigner de l’usage commun et des stéréotypes, bien au
contraire, monsieur Zaoui sait parfaitement comment seront (souvent) entendus ces mots du
savant maghrébin. Lorsqu’il reprend : « Tout pays conquis par les Arabes
est bientôt ruiné… sous leur domination la ruine envahit tout… » soit il a
mal lu Les Prolégomènes, soit il n’a pas compris l’ouvrage, soit il fait dans
la provocation. Je pencherais pour cette dernière possibilité, « provoquer, blesser, heurter
violemment, c’est ce que recherchent certains, notamment nos collègues intellos
du Bled à défaut de pouvoir transcrire un doux délire imaginaire» me répète avec justesse
un ami. Il n’y a qu’à revenir sur les discours (jamais sur la stylistique
littéraire) de nos écrivains les plus en vue par la sphère médiatique
parisienne bien évidemment, et algérienne, prise en remorque (partie prise mais
pas prenante, ou si peu). La provoc donc (« le voile » « la
violence faite aux femmes » « l’Islam radical »,
« l’Islam » « le terrorisme » et ô combien encore et
toujours « les Arabes »…) en surfant sur des notions parfois
confuses. Et puis, quel intérêt argumentatif ces termes clivants précédant la
citation d’Ibn Khaldoun apportent-ils : « collabo, hizb França,
extrémiste séparatiste kabyle proche de Ferhat Mehenni » ? N’ont-ils
pas pour fonction de seulement suggérer au lecteur (du quotidien sus-cité
porteur de l’article) de bien « suivre mon regard », celui de
l’auteur. Autrement dit, et sur ce point précis, « j’enfonce une porte
ouverte », ou encore « avec vous chers lecteurs, j’assume ces termes
utilisés par nos adversaires contre nous ». Trop facile et peu
convaincant. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose disait
Bacon.
La rigueur et la morale exigent de l’intellectuel (y
compris pamphlétaire), qu’il manipule avec précaution les notions, les
concepts… pour s’extraire du sens commun et des poncifs, et apporter les
ingrédients à même d’élever le débat, de l’enrichir. Si tel est son objectif. À
ce propos et pour l’exemple qui nous concerne, il est important ici d’apporter cette précision de
Vincent Monteil (in Ibn Khaldoun, Discours sur l’Histoire universelle, Ed
Sindbad, T1, note page 243) : le terme « Arabes » est pris, ici et
généralement, par l’auteur (Ibn Khaldoun), comme synonyme de ‘‘Bédouins’’. C’est
le sens qu’il a toujours en Afrique du Nord. » Il n’est pas question
d’ethnie, mais de comportements et attitudes fondés sur des référents culturels.
Les Bédouins, ces Arabes transformés, non par leurs chromosomes (souvent
sous-entendus dans les discussions de basses tavernes et autres bouges), mais
par « les
habitudes et les usages de la vie nomade ». Habitus ! s’échinera
Bourdieu. La bédouinité (el-badiya,
el-ourouba) versus la citadinité
(el-hadara), monsieur Zaoui devrait relire Deleuze et Guattari (Mille
Plateaux).
Je me souviens que dans mon adolescence – « la vie [apparaissait] comme un
horizon ouvert, un chemin encore long, se déployant comme un beau rêve, se
déroulant sous nos pas comme un tapis persan des Mille et une nuits, grenat, magique et interminable »
(Festin de Mensonges) – avec mes camarades de Gambetta-falaises (quartier situé à
l’est d’Oran), nous nous moquions des enfants des nouveaux venus, souvent des
campagnes, occuper les appartements abandonnés par les pieds-noirs. Nous les désignions
comme «’aroubia » pour les
diminuer. Eux, – ce n’était guère mieux – se vengeaient en nous indexant d’une
phrase que la décence m’interdit de répéter ici et commençant par « ya
zwawi… »
En Europe, et notamment en France, de très
nombreux villages sont traversés périodiquement par des milliers d’ovins,
faisant la joie de leurs habitants, notamment des enfants, et sourire les
journalistes. Il est vrai que leur abattage (les ovins) et circulation sont
strictement réglementés (par l’État, mais là est une autre histoire).
Pour conclure, je précise que je n’ai rien, pas
même une dent de lait, contre monsieur Amin Zaoui dont je lis les ouvrages avec
intérêt et dont nous avons été proches durant les folles années d’Oran, en 1988
et plus, lorsqu’il était en charge du Palais de la Culture. J’en garde un très
bon souvenir. Monsieur Zaoui sait, comme la plupart d’entre nous, que ce qu’il
appelle « la bédouinisation islamique » était déjà à l’œuvre depuis
longtemps déjà. Que tous les pouvoirs publics (d'abord sans les islamistes puis avec
eux comme cul et chemise) avaient ''démissionné'' (ils avaient démissionné de leurs devoirs pas de leur poste !), préoccupés par leur propre sort et celui de leurs
premier, deuxième, troisième cercles… Aujourd’hui « c’est un peu plus
pire » n’est-ce pas ?
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J’invite monsieur Zaoui à lire cette belle
littérature et de s’en imprégner. « Alger se laisse aimer. C’est une
découverte, elle nous a ouvert tout grand ses bras visqueux. Magasins, bazars,
salons de thé, trotte sur les boulevards, haltes amusantes dans les jardins…
Nous avons atteint le quartier aux abords de vingt et une heures. Aucune raison
au monde pouvant justifier la présence de deux femmes dans les rues ne tient
debout à pareille heure. C’est la brousse, Rampe Valée, ça se perd à la
périphérie, ça grimpe dur, c’est l’autre face de la lune. Pas de taxis et plus
de bus. Et pas un lampadaire pour nous accompagner. C’est bête cette manie de
chercher la lumière, on se rend visible des mecs embusqués dans l’obscurité…
J’avançais guidée par la mémoire. Tout est bien dessiné dans ma tête, les
distances, les virages, les fossés, les monticules, les murs. On mouillait. Pas
un chat et pas un chien, pas un rat,
rien qui bouge, le quartier semblait faire le mort depuis plusieurs siècles.
Hormis le tictac de nos talons et nos halètements, et toujours, incessante et
mystérieuse, cette lointaine et sourde vibration dans le ciel, rien, le
silence, l’immobilité, le vide… Halte dans un bouiboui fiché au milieu de nulle
part… Un vent de sable se lève du côté des buffles. La température monte au
point de fusion. On se couvre le visage, on évite de respirer. Précaution
superfétatoire, le sable du Sahara ne se connaît pas de frontières, il se joue
de ces ruses… La méharée avance bien. Les chameaux blatèrent pour le plaisir de
brailler, il y a longtemps que le Sahara ne les impressionne plus. A leur côté,
on gagne en confiance… Bordj Béji Mokhtar, BBM comme l’appellent les habitants
du Nord, est un gros bourg qui a clairement poussé à partir de rien et trop
vite. C’est désordre et compagnie, des maisons inachevées ou écroulées, des
pistes en tôle ondulée mortelles pour les dents, des camions déglingués, des
chameaux dégoûtés, des chèvres errantes, des chiens tatillons, des gendarmes
méchants, le tout recouvert d’une poussière grasse importée du Nord. » Boualem SANSAL, Harraga,
Gallimard.
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Voici l’article de monsieur Amin Zaoui.
SVP, arrêtez cette
bédouinisation-islamique qui menace nos villes !
Les moutons envahissent les rues
d’Alger. Et pour rappel, il y a de cela quelques semaines, un colloque
international s’est tenu à Alger et dont le thème fut “Les villes
intelligentes” !! Waw, les moutons envahissent les rues de la ville
intelligente !
Et avec les moutons qui
envahissent les belles rues, la bédouinisation-islamique se généralise. Elle
touche les universitaires, c'est-à-dire les douktours. La
bédouinisation-islamique contamine les politiques, c'est-à-dire les chefs des
partis de la gauche et de ceux de la droite. Y-a-t-il une gauche et une droite?
Tous sont maladroits ou gauches. La bédouinisation-islamique touche
aussi les ministres et les chefs de gouvernement et les autres… Et parce que
cette bédouinisation a touché toute la ville, la ville est devenue un douar, et
le douar s’est métamorphosé en cauchemar. Des gardiens de moutons et des
gardiens de parkings ! Bâtons à la main et menaces à la bouche!
En ce temps de la
bédouinisation-islamique, tout le monde court derrière son mouton, le
ministre, le wali, le Chef du gouvernement, les chefs des partis, les cheffes
des partis, le professeur de l’université, le poète, le dentiste, le muezzin,
le réalisateur, le photographe, le musicien, le chef d’orchestre, la femme de
ménage… Tout le monde court après son mouton afin de peser les testicules de la
bête et enregistrer la musique de ses bêlements !
SVP, arrêtez cette bédouinisation
de nos belles villes algériennes. En réalité toutes nos belles villes, comme la
langue française, sont un butin de guerre mal géré et mal distribué ! Je
n’aime pas ce mot “butin” parce qu’il renvoie aux atroces histoires des razzias
islamiques où “la femme” fut le centre de ce butin!
Plus de cinquante ans
d’indépendance sont écoulés, cinquante-six ans précisément ! Un
lourd lot en jours et en nuits, des jours insomniaques et des nuits amères
!
Je me retourne, et comme vous
toutes et comme vous tous, je me demande : pourquoi est-ce que nous sommes
les pires ennemis de l’urbanisme ? Soixante ans presque d’indépendance, et
nous n’avons pas pu construire une seule ville digne de ce nom. Citez-moi une
seule ville, une vraie ville, qui a été élevée pendant les soixante piges
écoulées de l’indépendance ! Nous avons amoché nos butins de
guerre, ces belles villes coloniales !
En soixante années d’indépendance
tout ce que nous avons pu ou su construire ce sont des “boîtes de sardine”,
sans aucun goût, afin de caser le maximum des hommes et des femmes pour pouvoir
s’accoupler tranquillement, à l’abri des regards de la rue.
Les moutons envahissent les
belles rues d’Alger, celles d’Oran, celles de Annaba… et la
bédouinisation-islamique s’installe dans les têtes de la nouvelle génération !
Et, nous sommes un peuple de jeunes qui regardent les troupeaux de moutons
envahissant les rues d’Alger !
Comme l’islamisation, la
bédouinisation se généralise en Algérie. Dans les rues d’Alger, d’Oran ou de
Annaba… elles sont sœurs jumelles.
Indiquez-moi une seule belle rue,
une seule nouvelle belle rue construite selon des normes architecturales
universelles pendant ces soixante ans d’indépendance ressemblant à celles de
Didouche-Mourad ou de Abane-Ramdane ou celle de Hassiba, à Alger ou celle de
Larbi-Ben M’hidi ou Mohamed-Khemisti à Oran… et pourtant ces dernières ont été
construites il y a de cela un siècle ou presque. Et nous avons cinquante
universités, un peu plus, et des écoles supérieures, ces cinquante universités
et ces écoles supérieures crachent chaque année des milliers d’architectes et
des milliers d’ingénieurs en génie civil et des décorateurs et des artistes et
des gestionnaires et des vendeurs de sardines et nous n’avons pas pu
construire une seule belle rue !
Pourquoi, sommes-nous les pires
ennemis de la ville ? Nous cultivons le sens du viol permanent de la
cité ?
Nous sommes les fidèles héritiers
de la culture arabo-bédouine. Et nous sommes aussi les reproducteurs de cette
culture !
Ibn Khaldoun n’était ni
colonialiste, ni collabo de hizb França, ni un extrémiste séparatiste kabyle
proche de Ferhat Mehenni, Ibn Khaldoun a écrit dans un parfait arabe :
“Tout pays conquis par les Arabes
est bientôt ruiné… sous leur domination la ruine envahit tout… l’ordre établi
se dérange et la civilisation recule… régulariser l’administration de l’État,
pourvoir au bien-être du peuple… et contenir les malfaiteurs sont des
occupations auxquelles ils ne pensent même pas… et un tel état de choses
détruit également la population d’un pays et sa prospérité.” Al-Moqaddima
(traduction M. De Slane éd. imprimerie impériale .T 1 p310)
Ces Arabes d’hier qualifiés par
Ibn Khaldoun de destructeurs de la civilisation et gardiens du désordre ne sont
que les pères des islamistes-bédouins d’aujourd’hui qui prient dans les salles
de spectacles et suivent leur mouton dans les rues d’Alger, d’Oran ou de
Annaba!
Mais si un jour vous vous
réveillez et vous regardez par vos fenêtres, et vous voyez des troupeaux
de chameaux arpentant les rues d’Alger, ne vous étonnez pas. Le jour des
chameaux d’Alger n’est pas loin !
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J'ai trouvé cet article ce jour samedi 25 août 2018
LES BLOGS
23/08/2018 12h:35 CET | Actualisé
23/08/2018 12h:35 CET
Amin Zaoui, le non-bédouin et la
rigueur de l'écrit
Dans son
“pamphlet” relatif à la “bédouinisation-islamique”, Amin Zaoui
utilise à six reprises cette expression inventée. Son texte, d’une rare
médiocrité pour le littéraire qu’il est censé être, est touffu de
contre-vérités et surtout manque totalement de cohérence.
L’auteur mélange
allègrement les problèmes de l’urbanisation de nos villes avec ceux des
comportements sociaux d’une partie des citoyens “avec les moutons
qui envahissent les belles rues” et utilise pour cela, des qualificatifs
auxquels on s’est habitués. Et après nous avoir rappelé l’œuvre créatrice de la
colonisation en citant l’exemple “des rues Didouche-Mourad ou
de Abane-Ramdane ou celle de Hassiba”d’Alger et d’autres villes, il dénonce
cette bédouinisation-islamique qui serait, selon lui, à l’origine de nos
maux.
Et pour donner quelque force à son récit, il nous cite des extraits d’Ibn
Khaldoun bien ciblés : “Tout pays conquis par les Arabes est bientôt
ruiné… sous leur domination la ruine envahit tout…”.
Et donc, pour lui, ce sont les “arabes” et leur “bédouinisation-islamique” qui
sont à l’origine de nos problèmes d’urbanisation de nos villes. Saha !
Peut-être lui rappeler
cet autre extrait d’Ibn Khaldoun “Les Bédouins sont antérieurs aux sédentaires
[…] se contentent de satisfaire leurs besoins, tandis que les sédentaires
recherchent le confort et le luxe. Or, les besoins (de base) précèdent le
confort et le luxe. Ceux-ci sont secondaires et superflus. Les Bédouins sont
donc à l’origine des cités et de la vie sédentaire”.
Autrement dit, les
bédouins sont d’abord des hommes et des femmes dont la vie est dictée par la
nécessité de survivre à un environnement hostile (chaleur, sècheresse..) , et
sont donc forcés à la transhumance et le nomadisme afin de disposer des
ressources nécessaire à leurs animaux et donc à leur survie.
Mais Ibn Khaldoun
précise que “dès qu’ils peuvent se procurer d’autres richesses, en supplément
de ce qu’ils ont besoin pour survivre, ils s’installent et se sédentarisent”.
Et cette “bédouinisation” est antérieure à l’avènement de l’Islam et donc n’a
rien à voir avec cette religion.
Et de ce fait, il
indique que “la vie bédouine est à l’origine de la civilisation dans la mesure
où les Bédouins se contentent de satisfaire leurs besoins tandis que les
sédentaires sont attirés par le confort et le luxe. Seuls les progrès de la
civilisation peuvent leur procurer ces derniers, mais il faut pour cela se
sédentariser ; c’est alors que se développe l’urbanisation” (Cf. Ibn Khaldoun,
un génie maghrébin de Smail Goumeziane »).
La pauvreté de
l’argumentation de l’auteur qui se perd en conjectures et
l’utilisation excessive de l’expression bédouinisation-islamique indiquent peut
être une volonté de nuire ou de faire le buzz sur le dos d’une communauté dont
il fait partie intégrante.
Et pourtant ce même Ibn
Khaldoun écrit que “les arabes se sont toujours distingués entre les nations
avec la clarté de l’expression, l’éloquence de la diction, la facilité
d’élocution D’où leur nom. Le mot arab est un terme dérivé signifiant le fait
de s’exprimer clairement C’est ainsi qu’on dit “a’raba ar-rajulu amma fi
dhamirihi (l’homme a exprimé avec clarté ce qui est en son esprit) PP 139 de
Ibn Khaldoun – Peuples et nations du monde. Eds Sindbad.
Comme il dénonce
“l’inaptitude à décrire les faits de façon adéquate, à cause de l’ambiguïté ou
de la fausse apparence qu’ils présentent. L’informateur les décrit comme il les
voit, alors qu’ils cachent une vérité tout autre. Ibn Khaldun – Peuples
et nations du monde. Pp.105
En définitive, ce texte
n’est qu’un ramassis de clichés auxquels on finit par s’habituer. En
s’attaquant aux “Bédouins” et en épargnant la responsabilité de l’Etat maffieux
qui nous gouverne quant à l’urbanisation de nos villes, l’auteur se trompe de
cible tout simplement.
Je lui conseille
vivement de lire Rabah Chellig, autodidacte de son état, qui décrit
merveilleusement la vie nomade dans la steppe algérienne et les rapports entre
ces « bédouins » et la nature pour leur nécessaire survie d’une part
et la solidarité entre eux d’autre part. Mais je persiste qu’il faut qu’il
investisse dans un bon dictionnaire de français.
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